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Ernst Jünger
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« Le grand moment était venu. Le barrage roulant s'approchait des premières tranchées. Nous nous mîmes en marche... Ma main droite étreignait la crosse de mon pistolet et la main gauche une badine de bambou. Je portais encore, bien que j'eusse très chaud, ma longue capote et, comme le prescrivait le règlement, des gants. Quand nous avançâmes, une fureur guerrière s'empara de nous, comme si, de très loin, se déversait en nous la force de l'assaut. Elle arrivait avec tant de vigueur qu'un sentiment de bonheur, de sérénité me saisit.
L'immense volonté de destruction qui pesait sur ce champ de mort se concentrait dans les cerveaux, les plongeant dans une brume rouge. Sanglotant, balbutiant, nous nous lancions des phrases sans suite, et un spectateur non prévenu aurait peut-être imaginé que nous succombions sous l'excès de bonheur. » Ernst Jünger.
Le livre d'Ernst Jünger, Orages d'acier, est incontestablement le plus beau livre de guerre que j'aie lu.André Gide. -
Sur les falaises de marbre fut publié en Allemagne juste avant le début de la guerre. Aussitôt il fut interprété comme une protestation contre l'hitlérisme, et seule la renommée de Jünger le préserva de poursuites.Ce serait cependant une erreur de considérer ce roman comme une oeuvre de circonstance. Jünger a écrit un des romans romantiques les plus étonnants non seulement de la littérature allemande, mais de la littérature mondiale. Un paysage intemporel face à la mer, des figures symboliques, une action qui montre la lutte entre le bien et le mal, la menace toujours présente de la barbarie.Ce combat permanent, Ernst Jünger l'a élevé au niveau du mythe, grâce à un langage d'une précision hallucinante où rêve et réalité se confondent.
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Journaux de guerre Tome 1 ; 1914-1918
Ernst Jünger
- GALLIMARD
- Bibliotheque De La Pleiade
- 21 Février 2008
- 9782070116294
« Un jeu magnifique et sanglant auquel les dieux prenaient plaisir » : on songe à Homère et à la guerre de Troie ; c'est 14-18 vue par Jünger. L'idée que des hommes aient pu consentir librement à une telle épreuve est presque scandaleuse aujourd'hui. On préfère penser que les combattants furent des victimes et souligner ce que leur héroïsme doit à la contrainte. Alors Jünger, évidemment, dérange. En 1920, Orages d'acier décrit une expérience des limites dont il a clairement consenti à payer le prix. Un jeu de vie ou de mort, comme une partie de chasse, mais dotée d'une justification morale : chasseur et gibier échangent constamment leur rôle. Jünger, qui n'est pas un fou, ne nie pas que la guerre soit terrible. Simplement, il montre qu'elle transforme l'homme de l'intérieur autant qu'elle l'agresse de l'extérieur. Sous le feu, il prenait des notes. Entre ces notes et les livres, « il y a toute la distance qui sépare l'action de la littérature ». Littérature : il s'agit de cela, plus que d'histoire. C'est l'essence anhistorique de la guerre éternelle que Jünger découvre sur le front et consigne dans son journal. En joignant aux versions définitives un choix de textes et de fragments retranchés, ce volume prend en compte les journaux de Jünger dans toute leur complexité.
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Ernst Jünger nous livre ici une nouvelle facette de son immense talent : le symbolisme de Sur les falaises de marbre, d'Héliopolis et des Abeilles de verre a cédé la place à un récit empreint d'une prenante nostalgie. Dans Le lance-pierres, l'auteur a recréé l'Allemagne d'avant la guerre de 1914 dans une petite ville de garnison où le XIX? siècle n'en finit plus de mourir. Dans ce monde à la veille de s'écrouler, un enfant cherche le visage de celui qu'il sera demain. Dès les premières pages, le lecteur se sent transporté dans le monde de l'enfance, d'une enfance mélancolique et inquiète. Pour le jeune Clamor Ebling, l'école, la pension, la ville elle-même, avec ses venelles et les secrets de ses jardins, deviendront les lieux de perpétuels combats contre la brutalité et l'absurdité d'un univers dont les clés lui échappent encore.
