Cette nouvelle traduction du grec ancien des quatre Évangiles canoniques (Matthieu, Marc, Luc et Jean) entend faire redécouvrir ces textes comme des oeuvres littéraires originales, au sein de la littérature antique juive et grécoromaine. Une littérature forgée et inventée à partir des pratiques orales d'enseignement et de discussion de la Torah (la Bible hébraïque) pendant toute la période dite du Second Temple, du vie siècle avant notre ère au Ier siècle.Une triple conviction est à l'origine de cette traduction : 1) Les Évangiles appartiennent à la culture religieuse et littéraire du judaïsme antique. 2) Rédigés dans la langue grecque de l'époque, ce sont des traductions de paroles, de discours, de citations de l'araméen et de l'hébreu de l'époque. 3) Ces textes sont des performances littéraires pour témoigner de l'enseignement d'un jeune rabbi du Ier siècle en Judée et en Galilée.Le mot «évangile» est ainsi traduit et compris comme performance : réaliser par l'écrit «l'annonce heureuse».Il s'agit de revisiter le vocabulaire traditionnel religieux, en revenant à la littéralité du grec ancien.Enfin, on découvre une autre représentation de Jésus et de sa parole. Jésus cherche moins à culpabiliser qu'à libérer, il ne fonde pas de nouvelle religion mais cherche à faire abonder, multiplier, la parole de la Torah, en direction de toutes les classes sociales. Ces textes, écrits et composés en temps de crise, dialoguent avec notre époque.F. B.
Née d'un père kabyle issu d'une famille de marabouts et d'une mère française d'origines juive et catholique, Kahina Bahloul a grandi en Algérie où elle a vécu au plus près la montée de l'intégrisme. Spécialiste de la mystique musulmane, elle décide de s'engager plus activement à la suite des attentats de 2015. Revendiquant, sur la base de sources classiques, la légitimité pour une femme d'être imame, de diriger les prières et d'enseigner, elle fonde en 2019 la mosquée Fatima, d'inspiration soufie, ouverte aux femmes voilées ou non, mais aussi aux non-musulmans. À l'image de la reine berbère résistante dont elle a hérité le prénom et le caractère, Kahina Bahloul, première femme imame en France, est aujourd'hui présente sur tous les fronts pour évoquer la possibilité d'un islam moderne et libéral.Un plaidoyer stimulant pour un islam affranchi du littéralisme qui le sclérose. La Croix.Le récit lumineux d'un chemin hors norme. Elle.Prix Mare Nostrum 2021.
Depuis les premiers liens entre les tribus juives d'Arabie et le Prophète Muhammad jusqu'aux récents conflits du Proche-Orient, en passant par les civilisations de Bagdad et de Cordoue, sans oublier l'Empire ottoman, le monde perse et même l'espace européen, les relations tour à tour fécondes ou tumultueuses entre juifs et musulmans sont ici exposées et analysées en toute impartialité.
Quelque cent vingt auteurs de tous les pays ont participé à cette encyclopédie unique en son genre, dans un esprit d'interdisciplinarité qui permet de rendre compte des multiples facettes du sujet. Les difficultés du temps présent se trouvent ainsi réinterprétées à la lumière d'une histoire resituée dans la longue durée.
Un ouvrage de référence richement illustré, à la fois clair et accessible, qui constitue un outil précieux pour une meilleure compréhension entre les cultures.
Le grand écrivain Amos Oz, récemment disparu, s'est intéressé à la figure du traître toute sa vie - comme son oeuvre romanesque en témoigne. Dans un discours prononcé à Berlin en 2017, il a voulu revenir sur le plus célèbre d'entre eux, et réfléchir au rôle qu'a joué la prétendue trahison de Jésus par Judas dans la naissance de l'antisémitisme chrétien. Il se fait conteur en nous présentant une version alternative de l'histoire connue, et en nous interrogeant sur les liens entre les deux grandes religions monothéistes que sont le judaïsme et le christianisme. Sa réflexion est iconoclaste, irrévérencieuse, romanesque, mais toujours nourrie d'une connaissance profonde des textes fondateurs des deux religions.
Cet ouvrage, le premier inédit publié depuis le décès d'Amos Oz en décembre 2018, condense une certaine philosophie du dialogue qui était au coeur de l'oeuvre et de l'engagement d'Amos Oz. Sa parole demeure d'une actualité brûlante.
En préambule, la rabbin Delphine Horvilleur s'adresse directement à l'auteur disparu, dans une émouvante lettre. Elle nous offre un éclairage passionnant de la conférence d'Amos Oz, en nous parlant des prophètes et des traîtres, du rôle de la littérature dans nos vies, et du besoin de dialogue pour surmonter les fanatismes de toute sorte.
Jésus, l'homme qui préférait les femmes On s'imaginait Jésus entouré d'une garde rapprochée de douze hommes, les femmes demeurant à distance, comme au fond du décor. Christine Pedotti nous le fait découvrir en conversation avec de nombreuses femmes, qu'elles marchent en fidèles disciples à ses côtés ou qu'elles croisent son chemin. Jésus les côtoie, les touche et se laisse toucher, au sens propre comme au figuré. Elles questionnent et il ne les rabroue jamais. Elles argumentent et il les écoute. Parfois, il se laisse convaincre... peut-être même convertir. Cette lecture précise et rigoureuse des quatre Évangiles canoniques est renversante. Non seulement Jésus était « en avance sur son temps », comme on l'a beaucoup dit, mais il devance aussi le nôtre en n'assignant jamais aux femmes un rôle lié à leur sexe.
Sous le règne du sultan Ahmet III, peu de temps avant cette période de fêtes et d'insouciance qu'on appellera l'Ère des Tulipes, la très belle Lady Montagu accompagne en 1717 son époux, ambassadeur britannique, à Constantinople. Ses lettres à ses amis révèlent une épistolière digne, selon Voltaire, de la marquise de Sévigné et de Mme de Maintenon, et ses pensées annoncent le goût pour l'Orient. Si Lady Montagu considère le monde musulman toujours avec respect et tolérance, elle développe aussi des motifs surprenants, l'Islam protégeant la liberté individuelle, et le voile, l'indépendance des femmes...
C'est par ce livre passionnant, issu de conférences données au Jewish Theological Seminary de New York, publié aux États-Unis en 1941 et traduit pour la première fois en français chez Payot en 1950, que Gershom Scholem acquiert une renommée mondiale. Le judaïsme a développé dès ses débuts un courant mystique puissant et original dont l'influence sera considérable tout au long de l'histoire. Ses notions fondamentales sont complexes, ses courants sont divers : Sephiroth, merkaba, gnose, kabbalisme, hassidisme, zohar, mais aussi Abraham Abulafia, Isaac Luria, Sabatai Zevi - autant d'idées multiples, autant de personnalités marquantes qui constituent un univers sans cesse en mouvement, dont Scholem propose ici une analyse claire et complète dans laquelle il fait la synthèse de son savoir.
A travers les textes de ses contemporains, l'auteure s'intéresse à l'existence de Jésus, particulièrement à sa vie d'homme