La commémoration du centenaire de la Grande Guerre a donné lieu à de nombreuses publications. L'économie n'a pas été oubliée. Mais la perspective est souvent restée très nationale. Cet ouvrage s'intéresse à l'économie du principal adversaire et perdant, l'Allemagne. Lui non plus n'était pas préparé à une guerre longue. Lui aussi s'est trouvé pris dans la contradiction entre mobiliser toutes ses forces sur le front et préserver la main-d'oeuvre pour assurer l'approvisionnent par l'arrière. L'État, avec un poids plus fort du pouvoir militaire en Allemagne, s'en est également mêlé de plus en plus, sans aller jusqu'à remettre en cause complètement l'initiative privée. La défaite finale était largement inscrite dans la disproportion initiale des ressources, aggravée par l'entrée en guerre des États-Unis. Les contributions des meilleurs spécialistes allemands, du charbon à l'agriculture, en passant par l'aéronautique ou la chimie, sont discutées ici par leurs homologues français.
Dès le Haut Moyen Âge, la cour de France observe une pratique qui frappe par son ampleur et sa persistance à travers les siècles : elle se déplace régulièrement d'une résidence à l'autre et traverse parfois le pays entier dans le cadre de grands voyages. Ce mode de vie a laissé des témoignages émerveillés des contemporains qui assistaient au passage d'un cortège dont la taille pouvait atteindre 14 000 personnes.
Peu étudiée, cette pratique du pouvoir est au coeur du présent ouvrage qui explore la mobilité royale sur le temps long et dans une perspective comparative. Il permet de mieux appréhender les effets de l'itinérance sur la vie politique et sociale ainsi que sur la cour royale qui en a été profondément marquée. L'histoire des déplacements est révisée grâce à une étude statistique inédite portant sur cinq siècles ; ses particularités émergent d'enquêtes dédiées à d'autres cours européennes et à la mobilité de grands courtisans.
En s'inscrivant dans la recherche sur les pratiques du pouvoir, les dix-huit études réunies dans cet ouvrage proposent un regard neuf sur une tradition indissociable de l'histoire politique française et européenne.
Contributeurs Alexandra Beauchamp ;
Boris Bove ;
Benoît Carré ;
Sylvain Destephen ;
Martin Gravel ;
Éric Hassler ;
Gergely Kiss ;
Élisabeth Lalou ;
Bénédicte Lecarpentier-Bertrand ;
Christophe Levantal ;
Xavier Mauduit ;
Pierre Monnet ;
Pascale Mormiche ;
Ludovic Nys ;
Stéphane Péquignot ;
Alain Salamagne ;
Jean-Baptiste Santamaria ;
Jean Sénié ;
Caroline zum Kolk ;
À la lumière des découvertes archéologiques récentes de production de sel dans le nord de la Gaule, ce livre rassemble une série de contributions montrant la variété des approches pour l'étude du sel. En effet, l'exploitation du sel depuis les Temps anciens correspond à la sédentarisation des hommes. L'imagination déployée par les populations pour produire le sel indispensable à la vie peut être perçue à travers divers prismes. La géologie nous offre l'occasion de comprendre la formation du sel et de mieux repérer les lieux d'exploitation de cet élément précieux que l'on appelle aussi l' « or blanc ». L'archéologie et l'histoire nous aident à percevoir les modes de production et de commercialisation du sel. Les usages du sel sont variés (salaisons, usage médical...). En outre, si la conversation « ne manque pas de sel », ce sont les auteurs antiques qui ont adopté les jeux de mots de la gamme piquante et relevée du sel. Enfin, le commerce du sel a fait la richesse et contribué au rayonnement de nombreuses villes au fil des siècles.
Le protestantisme est généralement réputé étranger à la Lorraine. Pourtant, la diversité géopolitique de l'espace lorrain à l'époque moderne, puis sa partition tragique à l'époque contemporaine, font de ce territoire un lieu de diffusion contrastée des réformes protestantes, dans leur diversité. Calvinistes, luthériens ou encore anabaptistes, jusqu'aux évangéliques aujourd'hui, ont tous, malgré leur situation d'extrême minorité et la précarité, parfois, de leur condition juridique, joué un rôle non négligeable dans l'histoire lorraine.
