Fin limier de la montagne, Cédric court, skie ou grimpe, l'oreille toujours alerte et le carnet Moleskine prêt à être dégainé du baudrier pour croquer ce qu'il se dit et se joue dans le petit milieu des montagnards. Chroniqueur pour la revue en ligne Alpine Mag, il analyse et décrit ce microcosme chaque lundi avec rigueur, tendresse et une bonne dose d'autodérision. Tatouée dans son cortex, la sentence de Nicolas Bouvier : « La légèreté est aussi volatile que précieuse et exige d'être courtisée et reconquise chaque jour. »
Il est des plaisirs supérieurs. Celui de prendre son café au comptoir d'un bistrot en est un. Dans ses Espresso, chroniques hebdomadaires pour Alpine Mag, Cédric Sapin-Defour se laisse aller à son inspiration. Amusée, inquiète ou résistante, c'est selon l'humeur du grain à moudre. Rien ne lui échappe : les trailers affublés de leur tee-shirt de finisher, le désert des stations-villages à la Toussaint, les grimpeurs jouant à chifoumi si l'onglée les épargne, le silence laissé par l'ami disparu un jour de fête de la musique... et toujours cet étrange besoin d'aller là-haut pour humer le monde et trouver, qui sait, les réponses à ces fichues questions que la vie d'en bas nous soumet.
Ses billets d'humeur racontent la montagne d'aujourd'hui et ceux qui s'y frottent, y brillent, et comment ils retombent sur le plancher des vaches. Cette montagne qui dit la vie et ses jongleries, les Hommes et leurs fêlures. Des textes composés pour être avalés en une gorgée, toujours corsés et profonds... sous haute pression. Sans sucre. Espresso.
François Damilano a été le précurseur de l'escalade sur glace dans les années 1980. C'était sa façon à lui d'entrer dans la lumière, jeune garçon du Mans, nourri par les récits de ses aînés et les sorties du club alpin français. Il s'est inventé un destin, sept vies même, pour assouvir sa passion exclusive pour la montagne, inscrivant très tôt le nom des plus beaux sommets dans son carnet de courses entre les Alpes et l'Himalaya. Une iconographie importante, extraite de plus de quarante ans d'archives, vient enrichir l'histoire de l'un des principaux acteurs de l'âge d'or de la cascade de glace, écrite par l'un des plus prometteurs auteurs de littérature de montagne.
C'est une histoire d'amour, de vie et de mort. Sur quel autre trépied la littérature danse-t-elle depuis des siècles ? Dans Son odeur après la pluie, ce trépied, de surcroît, est instable car il unit deux êtres n'appartenant pas à la même espèce : un homme et son chien. Un bouvier bernois qui, en même temps qu'il grandit, prend, dans tous les sens du terme, une place toujours plus essentielle dans la vie du narrateur.Ubac, c'est son nom (la recherche du juste nom est à elle seule une aventure), n'est pas le personnage central de ce livre, Cédric Sapin-Defour, son maître, encore moins. D'ailleurs, il ne veut pas qu'on le considère comme un maître. Le héros, c'est leur lien. Ce lien unique, évident et, pour qui l'a exploré, surpassant tellement d'autres relations. Ce lien illisible et inutile pour ceux à qui la compagnie des chiens n'évoque rien. Au gré de treize années de vie commune, le lecteur est invité à tanguer entre la conviction des uns et l'incompréhension voire la répulsion des autres ; mais nul besoin d'être un homme à chiens pour être pris par cette histoire car si pareil échange est inimitable, il est tout autant universel. Certaines pages, Ubac pue le chien, les suivantes, on oublie qu'il en est un et l'on observe ces deux êtres s'aimant tout simplement.C'est bien d'amour dont il est question. Un amour incertain, sans réponse mais qui, se passant de mots, nous tient en haleine. C'est bien de vie dont il est question. Une vie intense, inquiète et rieuse où tout va plus vite et qu'il s'agit de retenir. C'est bien de mort dont il est question. Cette chose dont on ne voudrait pas mais qui donne à l'existence toute sa substance. Et ce fichu manque. Ces griffes que l'on croit entendre sur le plancher et cette odeur, malgré la pluie, à jamais disparue.