Quel est l'avenir du travail au XXI? siècle? Cette question se heurte à un paradoxe fondamental:les avancées technologiques vont nous rendre plus riches que jamais, mais elles empiètent toujours plus sur le travail tel que nous le connaissons. Grâce aux progrès de l'intelligence artificielle, des secteurs entiers se transforment:des diagnostics médicaux à la résolution de conflits juridiques en passant par la rédaction d'articles, les technologies sont capables de se substituer aux humains.Il faut se rendre à l'évidence:le travail ne va pas disparaître, mais il risque de se raréfier. Face à la menace du chômage technologique et des inégalités qu'il risque d'engendrer, Daniel Susskind encourage les États à prendre des mesures politiques fortes:redistribution des richesses et limitation du pouvoir des GAFAM. Bref, dans une certaine mesure, l'avenir se jouera entre Big States et Big Tech.Tout en retraçant l'histoire des mutations majeures de notre temps, Daniel Susskind nous invite avec pragmatisme à repenser plus largement notre rapport au travail rémunéré, et à explorer des pistes différentes de celles du salariat. Une synthèse magistrale sur l'Âge du travail, une analyse éclairante des possibles qui s'ouvrent à nous.
Arthur Lochmann a délaissé ses études de droit et de philosophie pour devenir charpentier. En apprenant le métier, il a découvert des gestes, des techniques et une pensée de la matière qui ont transformé son rapport au monde. Ce récit d'apprentissage plein d'humilité entremêle souvenirs de chantiers et réflexions sur le corps, le savoir et le travail aujourd'hui. Avec une langue limpide et élégante, l'auteur montre comment la pratique de cet artisanat lui a donné des clés précieuses pour s'orienter dans une époque frénétique. Parce qu'apporter du soin à son travail, c'est déjà donner du sens à son action ; qu'apprendre et transmettre des savoirs anciens, c'est préserver un bien commun ; et que bien bâtir, c'est s'inscrire dans le temps long : la charpente est une éthique pour notre modernité.
Considéré comme l'un des penseurs les plus importants de ce début de siècle, David Graeber revient après cinq ans d'enquête pour analyser la notion de Bullshit job ou « Jobs à la con », née sous sa plume et qui a fait le tour du monde. Poche + : parce qu'un livre n'est jamais clos, mais toujours dans le mouvement du monde, Bullshit Jobs sera précédé d'une nouvelle préface inédite de l'auteur.
Le travail, lui aussi, a une histoire. Elle traverse les âges. Que représentait-il pour les chasseurs du Néolithique et les pasteurs du Croissant fertile ? Quelle conception s'en faisaient les scribes de Babylone, les prophètes de Jérusalem, la Bible, les philosophes d'Athènes, les juristes de Rome ? À quel point les paysans du Moyen Âge l'appréhendaient-ils différemment des ouvriers de la Belle Époque ? Et que devient-il aujourd'hui face aux mutations technologiques ?
Il fallait Olivier Grenouilleau pour dresser ce panorama sans précédent qui, entre nature et culture, malédiction et rédemption, servitude et dépassement, relate et interroge le plus singulier et le plus universel des phénomènes humains.
Comment, en Mésopotamie, les dieux condamnent-ils l'humanité à travailler pour eux sans qu'elle soit coupable de la moindre faute ? Comment pour Hésiode, au contraire, condamnée au travail car coupable de démesure, peut-elle être sauvée en s'en acquittant avec justice ? Comment la Bible fait-elle du travail une oeuvre au point que les Temps médiévaux apparaissent « modernes » ? Ou, après la Renaissance, comment la réinvention du travail est-elle perçue en tant que clé de la réforme sociale afin que l'humanité puisse se réaliser et s'accomplir ? Et ce, avant les remises en cause présentes.