Il s'agit donc de réévaluer cette place, de faire un bilan des travaux les plus récents et de lancer des pistes pour de futures recherches, tout en replaçant la Lorraine dans des contextes plus larges, du fait de sa position d'entre-deux entre les constructions nationales française et allemande. Entre synthèse globale et études de cas, cet ouvrage est un reflet de nos connaissances actuelles sur le sujet, ce qui constitue une entreprise éditoriale inédite.
L'intensification et l'amplitude des migrations internationales à l'aube du XXIe siècle placent l'Europe devant de nouveaux défis. Au coeur d'un système migratoire d'ampleur inédite, il lui faut d'urgence élaborer une stratégie visionnaire pour assurer ou refonder sa cohérence. Condition préalable: la compréhension de son passé migratoire récent.Fondé sur les derniers résultats de la recherche, ce livre explore les articulations complexes entre mobilités, migrations et constructions identitaires en contexte transnational. Les migrations étudiées ici dans plusieurs aires géographiques d'Europe et jusqu'en Israël sont appréhendées dans leur dimension culturelle, économique ou ethnographique, mais aussi historique et politique. Ainsi rassemblés, les articles proposés par des auteurs de diverses nationalités marquent l'état de la réflexion scientifique et constituent un observatoire pertinent dans le contexte contemporain d'une Europe inquiète, marquée par « la crise des réfugiés ». Ce livre vise à nourrir la réflexion politique et civile sur la question migratoire.
L'analyse de la vie publique d'Édouard Herriot (1905-1957) continue à être porteuse d'éclairages historiques multiples tant pour Lyon que pour la France et les relations internationales.
En effet, pendant plus de 50 ans, Herriot a été maire de Lyon, député, ministre, président du parti radical et aussi de la Chambre des députés. Cette vie publique traverse toute la première moitié du XXe siècle, période riche en événements politiques majeurs : la Grande Guerre, la création du Parti communiste, le Cartel des Gauches, la question des dettes et des réparations, le Front populaire, Vichy et l'Occupation, la Libération, la IVe République, la CECA...
Ce républicain, défenseur du régime parlementaire, est à la fois un édile populaire à Lyon, un humaniste confronté à la dureté des temps, un radical dépassé sur sa Gauche par la SFIO et le PCF et enfin un Européen méfiant vis-à-vis de l'Allemagne et naïf vis-à-vis de l'URSS.
Clarifier, discuter et prolonger certains aspects de la grande fresque braudélienne sur la Méditerranée de la première modernité ont été les objectifs majeurs visés par les intervenants. Soixante-dix ans après la publication de cet opus magnum de l'après-guerre, il était devenu nécessaire de le confronter à de nouvelles recherches écrites dans d'autres perspectives. Il en est ainsi de la navigation commerciale, des croisières des flottes militaires et des errances d'une guerre de course qui sont inextricablement liées et parfois confondues. Les auteurs se sont en particulier intéressés à Malte et aux États barbaresques, foyers permanents d'une guerre de course chrétienne et musulmane endémique, ainsi qu'à la question de l'esclavage qu'elle induit.
La commémoration de l'affichage des 95 thèses par Luther en 1517 a de nouveau mis en avant la question des indulgences, reprise ici de manière apaisée et novatrice, par la pratique et dans le long terme, des fonds documentaires médiévaux aux réseaux sociaux.
La trentaine d'études réunies n'entre pas dans la polémique mais entend mettre en valeur des témoignages concrets d'appropriation des « pardons » qui en disent aussi long que les textes doctrinaux et font apparaître la circulation entre le prescrit et le vécu. Le choix du long terme permet de saisir les inflexions d'un marqueur identitaire de l'Église latine qui a traversé les siècles.
Trois questions sous-tendent les analyses. Qui peut octroyer et prêcher les indulgences : les évêques ou seul, le pape, lors des Jubilés ? Comment les gagner : l'argent y suffit-il ; qu'en est-il des actes de piété et des dispositions intérieures ? Comment s'en servir ; quelles causes spirituelles ou politiques justifient leur distribution ?
