Jean-Marie Lustiger occupe une place exceptionnelle dans l'histoire contemporaine. Fils d'immigrés polonais, enfant juif converti au catholicisme avant de découvrir sa vocation de prêtre, aumônier des étudiants parisiens devenu évêque d'Orléans puis archevêque de Paris, il fut l'interlocuteur de François Mitterrand et l'ami de Jean-Paul II. Académicien, acteur du renouveau liturgique et bâtisseur d'églises, il s'engagea dans le débat de son temps, en homme de conviction dont la voix était respectée bien au-delà du monde catholique.
De l'occupation aux "années 68" et à l'effondrement du bloc de l'Est, Jean-Marie Lustiger a traversé en chrétien et en prêtre toutes les crises du second vingtième siècle, suscitant aussi des controverses que le temps qui passe n'a pas toutes éteintes. Quinze ans après sa mort, ce livre réunit autour de lui des spécialistes d'histoire et de théologie, de science politique et d'histoire de l'art. Il fait également place aux témoignages d'acteurs et d'actrices qui ont côtoyé le "premier cardinal juif de l'histoire", ainsi qu'il se définissait lui-même.
Grâce à l'Institut Lustiger, qui a généreusement ouvert ses archives et permis que l'entreprise soit menée à terme, les auteurs dressent ainsi le premier portrait, à plusieurs voix, de cette figure hors du commun de notre histoire récente.
Le franco-judaïsme est fini, bel et bien mort ! affirment des observateurs de la scène juive française. Pourtant d'autres parlent encore de rêve français. Vision naïve ou ambition renouvelée ?
L'israélitisme du XIXe siècle, tout entier contenu dans le slogan consistorial "Patrie et religion", ne fut en fait que la première forme du franco-judaïsme. Deux institutions créées au lendemain de la deuxième Guerre mondiale, le CRIF et le FSJU, ont accompagné la pluralisation du judaïsme français et sa sécularisation. Dans les années 1980, un nouveau franco-judaïsme s'est affirmé en célébrant publiquement "la communauté", réunie autour d'une double fidélité à la France et à Israël, confirmant ce que le philosophe Levinas avait pressenti dès 1950, la "fin du judaïsme confidentiel". Cette synthèse harmonieuse serait-elle mise à mal aujourd'hui par le communautarisme des milieux ultra-orthodoxes, présents au sein des écoles juives et même du Consistoire, et la politisation du CRIF ? Mais un pluralisme religieux inédit est apparu avec le succès croissant des courants libéraux et l'émergence d'une orthodoxie moderne, au sein desquels des femmes jouent un rôle majeur. Et si l'adhésion enchantée à la France n'est plus de mise, le développement des relations interreligieuses et interculturelles apparaît comme une réponse au nouvel antisémitisme. Aurait-on là les ferments de recomposition d'un autre franco-judaïsme, celui des solidarités ?
De quoi parle-t-on quand il s'agit de mystique ? Comment l'Université s'est-elle rapportée aux textes mystiques depuis qu'ils ne sont plus le monopole du regard théologique ? A quels débats ont-ils donné lieu et à quel enrichissement de notre connaissance de l'homme ? Ces questions délicates et importantes, cet ouvrage les aborde de front et institue un dialogue des disciplines entre savants de nombreux pays (Angleterre, Belgique, Danemark, Etats-Unis, France, Israël, Italie, Suisse).
Selon quelles grandes lignes ? D'abord en examinant à nouveaux frais la confrontation et les relations complexes entre théologie et philosophie et plus largement les sciences humaines. Ensuite en reconstituant de grands itinéraires académiques relatifs à l'étude de la mystique. Egalement en étudiant les entrecroisements et les débats parfois biaisés entre enjeux savants et enjeux idéologiques, voire politiques.
Enfin en considérant les voies nouvelles de la recherche académique sur l'expérience et le discours mystiques. Ce livre se veut une contribution à la connaissance d'un champ scientifique qui retrouve aujourd'hui une actualité forte.
Alors que certaines manifestations religieuses se trouvent au coeur de l'actualité et qu'elles suscitent des débats passionnés, comment expliquer le peu d'intérêt apparent des sociologues pour le religieux, qui était pourtant un objet central chez les "pères fondateurs" de la sociologie ? Est-ce parce que le religieux n'est pas vu ou parce qu'il est évité ? Est-il encore considéré comme voué à disparaître ? Une telle situation ne s'explique-t-elle pas également par l'isolement de la sociologie des religions par rapport aux autres sociologies spécialisées ? En la matière, les sociologues se distinguent-ils de leurs collègues des autres sciences sociales, l'histoire, la science politique, la démographie ou l'anthropologie ? C'est à ces questions que cet ouvrage, issu d'un colloque de l'Association française de sciences sociales des religions, s'attache à répondre.
Ont également contribué à cet ouvrage Amandine Barb, Pierre Bréchon, Nicolas Commune, Baptiste Coulmont, Guillaume Cuchet, Claire de Galembert, Jean-Pascal Gay, François Héran, Danièle Hervieu-Léger, Pierre Lassave, Olivier Martin, Lionel Obadia, Philippe Portier, Corinne Rostaing, Charles Soulié et Mahamet Timéra.
Cet ouvrage propose un panorama historique des acteurs, des enjeux et des limites du dialogue entre chrétiens et musulmans en Méditerranée dans la deuxième partie du XXe siècle. Il fait appel à diverses sources de documentation, notamment le fonds réuni par le Service des relations avec l'Islam (SRI) de la conférence des évêques de France et en s'appuyant sur une série d'entretiens, portant sur l'aire géographique de Marseille et la Méditerranée francophone.
Avec le soutien de concours de l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman (IREMAM - UMR 7310, Aix Marseille Université/CNRS, 13094, Aix-en-Provence, France).
En France, certains observateurs du catholicisme parlent d'un déclin inéluctable, quitte à placer cette religion "en phase terminale". Cependant, dans un contexte de crise globale liée à la postmodernité, il semble que la religion catholique n'ait pas dit son dernier mot. Ce travail de recherche analyse la trajectoire du catholicisme (1980-2016), par l'étude de ses acteurs, de ses territoires et de ses communautés, des modes de gouvernement épiscopaux.
Il veut s'attarder à l'intérieur d'espaces qui ne possèdent plus la relative homogénéité que l'histoire leur prêtait avant le XXe siècle et mais qui offrent aujourd'hui une nouvelle "géocatholisation" des pratiques pastorales. Les formes de militantisme type Action catholique se dé/recomposent et laissent leur place à des mouvements et des communautés postconciliaires (Renouveau charismatique, traditionalistes...) qui se polarisent par leurs paroisses, leurs sanctuaires, leurs prieurés et leurs chapelles.
Un catholicisme à la sensibilité plus classique voire traditionnelle, dans le sillage des papes Jean-Paul II et Benoît XVI, façonne de nouvelles figures de prêtres et d'évêques qui arbitrent sur les modes d'action pastoraux territorialisés. L'intérêt de cet ouvrage est de dessiner une nouvelle carte religieuse, celle d'un catholicisme "attestataire" dynamique et vivant en cours de polarisation, au risque d'une "injustice spatiale" rejetant aux périphéries groupes de fidèles et territoires enclavés.
L'Asie est devenue, à l'sube du XXIe siècle, le premier continent protestant évangélique au monde en nombre de fidèles. Tout comme leurs voisins chinois ou coréens, les pays d'Asie du Sud-Est sont animés d'une ferveur évangélique sans précédent.
La conversion, vécue et surtout racontée, symbolise ce renouveau en cours auprès de chaque couche de la société, bousculant des pratiques et des héritages religieux, sociaux, politiques et économiques. Le protestantisme évangélique contraint les États de la région à s'adapter à ce nouveau "marché du croire et du salut" par l'adoption de modes inédits de régulation du religieux, du politique et de l'ethnique.
La double approche pluridisciplinaire et comparatiste adoptée dans cet ouvrage permet d'embrasser simultanément les stratégies missionnaires occidentales et intra-asiatiques, les modes de pénétration au niveau local, la réaction des religions d'État, le rôle joué par ces acteurs évangéliques dans des situations politiques nationales plus ou moins stables ou autoritaires, enfin les convictions et les logiques exprimées par les acteurs religieux eux-mêmes.
La pluralité et la diversité culturelle des sociétés contemporaines sont abordées classiquement à partir de la thématique de la migration et de la régulation étatique. En contrepoids à cette approche, le présent ouvrage décrit les enjeux de reconnaissance autour de la diversité religieuse en termes relationnels, d'espace public urbain, de débat public, de visibilité publique et de reconnaissance sociale et juridique.
