«Les livres sur Beyrouth ne traitent que de la guerre. Comme si cette ville n'avait d'autre thème à offrir que celui du drame. Dans ce cas, parler de la nourriture beyrouthine en littérature serait une transgression?»Pendant les 961 heures que Ryoko Sekiguchi a passées à Beyrouth, soit près d'un mois et demi, elle a dégusté 321 plats. Ce qui devait initialement être un livre de cuisine dresse aussi le portrait d'une ville, dont la riche culture se nourrit des personnes qui y vivent. Grâce aux histoires que les Beyrouthins lui ont racontées, l'autrice «fait revenir» - comme des oignons dans une poêle - un passé heureux qu'elle tente de préserver de l'oubli.
Que peut la plume de l'écrivain face aux pires atrocités de notre époque ? C'est habité par cette question que Mario Vargas Llosa s'est rendu en Irak en juin 2003, au tout début d'une guerre qui durera huit ans. Pendant douze jours, il confrontera ses convictions à la réalité du conflit.
Interroger les civils à cette époque-là et dans ce lieu-là, c'est interroger tous les civils de toutes les guerres - c'est rendre leur parole aux femmes et aux hommes que les intérêts géopolitiques étouffent.
À partir des témoignages recueillis, Mario Vargas Llosa a rédigé une magnifique série de reportages, réunis aujourd'hui intégralement dans ce livre. Il interroge la difficulté à penser la guerre au moment où elle se produit et confronte la réalité vécue par les populations à l'idéal démocratique occidental qui commande certains conflits.
Mario Vargas Llosa, né en 1936 au Pérou, a vécu notamment à Madrid, Paris, Londres ou Barcelone. Prix Nobel de Littérature en 2010, il est l'une des figures les plus reconnues de la littérature mondiale. Romancier, dramaturge et essayiste, ses oeuvres ont été couronnées par les plus prestigieux des prix littéraires. Il a été élu membre de l'Académie française en 2021.
Traduit de l'espagnol par Annie Vignal
«Je suis né le 6 mai 1918. J'ai quatre-vingt-six ans. Une certitude:j'ai mille ans de souvenirs. En cette heure où le jour décline, assis en tailleur au sommet de cette dune de sable, comme du temps de ma jeunesse au milieu des Bédouins de ma tribu, ces souvenirs, je les vois qui défilent en cortège sur la ligne d'horizon. Je vois des villes qui s'enchevêtrent dans la chevelure du temps. Je vois des gratte-ciel et des jardins, là où ne poussait que la rocaille. Des palmiers, des nuées de palmiers. Des écoles, des universités, des hôpitaux, des musées, et tant d'autres rêves devenus vrais. J'ai tiré des entrailles du désert un pays dont les gens d'Occident savent le nom:le père de la Gazelle. Mon nom, lui, vous est peu connu. Je m'appelle Cheikh Zayed.»Gilbert Sinoué nous conte le destin extraordinaire de Cheikh Zayed, père fondateur des Émirats arabes unis et fervent humaniste. Un grand portrait doublé d'une somptueuse invitation au voyage à travers les mythes du Moyen-Orient.
Un matin brumeux de janvier 2011, Samuel Forey découvre qu'une révolution a éclaté en Égypte. Le Caire s'est embrasé et des milliers de révoltés ont pris d'assaut la place Tahrir, centre névralgique et politique de la capitale. Alors qu'il tentait de gagner sa vie comme journaliste depuis de nombreuses années, Samuel Forey prend une décision radicale . Du jour au lendemain, il quitte Paris et s'envole vers l'Egypte, à la recherche du grand soir.
S'ensuit une odyssée de six années au Moyen-Orient, au coeur du Caire tumultueux, traquant des rebelles dans le labyrinthe de roche et sable du Sinaï, s'initiant au reportage de guerre à Alep ou Gaza, partageant le quotidien des combattants kurdes en Syrie ou des soldats irakiens dans le chaudron brûlant de la bataille de Mossoul, en Irak, la plus importante guerre urbaine depuis la Seconde Guerre mondiale - au contact de l'humanité dans son extrême, pour le pire comme pour le meilleur.
