Une histoire de Jérusalem, berceau des trois religions monothéistes et théâtre de combats sanglants.
Ndemain de la guerre des Six Jours, dans la nuit du 10 au 11 juin 1967, les habitants du quartier maghrébin de Jérusalem sont évacués par l'armée israélienne et le quartier est rasé en quelques heures pour laisser place à la vaste esplanade qui s'étend aujourd'hui au pied du Mur des Lamentations. Cet événement a longtemps été passé sous silence. Pour la première fois, Vincent Lemire retrace les étapes de cette destruction programmée, le parcours de ses habitants déplacés, mais aussi l'histoire au long cours de ce quartier fondé par Saladin en 1187 pour accueillir les pèlerins musulmans marocains, algériens et tunisiens désireux de séjourner à Jérusalem.
Pour redonner vie à ce quartier disparu, l'auteur part en quête d'une documentation dispersée, depuis les archives des fondations pieuses musulmanes à Jérusalem jusqu'à celles de la Croix-Rouge à Genève, en passant par les archives ottomanes d'Istanbul et les archives israéliennes, jusqu'aux témoignages des habitants et aux fouilles archéologiques qui ont récemment fait remonter à la surface les objets domestiques ensevelis lors de la destruction. Quant aux archives diplomatiques françaises, elles révèlent que dans les années 1950 ce quartier était protégé par la France, qui se présentait alors avec fierté comme une « puissance musulmane » au Maghreb et au Proche-Orient.
Au moment où la Ville sainte est à nouveau au coeur des tensions géopolitiques qui secouent la région, ce livre offre un point de vue imprenable pour mieux comprendre Jérusalem, ville-monde ouverte à tous les vents de l'histoire.
L'histoire de Jérusalem à la fin de l'Empire ottoman a longtemps été oubliée et mérite d'être racontée. On y croise un maire arabe polyglotte, un député ottoman franc-maçon, des Juifs levantins, mais aussi des archéologues occidentaux occupés à creuser le sous-sol pour faire ressurgir les lieux saints de la "Jérusalem biblique"... Vincent Lemire restitue cette période exceptionnelle en s'appuyant sur les recherches les plus récentes et sur de nombreuses sources inédites, notamment les archives de la municipalité ottomane de Jérusalem qu'il a découvertes récemment.
Alors que la ville sainte est aujourd'hui à un nouveau tournant de son histoire et que la question de son partage se pose une fois encore, il faut se souvenir de cet "âge des possibles" qui peut livrer quelques clés pour mieux comprendre le présent et envisager l'avenir.
L'histoire urbaine de Jérusalem aux XIXe et XXe siècles, ensevelie sous les mémoires concurrentes, a fini par s'effacer derrière les conflits symboliques et nationalistes.
Pour rompre avec une vision étroitement communautariste et géostratégique de la Ville sainte, pour en faire rejaillir la dimension profane et quotidienne sans perdre de vue l'agencement de ses territoires, de ses monuments, de son relief et de ses citadins, Vincent Lemire a choisi de faire l'histoire de la ville au prisme de la question de l'eau. Perchée à plus de 700 mètres d'altitude, Jérusalem manque cruellement d'eau potable, surtout entre les années 1840, moment du décollage démographique, et l'inauguration en 1936 de la monumentale canalisation de Ras el-Aïn.
La " soif de Jérusalem " devient dès lors un enjeu majeur de l'action publique, qu'elle soit portée par les autorités civiles et religieuses de la ville ou par les puissances internationales qui s'en disputent le contrôle. L'histoire de cette longue quête hydraulique, dominée tour à tour par les archéologues et les philanthropes occidentaux, puis par les autorités impériales ottomanes et les édiles municipaux et enfin par les porte-drapeaux du projet sioniste et du nationalisme palestinien, s'appuie sur l'analyse de sources très diverses et largement inédites : archives de la municipalité ottomane et mandataire de Jérusalem, archives de l'administration des waqf, archives impériales d'Istanbul, archives consulaires et diplomatiques de Londres, Nantes et Paris, archives du mouvement sioniste à Jérusalem, collections privées.
