Né dans un pays en guerre, il y a grandi, puis l'a fui à jamais. Au terme d'un voyage inhumain, c'est à Paris qu'il trouve refuge - métro Jaurès, la faim, le froid, l'enfer. Seul, muet, invisible parmi les invisibles, Mahmud erre dans la ville lumière. Sur les bancs publics, les amoureux fricotent. Aux terrasses des cafés, les étudiants l'ignorent. Pas un mot. Pas un regard. Alors, c'est au Père Lachaise que Mahmud traîne ses guêtres. Là, parmi les morts, il trouve son port d'attache : Balzac, Molière, Hugo, Baudelaire, plus tard... Ces livres, ces mots qu'il collectionne, cette langue qu'il a fait sienne seront son salut.
Depuis cette rive, il se console. Depuis cette rive, il nous raconte...
C'est le récit de 24 heures de la vie d'un réfugié, une vie qui oscille entre les drames et l'espoir. Le matin, il reçoit la lettre d'un inconnu, à la suite de la parution de son dernier livre, une lettre qui lui pose les questions vraies, sur sa vie, sur lui... comme la lettre d'un ami. Dans le train qui l'emmène de Paris à Dunkerque, à la vue de ces paysages surgissent les souvenirs de son enfance à la campagne, celui de sa grand-mère à laquelle il rêve toutes les nuits depuis qu'elle est allée rejoindre ses aïeux. Fort de tous ces moments de bonheur de la journée, il se laisse emporter par la douceur de la nuit. Ses rêves l'entrainent loin, très loin, à Kaboul en 2087, dans un pays où toutes les tragédies du monde ont disparu, où la vie est rayonnante. Au réveil, c'est la tempête sur la plage. Des explosions à Kaboul. Le coeur en charpie. Mais à l'aube, il découvre la mer et la lumière à Dunkerque, la délicate lumière du Nord, celle d'où jaillit la vie. Il prend sa plume pour répondre à l'inconnu, à toutes les questions qu'il pose. Il raconte les affres de son voyage de Kaboul à Paris, les deux années d'horreur, il répond même à la question « Comment faites-vous pour être heureux ? » Chez Mahmud Nasimi, la force est invincible. Un regard presque mystique tourné vers l'avenir. L'espoir creuse un sillon de lumière dans sa vie d'exil.