Signe que le travail n'aura jamais cessé de causer abondance et misère, soumission et révolte, volonté de rationalisation et désir d'émancipation. Aux récits religieux anciens auront ainsi répondu les utopies sociales modernes. Concentrant ambivalences et antagonismes, ses métamorphoses dessinent, en filigrane, la quête inachevée que poursuit l'humanité de sa liberté.
Une fresque capitale, une somme décisive pour penser hier et demain.
Le travail est devenu le principe d'organisation central de nos sociétés. Pourquoi travaillons-nous autant ?
Comment le travail a-t-il pu façonner l'évolution de notre espèce ? Quelles sont les conséquences sociales, économiques et environnementales de notre culture du travail ? Peut-on imaginer un monde où le travail jouerait un rôle moins essentiel dans nos vies ? Autant de questions cruciales auxquelles James Suzman apporte un éclairage nouveau.
Cette histoire de l'espèce humaine au prisme de notre rapport au travail, nous montre que ce type d'activité a toujours été fondamental, mais que notre obsession de la productivité est un phénomène moderne dont on commence à peine à mesurer les effets contreproductifs. Puissant dans les découvertes de l'épigénétique, de l'éthologie, de la génomique, de l'anthropologie sociale, de l'économie et de la théorie de l'évolution, ce livre déconstruit les représentations ordinaires du travail.
Le revenu pour tous est-il une utopie ou une solution contre la précarité ? En sept points, sans parti pris idéologique, les auteurs poussent à une profonde réflexion sur ce concept qui pourrait tout changer. Nouvelle édition revue.
Le retour de l'universalisme dans la redistribution ne pourrait-il pas être la réponse appropriée aux promesses constitutionnelles d'égalité et de liberté ?
C'est ce que soutient ici avec force Guillaume Mathelier, en proposant d'instaurer un revenu d'existence et un capital d'émancipation pour la jeunesse. Cela permettrait d'assurer une redistribution juste et adéquate. Juste parce que son fondement premier est l'égalité avant toute chose. Adéquate car elle entend s'adapter à la réalité des besoins individuels.
Partant d'un fondement moral simple, partagé par tous les êtres humains, le fait de la naissance, l'auteur défend, dans une approche résolument plus philosophique qu'économique, l'idée que le revenu d'existence est un droit et non une aide sociale ! Il est inconditionnel, individuel et sans contrepartie.
Pour Guillaume Mathelier, l'objectif est de garantir à chaque individu la dignité lui permettant d'assurer son émancipation. Il est aussi de proposer une façon de lutter plus efficacement contre les inégalités sans déployer toute une industrie de contrôle administratif qui rapetisse et stigmatise les individus.
Corentin Le Martelot nous offre dans cet ouvrage un outil surpuissant pour passer à l'action : des informations incisives pour une prise de conscience de nos paradoxes, une méthode éprouvée pour un état des lieux adaptable à tous les environnements de travail et la découverte de tant de voies possibles, autrement plus enchanteresses, pour soi-même et pour tous, que les bouchons et pics de pollution.
Nous sommes de plus en plus nombreux à transformer nos habitudes de consommation pour les concilier avec la protection nécessaire de notre planète. Mais quand vient le moment de mettre son bleu de travail, nous nous demandons parfois si le travail que nous occupons chaque jour a du sens face à la nécessité de construire une société respectueuse de l'environnement. Rassurez-vous, chacun d'entre nous peut insuffler un vent de renouveau au sein même de son entreprise ou de son usine, en mobilisant ses collègues et sa direction, en établissant ensemble des actions à mener à court, moyen et long terme.
"La séparation des lieux de vie et des lieux de travail est un fait social et civilisationnel à la fois très récent et très court." Le monde du travail tel que nous le connaissons ne sera peut-être bientôt qu'un souvenir. Nos sociétés arrivent en effet à un point de bascule anthropologique : de quoi le télétravail est-il le nom ?
Pascal Picq propose une passionnante lecture évolutionniste des bouleversements en cours. Révolution numérique, nouveaux modes de collaboration, travail des femmes, essor du travail indépendant... la crise actuelle accélère, trie et révèle des évolutions jusqu'alors latentes.