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Hostile très tôt au monde bourgeois, élève médiocre, fuguant à dix-huit ans pour rejoindre la Légion étrangère, héros couvert de décorations, Ernst Jünger (1895-1998) est un parfait autodidacte qui n'a effectué à l'université que de brèves études en zoologie. Boulimique de lecture depuis son enfance, nourri de Nietzsche et de Schopenhauer, il allie à une culture immense et diversifiée l'expérience traumatisante de la nouvelle guerre de matériel. Bien qu'il se considère modestement comme un « amateur », il a composé de nombreux essais éclairants sur la crise du monde moderne, l'usage des drogues ou encore l'entomologie. Nous avons privilégié ici les textes qui s'interrogent sur le triomphe de la technique, marqué par l'avènement de la figure du Travailleur : celle-ci commence par fasciner Jünger avant de l'inquiéter, dans sa méfiance envers l'État technocratique, hautement suspect eu égard à sa sensibilité libertaire et précocement écologiste.
Édition établie, présentée et annotée par Julien Hervier.
Ce volume contient :
Lettre de Sicile au bonhomme de la Lune / Le Travailleur / Sur la douleur / La Paix / Passage de la Ligne / Traité du rebelle / Le Mur du temps / Maxima-Minima / Sens et signification / Les Ciseaux.
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Journaux de guerre Tome 2 ; 1939-1945
Ernst Jünger
- GALLIMARD
- Bibliotheque De La Pleiade
- 21 Février 2008
- 9782070116300
1939. Mobilisé par un régime qu'il déteste, Jünger est à nouveau sous l'uniforme. Ce n'est plus le même homme, ni la même armée. L'expérience, elle aussi, sera différente. Après une campagne au cours de laquelle il n'est jamais en première ligne, et à part une mission dans le Caucase comme observateur, il est un occupant à Paris, puis le chroniqueur d'un coin d'Allemagne occupée. Les journaux de la Première Guerre s'organisaient en grands chapitres ; ceux de la Seconde sont datés au jour le jour. Dans un décousu apparent et très concerté, ils font place à des notations sur les opérations militaires, à des rencontres avec écrivains et intellectuels, à l'examen de soi, des hommes et de la nature, aux amours, aux rêves, aux lectures. Jünger lit notamment la Bible ; le christianisme devient pour lui un allié contre le nihilisme triomphant. Sans dissimuler son hostilité aux nazis et à l'antisémitisme officiel (il lui arrive de saluer militairement les porteurs de l'étoile jaune), il reste à son poste et n'attaque pas le régime de front. On parle d'émigration intérieure pour qualifier cette position complexe, que les contempteurs habituels de Jünger simplifient à l'envi. Hannah Arendt était plus nuancée. Tout en constatant les limites de cette attitude, elle voyait dans les journaux de l'occupant Jünger « le témoignage le plus probant et le plus honnête de l'extrême difficulté que rencontre un individu pour conserver son intégrité et ses critères de vérité et de moralité dans un monde où vérité et moralité n'ont plus aucune expression visible ».
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Journaux de guerre Tome 1 (1914-1918) et Tome 2 (1939-1945)
Ernst Jünger
- GALLIMARD
- Bibliotheque De La Pleiade
- 21 Février 2008
- 9782070120154
Coffret de deux volumes vendus ensemble
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Jardins et routes (journal 1939-1940)
Ernst Jünger
- Christian Bourgois
- Titres
- 9 Janvier 2014
- 9782267026054
« Jardins et routes : ce titre paisible surprend, appliqué à un journal de la « drôle de guerre » et de la campagne de France de septembre 1939 à juillet 1940. C'est que l'auteur, glorieux soldat de la guerre précédente, a, selon sa devise, « mûri dans les tempêtes », et que ce quadragénaire s'intéresse, ni à la technique de la destruction ni à la recherche de la supériorité, mais à ce qui survit après toutes les batailles : le fleuve, les roseaux, les rigueurs intemporelles d'un hiver presque semblable aux autres ; le calme des vastes plaines françaises et la splendeur des jardins, à peine troublés par l'agitation et le passage des guerriers et des fugitifs ; les témoignages d'une très ancienne civilisation, qui a connu bien d'autres épreuves et en connaîtra encore. ». (Henri Plard)
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Il y a peu d'écrivains que leurs lecteurs puissent suivre au jour le jour, dans leurs travaux, leurs lectures ou leurs promenades.
