Filtrer
Support
Éditeurs
Prix
Amsterdam
-
« Quoi de commun entre la presse people, les scoops journalistiques dramatisés, les parcs d'attraction, les spectacles de magie, les découvertes scientifiques merveilleuses, les enquêtes paranormales, les highlights sportifs, les magazines de faits divers, les threads horror, les débats radiophoniques surjouant la polémique et les romans vécus ? Toutes ces productions culturelles sont sensationnelles, elles provoquent des sensations fortes et des frissons extrêmes. »
À partir de la seconde moitié du xviiie siècle, les reconfigurations de l'espace public rendent possible une nouvelle façon de représenter la réalité. Non seulement l'étendue inédite de la publicité, mais encore la normalisation des contradictions et des conflits symboliques dans un corps social en voie de démocratisation imposent l'invention d'une forme fluidifiant superficiellement les rapports entre les individus, les groupes, et les réalités collectives. Le sensationnalisme est né.
La notion de « sensationnalisme » nomme un mode inédit de représentation du réel, une catégorie formelle traversant les domaines de la fiction et de la non-fiction, du journalisme et de l'attraction, de la littérature et du spectacle. Elle permet d'appréhender les relations qui, au fil des siècles, se nouent entre sphère du bavardage et publicité, puis entre développement sensationnaliste et culture démocratique. Forme mimétique différente des formes traditionnelles (notamment la fiction et le spectacle), le sensationnalisme s'est logé au coeur de la culture moderne. Au croisement d'usages très variés de la communication, il apparaît d'emblée ambivalent et polymorphe, se manifestant dans une grande diversité de productions.
Yoan Vérilhac présente dans cet ouvrage les causes matérielles et historiques de l'émergence de ce paradigme communicationnel. Multipliant les angles et les approches, il en analyse les différentes pratiques, usages et visées. Il montre enfin qu'observé dans toute sa superficialité bavarde et sa vocation grégaire, le sensationnalisme est une porte d'entrée permettant de proposer un autre rangement des productions culturelles en régime médiatique et de faire sentir autrement la cohérence sociologique et politique de l'histoire de la culture populaire. -
Archéologies du futur ; le désir nommé utopie et autres sciences-fictions
Fredric Jameson
- Amsterdam
- Les Prairies Ordinaires
- 22 Octobre 2021
- 9782354802189
Depuis la fin des années 1970, l'idée de totalitarisme a agi comme un interdit d'imaginer un avenir collectif désirable. Mais aujourd'hui, le capitalisme mondialisé touche à sa fin, discrédité par les crises environnementale, sociale et sanitaire. Le moment semble venu de faire un retour vers le futur. C'est ce que propose cet ouvrage, à partir de l'utopie et de la science-fiction.
L'utopie est une forme littéraire, inventée par Thomas More en 1517, qui consiste à représenter une sorte d'enclave idéale, de monde séparé du monde. Mais il s'agit aussi, plus profondément, d'une aspiration au changement, d'un élan dont on retrouve la trace dans une multitude de textes ou de situations dépassant de loin le corpus des utopies positives.
Fredric Jameson n'entend pas proposer une utopie nouvelle, mais relancer l'imagination utopique en éprouvant ses possibilités et ses limites. Si l'utopie rompt absolument avec le présent, si elle pose ce qui succède à cette rupture comme étant radicalement différent de ce que nous connaissons, la différence radicale devient impensable. Toutefois elle peut aussi - comme le fait la science-fiction - transformer le présent, faire de lui un passé et se présenter comme un message venu du futur. Elle nous arrache alors au désespoir d'une situation apparemment immuable et nous fait respirer un « air venu d'autres planètes », dont nous avons le plus grand besoin.
-
Du savon et des larmes : le soap opéra, une subculture féminine
Delphine Chedaleux
- Amsterdam
- Les Prairies Ordinaires
- 18 Novembre 2022
- 9782354802592
Les Feux de l'amour, Dallas, Côte ouest, Dynastie... ces titres évoquent un univers désuet, stéréotypé et fortement associé au féminin, celui du soap opera. Né sur les chaines de radio états-uniennes au début des années 1930, puis transposé à la télévision, il est d'abord financé par des fabricants de produits d'hygiène et d'entretien - d'où son nom saugrenu. Les feuilletons qui en relèvent, centrés sur la culture du foyer, sont diffusés quotidiennement l'après-midi à l'intention des femmes. Ils sont alors construits autour d'un personnage de mère courage qui prodigue des conseils moraux et pratiques à son entourage, à grand renfort de produits manufacturés dont les mérites sont ainsi vantés aux consommatrices.
S'il s'est largement transformé au gré des mutations médiatiques, sociales et politiques, le soap est resté une « technologie de genre » qui circonscrit le féminin à la vie domestique, affective et sentimentale. Mais il ouvre aussi, paradoxalement, des espaces individuels et collectifs de contestation des hiérarchies sexuées, tant à travers sa narration « ouverte », qui permet l'expression de multiples points de vue et ne délivre jamais aucune morale, qu'à travers les sociabilités féminines qu'il suscite parmi ses amatrices. Cet ouvrage se veut une invitation à découvrir la richesse de l'histoire de ce format, à l'intersection de celles du capitalisme, des médias et du genre. -
L' art et l'argent
Jean-Pierre Cometti, Nathalie Quintane
- Amsterdam
- Les Prairies Ordinaires
- 11 Juin 2021
- 9782354802288
L'art et l'argent : ce vieux couple célèbre depuis peu de nouvelles noces, à nouveaux frais. A tel point qu'il est devenu difficile, voire impossible, de ne pas immédiatement parler d'argent lorsqu'on parle de l'art d'aujourd'hui. L'art semble désormais l'affaire exclusive des plus riches ; les autres sont invités à en admirer les effets mais à éviter d'en tirer les conséquences et d'en penser l'implicite.
