Norman Manea
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L'exil a duré dix ans. Norman Manea revient dans sa Roumanie natale où le communisme s'est effondré, mais où rien n'a vraiment changé. Entre réalité et fiction, le souvenir affleure : sa mère est morte, le communisme s'est effondré et les fantômes du passé voilent son regard. Reste la douleur lancinante d'avoir fui sa patrie véritable : sa langue maternelle.
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Voici quatre nouvelles qui nous racontent un monde absurde et tragique : dans « L'interrogatoire », un tortionnaire offre sa relative clémence à une prisonnière, en échange, chaque jour, d'un dessin. Dans « L'imperméable », une juge aisée de Bucarest, retrouve un imperméable chez elle après avoir donné une soirée. Elle appelle ses invités, qui découvrent bientôt qu'elle prête son appartement à des indics. Quatre histoires glaçantes, qui décrivent un monde dirigé par la peur et la délation.
Né en 1936 en Roumanie, Norman Manea est déporté dans un camp de concentration à l'âge de cinq ans. Cette expérience est au coeur de son oeuvre, marquée par le traumatisme de la Shoah.
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Les tiroirs de l'exil ; dialogue avec Leon Volovici
Norman Manea
- Bord De L'Eau
- Judaisme
- 16 Novembre 2015
- 9782356873552
Romancier et essayiste d'envergure internationale, écrivain juif de langue roumaine né en 1936, Norman Manea recueille dans ce livre diff érents documents, entretiens et essais centrés sur ses rapports hautement complexes à sa judaïté.
Enfant rescapé des camps de Transnistrie, contraint à l'exil en 1986, Manea aura vu toute son existence bouleversée par une identité juive qu'il n'a pourtant jamais mise en avant par ailleurs ; il ne tait pas son désespoir ni son embarras devant la question de sa judaïté, en laquelle il trouve surtout des point de comparaison avec la condition de l'écrivain, sinon avec toute la condition humaine.
« Littérature de tiroir » d'un exilé, intense document datant des années de « brutale dégradation » de la situation en Roumanie, et d'un temps où Manea, écrivain déjà reconnu, venait d'être attaqué ou trahi par de nombreux intellectuels pour avoir critiqué le nationalisme ambiant, ce livre a paru en 2008 en Roumanie, dans un contexte guère moins hostile, et constitue une somme d'une grande richesse, une plongée intime et érudite dans le XXe siècle roumain comme dans l'oeuvre d'un de ses plus grands romanciers.
En vue de son édition en langue française, la totalité de l'ouvrage a été revue par l'auteur, condensée, adaptée, et enrichie d'un long appendice inédit, consacré aux rapports entre antisémitisme et communisme.
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L'heure exacte esquisse l'impossible retour à la vie après l'expérience de la déportation.
Jamais norman manea n'oubliera son enfance passée dans les camps de transnistrie, son "initiation" à l'horreur, à la peur, à la mort, à l'innommable enfin. l'écriture est pourtant un exutoire par où s'épanche cette blessure qui ne cicatrise pas, un palliatif au bonheur obligatoire sous le régime du clown des carpates, puis à la douleur du déracinement, de l'exil. une écriture dense et pudique, qui fait la part belle à l'image et à la métaphore, touchant à l'onirisme et à l'hallucination : comme si le petit déporté était désormais incapable d'appartenir au réel et de réintégrer la vie.
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Augustin Gora, un intellectuel roumain d'un certain âge, a quitté la Roumanie communiste pour s'établir à New York où il vit seul, entouré de ses livres. La tanière, c'est ce refuge primordial, ce lieu protégé de l'extérieur, du réel, des autres. Car Gora vit dans l'obsession de son épouse, Lu (qui a refusé de le suivre dans son exil), et de son passé roumain, au milieu de ses livres et des morts (l'écriture de nécrologies est son dada). Un jour réapparaît sa femme avec un cousin plus jeune, Peter Gaspar, un fils de déportés, un inadapté volontaire et chronique. Et Gaspar fait appel au sage Gora : il a reçu une carte postale anonyme avec une menace de mort. Il reconnaît dans ces lignes une citation sans pouvoir la situer précisément. La mort se présente comme une énigme, un défi intellectuel. Car la littérature est partout, toute-puissante, et permet de décrypter les codes du réel. Mais le personnage de Gaspar disparaît finalement...
