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VOIX D'ENCRE
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Le dictionnaire du Diable ; nouvelles définitions
Ambrose Bierce
- Voix D'Encre
- 15 Février 2011
- 9782351280683
Bierce l'amer, le Diable hilare, le Tout-puissant Dieu Bierce, l'individu le plus méchant de San Francisco, telles sont quelques-unes des aimables qualifications dont fut gratifié Ambrose Bierce, cette imposante figure des Lettres américaines qui disparaîtrait à jamais en 1913 dans un Mexique en proie à la fièvre révolutionnaire. Le présent ouvrage rassemble un bouquet épineux de plus de 600 articles du Dictionnaire du diable, autant de définitions retrouvées bien après la disparition de leur auteur et non traduites en français jusqu'à ce jour. Jacques Sternberg tenait le plus caustique des lexicographes pour la "figure de proue de l'humour noir".
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Pierre Jourde : Mettre en scène la prégnance de choses anciennes, les morts, les souvenirs, tout ce qui est de l'ordre du fané, du désuet, du décomposé. La force de ce qui n'est pas, mais qui par-delà le ridicule s'impose à nous. Cela prend à chaque fois la forme d'une danse (rock, rumba, valse), parce que la poésie est musique. Alors pourquoi ne serait-elle pas dansante ? On valserait sur elle, avec le fantôme des choses mortes.
La sonorité est cacophonique, chocs de sonorités, constructions bancales, argot, comme si l'orchestre populaire de ce bastringue jouait des couacs. Ça sonne comme Rain Dogs de Tom Waits. Il y a aussi, un peu comme sur les partitions d'Erik Satie, des indications d'exécution, de petites formules en marge qui ont pour fonction de donner une inflexion, d'appuyer la loufoquerie triste du propos. Orchestré par Pierre Jourde, le recueil est interprété par Pierre Jourde, qui en est un autre, et qui fait chalouper les images comme Mimile fait chauffer le baloche.
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?Il y a des paysages qui s'inscrivent au creux du corps et qui toujours sinuent dans les méandres de l'esprit. Il suffit de fermer les yeux pour voir soudain surgir, du plus profond de la mémoire, leur présence tutélaire, leur puissance nimbée de lumière. Le Mont Ventoux est de ceux-là. Qui incitent un jour, secrètement, à prendre la plume et à se hasarder vers le poème. Les mots que l'on ignorait pouvoir rassembler au pied du Mont et dans ses alentours, se présentent à l'improviste, se glissent sur la page et se regroupent, pareils aux troupeaux enroulés dans les drailles. Il a suffi de quelques rencontres, d'une sensibilité commune, d'une amitié féconde pour qu'un projet à deux voix s'ébauche, se dessine, se structure dans l'échange et le partage de l'amour du Ventoux.
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Écrire à boulets rouges sur ce moi multiforme.
Ces exercices sont d'assouplissement car ils ne visent qu'à introduire des brisures dans le souffle du dormeur.
S'éloigner.
Sur la pointe des pieds.?Les petits bouts de papier ne font pas message, ils sont interrogation. Inachèvement.
Donc, possible de s'éloigner.?La table est desservie.?Il n'y a plus rien sur la table qu'un énigmatique reflet de soleil. À s'y casser les dents.
Sortir de la page n'est pas bien difficile, mais savoir sortir en ne perdant pas de vue le chemin est sans doute un tout autre exercice.
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?Ces fragments d'infini sont des fragments d'intuitions poétiques et de pensées intuitives qui ne demandent qu'à s'ouvrir telle une fleur inespérée auprès du lecteur attentif. Fragments, fulgurances, qui explorent la profondeur de l'être. Sont en quête de quelque chose d'inexploré intérieurement.
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En même temps qu'il fait paraître le septième tome de son "Journal" aux éditions P.O.L, Charles Juliet publie chez Voix d'encre un ouvrage qui rassemble ses pensées sur l'écriture et la parole, sur son amour des livres et sa sensibilité aux voix... Ses textes sont exaltés par 25 compositions circulaires à l'encre de Chine du peintre Serge Saunière.