Mais ce périple est aussi un cheminement intérieur. Profondément marqué par la perte précoce de ses parents, Samuel Forey fait l'apprentissage du deuil et de la mort. Quête du père, quête de soi, quête de sens, jusqu'au bout, là où le voyage se termine et le voile se déchire, quelque part dans l'explosion d'une mine, lors de la bataille de Mossoul.
Tout à la fois carnet de route, journal intime et récit initiatique, magnifiquement écrit, dans la tradition des écrivains d'aventure et de combat, les Aurores incertaines nous emmènent au coeur des tourments de ce début de siècle.
Au début de l'été 2020, dans un Liban ruiné par la crise économique, dans un Beyrouth épuisé qui se soulève pour une vraie démocratie, Charif Majdalani entame la rédaction d'un journal. Il entend raconter cette période déroutante, la confronter à son expérience, à ses réflexions et à ses émotions - peut-être aussi espère-t-il ainsi la supporter.
Mais le 4 août, le port de la ville explose. Devenue alors témoignage du cataclysme, cette chronique de l'étouffement dresse le portrait sensible d'une cité stupéfiée par la violence, au coeur de laquelle les habitants chancellent, jouets d'un destin aussi hasardeux que cruel.
Le journal est suivi d'un texte inédit dans lequel l'auteur reprend l'écriture de manière intermittente. Tandis que le pays s'installe dans le désastre, il achève le récit d'un monde qui, ici mais aussi déjà peut-être ailleurs, se meurt, inexorablement.
« Le café pouvait être humé, goûté et touché. Il s'agissait peut-être, avec l'essence, de l'un des produits les plus résistants aux crises économiques. Le carburant pour les machines, le carburant pour les gens. » À vingt-quatre ans, Mokhtar, un Américano-Yéménite, abandonne sa vie aux États-Unis pour se rendre au Yémen, sur la terre du café. Brillant et passionné, il va à la rencontre des cultivateurs des régions les plus reculées, espérant amé-liorer leurs conditions de travail. Mais en 2015, la guerre civile éclate. Les bombes pleuvent et l'ambassade américaine ferme ses portes. Le jeune homme doit trouver le moyen de fuir sans pour autant sacrifier ses rêves...
Avec son inimitable talent de conteur, Dave Eggers livre l'histoire vraie de Mokhtar, qui tenta l'impossible pour redonner ses lettres de noblesse au café du Yémen.
Bachar al-Assad s'était juré de les enterrer vivants, d'ensevelir leur ville et leurs espoirs. Daraya, un des berceaux du printemps syrien de 2011, à sept kilomètres de Damas, est devenu un tombeau à ciel ouvert. Mais sous les bombes, les derniers insoumis assiégés ont bâti une forteresse de papier pour résister : pendant quatre années de blocus, Ahmad, Shadi, Hussam ou Omar ont exhumé des milliers d'ouvrages ensevelis sous les décombres de la ville et les ont rassemblés dans une bibliothèque secrète, calfeutrée dans un sous-sol. Au coeur du chaos, un refuge où la parole circule, contre les atrocités, l'absurde, l'oubli...
« La Syrie ? Que savons-nous d'elle ? Avouons-le sans faux orgueil : quelques réminiscences historiques sur les croisades, quelques pages célèbres, les beaux noms de Damas, de Palmyre, de l'Euphrate, voilà tout notre bagage pour une grande et féconde contrée placée sous Mandat français. Mais qui discerne l'importance de ce Mandat ? Qui - à part de très rares spécialistes - pourrait tracer la physionomie politique de ce pays ? Qui expliquerait pourquoi l'on s'y bat et qui se bat ? Ce berceau des civilisations, ce lieu de passage prédestiné, dont la richesse et la beauté ont retenu, sans les mêler, tant de peuples, cette terre où poussent avec une force ardente les croyances et les hérésies, déroute et confond.» Le premier reportage de Joseph Kessel, publié en 1926. Des pages d'une surprenante actualité.
Il est défendu à un citoyen libanais de se rendre en Israël. Mais le narrateur, un jeune photographe franco-libanais, décide d'enfreindre la loi de son pays et ne pas suivre l'avis de sa famille. Arrivé à l'aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv, il subit un interrogatoire de plusieurs heures. Les questions fusent et se répètent. « Comment s'appelle votre mère ? Comment s'appelle votre père ? Comment s'appelle votre grand-père ? Comment vous appelez-vous ? » Des questions qui reviennent comme une berceuse et qui voudraient obliger le narrateur à se définir de manière définitive. Lui qui avait pensé faire ce voyage pour mettre de côté sa part libanaise, mettre Beyrouth entre parenthèses...
