Ce livre explore quelques-unes des formes selon lesquelles la mélancolie devient moteur de l'acte de création artistique. Le cinéma hollywoodien, qui assume pleinement son statut d'art industriel, est le terrain choisi pour cette exploration. L'histoire du cinéma, brève pourtant, est l'une des plus discontinues qui soit, traversée de ruptures formelles, techniques et esthétiques. Ainsi, la création cinématographique est-elle tout particulièrement dépendante d'une historicité heurtée qui la confronte sans cesse au fait d'être dans un « après » - après une forme, un enjeu, une invention, un genre qui s'effacent mélancoliquement. Il s'agit donc de penser le cinéma comme lieu où la création s'assume comme recréation, dans la répétition d'une origine perdue et pourtant encore si prégnante.
L'auteur analyse des films de William Dieterle, Alfred Hitchcock, Billy Wilder, Brian De Palma et enfin Damien Chazelle.
Anthony Mann. Arpenter l'image est le premier ouvrage en français qui propose une analyse des films majeurs de l'un des plus importants réalisateurs hollywoodiens classiques, Anthony Mann (1906-1967). Celui-ci s'est investi dans les genres les plus importants de l'art cinématographique: film noir, western, film de guerre, péplum. Les auteurs visent, à travers ces analyses, à réfléchir l'image cinématographique et à contribuer à une philosophie de l'image.
C'est que l'ambition de Mann est bien réelle: il s'obstine, tout au long de sa carrière, à comprendre ce qu'est l'image et l'action qu'elle donne à voir. Mann raconte et s'efforce de comprendre en même temps, à même ses images, ce que c'est que de narrer en image, ce qu'est une action qui est de part en part image. Mann arpente les images qu'il compose.
Alfred Hitchcock a investi sans reste les conditions mêmes de l'image cinématographique : formes perceptives et narratives, mais aussi déterminations propres à une production industrielle, possibilités offertes par la " reproductibilité technique ", sidération du " spectaculaire " hollywoodien, etc. Hitchcock s'est ainsi posé en formaliste d'une image autosuffisante jusqu'à en devenir trop réelle, " hyperréelle ". Mais il redouble aussi bien ce mouvement instituant d'une réflexivité de l'image, en ne cessant de montrer " ce qu'il fait ", d'avertir le regard fasciné de la puissance de son image. C'est dans le même élan qu'Alfred Hitchcock crée, dessine, compose, et s'interroge sur la culpabilité du faire-image. L'analyse de six films majeurs se veut une contribution à une philosophie de l'image et de ses formes.
Laurent Van Eynde est docteur en philosophie. Il est professeur aux Facultés universitaires Saint-Louis (Bruxelles) et professeur invité à l'Université de Haute-Alsace (Mulhouse). Après avoir longtemps consacré ses recherches à la philosophie allemande moderne et contemporaine, ainsi qu'à la philosophie de la littérature, il se consacre désormais à une philosophie de l'imaginaire centrée sur le cinéma, dans ses dimensions esthétiques et anthropologiques. Parmi ses derniers ouvrages, on retiendra Goethe lecteur de Kant (PUF, 2000) et Shakespeare. Les puissances du théâtre (Kimé, 2005), ainsi que deux ouvrages collectifs : Affectivité, imaginaire, création sociale, avec Raphaël Gély (Publications des Facultés universitaires Saint-Louis, 2010) et Modernité romantique, avec Augustin Dumont (Kimé, 2011).
Envisager conjointement la praxis et l'institution conduit au coeur même du travail de Castoriadis, permettant ainsi de le saisir dans sa dimension la plus novatrice, laquelle ne va toutefois pas sans risques. Son originalité tient pour partie à sa capacité à affronter sans fard l'aporie que manifeste le rapprochement de ces deux notions.
TABLE DES MATIÈRES Avant-propos par Philippe CAUMIÈRES Pour une praxis renouvelée par Philippe CAUMIÈRES La question de la praxis dans les écrits philosophiques inédits de Castoriadis (1946-1960) par Nicolas POIRIER Castoriadis et les présupposés de la création politique.
Une réflexion sur la signification de la solidarité chez Castoriadis par Emanuele PROFUMI L'institution comme praxis de la finitude.
Une lecture anthropologique de Castoriadis par Caterina REA Praxis et critique de la rationalité par Arnaud TOMÈS Arendt, Castoriadis : regards croisés sur le concept de pouvoir par Isabelle DELCROIX Imaginaire, affectivité et rationalité.
Pour une relecture du débat entre Habermas et Castoriadis par Raphaël GÉLY
Les recherches rassemblées dans cet ouvrage collectif visent à déterminer la place de l'affectivité et celle de l'imaginaire dans l'accroissement de la capacité des individus à entrer dans un processus de création sociale. Il ne s'agit pas de faire une revue de la littérature consacrée à cette question, ni de développer une conception spécifique du rapport entre l'affectivité, l'imaginaire et la création sociale, mais bien de mettre en évidence une série de présupposés tant anthropologiques que normatifs autour desquels les conceptions de l'affectivité, de l'imaginaire et de la création sociale s'articulent. S'il y a un rapport de corrélation entre l'affectivité, l'imaginaire et la création sociale, toute conception de l'affectivité en appelle intrinsèquement à une certaine conception de l'imaginaire, cette articulation chaque fois spécifique entre affectivité et imaginaire en appelant à son tour à une certaine conception de la création sociale, et inversement.
Cet ouvrage collectif se propose d'affronter à nouveaux frais la polysémie du concept de "romantisme" et d'interroger la question cruciale de sa "modernité", en rassemblant des contributions consacrées aux romantismes allemand, français et anglais. Il s'agit de faire ou refaire un état des lieux de la question romantique, en évitant aussi bien de la rabattre sur une forme primaire d'anti-modernisme, déniant tous ses droits à la raison critique, que d'en faire la source univoque de l'oeuvrer moderne, épuisé dans la recherche éperdue de sa propre identité. Cette recherche collective tente, en d'autres termes, de laisser le romantisme nous étonner à nouveau, et par suite de nous contraindre à l'interroger encore.
Les pièces historiques et les tragédies de Shakespeare apparaissent ici comme la ressource d'une interrogation philosophique infinie sur ce qu'est l'histoire, le sujet, la négativité du langage, son rapport à l'image - en fin de compte sur les ambiguïtés de la construction d'un monde à laquelle la philosophie elle-même est partie prenante.
La philosophie du théâtre révèle un langage créateur et destructeur de mondes, traversé de doutes et exposé à tous les inconforts de l'aventure historique - un langage qui trouve dans le drame shakespearien (Hamlet, Richard II, Richard III, Roméo et Juliette, Le Roi Lear, Othello, Macbeth) le lieu d'épanouissement de toutes ses équivocités. Car au-delà du phantasme de la systématicité et de la clôture de la connaissance, la vie même s'accomplit dans le mouvement d'un langage qui invente des mondes au risque de lui-même, au risque de ses univers tragiques.
Dès lors, la philosophie elle-même ne serait-elle pas une création théâtrale qui s'ignore ou se nie ? Il ne s'agit pas ici de faire de Shakespeare un philosophe mais de reconnaître dans son oeuvre une incitation à penser le langage philosophique dans sa propre mise en scène - créations concrètes et sans cesse recommencées de mondes infinis.