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Un superbe printemps à Bucarest, dans les années 80 : le fracas des démolitions et les chantiers du bonheur calibré ; les queues interminables pour la survie quotidienne ; le règne de la suspicion et de la terreur, de la soumission et de l'humiliation. Nous sommes sous la dictature du Grand Bredouilleur. Tolia, intellectuel excentrique et provocateur, enquête sur la mort de son père, qui s'est suicidé ou a été assassiné quarante ans plus tôt après avoir reçu une enveloppe noire portant l'emblème de la Garde de fer. Sur les traces d'un mystérieux photographe, il découvre l'existence d'une inquiétante organisation dont les membres sourds-muets sont des modèles d'obéissance. Tolia côtoie aussi Marga, médecin des fous : mieux vaut rire, en effet, et vivre dans le rêve ou la folie qu'accepter de rentrer dans le rang, parmi les figurants de cette grande farce de l'Histoire. Mais qui est le fou, qui est le clown ? Où commence la réalité ? Un roman intense, halluciné, à l'humour noir, qui remue aussi le passé amoureux et brouille les cartes, dans un monde totalitaire et schizophrène.
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Dans la " grande aventure des pages ", l'auteur trouve des parentés plus significatives que dans la vie. Il nous entraîne dans les oeuvres de Kafka (d'où le titre : La Cinquième Impossibilité, allusion aux quatre impossibilités d'écrire énoncées par Kafka), Sabato, ou bien Paul Celan et Benjamin Fondane, dans un dialogue imaginaire en contrepoint du Dialogue dans la montagne ; il évoque son amitié avec Philip Roth et Saul Bellow, Claudio Magris et Antonio Tabucchi, à travers leurs oeuvres; il convoque, inévitablement, les grands Roumains de la diaspora que sont Ionesco et Cioran - qui a expérimenté comme lui l'exil et l'exil lié à l'écriture.
Ce recueil compose une trajectoire, de Berlin, premier lieu de l'exil, à New York, "capitale dada", où l'errant a échoué voici plus de 20 ans. Mais la " maison de l'escargot ", son refuge, son ancrage, c'est sa langue, le roumain, que l'écrivain emporte avec lui comme l'escargot sa coquille.
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Les clowns ; le dictateur et l'artiste
Norman Manea
- Seuil
- Fiction Et Cie
- 15 Octobre 2009
- 9782020965538
"Sur les murs du cirque totalitaire, les portraits du Grand Clown grimaçaient, victorieux, à l'adresse de l'Auguste, solitaire. " Face à la puissance du dictateur, face aux redoutables moyens de manipulation et de déformation des tyrannies, l'artiste se sent bien seul, quand il tente de révéler ou de réhabiliter la vérité. Il est vite broyé, à moins d'inventer des ruses, comme l'opacité et la duplicité. Norman Manea dépeint la Roumanie des années 80, dans le cirque infernal du Grand Clown des Carpates, Ceausescu, entre tragédie et comédie. Il revisite aussi certains pans obscurs de la mémoire roumaine, en particulier le passé sulfureux de Mircea Eliade, quand il était un fervent adepte de la Garde de fer, mouvement d'extrême droite, nationaliste et antisémite. Ces textes, courageux, ont parfois suscité de vives polémiques. Ils sont d'une brûlante actualité, dans une époque où les clowns sont de nouveau nombreux sur la scène.
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Avant de s'en aller : Saul Bellow, une conversation avec Norman Manea
Saul Bellow, Norman Manea
- La Baconniere
- 28 Octobre 2021
- 9782889600595
Cet entretien de 1999, enregistré à Boston, traverse le XXème siècle. Des origines familiales juives de Russie des parents de Saul Bellow, forcés de fuir le régime tsariste et d'émigrer au Canada, à sa vie américaine à Chicago. Il s'y dessine les tensions fécondes de son enfance entre la nostalgie et la tradition juive des parents, l'éveil à l'altérité et la volonté inébranlable de son grand frère de devenir américain. La guerre des langues et l'importance de la possession de chacune est évidemment soulignée.
C'est aussi une discussion sur le grand roman contemporain, sur la littérature juive-américaine dont Saul Bellow a été l'un des créateurs, sur ses rapports avec les autres écrivains, Isaac Singer et Philip Roth en tête.