Cette étude pionnière montre que la question hydraulique est un passionnant observatoire pour l'histoire urbaine et dessine les contours d'une nouvelle méthode historique, l'hydrohistoire, particulièrement efficace pour comprendre des lieux saturés de sens comme la ville de Jérusalem.
4 000 ans d'une histoire universelle pour la première fois racontés dans une BD exceptionnelle.
Il y a 4 000 ans, Jérusalem était une petite bourgade isolée, perchée sur une ligne de crête entre la Méditerranée et le désert. Aujourd'hui, c'est une agglomération de presque un million d'habitants, qui focalise les regards et attire les visiteurs du monde entier.
Entre-temps, les monothéismes y ont été inventés, les plus grands conquérants s'en sont emparé, les plus grands empires s'y sont affrontés. Tour à tour égyptienne, perse, juive, grecque, romaine, byzantine, arabe, croisée, mamelouke, ottomane, anglaise, jordanienne, israélienne et palestinienne, Jérusalem est au coeur des intérêts et des passions du monde. Berceau du judaïsme, du christianisme et de l'islam, elle est aujourd'hui une capitale spirituelle pour plus de la moitié de l'humanité.
En 10 chapitres, acteurs et témoins, célèbres ou anonymes, toutes celles et ceux qui ont arpenté Jérusalem au fi l des siècles racontent ce mille-feuille d'influences composites. Rien n'est inventé : scènes et dialogues proviennent de plus de 200 sources publiées et d'archives inédites, pour donner chair à ce récit choral.
Au début des années 1950, alors que le Parti communiste demeure le premier parti politique français, le journal l'Humanité crée un service inédit, qu'il qualifie d'« agence de presse unique en France » : les correspondants-photographes de l'Humanité.
Anonymes, militants, amateurs, ce sont jusqu'à 6 000 informateurs qui constituent alors un maillage original, le premier réseau social mis en place en France. Ces correspondants prennent des photographies où qu'ils se. trouvent, documentant ainsi la vie sociale et politique française pendant près de 50 ans.
Ces 40 000 images, pour la plupart restées à l'état de négatifs, forment aujourd'hui un fonds d'archives exceptionnel mis en lumière dans cet ouvrage, révélation photographique d'une mémoire collective retrouvée.
Des révolutions anglaises à nos jours, Mathilde Larrère et cinq spécialistes de l'histoire des révolutions dressent un panorama des grandes révolutions qui ont fait basculer l'histoire politique contemporaine. A travers le récit de chaque épisode, se dessinent des invariants et des spécificités, des circulations et des références communes. De la prise de la Bastille à la proclamation de la Commune de Paris, des soviets de Petrograd à l'entrée des barbudos à La Havane, du printemps des Peuples aux manifestations de la place Tahrir : d'une révolution à l'autre, les idées, les symboles, les tactiques, les mots d'ordre révolutionnaires circulent et se répondent. Cet ouvrage propose une histoire mondiale des révolutions pour mieux comprendre quand, comment et pourquoi les peuples se lèvent pour faire l'histoire.
En dépit de son éloignement du front, Paris n'est pas une ville strictement civile au long de la Première Guerre mondiale : capitale des Alliés, elle joue le rôle d'une « plaque tournante » militaire. Ce n'est plus la foule des Expositions universelles qui en sillonne les artères mais celle, tout aussi éclectique, des mobilisés de toutes origines. Ces contingents en partance pour le front y croisent, en sens inverse, les blessés et les permissionnaires. Par ricochet, les photos de Paris en guerre parlent donc aussi du front.
La capitale, désignée par les Allemands comme la cible par excellence, est un symbole et se doit d'apparaître exemplaire aux yeux de la province et vis-à-vis des combattants. Mais la cohabitation dans le même espace urbain de l'univers du front et du monde de l'arrière est souvent difficile, voire conflictuelle : aussi réelles que soient les difficultés matérielles des Parisiens, elles pèsent peu face aux souffrances des poilus. D'autant plus que le spectacle d'une jeunesse dorée et insouciante renforce chez les combattants l'idée d'un Paris-lupanar. Paris oscille ainsi en permanence entre deux images que le front lui renvoie sans cesse : moralité et futilité.