André Gide était de ceux-là. Ernst Jünger l'est sans aucun doute. Les lecteurs de Jardins et Routes et du Journal le savent.
On pouvait croire pourtant qu'il fallait à Jünger des événements, un climat extraordinaire : la guerre. Tous ceux qui le suivront dans Voyage atlantique verront qu'il n'en n'est rien et que le regard de Jünger fait jaillir l'intérêt des moindres choses, des objets les plus pacifiques. Une tendresse et une attention du monde exceptionnelles.
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Ces essais écrits entre 1928 et 1975 s'ouvrent sur La Lettre de Sicile au bonhomme de la lune, probablement le seul texte où Jünger définisse aussi précisément sa méthode de vision double des objets et du monde, les apparences et les connexions occultes à déchiffrer. Méthode à l'oeuvre dans tout ce recueil, qui regroupe aussi bien des réflexions sur les rapports du langage et de l'anatomie, des notes sur la peinture, que des récits de séjours au Portugal, en Sardaigne, à Antibes, où l'auteur découvre les tendances fondamentales de l'art occidental, marche sur les traces des survivances antiques, entre l'émerveillement du passé et le présent qui l'amuse. Une introduction idéale à l'oeuvre d'un des plus grands écrivains du XXe siècle.
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Deux hommes et une femme se dirigent en barque vers Godenholm, où demeure leur maître philosophe. Que viennent-ils chercher ? Un art de penser, un art de vivre ? La quête de ces personnages fait penser à celle du Graal. L'essentiel semble plus tenir dans la recherche de l'objet précieux que dans sa découverte.
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La cabane dans la vigne ; journal 1945-1948
Ernst Jünger
- Christian Bourgois
- Titres
- 9 Janvier 2014
- 9782267026115
« Réunissant les chroniques de « choses vues » et d'événements de la vie personnelle d'Ernst Jünger, deuils, doutes, rencontres et aventures, ces journaux de guerre et d'occupation, qui couvrent la période de sa vie au presbytère de Kirchhorst dans le Hanovre de 1939 à 1948, ont aussi le caractère ésotérique d'un voyage initiatique. Ce dernier aspect apparaît plus clairement que jamais dans ce dernier volume, à la fois descente aux Enfers et, même aux pires moments, contact avec les sources de la vie profonde : le retour au pays natal, celui de l'enfance, où les villes sont détruites, mais la campagne et les rythmes de l'existence paysanne immuables ; le retour auprès des siens, dont la sollicitude et la tendresse le protègent à travers les misères et les dangers de l'occupation ; enfin, retour au passé et tentative de ressaisir dans la mémoire les débuts d'un glissement vers l'abîme du nihilisme absolu, dont Jünger touche le fond, avec tous ses compatriotes, en 1945.
Selon ses centres d'intérêt, le lecteur trouvera dans ce volume, [enrichi d'un texte intitulé le « feuillets de Kirchhorst »], un témoignage sur des faits mal connus en France, les premières années de l'après-guerre en Allemagne ; la relation d'un itinéraire spirituel ; ou, plus profondément, un dessin qui peut s'appliquer à toute existence en esprit, un art de mourir pour renaître, selon le précepte du vieux Goethe. » (Henri Plard)
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Pendant la Première Guerre mondiale, dans le calme et la terreur des tranchées, trois jeunes officiers allemands se retrouvent pour échanger des idées sur leurs destins, leurs avenirs et leurs émotions. Sans cesse ils reviennent sur le sens de cette guerre qu'ils ont choisi de faire. On retrouve tous les thèmes chers à Jünger, la guerre et la littérature, le nihilisme et le dandysme. Mais nous frappe surtout la magie de la prose du grand écrivain allemand.
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Jünger complète ses recherches sur l'homme et le temps : il tente de saisir intuitivement la mutation soudaine de l'humanité, mutation qu'il imagine imminente et qui verrait s'interrompre la lutte entre les États de l'Ouest et ceux de l'Est : l'étoile rouge et l'étoile blanche se fondraient en un astre unique, l'Éat universel. Notre temps, dit Jünger, est en train d'élaborer une grande image de la Mère. Il s'agit donc de dégager un nouvel ordre cosmique pour l'homme : comme Novalis, Jünger estime que l'âge d'or est devant nous et non pas à l'origine. L'État universel est l'esquisse de cette humanité à venir.
