Voici la première édition critique et documentée d'O.K., Joe !, avec des sources inédites. Elle apporte des éléments pour comprendre la longue hésitation de Louis Guilloux (trente ans) à publier ce récit, ainsi que les nombreux remaniements entrepris.
Le livre codirigé par Jill Radford et Diana E.H. Russell, intitulé en anglais Femicide. The Politics of Women Killing, n'a jamais été traduit en français. Dans le présent ouvrage, une sélection de textes choisis par Lydie Bodiou et Frédéric Chauvaud, co-auteurs à l'Université de Poitiers, de plusieurs livres depuis 2014 sur l'histoire et l'actualité du féminicide, est présentée aux lectrices et lecteurs d'aujourd'hui, trente ans après sa première parution. Depuis 1992 les idées figurant dans cet ouvrage collectif vont cheminer à un rythme lent, mais la notion neuve et ambitieuse de femicide ou de féminicide va transformer les perceptions et les analyses des violences faites aux femmes, dans le couple mais aussi dans l'espace public, obligeant à revisiter les brutalités du passé comme celles d'aujourd'hui que plus personne ne peut ignorer.
Entre la Nouvelle Vague et aujourd'hui, le cinéma français fut d'une richesse et d'une invention incomparables, nourri de références et cherchant des perspectives nouvelles pour parler du monde. Maurice Pialat, Agnès Varda, mais aussi Claire Denis, Jean-François Stévenin, Arnaud Desplechin ou Rabah Ameur-Zaïmeche inventent des formes qui composent discrètement un rapport singulier entre le cinéma et le réel où l'intensité des corps filmés voisine avec l'ironie des images. Derrière les personnalités, se dessine ainsi un mouvement cohérent qu'il faut analyser en remontant aux inspirateurs initiaux, Renoir ou Cocteau, et en dressant un tableau d'oeuvres contemporaines marquantes. Ni encyclopédie, ni tableau d'honneur, ce livre est un exercice d'admiration pour les éclats créatifs d'un cinéma aussi vivant que cohérent sur lequel manquait un regard synthétique.
Ce livre propose un portrait de Serge Gainsbourg - et non un commentaire de textes - à travers l'analyse de l'écriture de Lucien Ginsburg, son « inventeur ». Celui-ci a en effet réussi à créer une oeuvre qui ne fait littéralement qu'un avec son personnage puisqu'elle reprend et développe les trois principaux motifs observés dans la transformation « graphique » et identitaire de Lucien Ginsburg en Serge Gainsbourg : une obsession pour les (pré)noms, des jeux omniprésents sur les lettres et des variations récurrentes sur la question du double. Ainsi, identité et écriture se confondent et mieux encore : l'auteur Serge Gainsbourg n'est « lui-même » que dans ses oeuvres, et en premier lieu dans ses paroles de chansons. Et si l'auteur-personnage se perd peu à peu dans ses jeux de masque et reflets dans le miroir, il n'en reste pas moins l'inventeur d'une langue qui lui ressemble à la lettre.
Michelle Perrot, pionnière de l'Histoire des femmes, est aussi une spécialiste des questions relatives à l'histoire de la prison, des écrits carcéraux d'Alexis de Tocqueville, des bandes de jeunes, du fait divers au XIXe siècle et des femmes emprisonnées. Elle a consacré à ces thématiques autant de temps et d'énergie que pour ses productions et ses engagements en faveur des femmes. Le présent livre d'entretiens revient sur un itinéraire et des chantiers ouverts dès les années 1970. Il restitue aussi les rencontres, les échanges et les travaux menés avec Michel Foucault ou Robert Badinter. Cette histoire pénitentiaire s'ouvre par la révolte des prisons, en France comme aux Etats-Unis, et montre comment la question carcérale est devenue d'actualité. Ensuite Michelle Perrot pousse les portes des maisons d'arrêt et des centrales, s'intéresse aux « modèles » d'enfermement, mais aussi au « gibier pénal », c'est-à-dire aux détenus et aux prisonnières. Le dernier temps de ces entretiens s'arrête sur la séduction du fait divers qui, par la médiatisation du crime, attise le voyeurisme mais constitue aussi une entrée pour saisir l'état d'une société et la part obscure des individus...