Charles Juliet : o Écrire pour obéir au besoin que j'en ai. o Écrire pour conquérir les mots, conquérir le langage. Pour apprendre à écrire. Apprendre à parler. o Écrire pour ne plus avoir peur. Pour panser mes blessures. Pour surmonter mes inhibitions, me dégager de mes entraves. Pour déraciner la haine de soi. Pour apprendre à m'estimer. À m'aimer. o Écrire pour déterrer ma voix. o Écrire pour ne pas vivre dans l'ignorance. o Écrire pour me mettre en ordre, me clarifier, m'unifier... o Tout au long de cette aventure, l'écriture m'a été un outil indispensable. Elle m'était discipline, exigence, obligation de progresser. Grâce à elle, grâce au travail de forage et de structuration qu'elle m'a permis d'effectuer, j'ai pu "remonter des enfers". Il ne m'échappe pas que je suis un privilégié.
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Quand les pierres font signe
François Cheng, Fabienne Verdier
- Voix D'Encre
- 1 Janvier 2002
- 9782910957209
Ce livre est un voyage à travers le royaume minéral qui nous côtoie ou nous habite.
Portés par une commune intuition, poète et peintre nous guident, au fil de leurs portraits de pierres, dans la profondeur originelle de l'univers vivant.
Fabienne?Verdier : "Il suffit de broyer un peu d'encre pour que l'alchimie du pin, du musc et du camphre nous donne la clé des songes."
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L'enfance en crue a pris d'assaut mes pages. Ses voix brisées, ses digues de silence, sa maison rougie au fer et ses poussées dans le noir se sont imposées à moi comme un attentat, que j'ai laissé glisser au tamis du poème.
Elle a plu derrière ses yeux pour épargner la mère Elle a tendu la joue pour être en ligne avec le ciel fou au-dessus d'elle Elle s'est rasée la tête et ses cheveux pendus font office de conteur Tout entière dans les plis de la mère, son ombre incapable de suivre les contours déchaînés de leurs corps a disparu pour de bon.
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"?Mon crâne et moi avons décidé de voyager. Lui en carton à chapeau. Moi à pied, à cheval et en voiture...
Les Vanités mettent en jeu la mort. Autant de cartes tirées du Tarot sur l'échiquier du hasard. Rappel à l'ordre. Avertissement. Le tableau est le piège du regard. L'auto-portrait-revolver vise la tête : le crâne crâne. Que d'os ! Que d'os ! Ce clin d'oeil vide l'orbite. Vanitas vanitatum. Ivoire poli du temps, le crâne n'a pas que des idées noires..." -
?Partition
Quand le vent se fait musicien d'orchestre / Au-dessus des gorges du Verdon / Les pierres sèches font assaut de pétarades.
Sauvé des os
La neige qui s'enroule autour de l'arbre l'arrime / jusqu'aux dernières branches pour en faire
l'infortune du loup.
Croissant
Un fantôme par grenier pas plus / voyez je ne demande pas la lune.
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"? Face aux montagnes, que ressentons-nous ? L'envie de les gravir, pour certains, de se confronter à leurs pentes, d'arpenter leurs univers, se fondre dans leurs paysages. De prendre de l'altitude et du recul. De se mesurer à soi-même, de goûter à l'effort et au plaisir de s'élever physiquement, et sans doute aussi spirituellement. Pour d'autres, elles restent intimidantes et bornent le regard d'une barrière décourageante, l'accablent de leurs masses. Car vues d'en-bas n'ont-elles pas tendance à rétrécir le ciel ?
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Tout se meut, jusqu'au paradoxe, dans le jeu du monde. La poésie réceptacle entend l'infini du temps et de l'espace, elle accueille les voix de la présence et de l'absence, elle laisse aussi la parole au silence parlant et au vide.
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« Je suis le voyant de la nuit l'auditeur du silence car le silence aussi s'habille d'une peau sonore et chaque sens a sa nuit comme moimême je suis ma nuit je suis le penseur du nonêtre et sa splendeur je suis le père de la mort.
Elle en est la mère elle que j'évoque du parfait miroir de la nuit je suis l'homme à l'envers ma parole est un trou dans le silence.
Je connais la désillusion je détruis ce que je deviens, je tue ce que j'aime. » Poète, essayiste, traducteur du sanskrit, auteur de LeContre-Ciel, LaGrande Beuverie et LeMontAnalogue,RenéDaumal fonde en 1928 - avecRogerGilbert-Lecomte,RogerVailland et Josef Sima- LeGrand Jeu : une revue et unmouvement proches du Surréalisme.
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« L'inspiration poétique est la forme occidentale de la Voyance. » a écrit Roger Gilbert-Lecomte. En 1928 il crée avec René Daumal Le Grand Jeu, un mouvement qui n'est pas « un groupe littéraire, mais une union d'hommes liés à la même recherche » et tous épris de cette révolte « capable de bien des miracles ».
Pour répondre à sa quête d'absolu il s'est livré au long dérèglement de tous les sens voulu par Rimbaud . « Il est un des rares poètes d'aujourd'hui, affirme Antonin Artaud, à cultiver cette forme de lyrisme violent, noueux, torride, ce lyrisme en cris d'écorché, qui se pare de mots abrupts, d'images-forces, où la convulsion et le spasme rendent le son de la nature en plein travail. »
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Et des soleils éternellement recommencés nous accomplissent
Georg Trakl
- Voix D'Encre
- 1 Mars 2018
- 9782351281475
A. Yterce : Hanté, effrayé de vivre, Trakl sait que rien n'a de sens dans un monde homicide, plus vide qu'un sang sevré. C'est pourtant ce monde brisé qu'il désire subir jusqu'au bout pour écrire et révéler dans les atmosphères de la nuit, de la mort et de la folie les dégradations d'une société qui condamne jeunesse et beauté à la souffrance, à l'aliénation, à la guerre, à la mort, au néant.
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La montagne s'élève aux confins de la ville d'où, immobile, elle défie le temps, le temps qui fuit autour d'elle comme du sable ou du sang. Elle ne change pas, ne bouge pas d'un pouce. Elle est stable, solide, dure : elle persiste dans la durée. Belledonne est son nom, qui désigne sa grâce féminine. Elle est pure éminence dressée à l'horizon. Constante, immuable, elle demeure. Et pourtant elle se modifie en permanence, au gré des jours et des moments, des variations météorologiques et saisonnières.
Depuis le cadre de sa fenêtre, d'où il l'observe fidèlement, un artiste a décidé de la peindre dans sa splendeur, chaque semaine pendant une année. Pour témoigner des visages si divers que prêtent à cette montagne qu'il aime tant le cycle des jours et l'humeur du moment. Et célébrer les couleurs du temps qui passe, son perpétuel recommencement.
Afin de prolonger cette rêverie éveillée et d'accompagner les images de l'ami, j'ai ravivé mes impressions et souvenirs de contemplateur et de marcheur, essayant de traduire mon sentiment de la montagne. Ce qui m'attache à elle, et ce qui d'elle m'échappera toujours. Saluant ainsi sa présence énigmatique.
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?« Quelques Américains ont essayé de comprendre le désert, note Edward Abbey dans son chef-d'oeuvre Désert solitaire, des personnages obscurs tel que le jeune Everett Ruess, l'auteur de On Desert Trails, qui disparut à l'âge de vingt ans dans la région des canyons du sud de l'Utah, pour ne jamais en revenir.?Cela remonte aux années 1930 : on a retrouvé ses mules, une partie de ses affaires, mais pas le jeune homme lui-même. Pour autant qu'on le sache, il est toujours là-bas quelque part, à vivre de figues de Barbarie et d'oignons sauvages en communiant avec les dieux du fleuve, du canyon et de la falaise. »
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?Le bien et le mal, Léon Tolstoï pouvait encore, en 1865, les englober dans un roman.
Mais aujourd'hui c'est le poème qui rencontre guerre et paix, alternées et mêlées.
Et sans fin.
Ce que capte le poème dans ses rythmes instinctifs : des empires sont en train de se (re)constituer. -
?À deux pas de la Basilique de Saint-Quentin, dans l'Aisne, je me dirige vers l'atelier de la peintre Maria Desmée. D'emblée, la force de son univers m'impressionne, et je remets peu à peu en question certaines de mes conceptions esthétiques fondées sur des
a priori. C'est qu'un véritable feu habite les grandes toiles de l'artiste où la mer remue sa fureur et où le ciel déploie son vertige. Je comprends soudain que l'abstraction ne relève pas de quelque formalisme intellectuel, mais qu'elle peut être le meilleur vecteur pour nous plonger dans les contradictions de notre approche du monde, entre interrogation, inquiétude et bonheur. Je décide alors de déceler méticuleusement ce qui se trame sous la surprenante vitesse du geste de Maria Desmée.