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Cet ouvrage rassemble les récits de deux séjours que fit Jünger, dans les années cinquante, à San Pietro et à Serpentara, deux îlots au sud-ouest de la Sardaigne. Et c'est naturellement, comme au vu de cette double insularité, par une digression sur l'île, lieu géographique mais mental aussi qu'ouvrent ces pages. Est-ce parce que les îles ont souvent été le lieu des utopies (Robinson Crusoë par exemple) que nous découvrons avec émerveillement dans ce texte la société des pêcheurs dans une description presque hésiodienne ? Il y a en effet comme un âge d'or patriarcal qui affleure et auréole les faits et geste quotidiens des insulaires auprès desquels Jünger revêt, comme malgré lui, la taille d'un Gulliver chez les Lilliputiens.
Le récit culmine dans la description dramatique d'une pêche au thon comme au temps des phéniciens, cérémonial barbare, mais première forme de culture tout autant, quelque chose d'une tauromachie marine avec ses règles, ses rituels, millénaires dirait-on, et dont Jünger nous fait partager la fascination.
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Cent aphorismes, extraits de Blätter une Steine, paru en 1934, et traduits par Henri Thomas, le passeur inspiré des Falaises de marbre et Coeur aventureux, édités dans une mise en page aussi rigoureuse qu'aérée pour le centenaire de leur auteur.
« Dans une prose qui renonce aux conclusions, il faut que les phrases soient comme graines et semences. », « Au domaine de la plus haute décision, la volonté n'a pas accès. », « Les déesses ne livrent que leurs statues. », « L'Eros de la brève rencontre n'est pas moindre. Il est autre. », « Qui veut tout décrire, mure les fenêtres du langage. »
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« Le Mantrana est un jeu de dominos à deux et trois dimensions joué avec des maximes qu'on appellera des pierres », écrit en préambule l'auteur d'Orages d'acier, des Falaises de marbre et du Coeur aventureux.
Pierre Morel nous livre ici une traduction si lumineuse qu'elle se passe de toute explication. « Certains degrés de la jouissance ressemblent aux tourments des damnés. Mais l'erreur s'insinue aussi bien goutte à goutte dans les conversations de deux sages. », « Le chiffre n'a pas été découvert, il a été inventé, et il n'a pas d'égal dans l'empire des inventions. », « Quand tous sont pour nous, il y a grand danger. », « Un esprit qui n'admire pas ne mérite pas non plus l'admiration. », et enfin « L'obscurité devrait présager l'incommunicable, non l'incapacité à communiquer. »
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Lettres du front à sa famille, 1915-1918
Ernst Jünger
- Christian Bourgois
- 18 Février 2016
- 9782267029338
En août 1914, âgé de 19 ans, Ernst Jünger s'engage dans l'armée allemande. Du front, il écrit régulièrement à ses parents et à son frère Friedrich Georg. Si son courrier rend compte de ses difficultés pratiques et de la fatigue quotidienne, il témoigne par ailleurs de sa passion naissante pour l'entomologie.
Ces lettres, en dessinant le portrait d'un jeune engagé animé de convictions nourries de références à la culture classique, constituent un document précieux par la dimension humaine dont elles enrichissent cette expérience exceptionnelle de la guerre.
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Dans ce récit bref et mouvementé, paru à La Délirante avant de l'être en allemand, Ernst Jünger nous entraîne dans une traversée insolite en taxi d'un Paris fantastique un jour de grève, depuis une escale impromptue à Orly jusqu'à Montmartre où culmine le cauchemar, en passant par un curieux musée Henri IV au milieu d'une forêt, prétexte à l'évocation d'anecdotes le concernant, et un café sur les Champs-Elysées dont le garçon, Freddy, décide de lui faire crédit et de lui servir de guide dans une atmosphère de fin du monde. Le texte est illustré d'une dizaine de dessins à pleine page et de nombreuses vignettes spécialement réalisées pour cet ouvrage par le peintre allemand Horst Janssen. On pense aux gravures de Meryon et au Kubin de L'Autre côté, que Jünger avait connu.