La peste, ce fléau majeur de l'histoire des hommes est pour beaucoup une maladie historique, dépassée, dont l'énigme de la propagation semble résolue. Il n'en est rien. Dans la lutte séculaire que l'homme mène contre la peste, la connaissance précise des modes de sa dispersion forment un élément-clé. Ainsi l'identification des puces responsables de l'épidémisation constitue-t-elle un enjeu de première importance.
On le sait bien, le véritable scénariste de Matrix est René Descartes. On le sait peut-être un peu moins, mais Descartes avait également beaucoup de points communs avec Tom Cruise. Que ce soit Kant ou Nietzsche qui jouent des rôles de premier plan dans Star Trek ou encore John Locke qui inspire les créateurs d'Avatar, les films de cinéma et les séries télévisées débordent de philosophie.
Des lois Ferry aux 80 % d'une classe d'âge au niveau du baccalauréat, la République s'est bâtie sur la promesse de la démocratisation par l'école.
Mais la bourgeoisie s'est toujours réservé, à l'aide de barrières plus ou moins masquées, un accès privilégié à la réussite scolaire et sociale. C'était vrai du temps où le latin et le baccalauréat n'appartenaient qu'à quelques-uns. L'allemand ou les mathématiques ont pris la relève. Les classes prépas restent à peu près aussi éloignées de l'université, dans leur recrutement et leurs débouchés, que jadis le secondaire du primaire supérieur. Et l'enseignement privé, qui n'a presque plus rien de catholique, est l'arme décisive d'une ségrégation qui ne dit pas son nom.
Tout cela est inévitable : il y va de la liberté des parents. Si du moins la bourgeoisie de gauche n'ajoutait à ses stratégies scolaires le cynisme ou la naïveté qui consistent à vanter l'école laïque - pour d'autres enfants que les siens. L'hypocrisie scolaire est de ces maux, parmi les mieux partagés, qui blessent au plus profond la République.
La première image n'est pas la plus ancienne. C'est celle qui, dès sa révélation, brise le cours du temps, crée un avant et un après, nous obligeant à changer notre regard sur l'histoire autant que sur le devenir de notre humanité. Tel fut l'effet produit par la publication, due à Sanz de Sautuola, en 1880, du premier relevé d'art pariétal paléolithique : celui du plafond orné de la caverne espagnole d'Altamira, en Cantabrie. De cette première image, avons-nous désormais pleinement pris la mesure ? Et que signifie, pour nos constructions historiques (Préhistoire, Antiquité) ou disciplinaires (Art, Philosophie), en prendre la mesure ? Telles sont les questions auxquelles cet ouvrage, qui vise à rendre accessible l'art des cavernes ornées, s'efforce simplement de répondre.
Ce livre retrace le parcours d'un artisan « chaussetier » devenu pasteur et traversant la période des guerres de Religion au milieu des persécutions, dans le souvenir du Brésil visité en 1557. Léry est l'auteur de deux livres, l'Histoire mémorable de la ville de Sancerre, qui rapporte un cas de cannibalisme survenu quelque temps après la Saint-Barthélemy, et surtout l'Histoire d'un voyage faict en la terre du Bresil, si célèbre, si éclatant, si sensible qu'il éclipse tous les autres témoignages de la même époque. En cet itinéraire au pays des Indiens Tupinamba, jamais le moraliste ne l'emporte sur l'observateur, et la colère de l'homme de Dieu passée, c'est le retour à la sérénité de la description complice. Ce parcours anthropologique s'ouvre et se clôt par Claude Lévi-Strauss, admirateur de celui qui écrivait : « Je regrette souvent que je ne suis parmi les sauvages. » Lui-même dira lors de son arrivée à Rio de Janeiro : « J'ai dans ma poche Jean de Léry, bréviaire de l'ethnologue. »
Ce livre invite ses lecteurs - étudiants, enseignants, amateurs ou autres - à revisiter tout l'art du XVIIe siècle, fait de contrastes et même de contradictions. C'est en montrant l'envers du Siècle d'or espagnol que Velazquez le glorifie ; Bernin caricature le cardinal Borghèse pour lequel il a pourtant sculpté des chefs-d'oeuvre ; la gravure diffuse tout autant qu'elle concurrence le grand genre de la peinture ; les artistes de Mexico métissent formes européennes et habitus visuels autochtones pour produire une créolisation des images...