Après Le nez juif, Sabyl Ghoussoub revient avec le récit de ce voyage interdit, un livre plein d'humour, de tendresse et parfois de colère.
Un chemin de randonnée long de plus de mille kilomètres traverse Israël en serpentant, ondulant et se tortillant : le Shvil, ou Israel National Trail. Peu de gens le connaissent et encore moins savent qu'on l'appelle aussi "le chemin des anges". Linda Bortoletto l'a parcouru seule pendant deux mois. Depuis la frontière avec le Liban, au nord, jusqu'à la mer Rouge, au sud, elle qui n'est pas juive, qui n'était jamais venue en Israël, elle dont la mère est musulmane, va, pas après pas, rencontre après rencontre, appréhender Israël par la nature, l'intensité et l'énergie de cette terre, mais aussi chercher la vraie raison de sa présence là-bas, tenter de réconcilier en elle-même la guerrière, la femme et la mystique. Exploratrice, conférencière, écrivain, Linda Bortoletto a sillonné les régions les plus reculées de la Sibérie, de l'Alaska et de l'Himalaya, à pied ou à vélo, s'initiant au chamanisme et au bouddhisme. Avec cet Israël secret, intime, elle raconte sa découverte du Moyen-Orient.
Lire ce livre s'apparente à boire un verre dans un bar avec un inconnu, un inconnu intéressant. Ce premier récit est l'histoire d'un journaliste qui a vécu à Bahreïn mais qui n'était pas sensé y aller. Il nous raconte son voyage, d'abord avec l'étonnement d'un premier regard, puis avec la profondeur d'un excellent chroniqueur : des détails les plus simples (et pourtant invraisemblables), comme chercher une maison à louer, jusqu'aux détails plus précis de l'implantation chiite dans les pays du Golfe.
La voix de l'auteur, sérieuse et profonde quand il faut, mais aussi candide, drôle et subjective, se balade entre la finesse du regard et humour, loin de l'attitude du vaillant reporter de guerre qui a tout vu et tout vécu. C'est pourquoi on a envie de le suivre, parce qu'on se sent proche de lui, et on l'écoute nous décrire les subtilités géopolitiques du Moyen-Orient mais aussi la visite rocambolesque de Michael Jackson à Bahreïn, les manifestations et répressions de 2011 et les menus des restos des expatriés, la construction des îles artificielles faramineuses et le sort de la moitié de la population, composée d'esclaves modernes.
En prenant ce qu'il y a de mieux dans le récit de voyage et dans le reportage, ce récit nous émerveille en nous montrant l'une des meilleures qualités d'un livre de non-fiction : il rend passionnant un sujet auquel nous ne nous serions jamais intéressés si on n'avait pas rencontré ce type sympa et intéressant au bar.
Quelle idée d'aller passer une nuit de décembre 2020 dans ce musée-là !
Le Musée National de Beyrouth se situe sur la ligne de démarcation qui fut la frontière visible, meurtrière, dite « la ligne verte » par la luxuriance de la végétation, entre Beyrouth-Est et Beyrouth-Ouest, tout au long de la guerre civile, laquelle dura 15 ans, si l'on admet même que la guerre est aujourd'hui achevée.
Diane Mazloum est une romancière qui aime l'imagination et le passé récent. Elle n'aurait sans doute pas dû se frotter à la matière historique, sédimentée, confetti d'empires disparus, qui veille sous les murs et s'agrippe aux cryptes du seul musée qui fait office de mémoire au Liban.
Musée d'une nation ou de l'absence d'une nation ?
Par quel miracle ce temple qui abrite les trésors des civilisations disparues, des Égyptiens aux Babyloniens, des Byzantins aux Mamelouks, a-t-il pu survivre aux assauts de la brutalité des hommes ?