De quoi les enfants souffrent-ils? Où les soigner et les accueillir? Comment et quand les vacciner? Dans la théorie et la pratique médicales, le souci de l'enfance a une histoire, non linéaire et aux multiples facettes, que ce livre veut explorer. Il montre, à travers une série d'éclairages variés et détaillés, la manière dont la conscience d'une spécificité de l'enfant a contribué à modeler la médecine depuis l'époque moderne.Les enfants sont tour à tour, de la part des parents, des médecins ou de l'État, objets de curiosité scientifique, de sollicitude ou encore d'inquiétude. Des études savantes, que viennent enrichir les témoignages de deux médecins, font se croiser l'histoire de la pensée médicale, des pratiques vaccinales, de l'architecture hospitalière et des institutions de la santé publique.Les textes de cet ouvrage sont issus de deux journées d'étude tenues en septembre 2018 à l'Université de Picardie Jules Verne et à l'Académie nationale de médecine.
La révolution de 1848 a des origines politiques : le refus de la réforme électorale par le roi Louis Philippe et son ministre Guizot. Or sous la monarchie de Juillet, la Chambre des députés avait aussi son mot à dire. Les députés étaient désignés par une minorité d'électeurs censitaires et accordaient leur confiance aux ministres du roi. Il s'est trouvé qu'en 1846, les élections législatives donnèrent au gouvernement une solide majorité parlementaire. Et celle-ci partagea les vues du roi sur la réforme électorale. Toute la question est donc de savoir si les élections ne furent pas corrompues et si ces députés une fois élus soutinrent Guizot sans menace ou intimidation. L'étude montre que l'osmose était profonde entre cette majorité et le gouvernement de Louis Philippe au point qu'on peut se demander si ce n'était pas elle qui imposait ses vues à ce dernier. Aussi par dérision, la presse d'opposition qualifia ces députés ministériels de « satisfaits ».
Les limites et les frontières ne sont pas une anecdote érudite ou formelle. Tout d'abord, la vie des êtres humains a été délimitée et précisée par les limites juridictionnelles locales (communautés d'habitants, seigneuries et paroisses) et par les aires d'influence des communautés urbaines. Treize cas, concentrés en France et s'étendant jusqu'au Bas-Rhin et la côte atlantique portugaise en passant par la Catalogne, sont ici analysés par de prestigieux historiens, afin de saisir les axes qui permettent de reconnaître et de délimiter l'espace local depuis la fin de l'Empire romain jusqu'à la fin du Moyen Âge. Il s'agit d'une période de formation pour l'identité européenne, où le profil territorial joua un rôle essentiel qu'il faut connaître afin de saisir de façon appropriée les racines du présent.
A l'écart des commémorations du cinquantenaire de Mai 1968 et, en oxymore, en son centre, l'ouvrage rouvre un dossier entamé dix ans plus tôt. La démarche, à l'intersection du témoignage et du storytelling, offrait alors, un rendu des travaux d'une équipe de recherche, dirigée par Agnès Callu et soutenue par l'Institut d'histoire du temps présent (IHTP/CNRS) travaillant, pendant trois ans, sur la perception autant que l'analyse d'une génération d'historiens - ceux nés entre 1923 et 1940, soit la classe d'âge précédant celle des Baby Boomers - de "leur Mai". Privilégiant le dialogue "d'entre soi" car les entretiens étaient ceux d'historiens majeurs fabriqués par de jeunes historiens, l'objectif consistait à faire surgir le "retour d'expériences" d'experts, témoins oculaires ou auriculaires, d'un évènement basculant les habitus sociaux sur le temps court, réinventant à l'échelle du temps moyen, les pratiques et les usages de l'histoire. La nouvelle convocation, celle de 2018, entreprend une réactualisation critique de l'ouvrage livré à l'issue du colloque-bilan tenu au Collège de France en 2008 en même temps qu'il se demande s'il faut commémorer 68 et si oui, de quelles manières et dans quelles perspectives.
Contributions de :
Patrick Boucheron.
Agnès Callu.
Valérie Carpentier.
Myriam Chermette.
