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Gallimard
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À Cuba, voilà quatre-vingt-quatre jours que le vieux Santiago rentre bredouille de la pêche, ses filets désespérément vides. La chance l'a déserté depuis longtemps. À l'aube du quatre-vingt-cinquième jour, son jeune ami Manolin lui fournit deux belles sardines fraîches pour appâter le poisson, et lui souhaite bonne chance en le regardant s'éloigner à bord de son petit bateau. Aujourd'hui, Santiago sent que la fortune lui revient. Et en effet, un poisson vient mordre à l'hameçon. C'est un marlin magnifique et gigantesque. Débute alors le plus âpre des duels.
Combat de l'homme et de la nature, roman du courage et de l'espoir, Le vieil homme et la mer est un des plus grands livres de la littérature américaine.
Cette nouvelle traduction s'attache à restituer la prose lente, solennelle, presque dépouillée et subtilement ouvragée dans laquelle Hemingway chante l'aventure du vieil homme, lui redonnant ainsi toute sa dimension héroïque et tragique.
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Conçu comme une redoutable machine narrative, Temps sauvages nous raconte un épisode-clé de la guerre froide : le coup d'État militaire organisé par les États-Unis au Guatemala en 1954, pour écarter du pouvoir le président légitime Jacobo Árbenz. Ce nouveau roman constitue également une sorte de coda à La fête au Bouc (Gallimard, 2002). Car derrière les faits tragiques qui se déroulent dans la petite République centroaméricaine, le lecteur ne manquera pas de découvrir l'influence de la CIA et de l'United Fruit, mais aussi du ténébreux dictateur de la République dominicaine, Trujillo, et de son homme de main : Johnny Abbes Garcia.Mario Vargas Llosa transforme cet événement en une vaste fresque épique où nous verrons se détacher un certain nombre de figures puissantes, comme John Peurifoy, l'ambassadeur de Washington, comme le colonel Carlos Castillo Armas, l'homme qui trahit son pays et son armée, ou comme la ravissante et dangereuse miss Guatemala, l'un des personnages féminins les plus riches, séducteurs et ambigus de l'oeuvre du grand romancier péruvien.
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À Mathilde Urrutia [...] Avec grande humilité moi j'ai fait ces sonnets de bois, en leur donnant le son de cette substance opaque et pure, et qu'ils atteignent ainsi tes oreilles. Toi et moi cheminant par bois et sablières, lacs perdus, latitudes de cendres, nous avons recueilli des fragments de bois pur, madriers sujets du va-et-vient de l'eau et de l'intempérie. De ces vestiges à l'extrême adoucis j'ai construit par la hache, le couteau, le canif, ces charpentes d'amour et bâti de petites maisons de quatorze planches pour qu'en elles vivent tes yeux que j'adore et que je chante. Voilà donc mes raisons d'amour et cette centaine est à toi : sonnets de bois qui ne sont là que de cette vie qu'ils te doivent. Octobre 1959.
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Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée ; les vers du capitaine
Pablo Neruda
- Gallimard
- Poésie Gallimard
- 5 Mai 1998
- 9782070404216
Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée suivi par Les vers du capitaine forme le livre d'une célébration nouvelle : l'amour y est toujours surprise, risque, désir, submersion, insurrection perpétuelle. L'homme y est autre, la femme y est autre, l'un et l'autre non pas meilleurs, mais en alerte, sur le qui-vive et, par là, plus vivants. Les Vingt poèmes d'amour ont connu, dans tout l'univers hispanique, une extraordinaire fortune, plus d'un million d'exemplaires diffusés. Les vers du capitaine, qui semblent l'oeuvre d'un forban inspiré, ont d'abord été publiés anonymement - pour préserver le secret de la relation amoureuse, dira Neruda - avant, eux aussi, de chanter dans toutes les mémoires du Chili, d'Amérique et d'Espagne. Généreuse, sensuelle, éblouie, passionnée est la poésie de Pablo Neruda. Militante également, si l'on accorde à ce terme son poids de révolte, de fraternité, d'utopies partagées. La parole de Neruda, c'est d'abord un élan, une houle de mots qui font sens et font chant. Cela touche au coeur et au corps avant de monter à la tête. L'écriture ici, même quand elle se nourrit des tourments du monde, est une fête, un plaisir, une jouissance.
