L'oeuvre d'Ibn Khaldoun, dont sa désormais célèbre Al Muqaddima, introduction à l'Histoire universelle, ne fut connue en Occident qu'au milieu du xxe siècle. On découvrit alors un prodigieux savant, dont les travaux, réalisés au xive siècle, faisaient de lui un précurseur de génie de plusieurs disciplines scientifiques.
Au cours d'une vie tumultueuse, Ibn Khaldoun parcourut les royaumes berbères du Maghreb et séjourna en Andalousie. Acteur clé de son temps, il y fut tour à tour ministre, professeur, juge, diplomate et savant.
À l'occasion du 600e anniversaire de la mort de ce génie maghrébin, Smaïl Goumeziane publiait ce petit essai où il analysait, sous un angle inédit, et sur fonds d'histoire du Maghreb, les apports essentiels d'Ibn Khaldoun aux sciences humaines.
Ce travail, approfondissant les causes du déclin du Maghreb depuis la chute de Grenade, remonte jusqu'au xviiie siècle et renoue les fils de la pensée khaldounienne et ceux du siècle des Lumières.
C'est cet essai brillant sur une figure illustre de la Méditerranée que nous republions aujourd'hui.
Depuis le 22 février 2020, le mouvement populaire algérien (hirak), entame sa seconde année de manifestations pacifiques. Après avoir obtenu la fin du règne d'Abdelaziz Bouteflika, et après l'élection d'un nouveau Président, il exige désormais la fin du système rentier et l'avènement d'un système démocratique. Cette exigence n'est pas nouvelle. Elle trouve ses origines dans les événements d'octobre 1988 et les réformes démocratiques qui s'en suivirent. Cependant, celles-ci furent violemment interrompues. La tragédie des années 1990 étouffa la transition vers un système démocratique, mit fin au projet islamiste de transition vers un système théocratique, et assura la résurrection du système rentier. Héritant de ce système, Bouteflika l'étendit à sa guise, grâce à une embellie pétrolière exceptionnelle. Jusqu'à ce 22 février 2019 qui vit des millions d'Algériennes et d'Algériens descendre dans la rue pour reprendre, pacifiquement et durablement, le flambeau de la lutte : après avoir libéré le pays, il s'agissait désormais de libérer les Algériennes et les Algériens. Tout au long de cet essai, l'auteur analyse, en profondeur, ce cheminement transitionnel, long, chaotique, violent et toujours incertain qu'a suivi l'Algérie depuis 30 ans.
L'histoire de l'Algérie, en tant qu'héritage commun de tous les Algériens, est ici revisitée à la lumière de deux logiques contradictoires qui s'y affrontent depuis les origines. La première, appelée sédimentation-transformation, permet de comprendre comment s'est constitué le socle berbéro-arabe et musulman de l'Algérie. La seconde, appelée résistance-rivalité, met au jour les résistances permanentes que les Berbères, puis les Algériens, ont opposées aux multiples pouvoirs oppresseurs internes et externes, et leur dévoiement tout aussi fréquent par les rivalités intestines.
Depuis l'indépendance, sur fonds de violences extrêmes, ces deux logiques sont toujours à l'oeuvre. Les uns souhaitent encore réduire le socle au seul arabo-islamisme, fut-ce par la force. D'autres veulent réhabiliter le socle berbère. D'autres, enfin, revendiquent l'émergence d'un nouveau sédiment démocratique. Car, amputer l'Algérie de sa berbérité, c'est priver les Algériens de leur socle originel. Et bloquer la transformation démocratique, c'est priver les Algériens d'un avenir pacifique et plein d'espoir. Pour l'auteur, il est temps que les Algériens se réapproprient tout leur héritage historique de sorte à choisir, librement et en connaissance de cause, leur futur et à le rendre possible.
En 2012, l'Algérie célèbre le cinquantenaire de son indépendance. Que s'y est-il passé depuis 1962 ? Comment l'Algérie a-t-elle abordé l'avènement du XXIe siècle, avec ses bouleversements planétaires ? Après la terrible tragédie des années 1990, cette entrée dans une nouvelle époque a-t-elle donné l'occasion de retrouver le chemin du développement ?
Bâti avec une trentaine de textes écrits tout au long des quinze dernières années, cet ouvrage analyse, sous divers angles, les grandes tendances qui ont marqué le monde et leurs impacts sur l'Algérie et son peuple.
Une constatation principale émerge : alors que la planète, désormais mondialisée, est en « ébullition » depuis des années, avec ses nouvelles technologies, ses formidables richesses, mais aussi ses inégalités criantes, ses multiples crises, ses « printemps » et autres mobilisations citoyennes, l'Algérie, traumatisée par la « décennie sanglante », semble comme frappée d'immobilisme économique et politique. Pourtant se multiplient les émeutes et les scandales. Dépassant ce constat, Smaïl Goumeziane en explique les tenants et aboutissants.