Quels seront les gagnants, quels seront les perdants ? Dans cette phase de bouleversement, la logique darwinienne joue à plein : ce sont les organisations les plus agiles, les plus ouvertes, avec la plus grande variété de profils, qui trouveront les clés pour s'adapter et sortiront renforcées.
Pascal Picq trace les contours de la nouvelle écologie du travail en gestation.
ET SI VOUS PASSIEZ EN MODE « PERMA » ? Notre modèle de développement n'est plus viable. Il creuse les inégalités, consume la bio-régénérescence de la planète et accélère le réchauffement climatique. Il y a urgence à en changer. Or, un autre mode de production existe dont l'entreprise pourrait s'inspirer : c'est la permaculture. Sylvain Breuzard transmet son expérience et propose aux chefs d'entreprise volontaires de passer en mode « perma ». Dans ce livre, brillamment illustré par Étienne Appert, il partage : - une vision : les entreprises pourraient, si elles acceptaient de se remettre en question, devenir de puissantes forces de changement ; - et une méthode : o bâtir sa raison d'être et son développement sur trois principes éthiques indissociables : « prendre soin des humains », « préserver la planète », « se fixer des limites et partager équitablement » ; o faire un usage sobre voire régénératif des ressources ; o agencer ses parties prenantes pour tirer profit de leur diversité et trouver des solutions plus efficaces et ambitieuses ; o se fixer des objectifs d'impact exigeants et les atteindre. o Avec un guide pratique, vous avez toutes les clés pour passer à l'action et contribuer à bâtir un futur vivable ! Site web : www.permaentreprise.fr LinkedIn : Permaentreprise
Hubert Joly partage sa vision d'une entreprise à sens humain en s'appuyant sur ses quinze années à la tête de grandes entreprises internationales, en France et aux États-Unis.
Loin de la poursuite effrénée du profit à court terme, il décrit comment les entreprises gagnent à mettre les collaborateurs au coeur d'un projet mobilisateur au service du bien commun. Il démontre comment elles peuvent ainsi satisfaire simultanément l'ensemble de leurs parties prenantes et obtenir des résultats extraordinaires.
Facile à énoncer, cette approche est en réalité difficile à mettre en oeuvre. Elle requiert de repenser fondamentalement notre vision du travail, notre définition de la nature et de la finalité de l'entreprise, la manière de mobiliser les hommes et les femmes qui y travaillent, et notre conception du leadership.
Dans ce livre, Hubert Joly apporte des illustrations très concrètes et des conseils pratiques tirés de son expérience et de sa propre transformation d'un pur produit de l'éducation française en un leader qui croit en la capacité de mobiliser la « magie humaine » au service du bien commun.
La Responsabilité sociale des entreprises (RSE) : quesako ? Un petit livre inspirant, pour tous les publics, pour expliquer de quoi il s'agit et donner les bases à chacun pour la faire connaitre et devenir acteur d'une démarche RSE dans son entreprise.
Récolter les pommes de terre et les artichauts, planter la vigne, traire les brebis et fabriquer des fromages, participer à un chantier de construction terre-paille ... À l'heure de la prise de conscience écologique, le WWOOFing, alternative éco-touristique solidaire, fait de nombreux adeptes, mais reste malgré tout encore peu connu du grand public Ce petit guide sera d'une grande aide pour préparer ces vacances d'un nouveau genre, en mode « solidarité active » : comprendre ce qu'est le WWOOFing, apprendre à choisir et préparer un séjour, connaître les règles de savoir-vivre en usage chez un hôte, gérer les éventuelles difficultés. L'auteur partage ses expériences au travers d'un « journal » de bord détaillé, tenu au jour le jour lors des séjours de WWOOFing qu'il réalise tous les ans depuis une dizaine d'années. Et si le WWOOFing se pratique partout dans le monde, cet ouvrage a pris le parti de se concentrer sur le WWOOFing en France, par choix écologique pour limiter les déplacements.
