Le franco-judaïsme est fini, bel et bien mort ! affirment des observateurs de la scène juive française. Pourtant d'autres parlent encore de rêve français. Vision naïve ou ambition renouvelée ?
L'israélitisme du XIXe siècle, tout entier contenu dans le slogan consistorial "Patrie et religion", ne fut en fait que la première forme du franco-judaïsme. Deux institutions créées au lendemain de la deuxième Guerre mondiale, le CRIF et le FSJU, ont accompagné la pluralisation du judaïsme français et sa sécularisation. Dans les années 1980, un nouveau franco-judaïsme s'est affirmé en célébrant publiquement "la communauté", réunie autour d'une double fidélité à la France et à Israël, confirmant ce que le philosophe Levinas avait pressenti dès 1950, la "fin du judaïsme confidentiel". Cette synthèse harmonieuse serait-elle mise à mal aujourd'hui par le communautarisme des milieux ultra-orthodoxes, présents au sein des écoles juives et même du Consistoire, et la politisation du CRIF ? Mais un pluralisme religieux inédit est apparu avec le succès croissant des courants libéraux et l'émergence d'une orthodoxie moderne, au sein desquels des femmes jouent un rôle majeur. Et si l'adhésion enchantée à la France n'est plus de mise, le développement des relations interreligieuses et interculturelles apparaît comme une réponse au nouvel antisémitisme. Aurait-on là les ferments de recomposition d'un autre franco-judaïsme, celui des solidarités ?
Que deviennent les associations laïques ou confessionnelles lorsqu'elles tendent à promouvoir des valeurs de plus en plus convergentes, telles que la solidarité, la tolérance, l'égalité et la liberté individuelleoe Ces convergences impliquent-elles un affaiblissement de leur identité spécifique ou s'appuient-elles au contraire sur leur valorisationoe Le pluralisme religieux et culturel de la société française constitue pour ces associations un cadre obligé à partir duquel se recomposent les identités individuelles et collectives.uu
Depuis quelques années, la question de la "diversité" est devenue centrale, aussi bien au niveau de la réflexion théorique qu'à celui des études de cas sur la citoyenneté. Elle se réfère généralement aux différences de genre, de sexualités, aux différences fondées sur l'appartenance "ethno-raciale", l'origine nationale, ou les pratiques culturelles et/ou religieuses. L'apparition de ce terme dans l'espace public indique que la prise en compte des différences constitue désormais un enjeu dans des contextes socio-politiques très variés. Le terme cache toutefois autant qu'il ne révèle. Il brouille en effet la distinction entre les formes de différence que l'on pourrait appeler "horizontales", et les différences «verticales» que sont les inégalités. Celles-ci s'en trouvent minimisées, réduites à des problèmes facilement résolus grâce à une «reconnaissance publique de la diversité» qui ne nécessiterait aucune remise en cause du mode de distribution des ressources et/ou du pouvoir. Chacun des onze textes de ce volume - quatre en anglais, sept en français - jette une lumière particulière, non seulement sur le ou les cas nationaux étudiés (France, Grande-Bretagne, États-Unis, Australie, Argentine, Équateur et Bolivie, Algérie) mais aussi sur la question plus générale des rapports complexes entre citoyenneté et diversité, compte tenu des philosophies publiques qui orientent la mise en forme de la citoyenneté à l'époque contemporaine.
Comment caractériser les évolutions actuelles de l'autorité religieuseoe L'option a été prise, d'emblée, de limiter le champ d'investigation aux trois traditions monothéistes. Le judaïsme, le christianisme et l'islam connaissent-ils des transformations similaires en matière d'autoritéoe Celles-ci sont-elles liées aux modalités de leur engagement dans la modernitéoe