C'est à la complexité d'une période artistique à nulle autre pareille que ce livre prétend introduire. Il synthétise les connaissances actuelles, ouvre des perspectives et souhaite pousser le lecteur à ses propres réflexions sur le siècle. De plus, les commentaires d'une cinquantaine d'oeuvres d'art, de Caravage à Wren, permettent de stimuler le regard sur les créations de ce XVIIe siècle européen, d'en éprouver comme d'en partager l'émerveillement.
Avec le soutien de la Région Bretagne.
Cette méthode enseigne l'essentiel du vocabulaire oral de la vie quotidienne (env. 1000 mots et 550 caractères) dans une variété de situations réalistes. Accompagnée de supports en ligne, elle comprend 15 unités d'enseignement, 7 séquences de révision, 329 enregistrements sonores et près de 400 illustrations. La méthode suit les recommandations du Cadre européen commun de Référence pour les Langues et permet d'atteindre le niveau A2, tant à l'oral qu'à l'écrit. Expérimentée à l'université et dans le secondaire, Le chinois comme en Chine peut convenir à tous les publics, y compris aux besoins de la formation continue, aux autodidactes ou à des personnes sur le point de partir en Chine.
Longtemps considérée en Europe comme la forme naturelle de gouvernement, la royauté a su évoluer dans la durée, comme le montrent les études réunies dans ce livre. Le roi n'exerçait un pouvoir légitime qu'après des rites de passage. Le sacre tirait sa force de ses racines bibliques (soulignant l'élection divine) et d'une conception eschatologique appelant le roi à conduire son peuple vers un royaume qui n'est pas de ce monde. Il a été longtemps une cérémonie mystique, dans le choeur clos d'une cathédrale, avant d'être médiatisé et de se prêter à la mise en scène fastueuse et festive. Si l'élection du roi n'a jamais totalement disparu, la succession héréditaire s'est imposée, et la reine a été associée très tôt aux rites de l'onction et du couronnement. L'idée selon laquelle le roi tenait de ses sujets l'autorité qu'il avait sur eux, et non plus de Dieu, a été le grand retournement de la Révolution. Les monarchies constitutionnelles du XIXe siècle ont ainsi adopté des rites de substitution : serment devant les chambres représentatives, discours du trône. L'ouvrage fait ainsi l'histoire d'une monarchie sans cesse réinventée.
Avec le soutien de l'Université de Lorraine et du laboratoire CRULH.
L'ambition de cet ouvrage est de présenter une réflexion sur les rapports des Européens avec le monde sur le temps long, du XVe siècle à nos jours, en adoptant deux perspectives. La première concerne les modalités de la présence et de l'activité des Européens sur les autres continents; la seconde porte sur les effets-retours et les mutations procédant en Europe de l'intensification des échanges avec les autres continents. Nous voulons ici dépasser résolument le récit classique de l'européanisation du monde, et mettre en valeur la multiplicité, l'ampleur autant que la réciprocité des influences résultant de l'ouverture croissante de l'Europe sur le monde.
Rendre compte de ces dynamiques impose de varier les échelles de lecture, en saisissant les grandes tendances qui sont présentées dans une première partie, puis en considérant des événements parfois méconnus qui, au-delà de leur singularité, sont significatifs de la diversité, de la complexité et de la richesse des échanges et des circulations entre les Européens et le monde.
La dialectique guerre-révolution marque, du début jusqu'à la fin, la perception du conflit et de ses enjeux par l'armée française. Jusqu'en novembre 1942, par delà les divergences sur l'évaluation du risque d'insurrection communiste en France et sur la nature des liens entre Allemagne et URSS, un clivage constant, plus ou moins accentué selon les périodes, divise l'institution militaire entre les partisans d'une guerre contre le communisme et ceux qui estiment que l'Allemagne doit demeurer notre seul ennemi. A partir de l'automne 1942, la question du communisme change d'échelle : d'abord, avec l'affirmation évidente de la puissance militaire soviétique ; ensuite, avec la perspective d'une insurrection nationale coordonnée avec les armées alliées pour la libération du pays. Aussi, devenant en 1943 le principal acteur français dans la guerre, le général de Gaulle impose le principe d'une double alliance, l'une avec l'URSS, l'autre avec le PCF. En conséquence, l'armée régulière réunifiée et les officiers résistants de métropole vont, peu ou prou, jouer un rôle clé dans la mise en oeuvre de cette politique qui introduit une césure dans la culture contre-révolutionnaire de l'armée française.
