Il faut d'abord imaginer ce Grand Nord de la Chine aux si longs hivers, les fleurs de givre sur les vitres et l'explosion vitale des étés trop brefs. Puis Xiao'e, une jeune fille modeste, pas spécialement belle, dit-elle, pour qui la vie n'a jamais été tendre. Et puis Léna aux yeux gris-bleu et au mode de vie raffiné, qui joue du piano et prie en hébreu, dont le visage exprime une solitude infinie. Xiao'e rencontre donc Léna, une vieille dame juive dont la famille s'est réfugiée à Harbin après la révolution d'Octobre. Tout semble les opposer, pourtant on découvrira qu'un terrible secret les lie. C'est un monde où les fantômes côtoient les supermarchés, où les blessures de l'enfance restent vivaces. A la fois désabusé et espiègle, tragique et gai. L'écriture de Chi Zijian est, elle, à la fois étincelante et d'une infinie délicatesse. Un auteur qui n'a pas fini de nous enchanter.
Lorsque Yan et Ming se rencontrent, l'attirance est immédiate. Pourtant elles ont bien peu de choses en commun, si ce n'est qu'elles étudient dans la même université de Canton. Ming a dix-sept ans, elle est plutôt naïve et solitaire, vit dans un monde fait de livres, de musique et d'imagination. Yan a vingt-quatre ans, elle appartient à la minorité des Miao, elle est belle, sexy, provocante et manipulatrice. Leur rencontre sera brève, intense, et changera pour toujours la vie de Ming. Une histoire d'amour interdit et de perte, débordante de passion, de vitalité et d'espoir.
C'est toute la vie d'un village perché à flanc de montagne, dans l'extrême nord de la Chine, qui se découvre à nous : le forgeron, le héros de guerre, le boucher qui allume sa pipe au feu du soleil, l'embaumeuse, le vendeur de tofu, la séduisante patronne du moulin à huile, le policier exécuteur des basses oeuvres, autrement dit bourreau, dont personne ne veut serrer la main qui a tué peut-être un innocent. Les amours, les vengeances, les secrets se dévoilent par petites touches et s'entrecroisent, tel un puzzle musical où chaque pièce viendrait ajouter sa note à l'ensemble de la partition. Et la beauté et la puissance de la nature qui entoure les hommes donne une dimension grandiose à ce monde étonnant, truculent dont les péripéties nous font frémir et vibrer jusqu'à la dernière page.
Voici une grande fresque familiale déployée sous nos yeux, à travers l'histoire entrelacée de clans familiaux, quand la famille devient « le miroir où se réfléchit ce qui se trame dans la société tout entière ».
Relations entre générations, de maîtresses à servantes, amours interdites et mariages de raison, le lecteur se laisse emporter par la destinée de deux familles au moment où l'ancienne Chine bascule vers la modernité ;
De la chute du régime mandchou à l'invasion japonaise.
Et personne ne peut échapper aux remous de l'histoire ni aux choix qui s'imposent. S'enrichir par le trafic d'opium, s'enthousiasmer pour les idées nouvelles, affronter les changements et encore et toujours...
Comment parle-t-on d'amour en chinois ? A travers les récits de quatre générations de femmes d'une même famille, nous découvrons un témoignage bouleversant sur la vie réservée aux Chinoises par l'Histoire. Des unions arrangées pour compatibilité révolutionnaire aux jeunes filles d'aujourd'hui pour qui le mariage n'est plus une fin en soi, ces femmes racontent le sentiment amoureux, l'attente, les souffrances et la perte, la solitude.
La politique, l'Histoire sont là, mais bien davantage tout ce dont on ne parle pas d'habitude : les secrets qui se transmettent d'une génération à l'autre, les sentiments, les passions, les désirs. Et tout le poids du non-dit, qui brise ici les tabous en se révélant au grand jour. Un jeu de miroirs où société chinoise et domaine de l'intime se répondent pour esquisser une histoire amoureuse des femmes chinoises : combien elles ont changé dans leur manière de concevoir les relations sexuelles, les sentiments et la famille, et comment l'amour, envers et contre tout, peut résister et survivre à l'Histoire.
La Chine du IIIe siècle avant J.-C. , après l'unification du pays par le premier empereur. Un simple paysan chinois est arraché à sa terre avec des milliers de conscrits pour une corvée impitoyable et mégalomaniaque : construire la Grande Muraille dans les plaines de loess d'Asie centrale contre les barbares de l'Ouest.Et voilà tout un peuple jeté dans une gigantesque entreprise, pour un monstrueux monument d'inanité qui doit sceller pour l'éternité un système de bureaucratie civile et militaire.
Dans ce récit historique dédié à Franz Kafka- une allégorie aux résonances universelles - où il est question de mégalomanie, de révolte, d'immortalité, Kaikô raconte le destin de ces esclaves accablés par la fatalité ; de cet homme qui trouvera en lui-même la force de survivre.
Ecoutez la voix d'une femme qui n'a pas de nom car son histoire se fond avec celle de la forêt de l'extrême nord de la Chine. Elle partage avec son peuple une vie en totale harmonie avec la nature, au rythme des migrations des troupeaux de rennes et du tambour des Esprits frappé par les chamanes. On y rencontre des hommes vigoureux comme des arbres, un vieillard élevant un autour pour se venger du loup qui l'a rendu infirme, un chamane qui tisse une mirifique jupe en plumes pour prendre au piège la femme qu'il aime, et aussi les guerres et les convoitises extérieures qui viennent menacer ce monde fragile.
Sa voix coule comme l'eau, de sa venue au monde annoncée par un renne blanc à son grand âge qui n'attend plus que des funérailles dans le vent. Et lorsque sa voix se tait, elle continue à résonner en nous comme si quelqu'un de très lointain nous était devenu très proche et ne voulait plus nous quitter.
Artiste-illustrateur singulier, au travail reconnaissable entre mille, Nicolas Jolivot pose un regard tendre et amusé sur Pékin et cette Chine qu'il connaît si bien. Ici, il déambule dans la capitale, été comme hiver, avec pour ambition d'observer. Observer la vie qui s'incarne aussi bien dans le chant du vent qui balaye les feuillages, que dans la paisible attente de l'enfant qui pêche dans un parc de la ville. Observer les habitudes immuables et les nouveaux usages liés à la transformation de la cité. Observer les Pékinois, été comme hiver, avec la même délectation. Ce livre-accordéon (inséré dans un étui-couverture relié en triptyque) alliant textes et images, se déploie sur près de 12 mètres, pour donner à voir les deux ambiances, estivale et hivernale, de la capitale chinoise.