Benoît Corvez.
Alain Dubois.
Cécile Formaglio.
Anne-Sophie Lechevallier.
Jean-François Moufflet.
Julie Pagis.
Damien Richard.
Jacques Revel.
Daniel Roche.
Violette Rouchy-Lévy.
Gabriel Séjournant.
Michel Zink.
Témoignages sonores du "moment 68" de :
Jean Delumeau.
Claude Nicolet.
Michel Pastoureau.
René Rémond.
Des extraits de ces témoignages sont téléchargeables sur le site des Presses universitaires du Septentrion sur la fiche du livre.
L'actualité de la création de la Métropole du Grand Paris qui redéfinit le périmètre de la capitale, resté inchangé depuis sa dernière modification en 1860, invite à une réflexion historique sur les limites de la ville. S'il s'agit d'un thème de recherches faisant l'objet de continuels renouvellements en géographie et en sociologie urbaine, la question des découpages parisiens reste relativement peu étudiée pour les périodes médiévale et moderne.
Qu'elles circonscrivent la ville ou qu'elles la sillonnent, les limites constituent des facteurs essentiels à la compréhension et à l'interprétation des dynamiques urbaines. Etudier la façon dont elles sont vécues et perçues par les citadins permet en outre d'observer les fonctions diverses qu'elles jouent dans la construction des rapports sociaux et dans la territorialisation des pratiques.
Théophile Delcassé a beau considérer, au tournant du XXe siècle, qu'il « n'y a rien à faire à l'ambassade de Berlin que d'y ronfler », le séjour est loin d'être de tout repos pour les diplomates alors installés dans le prestigieux hôtel de France, Pariser Platz 5. Comme le rappelle Le Figaro en 1896, une poutre est en effet toujours prête à tomber sur la tête de ceux qui représentent, dans la capitale du Reich allemand, son plus durable adversaire. De 1871 au début des années 1930, dans les postures successives d'émissaires du vaincu humilié puis du vainqueur sans pitié, c'est alors bien à un exercice de diplomatie en terrain hostile que se livrent les envoyés français. Comment fonctionne une ambassade dans ces conditions? À quoi sert-elle, et est-elle à même de remplir ses missions? Reposant notamment sur l'exploitation inédite des archives extraites des ruines de l'ambassade en 1945, c'est à une plongée dans une diplomatie du quotidien, immergée, au coeur de Berlin, dans six décennies d'histoire franco-allemande, qu'invite cet ouvrage.
Vivre une occupation militaire, c'est vivre avec l'ennemi. Les contributions ici réunies proposent de redécouvrir ces occupations, en 14-18 comme en 39-45 ou durant les sorties de guerre, en France et en Belgique comme en Pologne, en Afrique centrale ou en Allemagne. Entre dialogue et rapport de force, occupants et occupés s'adaptent à une coexistence imposée par le sort des armes.Les expériences françaises et belges de la Grande Guerre montrent d'abord des occupés pris entre normes de conduite collectives - imposant une distance avec l'occupant - et stratégies d'accommodation individuelle - pouvant conduire au rapprochement. De ces tensions et des souffrances de l'occupation émerge une mémoire complexe aux multiples déclinaisons locales.À une échelle plus vaste, les occupations s'avèrent en outre liées entre elles par de multiples transferts. Quels que soient la période et le lieu, les occupations passées ou éloignées contribuent ainsi à nourrir le face-à-face entre occupants et occupés
Nicholas Rodger offre une vision de l'intérieur du fonctionnement de la Royal Navy qui, après 1715, affronta sans relâche la marine française durant tout le XVIIIe siècle. Pour la première fois, nous avons accès à une analyse sociologique fouillée de ce monde fermé et hyper spécialisé dans sa formation.L'approche anthropologique permet à l'auteur de reconsidérer quelques concepts-clés. Celui de la discipline, souvent considérée comme inhumaine, est repris de façon plus globale, ce qui permet de comprendre l'acceptation de contraintes « tyranniques » au sein d'une microsociété qui, vivant dans un espace réduit, doit se serrer les coudes. Le patronage, tant décrié par la société victorienne, n'est plus seulement un ascenseur social formidable mais surtout un remarquable moyen de formation et de recrutement d'officiers supérieurs ne devant leur promotion qu'à leur valeur personnelle. D'où l'importance d'un troisième concept, celui de la clientèle dont s'entoure chaque chef d'escadre qui tente de la conserver malgré ses changements d'affectation, l'archétype étant Nelson.