L'ouvrage exploite des sources inédites: les archives du contre-espionnage (fonds restitués par la Russie); les documents militaires de la période de Vichy conservés dans les archives des Affaires étrangères; les carnets du général Petit, chef de la mission militaire à Moscou à partir de mars 1942 ; les archives de la direction du PCF en France (1943-1944).
L'histoire est souvent indexée sur les révolutions, les guerres, les coups d'État. Le règne de Napoléon III ne faillit pas à la règle : commencé par une Révolution en 1848, poursuivi par un coup d'État en 1851 qui aboutit un an plus tard à la restauration d'un empire, il s'achève en 1870 par la défaite militaire contre la Prusse. L'ouvrage a choisi de porter, sur cette période, un autre regard en étudiant l'évolution des idées politiques et religieuses, les bouleversements économiques et sociaux en Bretagne durant ce règne marqué par la première révolution industrielle. C'est le voyage de Napoléon III en Bretagne en août 1858 qui permet ici d'apporter un éclairage politique sur les actions inaugurées ou évoquées par l'Empereur pour la Bretagne du XIXe siècle.
Les comités d'éthique médicale existent depuis 1982. L'auteur, philosophe, qui a déjà publié aux PUR un livre sur la relation thérapeutique, s'appuie sur une expérience de 37 années de participation à un comité d'éthique médicale pour expliquer à quoi servent les comités d'éthique, comment ils se constituent et comment ils fonctionnent. En s'appuyant sur un certain nombre de cas, elle analyse comme on discerne un problème éthique, en le distinguant d'un problème médical ou juridique, comment ses membres discutent, délibèrent puis émettant un avis qui tienne compte des différents angles d'analyse. Elle montre aussi comment les comités se sont adaptés à la situation de crise de la pandémie de la COVID l'évolution des questions posées de 1985 à 2022.
Des tonneaux, des échasses et des essieux. De la terrine de sanglier et des managers de boxe patibulaires. Des cerceaux, des cafés et un violon. Des fantassins, un masseur et des chèvres. Des escaliers, du tabac et des poupées. Des vainqueurs et des vaincus. Le Ventoux aussi. Et la tour Eiffel! Des barbus? Oui! Et des moustachus! Et des femmes? Bien sûr! «Du sport», direz-vous ? Trois fois oui ! Des situations sportives « insolites » -plutôt que des sports insolites - et des lieux, des personnages de l'arrière-plan, rarement étudiés par l'histoire des sports.
Les chroniques, billets d'humeur et fictions écrites ici avec verve sont le fruit d'une investigation scientifique exigeante justifiée et stimulée à la fois par le projet de faire vivre une riche iconographie réveillant ce temps - plus de 300 photographies notamment -, les années 1890 -1930, où les livreurs de journaux se défiaient au sprint en haut de Montmartre, où les autruches rivalisaient de vitesse sur les hippodromes, où les mondaines jumpaient en steeple - chase toutes enrubannées de soie et de dentelles, où les curés bénissaient les ballons de basket et où les vélodromes sentaient un peu le saucisson et le vin. Le sport, dans toute sa richesse, son épaisseur sociale et émotionnelle. C'est là, au fond, le pari à l'origine de ce livre : sans renier du tout l'exigence de sa tâche, l'historien s'y émancipe des codes pour chercher, à tâtons, de nouvelles façons de faire palpiter l'histoire, de faire son métier de passeur de mémoire. Cela donne une histoire buissonnière.
Avec le soutien de le Mans Université , du laboratoire TEMOS (CNRS-UMR 9016) et de la région Bretagne.
