Identités contre universalisme, genre contre sexe, république contre communautarisme, racisme, féminisme, immigration... Le point commun de ces débats, qui polarisent la vie intellectuelle avec de fortes implications politiques, est de mettre en jeu la culture, dans tous les sens du terme. Mais Olivier Roy récuse ici la thèse de la « guerre culturelle » ou du conflit de valeurs. Ce qui est en crise, selon lui, c'est la notion même de culture, désormais réduite à un système de codes explicites, décontextualisés et souvent mondialisés, qui envahissent les universités comme nos cuisines, les combats identitaires et les religions comme nos pratiques sexuelles, et jusqu'à nos émotions dûment répertoriées en émojis.
C'est bien une déculturation mondiale que diagnostique Olivier Roy. À partir des quatre grandes mutations contemporaines (la libération des moeurs issue des années 1960, la révolution internet, la marchandisation néolibérale et la déterritorialisation liée à la fin de l'État-nation et aux migrations), il en examine les mécanismes et les effets paradoxaux : où les dominants se vivent aussi menacés et souffrants que les dominés ; où le globish et le manga deviennent des simulacres qui annihilent la richesse de la langue anglaise ou de la culture japonaise ; où les « process » de communication fabriquent un « devenir autiste »... Un essai vif et critique, qui, à contre-courant de la dénonciation anti-moderne de l'individualisme, s'inquiète au contraire de la facilité avec laquelle nous acquiesçons à l'extension du domaine de la norme.
Depuis des années, le débat sur l'identité chrétienne de l'Europe va bon train. Olivier Roy prend la question de front : l'Europe est-elle chrétienne aujourd'hui, et comment ? Peut-elle le rester en adoptant des postures nostalgiques, autoritaires, identitaires ? De quel christianisme parlent donc ceux qui opposent, parfois de façon vindicative, les « valeurs chrétiennes » à deux vagues perçues comme également puissantes et menaçantes : une société très sécularisée et un islam conquérant, signes tangibles de l'effondrement en cours ? Au-delà du constat sans concession, le premier mérite de ce livre est d'éclairer notre condition d'Européens orphelins de leur héritage chrétien aux réalités éclatées. Lequel ne sera pas ranimé par des législations, mais, peut-être, par des prophètes.
« Nous aimons la mort, vous aimez la vie. » Ce slogan djihadiste est la vérité nihiliste d'une violence radicale en quête de cause. Qu'il s'agisse de commettre un attentat sur le sol européen ou d'oeuvrer à la restauration du Califat par le sacrifice, la mort du terroriste est la finalité par excellence de son engagement.
La force de ce phénomène est de jouer sur nos peurs. Le seul impact stratégique des attentats est leur effet psychologique : ils ne touchent pas la capacité militaire des Occidentaux ; ils ne touchent l'économie qu'à la marge ; ils ne mettent en danger les institutions que dans la mesure où nous les remettons nous-mêmes en cause, avec le sempiternel débat sur le conflit entre sécurité et État de droit. La peur, c'est celle de l'implosion de nos propres sociétés.
De ses engagements étudiants pendant les « années de poudre » aux voyages en Afghanistan, en passant par la Turquie, l'Iran, le Pakistan ou le Yémen, jusqu'à ses fonctions « officielles » en Asie centrale et sa consécration scientifique, Olivier Roy revient ici sur son parcours surprenant.
Au-delà d'un récit vivant et coloré, les événements deviennent prétextes à de multiples observations, inédites et stimulantes pour l'intelligence de notre situation actuelle. Elles prolongent ainsi la réflexion originale d'Olivier Roy sur ses objets de prédilection : l'islam politique, l'« invention des nations » postsoviétiques, le rapport du chercheur aux États qui le consultent et, plus largement, le devenir des cultures, des religions et de la laïcité dans les soubresauts de la mondialisation.
Ce livre tente de montrer que la « crise des religions », visible à travers la poussée fondamentaliste, vient d'une disjonction croissante entre religion et culture(s).
Le religieux demeure pour ainsi dire isolé, sorti des cultures traditionnelles où il est né, écarté des nouvelles cultures où il est censé s'intégrer. De cette schizophrénie naissent, selon O. Roy, la plupart des phénomènes religieux « déviants » qu'on peut observer aujourd'hui. Il en résulte une approche très neuve du phénomène religieux, avec des questions essentielles reposées par notre actualité : quel rapport entre religion et culture, religion et civilisation ? Mais d'abord : qu'est-ce qu'une culture, une civilisation ? La culture doit-elle être en opposition ou en accord avec le fait religieux ? Que fait-on de la culture de celui qu'on veut convertir ? Que devient la religion de celui qui est déraciné de sa culture d'origine ? Comment la culture mondialisée transforme-t-elle le religieux ? De nombreux exemples, pris dans l'islam et le christianisme contemporain, illustrent une réflexion qui explique la conjoncture religieuse étrange de notre temps.
Dans cet ouvrage, publié pour la première fois en 1992, Olivier Roy énonce une thèse en apparence paradoxale : l'essor des mouvements islamistes signe l'échec de l'islam politique. Si les islamistes conçoivent le Coran comme un programme de gouvernement et croient possible de construire une société fondée sur ses préceptes en les imposant depuis l'État, les expériences analysées dans ce livre, en Iran, en Afghanistan et ailleurs, montrent que le concept d'État islamique est contradictoire et impossible à réaliser.
Vingt ans plus tard, le revers des partis islamistes qui ont accédé au pouvoir après le Printemps arabe confirme la justesse de cette analyse. Mais cet ouvrage précurseur invite surtout à penser autrement qu'à travers un prisme essentialiste la vague de néo-fondamentalisme que connaissent nombre de pays musulmans et la recrudescence de l'activisme djihadiste à travers le monde.
Postface inédite de l'auteur Olivier Roy Directeur de recherche au CNRS, il enseigne aujourd'hui à l'Institut universitaire européen de Florence. Il a notamment publié, au Seuil, L'Islam mondialisé (2002 ; « Points Essais », 2004) et La Sainte Ignorance. Le temps de la religion sans culture (2008 ; « Points Essais », 2012).
Nous assistons aujourd'hui à un mouvement de reconstruction de l'identité musulmane s'opérant à partir de l'individu et visant à ré-islamiser une communauté qui ne peut s'incarner dans un territoire donné, sinon sous une forme virtuelle et fantasmatique. Le surgissement de formes radicales de religiosité n'est pas un fait isolé ; il fait partie d'une mutation plus générale. Que ce soit sous la forme de la quête spiritualiste, du néo-fondamentalisme ou de l'internationalisme djihadiste, ce double processus d'individualisation et de déterritorialisation marque la globalisation de l'islam contemporain, et donc son occidentalisation. Loin d'exprimer un « choc des civilisations », les tensions qu'il manifeste sont le syndrome d'une déculturation mal vécue.
Les cinq républiques d'Asie centrale, créées par le système soviétique, sont
devenues indépendantes en 1991. Quelles références identitaires font
aujourd'hui des républiques d'Asie centrale un ensemble homogène ? En analysant
les origines du nationalisme qui constitue leur soubassement idéologique, cet
ouvrage donne au lecteur la clef des enjeux politiques majeurs de cette région
du monde. Olivier Roy, docteur en science politique, est directeur de recherche
au CNRS.
Les polémiques sur la laïcité se sont focalisées sur la question de l'islam : celui-ci est-il ou non compatible avec la laïcité française ? Représente-t-il pour nos valeurs et nos institutions une menace comparable, voire supérieure à celle que représentait le catholicisme au début du XXème siècle ? Refusant d'entrer dans des considérations théologiques, Olivier Roy se situe sur le terrain politique, pour relever quelques évidences, nourries de sa connaissance approfondie des mouvements musulmans. D'une part, l'islam contemporain est profondément sécularisé, y compris dans ses formes les plus radicales. Il ne représente donc pas une exception, mais au contraire ne pose pas davantage de problème que les autres religions : en revanche, les formes diverses de retour du religieux traduisent un besoin d'affirmation identitaire, qui est à la fois une manière de s'inscrire dans un monde sécularisé tout en protestant contre cette sécularisation. D'autre part, la question est révélatrice d'une difficulté propre à la société française, où certains voudraient faire de la laïcité une sorte de religion civile exigeant l'adhésion des citoyens à un corpus de valeurs communes. Or cette orientation va à rebours de la stricte séparation du religieux et du politique que la laïcité définit, et ne répond pas aux difficultés politiques et sociales qui sont celles de la société française. Ecrit d'une plume alerte et documentée, cet ouvrage contribue à clarifier un débat confus et permet d'envisager ces débats de manière pacifiée, en démythifiant les craintes de la société française.
Fondée en 1941 par Paul Angoulvent, traduite en 40 langues, diffusée pour les éditions françaises à plus de 160 millions d'exemplaires, la collection " Que sais-je ? ", est aujourd'hui l'une des plus grandes bases de données internationales construite, pour le grand public, par des spécialistes.
La politique d'auteurs, la régularité des rééditions, l'ouverture aux nouvelles disciplines et aux nouveaux savoirs, l'universailité des sujets traités et le pluralisme des approches constituent un réseau d'informations et de connaissance bien adapté aux exigences de la culture contemporaine.
Olivier Roy Généalogie de l'islamisme Directeur de recherches au CNRS, Olivier Roy est spécialiste de l'Asie centrale contemporaine et de l'islam politique. Il a notamment publié en « Pluriel » La Laïcité face à l'islam et Réseaux islamiques (avec Mariam Abou Zahab), ainsi que au Seuil L'Échec de l'islam politique, La Sainte ignorance, et, chez Hachette Littératures, Le Croissant et le chaos.
L'islamisme est une idéologie qui veut faire de l'islam et du respect intégral de la charia un modèle politique alternatif à la démocratie. Il va donc bien au-delà d'un simple fondamentalisme religieux. Ce livre en montre les origines, en restitue la filiation avec les idéologies tiers-mondistes, et en présente les principaux courants contemporains.
Bien accueilli par les plus déshérités, l'islamisme n'en est pas moins un échec dans ses tentatives de réalisation positive : d'où l'évolution de certains vers un mouvement purement protestataire, voire terroriste.
Dans sa préface, Olivier Roy revient sur les attentats du 11 septembre, le mouvement de Ben Laden et l'Afghanistan, pour donner à comprendre les chemins de cette extrême radicalisation
En 1991, lors du coup d'Etat néo-communiste contre Mikhaïl Gorbatchev et sa perestroïka, la plupart des dirigeants des républiques soviétiques musulmanes approuvent les putschistes.
Quelques jours plus tard, les mêmes proclament l'indépendance de leur pays. Aussitôt apparaissent de nouveaux drapeaux et de nouveaux slogans louant la patrie, l'indépendance et la nation. On lance des concours pour l'hymne national et le dessin des armoiries de l'Etat. Les partis communistes se transforment en partis du président. La langue nationale devient l'idiome officiel, même si on l'écorche. Les dirigeants, tous issus de la nomenklatura soviétique et encore à la solde de Moscou quelques mois auparavant, tiennent des discours nationalistes.
Comment donc se sont fabriquées ces nations ? Comment ont-elles pu surgir sans être portées par un nationalisme ancien et durable ? En réalité, comme le montre Olivier Roy, l'Union soviétique a été " une formidable machine à fabriquer des nations ". L'ouvrage reconstruit cette création improbable de nouvelles nations musulmanes en Asie centrale - Turkménistan, Ouzbékistan, Kirghizstan, Tadjikistan, Kazakhstan et Azerbaïdjan - après le communisme.
Un livre majeur, par les informations qu'il fournit et la réflexion qu'il propose sur une région géostratégique sensible entre toutes.
Y a-t-il un avant et un après 11 septembre comme on le prétend depuis maintenant un an ? Les attentats de New York et Washington ont-ils véritablement ouvert un nouvel espace stratégique en même temps qu'ils mettaient fin au monde ancien ? Rien n'est moins sûr.
Une analyse plus fine des relations entre les Etats-Unis et le monde islamique montre que beaucoup des évolutions qui ont surgi à la conscience collective ces derniers mois étaient déjà à l'oeuvre avant le 11 septembre. L'événement a surtout permis de les reformuler dans un langage inédit - celui de la " guerre contre le terrorisme " et de l' " axe du mal " -, d'accélérer certaines décisions politiques et de pointer plus explicitement les enjeux et la complexité des relations entre Etats-Unis, Islam et Europe au seuil du nouveau siècle.
Le Moyen-Orient n´est pas le théâtresimpliste du choc des civilisations. On nepeut vouloir faire en même temps la guerreà al-Qaida, aux talibans, au Hezbollah,au Hamas, à la Syrie et à l´Iran en pensantqu´il s´agit du même ennemi.
Quelle place occupe la Turquie dans le monde contemporainoe Entre Asie et Europe, est-elle un pont ou une tête de pontoe La Turquie fait-elle partie de l'Europeoe Malgré les voeux pieux de Bruxelles et la volonté affichée par tous les gouvernements turcs depuis quinze ans d'adhérer à l'Union, c'est un jeu de dupes qui semble se dérouler: ajournements, réticences, non-dits de part et d'autre. Mais derrière l'approche technocratique rôdent les questions qui fâchent: le pouvoir des militaires, l'islam, les Kurdes, Chypre et l'immigration.
La question turque fonctionne ici comme révélateur des nouveaux défis européens: où sont les frontières de l'Europe, quelle est la place de l'islam, comment gérer les minoritésoe À travers les différentes analyses que présente cet ouvrage, la Turquie renvoie à l'Europe élargie l'image de ses propres contradictions, mais aussi de ses ambitions.
Le tour du sujet · Une analyse en profondeur d'un grand sujet d'actualité: Olivier Roy a sollicité les interventions de Valérie Amiraux, Hamit Bozarslan, Gilles Dorronsoro, Burcu Gültekin et Élise Massicard (partie Forum).
· Les références du savoir encyclopédique sur le sujet: de grands articles, rédigés par les auteurs de l'Encyclopoedia Universalis, notamment Jean-Baptiste Duroselle, Alfred Grosser et Robert Mantran, rappellent tous les arrière-plans historiques, politiques et culturels de la question (partie Dossier).
· Sur www.universalis.fr, des compléments exclusifs sur le sujet.
On va fêter, en 2005, le centenaire des lois sur la laïcité. Or il se trouve que la présence en France d'une forte minorité de religion musulmane remet au coeur de la discussion publique des problèmes qui évoquent ceux qui s'étaient posés il y a un siècle, au moment de l'affrontement de l'État républicain et de l'Église catholique. Les mêmes problèmes ? La laïcité est une spécificité très française, incompréhensible tant en Grande-Bretagne, où douanières et policières peuvent porter le voile, qu'aux États-Unis, où aucun président ne peut être élu sans parler de Dieu. Parallèlement, quand on parle de l'islam, de quoi parle-t-on ? Du dogme ? Mais il fait l'objet de débats et d'interprétations variées parmi les musulmans eux-mêmes. L'islam a quitté le Moyen-Orient et c'est d'ailleurs pour cela que la question de ses rapports avec la laïcité à la française se pose. Le propos de cet essai est de déplacer ces questions du domaine théologique et culturel vers le domaine politique. Car la question de la laïcité est d'abord politique. Ce sont un contexte et des démarches politiques qui amènent les instances musulmanes à s'intégrer dans la laïcité. L'acceptation du pouvoir séculier et la reconnaissance de l'autonomie du religieux ne viennent pas de débats théologiques, mais bien de décisions politiques. L'islam est ainsi transformé d'une part par un processus de sécularisation de la société (dont la ré-islamisation ambiante est paradoxalement l'une des manifestations, car on ne re-islamise que ce qui est sécularisé), et d'autre part par une intégration politique qui se négocie, comme l'illustre la construction du Conseil français du culte musulman. Ainsi, dans chaque pays occidental, l'islam s'intègre non pas selon ses propres traditions mais selon la place que chaque société a défini pour le religieux, de la bienveillance anglo-saxonne à la suspicion gauloise.
Fondée en 1941 par Paul Angoulvent, traduite en 40 langues, diffusée pour les éditions françaises à plus de 160 millions d'exemplaires, la collection " Que sais-je ? ", est aujourd'hui l'une des plus grandes bases de données internationales construite, pour le grand public, par des spécialistes.
La politique d'auteurs, la régularité des rééditions, l'ouverture aux nouvelles disciplines et aux nouveaux savoirs, l'universailité des sujets traités et le pluralisme des approches constituent un réseau d'informations et de connaissance bien adapté aux exigences de la culture contemporaine.
Les musulmans français sont-ils en pleine régression par rapport à la promesse d'un « islam français » bien intégré qui s'annonçait dans les années 70 ? N'avons-nous plus que des « quartiers perdus de la République » ?
Un grand connaisseur de l'islam politique dans le monde interroge une praticienne de terrain de confession musulmane, en colère contre les dérives et les travers de la politique de la ville. Naïma M'Faddel aborde sans tabou la réalité sociale, culturelle, urbaine et se prononce fermement pour une autre politique - une politique « républicaine » de la nation France ? dans les quartiers difficiles. Olivier Roy, dont la recherche sur l'islam mondialisé n'a jamais affaibli l'intérêt porté à l'islam vécu en France, est plus sensible aux pas déjà faits vers l'intégration, aux Français musulmans en voie de créer une vraie classe moyenne. L'arbre de l'islamisme et désormais celui des attentats sanglants cacheraient-ils la forêt des réussites ?
Autour de ces questions s'engage un dialogue direct et franc, porté par la conviction ou l'espoir communs que « tout ça devrait faire d'excellents Français ».
"Ce récit raconte une tentative de modernisation profonde d'un monastère bénédictin dans le sillage de Vatican 2. Cet épisode des années 1965 à 1972 est resitué dans l'histoire mouvementée du monastère de Maredsous. La vie de quelques moines remarquables est évoquée, mais le narrateur est le jeune abbé qui, élu à 37 ans, a conduit ces changements jusqu'à son éviction. Il avait décrit ce projet et ses débuts de mise en oeuvre dans Moines aujourd'hui (éd. de l'Épi) en 1972. Le présent livre complète ce récit et en retrace l'épilogue."