Ici, c'est un franc-tireur qui creusa un trou dans le mur pour y viser le passant dont la tête éclatera. Là, ce sont les soldats israéliens qui se réchauffèrent à un brasier aux pieds noircis du Colosse. Ici, c'est une statuette en équilibre que le souffle de l'explosion du 4 août 2020 a fait dévier de son axe ? Là, ce sont les 31 statues aux yeux tournés vers l'intérieur qui semblent plus vivantes que les vivants du dehors ?
La romancière n'aime pas le passé lointain. Mais elle se rend compte, dans cet émouvant récit griffé de vérités, que de Rome à Beyrouth, c'est le passé qui fait le présent, c'est l'ombre des morts qui recouvre la pauvre existence des vivants et l'illumine.
« Le Liban est celui à qui l'avenir arrive le premier » écrit Dominique Eddé.
Alors, si cette phrase est vraie, cette nuit au musée, une nuit qui s'étend jusqu'au jour, sera peut-être le livre que la romancière ne voulait pas écrire sur la fin de nos civilisations. Mais qui s'est imposé à elle.
Le 14 mai 1948 signe la création officielle d'Israël. De Jérusalem à Tel-Aviv, l'Histoire s'écrit au fil des heures. Et pour couvrir l'événement, premier sur place, l'impétueux Joseph Kessel, qui obtient - cela ne s'invente pas - le visa numéro un du nouvel État. Pendant un mois, l'écrivain et reporter sillonne un pays qu'il a découvert plus de vingt ans plus tôt. Dès 1926, il était tombé amoureux de cette terre où de nouveaux colons juifs arrivaient chaque jour de tous horizons pour tracer leur destin commun, indifférents aux obstacles.Kessel sera là, encore, en 1961, au «temps des juges», pour le procès Eichmann. Il sera là, toujours, à l'aube des années 1970, pour décrire Israël à vingt ans, meurtri par tant de conflits et pourtant debout, inébranlable.Ignorant presque tout du judaïsme de ses pères, étranger à toute forme de croyance, Kessel aura vibré jusqu'au bout pour cette terre, à qui il rend un hommage empli d'admiration et de tendresse, dans ces reportages consacrés aux «fils de l'impossible».
C'était en 1931 que kessel entreprit la rédaction de ce qui devait être un de ses plus beaux romans.
L'idée de " fortune carrée " lui vint sur le plateau volcanique de sanaa en voyant " le moscovite " caracoler sur l'étalon de l'imam du yémen.
Cette histoire virile met en scène deux hommes violents et sans attaches : hakimoff et henri de monfreid, dans un cadre époustouflant de beauté : le yémen, la mer rouge, l'éthiopie-somalie.
Un récit fulgurant qui s'inspire de la vie du grand voyageur que fut kessel et de ses rencontres avec de fabuleux personnages monfreid, mais aussi le sergent hussein ou encore gouri, le tueur aux bracelets de peau humaine.
Un roman d'aventures épique et vrai.
Si une bombe peut nous tomber dessus à tout moment, à quoi bon faire la vaisselle ? Avec une ironie hors du commun, Etgar Keret relate sept années de sa vie à Tel-Aviv : la naissance de son fils, l'histoire de sa soeur ultra-orthodoxe et de ses onze enfants, les chauffeurs de taxi irascibles, ses parents rescapés de l'Holocauste, les tournées littéraires mouvementées. et l'attitude peu banale qu'il convient d'adopter lorsqu'une roquette tombe dans votre jardin.
Très différent de ce qu'un flâneur pourrait écrire sur ce pays, ce récit, à travers une approche empathique et fouillée, révèle les très nombreux détails de la vie quotidienne iranienne (en particulier celle des écrivains, mais pas seulement) et s'efforce d'éclairer les points obscurs de la religion et de la mentalité.
Février 1894. Pierre Loti part pour le Sinaï. Ce voyage en Terre Sainte lui inspirera l'une de ses oeuvres majeures, récit de voyage autant que quête spirituelle sous forme de triptyque : après avoir saisi l'intemporalité et la virginité du Sinaï «(Le Désert)», il observe minutieusement églises et pèlerins «(Jérusalem)», avant de peindre des paysages en mots, les Évangiles à la main tel un guide «(La Galilée)». Le style est épuré, comme si l'ascèse à laquelle se trouvait confronté le voyageur rejaillissait sur sa manière de dire. Entre âpreté et spiritualité, on ne ressort jamais indemne du désert...