Les départements du Nord et du Pas-de-Calais, entre 1914 et 1918, vivent une situation très difficile. Environ 70% du département du Nord et 25% de celui du Pas-de-Calais connaissent une terrible occupation allemande. À l'ouest de la ligne de front, le territoire devient une zone stratégique pour les armées alliées, débarquant par Calais, Boulogne-sur-Mer et Dunkerque. Comment dans de telles conditions, marquées par la densité de la présence militaire et par la proximité du front, une activité scolaire et universitaire peut-elle se maintenir et pour quelles finalités? Organisé autour de dix-neuf contributions et d'une présentation introductive, cet ouvrage décrit la manière dont les acteurs et les structures éducatives réussissent, au milieu des pires difficultés, à maintenir leurs activités, à la fois dans la zone occupée et dans la zone « alliée », luttant pour leur survie. Lorsque sonne l'heure de l'armistice, la lourdeur du bilan est obsédante pour l'École septentrionale qu'il faut reconstituer.
Lorsqu'il s'agit du statut des fonctionnaires, on oppose souvent la France à la Grande-Bretagne. Pourtant, dans l'Europe d'après-guerre, ces deux pays cherchent à élaborer un projet commun en matière de fonction publique, notamment dans le domaine culturel. Dans les deux pays, les missions du Louvre et du British Museum sont d'ailleurs les mêmes, mais leurs moyens diffèrents : organisation centralisée ou décentralisée, classement des postes ou des individus, recrutement de fonctionnaires ou de contractuels. Aux termes d'une comparaison entre ce que veut dire travailler au musée entre 1945 et 1981, avec ou sans service public, la singularité française apparaît ailleurs que dans le statut juridique de fonctionnaire. L'opposition entre les formes publique ou privée d'organisation muséale réside dans les aspirations sociales et professionnelles des gardiens et des conservateurs ainsi que les politiques d'emploi mises en ?uvre dans la sphère publique permettant ou non d'y accéder. Préface de Pierre-Michel Menger
Pour la première fois en France, des chercheurs spécialistes de la fin du Moyen Âge se sont rassemblés pour discuter et proposer des clefs de lecture permettant de saisir l'essence d'un classique au succès international : L'Automne du Moyen Âge de Johan Huizinga. Toujours d'actualité pour son impressionnant pouvoir de suggestion, le chef-d'oeuvre du grand intellectuel néerlandais, paru en 1919 et traduit en français en 1932, s'adresse à tous ceux - littéraires, philosophes, historiens et historiens de l'art - qui ont su repérer dans ce livre une autre façon de penser et d'écrire l'histoire du XVe siècle septentrional. S'attachant particulièrement aux formes de vie et de pensée, l'écriture de Huizinga peut se révéler déroutante pour un public de chercheurs attachés à une méthodologie plus rationnelle. Les réflexions rassemblées ici permettent de faire le point sur les raisons qui font de cette oeuvre, si controversée soit-elle, une référence mais aussi un trésor d'inspirations et d'intuitions toujours aussi stimulantes après un siècle d'existence.
Édifice religieux monumental, la cathédrale représente un symbole spirituel, patrimonial, culturel et politique. C'est pourquoi elle est confrontée, en temps de guerre, aux effets et à la violence de celle-ci : sa taille la désigne comme un objectif repérable de loin ; sa fonction religieuse en fait un symbole pour rassembler la population ; elle peut susciter au contraire une volonté de destruction, notamment iconoclaste, de la part de l'adversaire ; les cérémonies qui s'y déroulent pendant ou après les conflits implorent la protection divine, demandent la victoire, honorent les morts. Les enjeux politiques se mêlent aux dimensions spirituelles pour élever certaines cathédrales en symboles nationaux. Enfin, l'édifice est un lieu de mémoire des guerres, par ses cicatrices, ses mémoriaux, ses cérémonies du souvenir, voire de réconciliation. La situation des cathédrales en Europe occidentale des guerres de Religion jusqu'à nos jours - une période marquée par de nombreux et amples conflits - en témoigne.
