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Eric Pesty
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Les grandeurs intensives, chapitre deux
Michèle Cohen-Halimi
- Eric Pesty
- Les Broches
- 5 Janvier 2022
- 9782917786734
Les grandeurs intensives, chapitre deux est le second volume des études rédigées par Michèle Cohen-Halimi, et publiées par Claude Royet-Journoud dans la revue Anagnoste (incluse dans le Cahier Critique de Poésie du cipM). Ce volume fait suite à L'Anagnoste paru chez Éric Pesty Éditeur en 2014.
Tous les éléments contextuels de la rédaction de ces études, ainsi que leur enjeu intellectuel, le terme d'anagnoste lui-même, sont rigoureusement exposés et très clairement définis par Michèle Cohen-Halimi dans un superbe « Prologue » qui ouvre Les grandeurs intensives, chapitre deux.
Nous aimerions cependant insister, à la suite de l'auteur elle-même, sur la césure qui a eu lieu entre le premier volume (L'Anagnoste) et le second volume (Les grandeurs intensives chapitre deux), car cette césure marque une modification profonde dans l'expérience « anagnostique » - expérience ne pouvant désormais se vérifier que « depuis la disparition de toute figure chez celui ou celle qui écrit sa lecture ».
« La chute complète de la pensée dans la langue était l'opération commandée », écrit encore Michèle Cohen-Halimi, synthétisant, par cette puissante formule, son parcours de philosophe-lectrice sous l'autorité amicale et toujours extraordinairement exigeante de Claude Royet-Journoud.
C'est l'expérience vertigineuse de cette césure que donne à lire, en temps réel, la publication de Les grandeurs intensives, chapitre deux. -
Figuren s'écrit dans la continuité d'une « philosophie de la lecture » - pour reprendre le terme d'Olivier Goujat - mise en oeuvre dans Seul le renversement, essai consacré par Michèle Cohen-Halimi au premier volume de la tétralogie de Claude Royet-Journoud.
À suivre, cette fois, le mouvement spiralé d'une lecture-écriture de Théorie des prépositions jusqu'au coeur intime et silencieux du livre, Figuren découvre l'aporie d'une diction qui inclut sa propre indiciblilité dans le langage. La rémanence de cet indicible induit autant une éthique du langage qu'elle fait saillir du texte un impératif : Ce pourrait être le sens de la formule décisive concluant cet essai.
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Extrait de la préface de Michèle Cohen-Halimi intitulée « Un test de mémoire » :
« Dispersées, peut-être disparates, ces vingt et une études ont été écrites pendant une période de neuf ans, selon une périodicité fixe, puisqu'elles étaient commandées par Claude Royet-Journoud pour sa revue semestrielle Anagnoste. Leur collection reste ici incomplète car la publication d'Anagnoste se poursuit, mais elle m'a semblé peu à peu gagner la physionomie d'un livre. Comme une variation libre fait surgir, par vue récurrente, des adhérences, des idées fixes, des obsessions, l'obsession d'une question : qu'est-ce qui (se) passe, quand nous lisons ? Le livre s'est composé, à mon insu, au rebours de cette obsession : écrire le corps de la lecture, ses états, ses mouvements, en faire la fiction de l'écriture. C'est un livre à rebours.
« Dans Ménon, Platon met en scène la reconstitution, par un esclave ignorant, d'une démonstration géométrique dont il est dit qu'elle est une anamnèse. Apprendre ne serait qu'anamnèsis. On ne saurait que pour se ressouvenir d'un savoir oublié. Aucun savoir ne se grefferait sur le corps ignorant, mais pourrait seulement se déployer depuis l'intérieur de cette ignorance, à partir d'une donation virtuelle dont le fait resterait sans pourquoi, dont le passé serait absolu, et qui lèverait par la seule possibilité qu'elle suscite le désir de savoir. De ce modèle nous pourrions faire la structure narrative du « à rebours », qui servirait à analyser la virtualité des conditions de la lecture, le corps spécifique du lecteur, son hypothèse ou son être transitionnel, puisqu'il est effet du texte, c'est-à-dire du possible qui fait reflux par sa lecture. »