Ce livre part au contraire de l'idée que la question de l'art, donc aussi celle de ses rapports avec l'argent, appartient à tout le monde. En mêlant témoignages, essai littéraire, textes théoriques et reproductions d'oeuvres contemporaines, en s'intéressant aux fondations privées comme aux écoles d'art, à la spéculation comme à la condition d'artiste et à la précarisation des travailleurs des mondes de l'art, il voudrait permettre de mieux comprendre depuis quand, comment et sous quelles formes la "valeur" argent a transformé nos façons de faire de l'art, de le regarder et d'en parler.
-
Hot, cool & vicious ; genre, race et sexualité dans le rap états-unien
Keivan Djavadzadeh
- Amsterdam
- Les Prairies Ordinaires
- 5 Février 2021
- 9782354802226
De toutes les musiques populaires contemporaines, le rap est celle que l'on associe le plus communément à l'expression d'un discours misogyne. Mais si les rappeuses elles-mêmes décrivent souvent l'industrie du rap comme un environnement qui leur est hostile, cela fait plus de quarante ans qu'elles ont investi cet espace. Des premiers enregistrements, commercialisés en 1979, à aujourd'hui, de The Sequence à Megan Thee Stallion, en passant par Queen Latifah, Salt'N'Pepa, Lil' Kim, Nicki Minaj et Cardi B, plusieurs générations se sont succédées, avec des temps forts et des moments de transition.
Elles ont écoulé des centaines de millions de disques et participé de manière significative au développement artistique et commercial du rap, sans pour autant être reconnues à la hauteur de leur contribution.
Par leurs morceaux ou leurs prises de position publique, elles ont permis d'ouvrir un espace de discussion sur des problématiques relatives à la condition des femmes noires des classes populaires et permis de faire évoluer les mentalités dans la culture hip-hop sur un certain nombre de sujets comme la sexualité ou les violences de genre.
Prenant le parti de rendre compte tant des rapports de domination à l'oeuvre que des formes de subjectivation rendues possibles pour celles qui évoluent dans l'industrie du rap, cet ouvrage s'intéresse à la façon dont les rappeuses états-uniennes ont négocié leur place dans une industrie dominée par des hommes et fait entendre un discours sur le genre, la race et la sexualité à rebours des représentations hégémoniques. Loin de l'image homogène qu'on lui prête parfois, il s'agit de rendre au rap enregistré par des femmes toute sa diversité et sa complexité.
-
S'adresser à tous ; le théâtre à l'epoque de l'industrie culturelle
Diane Scott
- Amsterdam
- Les Prairies Ordinaires
- 16 Avril 2021
- 9782354802264
Le discours venu du théâtre s'attache souvent à vanter la vertu d'un art qui s'excepterait de l'industrie de masse pour offrir un authentique rapport à ce que la culture compte de plus savant. Par ailleurs, ce même discours s'est beaucoup attardé ces dernières décennies à établir les palmarès du théâtre politique, puisqu'il semblait entendu que la politique elle-même avait atteint un point historique terminal.
A la différence de ces deux grandes veines morales, S'adresser à tous entend penser le théâtre comme lieu d'une parole privilégiée et mettre au jour la profonde diversité des investissements historiques qui s'y sont succédé depuis la Révolution. Il analyse l'évolution des catégories qui l'ont déterminé, en lien constant avec les évolutions globales de l'industrie culturelle : comment la manière dont le théâtre organise son rapport aux notions de "politique" , de "peuple" , de "populaire" , de "public" définit sa réalité propre tout en enregistrant ce qui se joue dans le champ culturel en son ensemble.
Car, si le théâtre après la Révolution française entretient une relation complexe à la notion d'art, il n'existe que directement branché sur le concept de culture qui lui confère sa respiration moderne. S'adresser à tous historicise les attentes qui le structurent, dégage les caractéristiques de sa séquence contemporaine et renouvelle de manière matérialiste l'approche théorique de cet art. Dans cet essai à l'écriture ramassée, dense, rythmée, Diane Scott reprend le flambeau de la Théorie critique en matière de culture.
-
Rocky, la revanche rêvée des Blancs
Loïc Artiaga
- Amsterdam
- Les Prairies Ordinaires
- 5 Novembre 2021
- 9782354802370
Depuis 1976, le cycle de films Rocky construit une autre histoire de l'Amérique. Un champion blanc y domine la boxe poids lourds, catégorie emblématique d'une lutte symbolique et virile. Le pugiliste défend un monde où les Blancs dominent l'art de la cogne, où les États-Unis dictent la marche mondiale des sports. L'histoire, la vraie, est bien différente.
Mais, parce que les univers médiatiques nous traversent, qu'ils induisent en nous perceptions et devenirs, l'historien doit s'en saisir pour comprendre les « grands états d'âme collectifs » qui ont « le pouvoir de transformer une mauvaise perception en une légende » (Marc Bloch). Cet essai d'histoire immersive interroge donc moins la vie d'un homme fictif qu'un fantasme collectif, en explorant les ressorts d'une illusion cinématographique, ses zones d'ombre et les intersections qu'elle construit avec la réalité.
Rocky règne sur un monde factice où les ennemis de l'Amérique conservatrice sont, le temps d'un match, battus à la régulière. Les collisions avec le réel orchestrées par Stallone en appellent de nouvelles. