Une révolution qui n'estime pas les siens, les nourrissons et les valeureuses travailleuses agricoles, n'en est pas une. « L'histoire révèle sa propre essence à ceux qu'elle a au préalable exclus d'elle-même », écrit Dostoïevski ; et dans le cas tunisien, les absents, les exclus, les sans verbe, sans pouvoir donc, sont nombreux. Un livre d'histoire n'est pas une thèse mais un pont reliant le présent au passé. Or le cas tunisien nous dit l'état du monde : ceux qui célèbrent le miracle politique oriental advenu en 2011 oublient qu'une révolution s'écrit par ses propres mots, s'inscrit dans l'histoire par la grâce de sa propre pensée, de son ambition d'affranchir les siens, de raconter la rupture avec les anciennes pratiques du pouvoir : le népotisme, la corruption et le mépris du peuple. La douloureuse question que les Arabes, politiques et intellectuels, ne veulent pas poser est : Est-ce que le Printemps arabe a été porté, c'est-à-dire préparé, réalisé et défendu par des mots et une pensée arabes ? Est-ce que les Arabes de 2011 ont créé l'essentiel, ce qui fonde un tournant, une oeuvre : nommer dans leur propre langue ce qui leur arrive, c'est-à-dire, leur propre révolution ?
Auditionné par la « Haute Instance de réparation des maux du passé », un vieux poète fait revivre les voix de ses sept camarades condamnés à mort il y a quinze ans. Seul survivant, son rôle est de retracer leur utopie commune : la fondation de l'improbable République de la Source-de-l'Aube. Une république heureuse, fondée sur l'estime des siens et la justice sociale, mais qui ne vécut que trois jours, entre la chute de Ben Ali et la reprise en main du pouvoir central.
Les huit narrateurs hors du commun dessinent le portrait caustique d'une Tunisie multiforme et talentueuse, dont les habitants sont minés par la haine de soi. Au-delà de la rive sud de la Méditerranée, ces destins algériens, français, tunisiens, bretons, libyens, rendent hommage aux peuples qu'on gouverne sans les estimer.
Au moment où le faux débat sur l'"identité nationale" se fourvoie dans l'islamophobie, il est plus que jamais nécessaire, pour penser l'islam et le monde musulman, de les affranchir du sujet théologico-politique.
Cet ouvrage propose un autre regard sur le métèque dans la cité athénienne classique : celui du métèque lui-même sur cette cité où il vit. Un regard fort éloigné de celui de l'historiographie traditionnelle.
Cette réflexion riche, documentée, méthodique soulève en même temps la question de l'étranger dans un État démocratique et celle des rapports avec lui. En réalité, les Athéniens souhaitaient, appréciaient la présence du métèque dans leur cité. Aux Ve et IVe siècles avant J.-C., le métèque est pleinement présent dans le champ politique, dans celui de la guerre et également dans celui des interventions économiques et sociales ; il est aussi un défenseur d'Athènes, de son Empire et de sa démocratie. À côté du citoyen, il débat avec lui sur l'agora et contribue à la circulation des idées politiques et sociales.
C'est également l'occasion pour l'auteur de déconstruire la figure imaginaire du métèque : bon ? mauvais ? versatile ? mû par l'appât du gain ? traître et à surveiller?
En réalité, le métèque d'Athènes n'a jamais été confronté à nos concepts contemporains : intolérance, racisme, xénophobie, etc. Les discours de certains idéologues de notre temps, puisant dans l'univers athénien les sources de toutes les discriminations entre "nationaux" et "non nationaux", trouvent ici leur antidote : non, Aristote n'aurait pas combattu la loi Gayssot !