Un avant-goût de ce que peut être le WWOOFing en attendant de le pratiquer soi-même, fort de tous les enseignements recueillis dans ce livre !
Êtes-vous contraint d'échanger votre temps contre de l'argent pour un employeur dont la politique et le comportement ne sont pas ou plus compatibles avec vos convictions ? Rappelez-vous une chose : chaque seconde écoulée est perdue à jamais. Pour changer la donne, vous vous dites sûrement qu'il faut faire des sacrifices. Peut-être même que vous vous privez déjà depuis des années.
Ce livre ne va pas vous apprendre à devenir millionnaire grâce au Web, ni faire de vous le plus riche du cimetière. C'est un concentré de conseils simples et pratiques pour gagner plus d'argent et retrouver la maîtrise de son temps et de ses finances tout en réduisant son impact sur l'environnement. Il vous aidera aussi à vous poser les bonnes questions : quels sont mes vrais besoins et mes vraies envies ? Au fond, quelle est la vie dont je rêve et quels moyens puis-je mettre en oeuvre pour la vivre ?
Environnement, climat, société : face à l'urgence, un manifeste engagé, des pistes concrètes et des exemples actuels et inspirants pour redéfinir une politique de contribution globale positive des entreprises à la société.L'Entreprise contributive a l'ambition d'être un révélateur d'évidences pour agir. Il se veut être le premier ouvrage qui donne les clés de la réinvention de l'entreprise afin qu'elle contribue à la matérialité du monde d'après.Préface de Céline Guivarch, économiste au CIRED, spécialiste des implications économiques du changement climatique et co-autrice du 6e rapport du GIEC.
Postface de Marie-Aimée Ferté, Mathis Perdriau et Angel Prieto, membres du collectif Pour un réveil écologique. *** Prix du livre INfluencia - The Good, novembre 2021 ***« Fabrice et Céline sont-ils parvenus à définir l'entreprise idéale, c'est-à-dire contributive ? Le lecteur en jugera, mais une chose est certaine : il est urgent de trouver la recette ! » Jean-Marc Jancovici, président, The Shift Project « Donner un sens à sa vie n'est pas le monopole de la génération Greta. En ouvrant ce livre, vous allez ouvrir les yeux : les solutions sont sur la table, servez-vous ! » Jean-Dominique Siegel, co-fondateur, WE DEMAIN « Ce livre exprime une vision et une conception de l'entreprise telle qu'elle devrait être et devrait tous nous inspirer. » Éric Scotto, président, Akuo Energy « Cet ouvrage est majeur et constituera une référence en donnant les outils aux entrepreneurs, financeurs, salariés et citoyens pour réfléchir et engager les transitions qui permettront d'évoluer vers une société plus durable et inclusive. » Fanny Picard, présidente et fondatrice d'Alter Equity « Pour une transformation contributive des entreprises, les dirigeants doivent mobiliser chaque niveau : actionnaires, salariés, parties prenantes, régulateurs et décideurs publics. Ce livre permet de les y sensibiliser, avant qu'un référentiel commun ne change les choses durablement. » Éva Sadoun, co-présidente du Mouvement Impact France
Au départ de ce projet, une conviction : la précarité organisée par les Uber et autres plateformes ne s'arrêtera pas à notre porte. Si pour l'instant ce sont les plus fragiles d'entre nous qui sont concernés, sans retraite ni chômage, qu'est-ce qui empêche les entreprises de proposer demain le même statut à leurs salariés ? Les juges commencent à requalifier des relations livreurs-plateformes en CDI, mais la volonté politique est frileuse :
L'auto-entrepreneuriat progresse partout, en toute légalité.
Ce livre donne la parole à tous ceux qui connaissent ce piège et ses conséquence.