Des fêtes estivales aux dessins animés japonais, des séries de fantasy aux manifestations de l'extrême-droite étatsunienne, le Moyen Âge est partout, sans cesse réinventé, transformé, mobilisé pour des usages variés. Il s'agit ici d'étudier cette présence du Moyen Âge dans notre imaginaire que l'on nomme le médiévalisme, en mobilisant de nouvelles méthodes d'analyse et en explorant de nouveaux terrains. Quels sont les rapports entre ces Moyen Âge fantasmés et le Moyen Âge historique étudié par les médiévistes ? Comment les spécialistes de la période médiévale doivent-ils se positionner face à des réinventions contemporaines ? Telles sont les deux principales questions de cet ouvrage collectif tentant un état des lieux de la recherche médiévaliste ainsi qu'une réflexion globale, à la fois méthodologique et heuristique, sur ses défis, ses limites et ses enjeux.
Une histoire du peuple de Bretagne, de la Préhistoire à nos jours.
Les histoires de Bretagne ne manquent pas... Mais celle-ci adopte un point de vue inédit : celui des paysans, des ouvriers, des marins, celui des hommes et des femmes sans histoire, sans papiers. Elle porte attention aux plus humbles, pas seulement aux puissants; s'intéresse à la vie concrète et aux rêves qui s'y enracinent, pas seulement aux couronnements et aux batailles ; risque d'autres chronologies; ruine quelques évidences...
La crise économique de l'âge du fer, l'arrivée des Bretons en Armorique, la condition paysanne pendant la féodalité, la révolte des Bonnets rouges, la traite négrière, la Révolution et la Chouannerie, le développement du chemin de fer, l'émigration bretonne, la Grande Guerre, la Résistance, la crise du modèle agricole breton, Notre-Dame-des-Landes... Autant de moments de notre histoire examinés d'un oeil neuf.
Émergent ainsi de nouvelles figures, émouvantes ou pittoresques, jusque-là noyées dans l'anonymat des siècles. Et de nouveaux sujets : manger à sa faim, lutter pour sa dignité, découvrir de nouveaux horizons, accéder au savoir, devenir citoyen...
Pas de jargon, un rythme de lecture facile : cette histoire a été rédigée avec le souci de s'adresser au plus grand nombre tout en obéissant à la rigueur du métier d'historien.
Ce livre a été rédigé par trois historiens et un journaliste : Alain Croix, Thierry Guidet, Gwenaël Guillaume et Didier Guyvarc'h.
Ils sont les auteurs de nombreux autres ouvrages dont, chez le même éditeur, l'Histoire populaire de Nantes.
Premier ouvrage abordant les violences faites aux femmes dans le 9e art, À coups de cases et de bulles est à même de montrer la façon dont la bande dessinée franco-belge, les comics mais aussi les mangas traitent les agressions et les crimes de sang. La bande dessinée qui ne cesse d'ouvrir de nouveaux chantiers et de revisiter des domaines déjà balisés, soit en les renouvelant, soit en les inscrivant dans une tradition, continue d'investir l'imaginaire des sociétés contemporaines.
Louise Bodin, la Bolchévique aux bijoux, de Colette Cosnier, c'est la biographie d'une de ces femmes remarquables qui surent en leur temps, comme l'écrit Michelle Perrot, « surmonter ce qu'était à leur époque la destinée normale d'une femme ».
Louise Bodin : née à Paris en 1877, morte à Rennes en 1929. Une vie brève hantée par le remords d'être une privilégiée, mais une vie de combat contre toutes les injustices, pour toutes les grandes causes de son temps. Suffragiste, féministe, pacifiste, socialiste, communiste, enfin sympathisante trotskiste : autant d'engagements successifs qui marquent son itinéraire.
Louise Bodin : une grande journaliste, auteure de plus de 500 articles, publiés dans Les Nouvelles rennaises, La Pensée bretonne, puis Le Populaire, L'Humanité, L'Ouvrière, mais surtout La Voix des Femmes, dont elle fut un temps la rédactrice en chef. C'est la voix de cette femme, écrivaine et militante, que Colette Cosnier permettait d'entendre, en 1988, après plus d'un demi-siècle d'oubli, une voix caustique ou amusée pour dire la vie à Rennes avant 1914, une voix bouleversante pour crier la détresse des femmes et des mères pendant la grande guerre, une voix indignée pour protester contre la loi de 1920, une voix impitoyable pour décrire un congrès politique : la voix d'une femme témoin de son temps, qui a sa place dans l'Histoire des femmes. C'est cette voix que les Presses universitaires de Rennes donnent à redécouvrir aujourd'hui.