Un historien, né en Tunisie et parti vivre à Paris, rêve d'écrire la biographie de Mabouka, sa mère, restée au pays avec les siens. Redoutant la trahison de sa mémoire, Mabrouka rédige et adresse sa réponse au fils. Cette lettre au vitriol est le prélude à une formidable épopée des femmes de la famille, de l'Algérie des années 1820, où Sihème, l'aïeule, se distingua en fabriquant le chasse-mouches du dey d'Alger avec lequel celui-ci gifla le consul de France, à l'exil en Tunisie de sa fille, Gamra, et d'autres descendantes, jusqu'à aujourd'hui. Lyrique et picaresque, voici le roman d'une lignée de quatre femmes libres traversant un immense pays et l'Histoire, chacune à sa manière, mais guidées par une même volonté : rompre le silence et s'emparer du verbe pour écrire leur destin.
« Personne ne comprend au bon moment », écrit Goethe dans Le Divan. Serait-il ainsi trop compliqué de comprendre la grandeur d'un empire, la République, l'octroi de la citoyenneté, la figure de l'étranger, l'Algérie, le Moyen-Orient, les Arabes, les musulmans, les cités contemporaines, la Marche des Beurs, l'Attentat, l'assimilation ? Comment est-on passé, depuis 1989, du « beur » au « musulman » puis à « l'islamiste » ? Telles sont les questions posées par Saber Mansouri dans cet essai aussi original qu'accessible, et non dénué d'humour.
Alors refaire la France, ce n'est pas la culpabiliser. C'est initier sa renaissance sans lui demander une réparation financière des crimes commis pendant la colonisation, sans fantasmer un « grand remplacement » pour gagner le pouvoir, mais en exigeant d'elle l'estime de ses propres citoyens, ceux qui prient et ceux qui ne croient plus. C'est gouverner sans raconter d'histoires en somme, avec l'unique philosophie vertueuse : l'estime des siens, de tous les siens.
Le souffle dune vie naît dune rencontre entre un enfant devenu jeune adulte, Massyre, et un lieu, la Montagne Blanche, particulièrement apprécié par tous les conquérants venus visiter la Tunisie, y compris les frères protecteurs armés français. Le lieu est unique. Massyre est multiple. Il y a dabord ses sept surs et leur destin qui le regardent en silence, lui, le garçon, le huitième. Et puis, il y a ses huit métiers : suiveur de chèvres jusquà labattoir, chercheur d'Helix aperta, lescargot souterrain, vendeur de fruits sauvages, deau à la criée, de boissons gazeuses, négociant en journaux au kilo et fripier. Tout en commerçant, Massyre va à lécole puis à luniversité, fait une rencontre déterminante avec la problématique et lHistoire, et devient professeur au lycée de sa région natale. Mais, sauf à partir ailleurs, au-delà de la Montagne Blanche, peut-on enseigner le passé sur le lieu de sa propre histoire ?
A l'inverse de l'historiographie traditionnelle, Saber Mansouri propose un autre regard sur le métèque dans la cité athénienne de Périclès : celui du métèque sur la cité où il vit ; cette réflexion riche, documentée, méthodique soulève en même temps la question de l'étranger dans un État démocratique. Et malgré beaucoup d'idées reçues, en réalité, les Athéniens souhaitaient et appréciaient la présence des métèques dans leur cité. Aux Ve et IVe siècles avant J.-C., le métèque est pleinement présent dans le champ politique, dans celui de la guerre et également dans celui des interventions économiques et sociales ; il est aussi un défenseur d'Athènes, de son Empire et de sa démocratie. À côté du citoyen, il débat avec lui sur l'agora et contribue à la circulation des idées politiques et sociales. C'est également l'occasion pour l'auteur de déconstruire la figure imaginaire du métèque : bon ? mauvais ? versatile ? mû par l'appât du gain ? traître et à surveiller ? En réalité, le métèque d'Athènes n'a jamais été confronté à nos concepts contemporains : intolérance, racisme, xénophobie, etc. Les discours de certains idéologues de notre temps, puisant dans l'univers athénien les sources de toutes les discriminations entre " nationaux " et " non nationaux ", trouvent ici leur antidote.