Renouvelant l'iconographie habituelle, des photographies souvent inédites ancrent le commentaire historique dans des réalités tangibles, qu'il s'agisse du pillage des commerces prétendument « allemands », des soldats partant au front étreints par l'émotion ou en pleurs et non la fleur au fusil, de la prostitution militaire, des regards perdus des réfugiés du Nord et de Belgique...
Et au-delà, les images illustrent la complexité sociale et politique de la réalité parisienne tout au long du conflit. Sans doute plus qu'ailleurs, la mobilisation y réveille des peurs anciennes et le souvenir d'expériences traumatiques.
Ce livre raconte l'histoire d'un manuscrit original, écrit entre 1903 et 1904 par un moine de la communauté éthiopienne de Jérusalem, Walda Madhen. Un manuscrit perdu, puis retrouvé des années plus tard dans les archives grâce au projet Open Jerusalem : voilà le point de départ d'une enquête qui entraîne le lecteur depuis le toit du Saint-Sépulcre jusqu'aux hauts plateaux éthiopiens, en passant par les ors des palais d'Istanbul et les couloirs des consulats européens au Levant.
Pour démêler l'histoire enchevêtrée de ces chrétiens vivant bien loin de leur Éthiopie natale, trois chercheurs mènent l'enquête : une linguiste, spécialiste de l'amharique, et deux historiens, l'un de la Corne de l'Afrique, l'autre du Moyen-Orient. Au croisement de leurs regards émerge un récit foisonnant, qui dépasse largement la seule communauté éthiopienne de la Ville sainte pour dessiner les contours de la société religieuse, politique et diplomatique de la Jérusalem ottomane du début du XXe siècle.
Car ce manuscrit écrit dans l'urgence - difficile à déchiffrer, mal structuré, imprécis - devait faire l'histoire des éthiopiens de Jérusalem pour justifier leur ancrage dans la ville auprès des autres communautés. Cette édition éclaire ainsi leur histoire tumultueuse, l'évolution conjointe des communautés religieuses de la Ville sainte et la porosité des cultures, qui traduisent la promiscuité des confessions. Ce texte est également le témoignage d'une mémoire communautaire en construction -une mémoire encore fortement nourrie de traditions extérieures. Mais il signale aussi l'épuisement de ce processus de co-construction, dans un moment de bascule historique de l'âge des empires à l'âge des nations.
Les printemps arabes ont montré au monde que l'idéal révolutionnaire, qu'on avait cru enterré sous les décombres du mur de Berlin puis réservé aux manuels d'histoire, n'est pas mort : la révolution semble redevenue le moteur, ou du moins l'un des moteurs, de l'histoire. Or, parmi les acteurs, les témoins et tous les spectateurs de ces révolutions, se fait sentir un « besoin d'histoire ». Mots d'ordre, symboles et icônes : citoyens, militants, hommes politiques et journalistes n'ont de cesse d'en appeler au passé, de 1789 aux révolutions de fleurs ou de velours du début du XXIe siècle. Les révolutions semblent porter en elles le poids de l'histoire.
En 240 pages, l'ouvrage aborde d'une part les révolutions dans le monde selon un fil chronologique et étudie, d'autre part, des objets transversaux dans des pages thématiques qui travaillent sur le temps long (les femmes, les modes de combats, les symboles, les figures de la Liberté guidant le peuple...). S'appuyant sur l'historiographie la plus récente, associant l'analyse d'images et le récit historique, il met en lumière la naissance et la circulation des idées, des symboles, des pratiques et des références révolutionnaires de la Glorieuse Révolution anglaise aux plus récents événements de Tunis ou du Caire.
Cet ouvrage prépare à la nouvelle question d'histoire moderne du capes et de l'agrégation d'histoire-géographie.