Coursiers, femmes de ménage, restaurateurs, sociologues, juristes, associations, syndicalistes et élus expliquent ce qui est si différent dans les plateformes de travail : la flexibilité extrême, l'invisibilisation, la peur du lendemain, lointains échos du travail à la tâche d'avant les grandes luttes pour les droits de travailleuses et des travailleurs. Allons-nous nous faire déborder par la plateformisation ? Le choc est à venir, et les auteurs nous proposent de nous y préparer.
Le codéveloppement professionnel est une méthode d'apprentissage en groupe qui consiste à apprendre les uns des autres, en échangeant sur la pratique et les savoir-faire de chacun. Les participants, liés par des expertises partagées ou complémentaires, se réunissent en groupes de quatre à huit personnes, prenant tour à tour le rôle de client ou de consultant, à la fois apprenants et enseignants. Un animateur met en place un cadre favorisant le processus de consultation, dans un espace de recherche conjointe, de bienveillance et d'entraide. Par la réflexion sur les préoccupations professionnelles des intervenants, l'expérience de chacun devient une ressource pour tous.
Mis au point par Claude Champagne et Adrien Payette, le codéveloppement est une méthode d'intelligence collective qui permet aux participants d'être plus efficaces, conscients, autonomes et reliés entre eux. Cette approche se révèle particulièrement utile pour briser les fonctionnements en silos, consolider les équipes, renforcer la performance des organisations et accompagner les changements majeurs.
Un retour aux fondamentaux et une actualisation de la méthode.
Des témoignages de praticiens et des retours d'expérience inspirants.
La consultation expliquée étape par étape.
Des fiches-outils pour une mise en pratique optimale ;
Où et comment le travail de bureau s'exercet- il aujourd'hui ? À quelles finalités le bureau doit-il répondre ? Quelles répercussions peuvent avoir les bouleversements induits par la crise sanitaire sur le bureau de demain ? Autant de questions posées par nos nouvelles façons de travailler et auxquelles ce livre donne des réponses en s'appuyant sur des données d'enquête inédites. Révélant l'autonomisation et la fragmentation croissantes des lieux de travail, dressant un portrait des salariés de bureau en France, Sarah Proust analyse les évolutions en cours, que ce soit pour le travail en open space ou le flex office. C'est ainsi un tableau de fortes disparités - entre les classes d'âge, les catégories sociales ou les territoires - qui est esquissé.
Face à la crise de nos systèmes traditionnels et à la précarisation du marché du travail, il devient nécessaire de favoriser des modèles de travail plus durables. L'économie sociale et solidaire (ESS) a toujours été pionnière en la matière. Groupements d'employeurs, coopératives d'activités et d'emplois, Scop et Scic, Territoires zéro chômeur de longue durée, tiers-lieux... L'ESS expérimente, innove, invente des modèles de travail et d'emploi plus protecteurs pour les travailleurs, plus ancrés dans les territoires, plus respectueux de l'humain. À ce titre, elle peut impulser une dynamique de changement inspirante pour l'ensemble de la société.
Comment ces initiatives positives d'ESS peuvent-elles essaimer pour permettre le développement d'un grand nombre d'emplois de qualité dans ou hors salariat : des emplois à la fois porteurs de sens, sécurisés et inscrits dans un collectif de travail, à rebours de la tendance actuelle à l'ubérisation ? Et comment imaginer un modèle de management qui favorise cette organisation épanouissante, loin des systèmes fondés sur la surveillance des salariés et la verticalité ? L'auteur avance des pistes à la fois souhaitables et réalistes, en faveur d'une meilleure cohésion de la société, d'une solidarité accrue et du renforcement des liens sociaux.