En 2011, Solène Chalvon-Fioriti a vingt-quatre ans et découvre le métier de journaliste en Afghanistan. Lors d'un reportage à la faculté de droit de Kaboul, elle tombe sur un avortement qui dérape dans les toilettes de l'université, manoeuvré par un groupe de jeunes étudiantes. La scène est irréelle en terre afghane, rigide et conservatrice. Elle va sceller la rencontre avec la Pill Force, réseau clandestin féministe qui distribue des pilules abortives partout dans le pays. Au centre de ce groupe et de ce récit il y a la meneuse, la puissante et caustique Layle, avec qui l'autrice se lie d'amitié et qui sera, sept ans plus tard, assassinée par son frère. À travers l'histoire de ces militantes qui se sont «éveillées», elle fait revivre, jusqu'aux dernières évacuations cet été, dix années d'un Afghanistan démocratique, entre promesses non tenues, désenchantement et violence endémique.Solène Chalvon-Fioriti nous embarque dans un voyage intime autant que politique au coeur d'un pays déchiré. Son écriture sait nous faire voir et comprendre la dureté des vies qu'elle a côtoyées quand son regard, lucidement tendre, parvient, lui, à rendre vivant ce «gang de filles» dont les longs et improbables road-trips tempèrent, par leur cocasserie, la tragédie quotidienne.
À l'âge de huit ans, Dina Nayeri doit fuir l'Iran avec sa mère et son frère. Après un passage par Dubaï, puis par un hôtel italien en ruine transformé en camp de réfugiés, ils finissent par obtenir l'asile aux Etats-Unis. Et Dina, petite fille qui dut s'arracher à une enfance de conte de fées pour atterrir dans une ville grise qui la rejette, décide alors de tout faire pour s'intégrer. Ce livre raconte son histoire, mais aussi celles d'autres déracinés dont elle a plus tard croisé la route. Il y a Valid et Taraa, partis d'Afghanistan pour échapper aux Talibans, Kaweh, un jeune militant kurde devenu avocat ou encore Kambiz, qui s'immolera par le feu...
Comment un individu traumatisé doit-il mettre son histoire en scène pour qu'on le juge crédible ? Qui "mérite" d'être sauvé ? Dans ce livre qui est à la fois une lettre d'amour à la culture iranienne et un plaidoyer pour l'entraide, Dina Nayeri aborde des thèmes essentiels à la compréhension des réfugiés.
Le 4 août 2020, une monumentale explosion dans des entrepôts ravage le port de Beyrouth et les quartiers voisins. Elle fera des centaines de morts et plus de 4000 blessés. Lamia Ziadé a vécu cette catastrophe de trop pour Beyrouth depuis Paris, mais en lien constant avec sa famille et ses amis vivant sur place. Immédiatement, elle a voulu réaliser le carnet intime de cette catastrophe. Saisir dans ses dessins ce qu'elle voyait, ce qu'on lui racontait. Mais elle tient aussi son propre journal dans lequel elle témoigne de son émotion et de sa colère qu'elle partage avec ses compatriotes. Elle restitue la stupeur de l'événement : « Les effets de l'explosion sont incompréhensibles, répondent à un système mystérieux inverse à la logique ». Des verres intacts dans une pièce ravagée, des meubles retrouvés à 200 mètres de l'appartement qui les abritait. « Une sorte de maléfice semble avoir organisé les dégâts. » Lamia Ziadé dessine également les portraits de celles et ceux dont on ne doit pas « oublier les visages souriants », des sauveteurs dans les décombres, des victimes, mais aussi des politiques conspués.
Le Liban incarne depuis longtemps ce rêve d'Orient qui a poussé les écrivains romantiques à entreprendre le voyage. Lamartine, Nerval, Maurice Barrès et d'autres ont célébré avec lyrisme ses beautés souvent empreintes de spiritualité. Les grandes voix de la littérature libanaises ont elles aussi arpenté ce Liban éternel, mêlant avec brio réel et imaginaire, mémoire et poésie. Si les tourmentes de l'histoire n'ont guère épargné ce pays, elles n'ont pas entamé sa force d'attraction, ni la fascination qu'il exerce sur les écrivains. Ses guerres ont été lues de façon autant réelle que symbolique, ses paysages, ses hommes et ses déchirures ont continué d'inspirer des textes puissants et de magnifiques poèmes. Le Liban contemporain est plus que jamais terre de contrastes. De Dominique Eddé à Hanan el Cheikh, de Samir Kassir à Rabih Alameddine, de Salah Stétié à Vénus Khoury-Ghata, le goût du Liban se cultive entre bruit de pelleteuses et effluves douces-amères de fleurs d'oranger.