Après une première partie consacrée à l'éclaircissement de notions telles que pluralisme, reconnaissance, diversité, superdiversité, sécularisation, raison sensible, cet ouvrage discute les transformations légales et normatives des sociétés actuelles face à la diversité religieuse. S'ajoutent à cela plusieurs études de cas examinant les aptitudes pratiques de reconnaissance mutuelle et institutionnelle de différents acteurs locaux.
Cet ouvrage incite à penser la situation contemporaine des sociétés plurielles à la croisée de l'empirique et du normatif. Il revient aux fondements de l'approche de la régulation, posés par la philosophie de la tolérance, pour investiguer la réflexion en termes de reconnaissance.
Les mobilisations catholiques contemporaines se résument-elles aux résistances face aux réformes en matière de politiques familiales, éducatives ou bioéthiques ? À partir d'une enquête menée en France (Aquitaine), en Espagne (Pays basque) et en Italie (Lombardie et Émilie-Romagne) auprès d'organisations catholiques agissant dans l'économie sociale et solidaire, la lutte contre l'exclusion, le soutien aux migrants et le travail de paix, ce livre montre qu'en ces temps de repolitisation du religieux, un répertoire d'action catholique échappe aux confrontations binaires et se caractérise au contraire par sa dimension de médiation.
Les médiations catholiques territoriales traduisent un pluralisme interne du catholicisme qui se fait ressentir au travers du répertoire entrepreneurial (autour de l'économie sociale et solidaire), du répertoire de la subsidiarité (dans la lutte contre les exclusions sociales), du répertoire de l'hospitalité (envers les migrants et réfugiés) et du répertoire de la paix (dans un conflit politique violent).
Cette action sociale par le bas, si elle se fonde sur une approche à la fois éthique et experte du social et de l'économique, peut néanmoins déboucher sur des registres de politisation qui génèrent des proximités a priori inattendues entre des organisations catholiques ordinairement discrètes et les mouvements sociaux mobilisés sur les mêmes problèmes publics.
Ce livre est le premier ouvrage d'ensemble sur la pratique liturgique catholique après Vatican II, dans le contexte français. Il propose un inventaire précis des différentes liturgies auxquelles les fidèles ont accès dans les églises paroissiales ou cathédrales. Ensuite, l'auteur analyse la liturgie en tant que dispositif d'organisation des relations entre les individus et l'ensemble du groupe ecclésial.
Avec le soutien de la fondation Louis Florin.
L'étude du discours officiel et des moments fondateurs du dialogue interreligieux (Vatican II, Assise, repentance de la papauté) ne doit pas faire oublier l'importance des initiatives locales qui enracinent ce dialogue dans les mentalités. L'attention que portent les chrétiens au judaïsme doit beaucoup aux membres fondateurs de l'Amitié judéo-chrétienne (1948) composée d'individus aux convictions humanistes. Le dialogue avec les musulmans se noue plus tardivement mais la redécouverte d'une identité religieuse par les musulmans installés en France en modifie l'équilibre, entre solidarité interconfessionnelle et volonté d'émancipation.
Comment expliquer le succès actuel du christianisme parmi les populations urbaines et éduquées de la République populaire de Chine ? Pour y parvenir, il faut éclairer à la fois les facteurs historiques et culturels créant la possibilité du christianisme en Chine et les facteurs individuels transformant cette possibilité en devenirs concrets. Il s'agit donc de réaliser une véritable sociologie des conversions, en ne négligeant pas ce que celles-ci possèdent de proprement religieux.
Avec le soutien du Centre Émile-Durkheim-Sciences-Po Bordeaux et université de Bordeaux.
Comment évaluer la part du religieux parmi les multiples facteurs explicatifs de la mobilisation identitaire basque ? En quoi le catholicisme a-t-il influencé la structuration des débats identitaires ? Ce livre analyse le rôle du catholicisme dans la politisation de l'identité basque, de façon comparative entre Pays basque français et espagnol, depuis le XIXe siècle jusqu'à la fin du XXe siècle.