Souffrance, stress, burn out, RPS... Les témoignages de salariés faisant état d'une montée en puissance de la pénibilité psychique et mentale du travail se multiplient depuis deux à trois décennies, y compris parmi les franges du salariat les mieux loties, que ce soit en termes de conditions d'emploi, de rémunération ou de pénibilité physique du travail. Ce livre analyse ce phénomène à travers le cas de cadres, chercheurs dans l'industrie. Il montre en quoi les organisations contemporaines du travail, en se liquéfiant pour répondre aux exigences post-fordiennes du procès d'accumulation, disloquent le travail et les travailleurs.
Cette dislocation s'observe à trois niveaux. Au niveau subjectif, d'abord, car en fabriquant des désillusions, des écarts croissants et de plus en plus répandus entre espoirs, investissements subjectifs et réalités observées, ces organisations déstabilisent la subjectivité et le rapport au travail de ces cadres, qui en viennent souvent à remettre en cause et leurs compétences et le sens de tous les efforts et sacrifices faits pour leur travail. Au niveau temporel, ensuite, car en accroissant les tâches périphériques, ces organisations atrophient les coeurs de métier et contraignent ces cadres à travailler plus longtemps, y compris chez eux, pour essayer, malgré tout, de faire un travail de qualité, dans lequel ils puissent encore se reconnaître et trouver du sens. Au niveau cognitif, enfin, car en démultipliant les sollicitations, ces organisations liquides, à travers l'usage des nouvelles technologies qu'elles sécrètent, coupent fréquemment les chercheurs, les empêchent de se concentrer et, par-là, les obligent à déployer une énergie particulièrement importante pour essayer, malgré tout, de sortir la tête de l'eau et continuer à avancer dans leur travail.
Combinées entre elles, ces trois sortes de dislocation maltraitent les travailleurs. Ce qu'il faut soigner, en somme, ce ne sont pas les individus, mais le travail concret : la façon dont il est organisé, managé, reconnu, subordonné au travail abstrait. L'ambition de cet ouvrage est de montrer combien ces troubles de la santé constituent les symptômes contemporains d'une aliénation capitaliste, dont les racines remontent, non seulement à l'organisation du travail, mais plus fondamentalement encore, aux rapports de production et à ce que le capital fait au travail, en imposant aux hommes et aux femmes, travailleurs comme capitalistes, un usage de soi conforme à la conception productiviste de la qualité et de la performance.
Depuis 1982, existe à Paris un lycée public autogéré. Unique en son genre, le LAP (Lycée autogéré de Paris) a relevé le défi d'un fonctionnement collectif pris en charge par les professeurs et les élèves. Gestion du lieu, libre fréquentation, assemblées générales régulières, régulation des conflits par la commission justice, mais aussi interdisciplinarité, voyages, pédagogie alternative, ateliers artistiques et recrutement des profs par cooptation, sont quelques-unes des caractéristiques de cet établissement pas comme les autres.
Le mot qui définit le mieux ce lycée, c'est celui qu'il a décidé d'adopter dans son titre: Lycée autogéré. Comme le dit Patrick Boumard,le préfacier de ce livre : «Voilà peut-être la vraie spécificité du Lycée autogéré de Paris : montrer qu'il est possible, et depuis plus de 30 ans, de passer de la liberté pédagogique à l'autogestion comme modèle politique en éducation.» Dans la première partie de cet ouvrage, le Lycée est présenté à plusieurs voix dans sa forme et ses activités actuelles. Puis, dans une seconde partie, un des pionniers du Lycée, raconte, presque au jour le jour, la naissance et la première année de ce lieu autogéré qui, depuis 30 ans, a vu passer des milliers d'élèves.
70% des salariés désengagés, de jeunes qui refusent d'entrer dans des grands groupes, le salariat qui ne fait plus recette, une image négative des entreprises sont autant de signaux forts et faibles qui invitent les entreprises à se réinventer pour être en adéquation avec les attentes sociétales. Il y a donc urgence pour l'entreprise de comprendre le pourquoi de cette désaffection, d'analyser les nouveaux ressorts d'engagement des collaborateurs et d'inventer ou de co-inventer avec eux de nouvelles formes de travail.