Cinquante ans après la libération, chèrement acquise, que le pays portait en lui depuis la naissance du mouvement national algérien, l'auteur propose de multiples pistes pour permettre à l'Algérie de retrouver, enfin, le chemin de la liberté.
Enfant de l'immigration, venu de Kabylie en France avec ses parents à l'âge de 5 ans, Smail Goumeziane est aussi fils de Novembre, pour avoir vécu la guerre d'Algérie à travers la presse dont il faisait la lecture à son père illettré.
Après l'obtention du baccalauréat, Smaïl Goumeziane retourne " au bled ", persuadé que l'on a besoin de lui dans la bataille du développement. Après avoir occupé diverses fonctions, il est nommé ministre du Commerce en septembre 1989, dans le gouvernement réformateur de Mouloud Hamrouche, très vite en butte à l'hostilité des conservateurs. Après l'assassinat du président Boudiaf, c'est pour Smail Goumeziane un nouvel exil en France...
Témoin engagé, Smaïl Goumeziane raconte et analyse 50 ans d'histoire de l'Algérie. Pour lui, le combat n'est pas terminé. Le souffle de Novembre ne demande qu'à être attisé.
L'Islam est-il coupable des atrocités commises en son nom par des terroristes appelés djihadistes depuis qu'ils rejoignent Daech, l'autre nom de « l'Etat Islamique » ?
Pour y répondre, l'auteur examine sous divers angles, historique, théologique, philosophique, économique et politique les racines de la violence en général et du terrorisme en particulier.
Il constate qu'aussi bien l'Islam que les musulmans sont, depuis des siècles, victimes d'un triple piège : celui du dogme religieux ; celui de divers autoritarismes politiques ; celui d'un système capitaliste désormais mondialisé.
Dans ces conditions, la violence extrême du terrorisme, étendue à l'ensemble du monde, apparaît comme la tragique résultante de multiples violences accumulées depuis des siècles, Daech comme une triple imposture, les musulmans comme ses principales victimes, et l'Islam, in fine, comme la cible réelle d'un djihadisme sans lien véritable avec Allah, son prophète et ses textes fondateurs.
Pour sortir de la spirale infernale, des propositions sont formulées pour à la fois débarrasser le monde du terrorisme, l'Islam du dogme liberticide et les hommes et les femmes de toutes formes d'autoritarisme, de domination et d'oppression. Pour retrouver, tous ensemble, le bonheur de la convivance, dans le mélange apaisé de toutes les identités plurielles.
Aujourd'hui, en algérie, on gagne mieux sa vie en consacrant l'essentiel de sa journée à faire la queue devant les magasins d'etat puis à traficoter au marché noir les acquisitions du jour, qu'en travaillant à l'usine ou derrière un bureau. car le système centralisé et monopoliste mis en place au lendemain de l'indépendance a progressivement conduit à soumettre l'économie officielle à l'économie parallèle, la production à la spéculation, l'existence de chacun au dérèglement social.
En 1987 pourtant, au plus fort de la crise économique et morale, le pays avait réagi et s'était engagé sur la voie de la libéralisation. même les événements tragiques d'octobre 1988 avaient eu pour effet d'accélérer la transition vers une société productive et démocratique: les jeunes manifestants ne réclamaient-ils pas plus de libertéoe mais les réformes audacieuses suscitèrent des réactions violentes, qui générèrent à leur tour de terribles déséquilibres sociaux et culturels ouvrant la voie aux troubles graves que connaît le pays.
Ce drame, comme l'histoire générale de l'algérie depuis 1962, sont expliqués ici à la lumière de l'économie politique. par elle, s'éclairent les comportements et les motivations des acteurs, les choix stratégiques des uns et des autres, les avancées et les reculs de la transition, les voies que devront emprunter demain tous ceux qui veulent conjurer, sous le contrôle d'une population trop longtemps ignorée, la tentation permanente du retour au monopole et au système rentier, le mal algérien.
Smaïl goumeziane est né en 1946 à tizi-ouzou. en 1952, il rejoint à paris ses parents émigrés. de retour au pays en 1967, il poursuit des études de sciences économiques et de sociologie à l'université d'alger, puis occupe des responsabilités dans plusieurs secteurs clés de l'économie algérienne. il est ministre chargé du commerce de 1989 à 1991. docteur en sciences économiques de l'université de paris-ix dauphine, il y enseigne depuis 1992 les questions liées à la transition dans les pays en voie de développement.