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22 octobre 1941 : en représailles de l'assassinat d'un officier allemand à Nantes, le jeune résistant Guy Môquet, le syndicaliste Jean-Pierre Timbaud et le député Charles Michels sont fusillés avec 24 de leurs compagnons dans une clairière de Châteaubriant (Loire-Atlantique). Le chroniqueur officiel de cette première exécution de masse d'otages français, n'est autre que le vétéran Ernst Jünger, 46 ans, dont le texte inédit est publié ici.
« Rédigé dans le style des chancelleries, donc sans ambition littéraire », précise son traducteur Julien Hervier, ce rapport, demandé par le haut-commandement allemand à Paris au héros des tranchées à valeur historique. Il retrace l'escalade infernale des attentats et de leurs représailles exigées par Hitler et décrit dans le détail « une situation impossible, telle qu'on ne peut que commettre des fautes, soit qu'on agisse, soit qu'on s'abstienne. » Autre abîme, celui qui sépare les donneurs d'ordres de ceux qui s'apprêtent à mourir. Ernst Jünger a pris soin de traduire et de joindre à son mémorandum les lettres d'adieu à leurs proches des 27 fusillés qui sont reproduites ici, certaines pour la première fois. Y figure, bien sûr, celle de Guy Môquet, lue tous les 22 octobre dans les écoles françaises. C'est à partir de ce matériau que le cinéaste Volker Schlöndorff a réalisé son téléfilm La mer à l'aube, diffusé en 2012 et c'est lui qui présente ce livre réalisé sous la direction de Sven Olaf Berggötz et publié en Allemagne en 2011 sous le titre « Sur la question des otages. Exposé des faits et de leurs conséquences. »
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Admirable connaisseur de la langue et de la littérature françaises, Ernst Jünger a donné une preuve éclatante de sa dilection pour Rivarol en traduisant lui-même ses oeuvres en allemand. Il aime en Rivarol une intelligence sèche et tranchante qui a su projeter un vif éclairage sur une Révolution dont les remous n'ont pas cessé de se faire sentir. Si Jünger nous montre Rivarol et son temps, il nous invite à le relire pour mieux réfléchir aux grands problèmes de notre époque. Les essais qui suivent la présentation de {Rivarol} sont d'une grande diversité. Une étude sur l'amiral Nelson voisine avec des souvenirs sur Gide et Schlumberger. Des remarques de linguiste, avec des considérations sur l'art pictural d'Alfred Kubin. Des propos d'entomologiste, avec des notes sur la bibliophilie. Enfin, les textes dédiés à son frère, le poète Friedrich Georg Jünger, constituent de précieux fragments autobiographiques.
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Correspondance 1949-1975
Ernst Jünger, Martin Heidegger
- Christian Bourgois
- Litterature Etrangere
- 21 Janvier 2010
- 9782267020670
Cette correspondance, qui s'étend de 1949 à 1975, constitue un témoignage de toute première importance sur les relations intellectuelles et amicales qui unirent deux représentants majeurs de la pensée allemande au XXe siècle : Martin Heidegger, considéré comme l'un des plus grands, sinon le plus grand philosophe de son temps, et Ernst Jünger, héros exemplaire des batailles de la Première Guerre mondiale, penseur de la technique et styliste exceptionnel, qui vient de connaître récemment la consécration d'une édition de ses journaux de guerre dans la Bibliothèque de la Pléiade. Le succès qui a accueilli celle-ci confirme l'intérêt du public français pour Jünger, succès qu'il partage avec Heidegger ; ce dernier, malgré la difficulté de sa pensée et les problèmes presque insolubles que la complexité de sa langue pose à ses traducteurs français, est aussi l'un des philosophes allemands les plus lus en France.
Avant même de se connaître, les deux hommes étaient déjà entrés en dialogue, car la pensée de Heidegger sur la technique doit beaucoup au grand essai de Jünger, Le Travailleur, paru en 1932, auquel il a d'ailleurs consacré un séminaire universitaire durant l'hiver 1939-1940. Leur première rencontre n'a cependant eu lieu qu'en septembre 1948.
Leurs premiers échanges épistolaires portent sur le lancement éventuel d'une nouvelle revue de haut niveau qui leur aurait permis de retrouver une visibilité dans le champ littéraire, après la débcle allemande de 1945 ; on les voit s'interroger sur cette entreprise à laquelle ils renoncent finalement, car elle risquait de prendre un caractère trop politique, dans une période où ils étaient tous deux violemment attaqués : Heidegger pour son année de rectorat à Fribourg sous le nazisme en 1933-1934, Jünger en tant qu'ancien nationaliste et apologiste de la guerre qui, malgré son absence de compromission avec le nazisme, fut néanmoins accusé d'avoir été l'un de ses précurseurs.