« On en parle beaucoup, de ces pétromonarchies du Golfe, et on n'en parle pas beaucoup en bien. Elles sont, accusées, pêle-mêle, d'acheter la France, de financer le terrorisme, d'opprimer les femmes, de pratiquer l'esclavage et d'accaparer les meilleures pièces du magasin Vuitton des Champs-Élysées. On en parle surtout de loin et j'ai envie de voir de plus près. » Du Qatar à Oman, en passant par Dubaï et le Bahreïn, Julien Blanc-Gras nous guide à travers un nouveau monde à la démesure fascinante où tout peut arriver, pour le meilleur ou pour le pire. Parviendra-t-il à réconcilier l'Orient et l'Occident en soulevant le voile des apparences ? Réussira-t-il à se faire des amis dans le désert ?Une exploration originale, qui lève le voile avec empathie, humour, sens critique aussi, sur des moeurs et des mentalités ambivalentes. Delphine Peras, L'Express.Un humour qui fait le sel de sa plume. Astrid de Larminat, Le Figaro littéraire.
Parti de la côte persique le 17 avril 1900, en compagnie d'un guide, de quatre muletiers, de deux domestiques persans et de son serviteur français, Loti, à dos de cheval, atteint d'abord Chiraz, où il s'arrête une semaine ; à Ispahan, où il arrive le 12 mai, il ne trouve place dans aucun caravansérail, ni dans aucune maison, car les Musulmans ne veulent pas de lui, chrétien ; finalement le prince D..., consul de Russie, l'héberge dans sa maison, et le présente au frère du Chah, vizir d'Ispahan et d'irak. D'Ispahan il continue sa route vers le nord, en voiture cette fois ; il passe par Kashan et s'arrête à Téhéran, trop européanisée à son goût, où le Grand Vizir offre un dîner en son honneur. Le 6 juin, enfin, il touche les bords de la Caspienne, où il s'embarquera pour Bakou. Loti décrit en détail les pays qu'il traverse, avec cette facilité de plume et cette vivacité de couleurs qui ont fait sa célébrité : depuis le désert jusqu'à la région des hauts plateaux en passant par le célèbre site de Persépolis. Comme toujours chez Loti, les femmes occupent dans ce paysage insolite une place importante : il les cherche et les rencontre partout.
Vers Ispahan est indiscutablement un des plus beaux livres de Pierre Loti, celui où il accède au sommet de son art, un pur enchantement. Sa description de la Mosquée bleue est à cet égard un morceau de bravoure.
Suivez l'itinéraire d'un couple et de leurs deux filles qui ont décidé de parcourir l'Europe à vélo jusqu'en Iran. Ce récit d'aventures dévoile, à travers une épopée familiale, un désir de liberté vagabonde impossible à réprimer. Ou comment d'une envie un peu folle, cette famille a embarqué enfants, biclous et sacoches sur les routes européennes et asiatiques à deux reprises, le temps d'une année, sans planification autre qu'une date de départ et une vague destination.
Au fil des rencontres, les questions abondent : Pourquoi faites-vous cela? Pourquoi à vélo? Quelles joies en tirez-vous? À quelles difficultés êtes-vous confrontés? Comment préparer un tel périple? Quel budget prévoir? N'est-ce pas dangereux d'entraîner vos filles dans vos aventures? Sont-elles heureuses? Quelle intendance avec de jeunes enfants? Quelles leçons tirez-vous de ces voyages?
Ce livre, ponctué de fabuleux portraits des personnes croisées sur les routes, est l'occasion de répondre à beaucoup de questions que se posent les familles qui souhaitent se mettre à l'itinérance à vélo, en France ou en Europe.
Pays traversés: France, Allemagne, Roumanie, Serbie, Grèce, Turquie, Arménie, Iran.