Souffrance, stress, burn out, RPS... Les témoignages de salariés faisant état d'une montée en puissance de la pénibilité psychique et mentale du travail se multiplient depuis deux à trois décennies, y compris parmi les franges du salariat les mieux loties, que ce soit en termes de conditions d'emploi, de rémunération ou de pénibilité physique du travail. Ce livre analyse ce phénomène à travers le cas de cadres, chercheurs dans l'industrie. Il montre en quoi les organisations contemporaines du travail, en se liquéfiant pour répondre aux exigences post-fordiennes du procès d'accumulation, disloquent le travail et les travailleurs.
Cette dislocation s'observe à trois niveaux. Au niveau subjectif, d'abord, car en fabriquant des désillusions, des écarts croissants et de plus en plus répandus entre espoirs, investissements subjectifs et réalités observées, ces organisations déstabilisent la subjectivité et le rapport au travail de ces cadres, qui en viennent souvent à remettre en cause et leurs compétences et le sens de tous les efforts et sacrifices faits pour leur travail. Au niveau temporel, ensuite, car en accroissant les tâches périphériques, ces organisations atrophient les coeurs de métier et contraignent ces cadres à travailler plus longtemps, y compris chez eux, pour essayer, malgré tout, de faire un travail de qualité, dans lequel ils puissent encore se reconnaître et trouver du sens. Au niveau cognitif, enfin, car en démultipliant les sollicitations, ces organisations liquides, à travers l'usage des nouvelles technologies qu'elles sécrètent, coupent fréquemment les chercheurs, les empêchent de se concentrer et, par-là, les obligent à déployer une énergie particulièrement importante pour essayer, malgré tout, de sortir la tête de l'eau et continuer à avancer dans leur travail.
Combinées entre elles, ces trois sortes de dislocation maltraitent les travailleurs. Ce qu'il faut soigner, en somme, ce ne sont pas les individus, mais le travail concret : la façon dont il est organisé, managé, reconnu, subordonné au travail abstrait. L'ambition de cet ouvrage est de montrer combien ces troubles de la santé constituent les symptômes contemporains d'une aliénation capitaliste, dont les racines remontent, non seulement à l'organisation du travail, mais plus fondamentalement encore, aux rapports de production et à ce que le capital fait au travail, en imposant aux hommes et aux femmes, travailleurs comme capitalistes, un usage de soi conforme à la conception productiviste de la qualité et de la performance.
Cet ouvrage interroge les usages sociaux de l'employabilité en montrant comment elle affecte les politiques publiques, le recrutement, la formation et l'insertion dans l'emploi. Les auteurs interrogent également la portée symbolique et la pertinence scientifique de cette notion qui risque d'enfermer dans un double piège : stigmatiser les chômeurs et persister dans les politiques d'emploi sans résultat face au chômage.
Avec le soutien de l'UPEC.
Issu d'un travail réflexif, cet ouvrage propose une excellente photographie de ce qu'est la condition des doctorants en sciences sociales, aujourd'hui, en France.
Il donne à voir de quoi est fait leur quotidien, ainsi que les nombreuses difficultés qu'ils rencontrent, et met en lumière des réalités qui, à l'heure de la réforme des universités, ne devraient pas manquer d'alimenter les débats. Pour le diagnostic qu'il offre, ce livre interpelle. Il s'adresse aussi bien aux étudiants désirant en connaître davantage sur ce qui les attend avant de s'engager dans une thèse qu'aux différents acteurs du monde universitaire.