Un douar de l'Ouest algérien au tout début des années cinquante.
Salim a sept ans. Sa relation avec son frère est chargée de discorde. Il en a assez de passer pour une « fillette » ou un « bébé ». Il attend avec angoisse et impatience le couteau de la circoncision qui l'élèvera enfin au rang de mâle accompli.
Cérémonial inéluctable, sa purification est pourtant remise indéfiniment. Un handicap terrible qu'il lui faut taire et supporter alors que s'ouvrent à lui les portes de l'école française où l'attendent de nouvelles inquiétudes, de nouvelles interrogations.
Chronique tendre et subtile, parfois cruelle, ce roman initiatique fait surgir une Algérie inattendue. De Mouloud Feraoun à Marcel Pagnol. Un souffle épique où se profilent les rumeurs de la guerre qui commence.
« Avant d'apprendre la profession de son père, j'étais prêt à me damner, à devenir daltonien. À inventer de l'iris vert dans le bleu de son regard ! J'étais prêt à tout accepter, tout admettre. Tout mais pas un militaire ! Pas un officier ennemi alors que les frères se battent, les mains presque nues, face à une puissance surarmée ! Au maquis ou en prison, ils meurent par dizaines depuis quatre ans, pour reconquérir notre dignité bafouée. » Algérie, la guerre d'indépendance couve. Salim, un jeune garçon du douar, rentre à l'école et s'éveille aux autres, à ses désirs, ses révoltes et à ce déchirement qui le gagne inexorablement.
Tel est le propos de ce roman d'apprentissage qui répond autant à l'exigence d'une mémoire personnelle qu'au souci de célébrer l'amour de vivre dans un pays en proie au fracas de l'histoire.