Cette recherche sociologique, basée sur deux ans d'enquête de terrain au sein des prisons françaises, englobe toutes les religions et se décentre du versant le plus exceptionnel ou spectaculaire du religieux pour embrasser ses manifestations ordinaires. Elle met au jour la façon dont l'administration gère les cultes. Elle donne des clés pour comprendre la façon dont les personnes détenues mobilisent - ou non - la religion et les rôles que peuvent tenir les aumôniers en la matière.
Avec le soutien de l'Institut universitaire de France et du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), laboratoire ISP-UMR 7220.
Cet ouvrage constitue le fruit d'une étude internationale et pluridisciplinaire inédite portant sur l'appréhension par le droit de l'impact exercé par les religions sur le corps humain. En effet, les convictions religieuses des individus les conduisent régulièrement à adopter des comportements à l'égard de leur corps, qu'il s'agisse d'arborer certains vêtements ou signes Ccroix, kippa, voile, turban, etc.), de procéder à certains actes médicaux (circoncision, excision, tatouages rituels, etc.) ou au contraire d'en refuser la réalisation (refus de soins palliatifs, de transfusion sanguine, etc.). Le sujet est éminemment complexe et sensible, en particulier parce qu'il met à l'épreuve les "deux intimités" de l'individu - l'une corporelle, l'autre spirituelle - et conséquemment, au plan juridique, le droit au respect de l'intégrité physique et la liberté de religion. Aussi les législateurs et juges des dix-huit États étudiés ne se saisissent-ils de cette question qu'avec la plus grande prudence. Procédant ainsi par ajustements successifs au gré des affaires et des polémiques, ils laissent progressivement place à des systèmes juridiques d'une grande subtilité, mêlant et combinant principes dogmatiques et exceptions pratiques, voire opportunistes. Ce faisant, chaque État se dote en définitive de solutions qui lui sont propres et qui apparaissent comme l'héritage d'une singularité historique et culturelle.
Pourtant, malgré l'apparente hétérogénéité des systèmes juridiques à laquelle mène inexorablement cette forme de construction normative, des tendances générales se font jour, et quelques précieux fils conducteurs finissent ainsi par émerger, laissant entrevoir des possibilités de régulation harmonisée à l'échelle internationale.
Le visage actuel du conservatisme américain s'explique mal sans l'apport intellectuel et militant se revendiquant comme catholique. En reprenant étape par étape les grands moments de la pensée et de la militance catho-conservatrice dans la droite américaine, ce livre fait découvrir un continent intellectuel et un réseau resté très vivace, aujourd'hui tenté par une expansion idéologique vers l'Europe. Il s'agit d'une autre vision de la droite aux États-Unis, présentée de manière novatrice, sur le fondement d'informations inédites.
Avec le soutien du laboratoire interdisciplinaire de Droit des Médias et Mutations sociales de l'université d'Aix-Marseille.
L'étude des mea culpa de l'Église catholique est passionnante. Elle révèle une Église à l'écoute de ses fléchissements et de ses incohérences, faisant appel aux historiens pour relire les évènements et se dotant d'un référentiel inédit de l'auto-dénonciation. En effet, les discours de la repentance catholique se situent au confluent d'une théologie du péché, structurée sur le fondement du péché personnel et sur celui du péché collectif, d'une théologie de l'Église qui établit une relation communionnelle entre l'Église d'aujourd'hui et l'Église d'hier et, enfin, d'une théologie du sujet, sensible aux droits de la personne.
Le processus de sécularisation entamé depuis l'époque moderne a, selon des modalités d'une extrême variété, transformé le rapport au religieux, comme les frontières du religieux. Flexibilité, malléabilité, perméabilité : loin de rompre, dénouer ou clarifier les rapports entre religieux et politique, la sécularisation ne tendrait-elle pas à les complexifier, voire à les resserrer ? N'aurait-elle pas pour effet de brouiller les frontières entre les deux sphères ? Ce volume collectif prend à rebours les approches centrées sur le déplacement du politique au religieux (le politique allant chercher le religieux) : en se penchant sur le mouvement qui va du religieux au politique, et donc sur l'immixtion du politique dans le religieux, les auteurs rendent compte à la fois de l'autonomie des deux sphères et de leur imbrication.
Cet ouvrage porte sur quatre pays de l'espace anglophone, historiquement marqués par le protestantisme : les Etats-Unis, la Nouvelle-Zélande, la République d'Irlande et le Royaume-Uni. Loin de vouloir essentialiser le monde anglophone comme un contre-modèle de la «laïcité à la française», cet ouvrage s'appuie sur la diversité des modèles institutionnels et culturels pour élargir la compréhension des dynamiques politicoreligieuses qui prennent forme dans notre âge séculier.