Voici vingt-cinq façons de rendre compte des mémoires des empereurs romains Trajan et Hadrien (98-117 et 117-138 de notre ère). Elles nous offrent de multiples variations et angles d'approche pluridisciplinaires, et se placent sous le patronage illustre de l'oeuvre de Marguerite Yourcenar, Mémoires d'Hadrien (1951). Elles participent de surcroît à la commémoration des mille neuf-cents ans de la mort du vainqueur des Daces et des Parthes et de l'arrivée au pouvoir de son fils « adoptif », prince philhellène que la romancière avait élu, afin d'aborder les rapports entre mémoires humaines et Histoire. La littérature des périodes ancienne, médiévale, moderne et contemporaine est convoquée par les études ici rassemblées, tout autant que les arts et les nombreuses formes de représentations et illustrations des aventures humaines de ces deux princes placés naguère en tête de cet âge d'or de l'histoire romaine, le fameux siècle des Antonins, revisité depuis à toutes les époques qui se sont succédé.
Les États-Unis représentent aujourd'hui environ 5 % de la population mondiale mais emprisonnent à eux seuls près de 25 % de tous les détenus au monde. Pour une nation qui a toujours érigé la liberté au coeur de son système de valeurs, en venir à afficher le plus fort taux d'incarcération de la planète soulève bien des interrogations.
En adoptant une approche à la fois politique, sociologique, historique et culturelle, cet ouvrage offre une analyse rigoureuse mais claire et accessible d'un phénomène encore méconnu et mal compris. En s'appuyant sur de nombreux travaux de recherche, l'auteur apporte ici les clefs de compréhension de l'exception américaine et dresse un bilan de cette grande expérimentation aux conséquences inattendues.
Cette étude est riche d'enseignements pour tous ceux qui s'intéressent aux politiques de lutte contre la criminalité mais révèle aussi beaucoup sur le fonctionnement de la société américaine et les défis auxquels elle se trouve aujourd'hui confrontée.
Si l'élève n'est pas un nouvel oublié de l'histoire, il est cependant assez peu présent dans les études historiques en éducation, alors que les enseignants, les administrateurs, les contenus scolaires ou l'évolution de la législation le sont bien davantage. Il s'agit ici de placer l'élève au centre des analyses, qu'il soit sous l'autorité d'un précepteur ou intégré dans un établissement scolaire, et de l'étudier sur la longue durée des XVIIe-XXe siècles. Les parcours scolaires des élèves sont scrutés au plus près des sources existantes, dans dix-sept études de cas mises en relation avec le contexte national. Il s'agit de saisir le poids des déterminismes sociaux, économiques, culturels mais aussi géographiques, et de mesurer la part de liberté individuelle ou familiale qui demeure dans le choix de la fréquentation de tel ou tel établissement. La dimension genrée de ces choix et déterminismes est aussi prise en compte, tout comme l'étude de l'influence des événements politiques.
Si l'histoire de l'éducation évoque souvent les élèves, elle en fait trop rarement des acteurs à part entière du système éducatif. La place des élèves renvoie pourtant à l'enjeu de la vie en démocratie.
L'école est tout autant un moyen pour une société de former, informer et conformer la jeunesse, qu'une institution plurielle façonnée par celles et ceux qui la fréquentent. Ce livre, second tome de la publication d'un vaste travail collectif sur l'histoire de l'enfance et de la jeunesse scolarisées, vise à retrouver les élèves à travers leur adhésion ou leurs contestations de l'ordre imposé par l'école, lui-même changeant, et leur participation à la vie des écoles. Quatorze textes explorent la diversité des sources donnant accès aux actes et aux paroles des élèves de divers établissements. En accordant une place importante aux dernières décennies du XXe siècle, qui connaissent des développements décisifs, il s'agit aussi de donner toute sa profondeur chronologique à cette histoire.