Une fois transfigurée par l'hiver, sublimée par la neige, la haute montagne devient inaccessible. Seule la randonnée à ski permet alors de s'y aventurer et, partant, d'éprouver tout ce qu'une excursion dans un monde absolument vierge peut offrir. Le ski de randonnée est d'abord un ski de liberté : ne s'agit-il pas de créer son propre itinéraire, de vagabonder par ses propres forces entre terre et ciel ? Et, de surcroît, sans rien laisser d'autre derrière soi qu'une trace éphémère ?
Le randonneur à ski n'entreprend pas une ascension sportive mais un véritable voyage, coûteux en efforts certes, mais en osmose avec la montagne et le grand mystère blanc. Parmi les récompenses de cet engagement : une communion avec le milieu et, bien sûr, de sensationnelles descentes.
Allitération, épizeuxe, palindrome, digression, acrostiche et autre litote éclairent nos aventures alpines pour nous donner à lire ce qu'il se dit dans le huis clos d'une ascension, depuis la formation de la cordée, la nuit au refuge, l'arrivée au sommet et même après, de retour en bas, à l'heure de rapporter l'exploit.
Ainsi Cédric Sapin-Defour s'inspire d'une figure de style littéraire pour raconter quarante moments de montagne comme autant de scenettes inspirées de la réalité.
Et comme l'exemple vaut mieux que la leçon, parlons du Tautogramme...
« Putain, panne presque pétée, piolets Petzl pourris ! ».
Le Tautogramme est donc un cas particulier d'allitération (répétition d'une ou plusieurs consonnes à l'intérieur d'une même phrase) formant un texte dont tous les mots commencent par la même lettre. L'auteur part de cette phrase pour raconter la fin de l'aventure à suspense de ce piolet cassé...
Cédric Sapin-Defour tient autant en respect les hommes, les montagnes et les mots, c'est sans doute pour cette raison qu'il sait si bien les conjuguer.