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Visitación Salazar est l'extravagante, gigantesque et mythique fondatrice d'un cimetière illégal aux confins de la sierra orientale et de la sierra occidentale, quelque part en Amérique latine. Il est appelé le Tiers Pays et c'est là que veut absolument se rendre une jeune migrante, Angustias Romero. Après avoir traversé clandestinement le désert et la frontière avec sa famille, cette ancienne coiffeuse, qui a tout laissé derrière elle, se retrouve seule, épuisée, complètement perdue. Elle n'a plus qu'un but : donner une digne sépulture aux siens. Or, le cacique local, les passeurs, les guérilleros, les narcotrafiquants et les militaires voudraient faire disparaître le Tiers Pays et récupérer le contrôle d'une région où tous les trafics sont possibles. Mais c'est compter sans le courage de Visitación et d'Angustias - nos deux Antigone modernes -, qui vont s'allier pour affronter, par tous les moyens, cet univers masculin de domination, de violence et de corruption. Après le succès de La fille de l'Espagnole, Karina Sainz Borgo signe ici un deuxième roman remarquable. Inspiré de faits réels, Le Tiers Pays offre une narration qui évolue au fur et à mesure que l'intrigue se développe et mélange brillamment les genres du témoignage, du thriller, du western et de la tragédie antique, avec un hommage à peine voilé à Faulkner et à Rulfo.
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Du haut de ses neuf ans, Javier quitte ses grands-parents, ses copains d'école et son pays d'origine, El Salvador, pour retrouver ses parents déjà installés clandestinement aux États-Unis. Seul, il part pour un périple de 3000 kilomètres à travers le Guatemala, le Mexique, la mer et le désert, au bout duquel l'attendent le rêve américain et sa vie de famille tant désirée. Vécue et observée à hauteur d'enfant, cette épopée hors norme semée de nombreux dangers et épreuves est avant tout teintée d'émerveillement et d'espoir. Car Javier poursuit vaillamment son long chemin, suivant les passeurs et les autres migrants, découvrant de magnifiques couchers de soleil ou de somptueuses étendues de cactus, mais aussi le meilleur et le pire dont l'humain est capable. Devenu un phénomène mondial, Solito est un témoignage rare, poignant et universel sur le sort des migrants. L'écriture sensible de Javier Zamora, associée à son jeu avec la langue hispanique, offre une expérience de lecture singulière et particulièrement vivante.
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«Avec le Chant général, j'ai travaillé sur le terrain de la chronique et du mémorial, un terrain qui, les premiers temps, me parut rocailleux et inhospitalier. Mais soudain je découvris [...] qu'il n'y avait pas de matériel antipoétique lorsqu'il s'agissait de nos réalités. Les faits les plus obscurs de nos peuples doivent être brandis en pleine lumière. Nos plantes et nos fleurs, pour la première fois, doivent être contées et chantées. Nos volcans et nos rivières sont restés dans les espaces desséchés des textes. Que leur feu et leur fertilité soient livrés au monde par nos poètes. Nous sommes les chroniqueurs d'une naissance retardée. Retardée par le féodalisme, par la stagnation, par la faim. Il ne s'agit pas seulement de préserver notre culture, mais de la livrer à toutes nos forces, de la nourrir et de lui permettre de fleurir.»Pablo Neruda.
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Roberto Juarroz est né en 1925 et mort en 1995 à Bueno Aires. Parmi les poètes argentins il est de cinq ans l'aîné de Juan Gelman et de six ans celui d'Alejandra Pizarnik. Il publia sa première Poésie verticale à compte d'auteur, en 1958. Ce qui n'empêche pas Cortazar de le remarquer très tôt et Paz de le considérer comme «un grand poète d'instants absolu». Ses recueils n'ont porté qu'un seul et unique titre:Poésie verticale, suivi d'un numéro. L'oeuvre poétique est d'un seul tenant, monolithique, et constitue un livre inachevé à jamais ouvert. Relisons Juarroz, car peu de poètes nous conduisent aux frontières du réel, nous y laisse seul, plein et entier, c'est-à-dire responsable de notre langage et de la relation que nous établissons, par celui-ci, avec la réalité - et dès lors responsable de notre humanité. Peu de poètes nous permettent, par la poésie, de naître à nous-même, au monde et dès lors de mieux nous connaître ainsi que d'être par là mieux ajusté au monde - c'est-à-dire au réel. Juarroz était de ceux-là, rares, qui firent de la poésie une expérience de vie.
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Pays rêvé, pays réel ; fastes ; les grands chaos
Edouard Glissant
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 17 Mai 2000
- 9782070414468
Passeur d'univers, capteur de tous les chants, de toutes les rumeurs, Édouard Glissant ne cesse d'inventer son espace, sa langue et ses envoûtements.Il est celui qui impose sa création et ses échos au monde. Il accueille le rythme tellurique des âges, la scansion des légendes et des mythes. Il risque le sursaut mêlé du réel et des songes. Sa voix est irruption, éruption, débordement de soufre, de flammes, de ténèbres, mais aussi de bruissements, de touffeurs, de syllabes suaves.Il va par les îles de la terre. Il pense et parle en archipel, renoue torrents et fleuves : le Mississippi à la Seine, le Nil à la rivière Lézarde ou à une eau de volcan enfouie sous la lave et le feu. Cette géographie secrète donne force à l'étendue, sens à la migration et dérive au sens. Édouard Glissant dit la connaissance en abîme et l'éclosion des mots.La création aime autant ce qui surgit que ce qui sombre. La création vient avec ses gongs et ses syncopes. La création est un combat. La création est un chaos.