Les auteurs montrent que le religieux participe à sa propre sécularisation en se désacralisant et que si le politique sécularisé peut se passer du religieux, le religieux, lui, ne semble pouvoir renoncer au politique.
Sans qu'ils se définissent par une discipline ou une profession particulière, les « biblistes » témoignent-ils d'une compétence ou d'un métier spécifiques ? Peut-on parler d'eux comme d'un « collège invisible » ? L'enquête ethnographique tente d'y répondre en délimitant le noyau cognitif de l'exégèse critique, en explorant ses réseaux de sociabilité intellectuelle, en retraçant ses parcours individuels, en décryptant ses épreuves publiques. Se dessine de proche en proche un milieu fragile mais au savoir substantiel qui partage à l'échelle mondiale un commun « appel du texte ». Celui-ci qui se traduit par le sentiment de la pluralité des symboles et des significations d'une parole qui se veut pourtant unique.
Cette étude de la conversion et de l'éducation mormones tente de déceler la finalité proposée aux individus qui s'y soumettent, de découvrir leur téléologie. Dans une perspective durkheimienne d'examen méthodique des mécanismes fondamentaux du lien social, la question de la communauté a été introduite pour interroger la raison d'être sociale des choses. Il s'agissait de considérer l'impact des représentations sur le domaine des pratiques, du vécu, et de l'insertion dans le monde - avec un regard spécial sur la mormon way of life, héritière des projets de communauté idéale des débuts de l'histoire mormone. D'où la conclusion que devenir "mormon" aujourd'hui, c'est se convertir et être éduqué selon les principes d'une communauté dite de «membres», en empruntant le chemin d'une transformation : sociale et anthropopoiétique, pour devenir un humain tel que la culture mormone l'entend ; religieuse et théopoiétique, pour devenir un Dieu comme les représentations mormones le prévoient. Cette observation de la construction individuelle et communautaire SDJ a donné lieu à une analyse de la religion en modernité, révélant un paradoxe : à l'époque de l'individualisme et du « bricolage individuel des croyances », les Mormons, par la communauté, poussent l'individu à une situation paroxystique de l'individualisme en prétendant en faire un Dieu. Pourtant, l'outil communautaire ne perd rien de son aspect institutionnel-traditionnel et contraste au contraire avec l'attitude, fréquemment enregistrée aujourd'hui, du désintérêt pour une religiosité institutionnelle-traditionnelle exigeant engagement et activité régulière. Au delà d'une sociologie de la religion et d'une socio-anthropologie de l'éducation, cette recherche vise une socio-anthropologie des rapports de l'individu au groupe et du communautarisme dans la contemporanéité occidentale.
Cet ouvrage traite pour la première fois des dimensions sociales et culturelles du nombre chez les Aztèques et chez leurs descendants, représentés par les populations indiennes contemporaines. Les anciens Mexicains se servaient des nombres pour déchiffrer l'avenir, influer sur le destin et lier l'homme au cosmos. Ces préoccupations d'ordre religieux expliquent la spécificité des découvertes mathématiques auxquelles ils sont parvenus.
À partir d'une analyse des discours des candidats aux élections présidentielles depuis trente ans, Mark McNaught montre que l'éthique politique américaine s'articule autour d'un héritage calviniste : l'esprit missionnaire, l'éthique puritaine du travail, la croyance dans le libre marché et la nostalgie du paradis perdu. Cette religion civile dispose, au-delà de sa fonction symbolique, d'une force « performative » : elle joue un rôle premier dans la détermination des règles juridiques.
Fondé sur une série d'enquêtes originales, menées dans plusieurs démocraties stabilisées, cet ouvrage propose une analyse nouvelle du rapport citoyenneté-religion. Il montre que la religion, si l'on excepte du moins ses formes radicales, contribue grandement aujourd'hui à la production de la cohésion sociale et politique. Les États quant à eux, confrontés à une certaine « impotence symbolique et matérielle », ils entretiennent de plus en plus volontiers avec les religions des relations de coopération institutionnalisée.
* Églises et constitution de l'éthique démocratique * États et régulation de l'espace religieux