Loin de se borner à un banal échange de politesses entre deux écrivains majeurs, leur correspondance compte plusieurs temps forts, en particulier à propos du dépassement du nihilisme, sur lequel portent les deux textes, Passage de la Ligne et Contribution à la question de l'Être, qu'ils s'offrent mutuellement pour l'anniversaire de leurs soixante ans, fêtés respectivement en 1949 et 1955. Mais il peut aussi arriver à Jünger de demander à Heidegger de l'aider à élucider un passage difficile sur le temps, dans les Maximes de Rivarol qu'il est en train de traduire en allemand, ce qui permet au philosophe de faire à ce sujet un exposé particulièrement lumineux et accessible.
Leurs échanges ne se situent pourtant pas constamment à ce niveau d'ambition intellectuelle, même s'ils illustrent aussi une commune préoccupation pour le langage, par exemple dans l'intérêt qu'ils portent aux expressions populaires du pays souabe dont Heidegger est originaire et où Jünger vient de s'établir. Ce nouveau point commun renforce l'atmosphère d'estime et de confiance qui règne entre eux, car cette correspondance est aussi le témoignage d'une amitié qui ne s'achèvera qu'avec la mort de Heidegger. Dans un temps rythmé par les anniversaires et les envois de livres, on échafaude des projets de rencontres que les difficultés du temps ou de l'ge rendent parfois difficiles à réaliser. Pourtant leurs deux caractères bien différents s'opposent à l'occasion, lorsque, auprès d'un Heidegger plus casanier, Jünger défend son tempérament d'incorrigible globe-trotter, en reprenant à son compte le mot d'Héraclite : " Ici aussi, il y a des dieux " - et même dans la cabine d'un bateau traversant le canal de Suez !
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Soixante-dix s'efface (1965-1970) t1
Ernst Jünger
- Gallimard
- Du Monde Entier
- 24 Avril 1984
- 9782070701124
«S'il existait une école du regard, Ernst Jünger en serait le maître. Mais c'est déjà trop dire, car rien n'est plus étranger à sa nature que de légiférer ou de se poser en modèle littéraire. La seule société d'initiés dont il se réclame est celle, limitée et subtile, des entomologistes. Pour le reste, ce qui domine chez lui en cette oeuvre tardive, c'est l'ouverture au monde, aux cultures, aux êtres et aux livres. La richesse de sa méditation n'est pas moins grande que lorsqu'elle était portée par l'expérience de la guerre et des grandes catastrophes historiques. L'explosion de la nature printanière, une promenade à Venise, la lettre d'un ami suffisent à la nourrir. Éros et Thanatos sont toujours présents ; mais à travers l'écriture transparente du grand âge, la mort s'est comme apprivoisée. Défiant le temps qui s'écoule de plus en plus vite, le journal affirme jour après jour la permanence créatrice du geste de l'écrivain.»Julien Hervier.
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Soixante-dix s'efface Tome 3 ; journal 1981-1985
Ernst Jünger
- Gallimard
- Du Monde Entier
- 26 Novembre 1996
- 9782070739189
«S'il existait une école du regard, Ernst Jünger en serait le maître. Mais c'est déjà trop dire, car rien n'est plus étranger à sa nature que de légiférer ou de se poser en modèle littéraire. La seule société d'initiés dont il se réclame est celle, limitée et subtile, des entomologistes. Pour le reste, ce qui domine chez lui en cette oeuvre tardive, c'est l'ouverture au monde, aux cultures, aux êtres et aux livres. La richesse de sa méditation n'est pas moins grande que lorsqu'elle était portée par l'expérience de la guerre et des grandes catastrophes historiques. L'explosion de la nature printanière, une promenade à Venise, la lettre d'un ami suffisent à la nourrir. Éros et Thanatos sont toujours présents ; mais à travers l'écriture transparente du grand âge, la mort s'est comme apprivoisée. Défiant le temps qui s'écoule de plus en plus vite, le journal affirme jour après jour la permanence créatrice du geste de l'écrivain.»Julien Hervier.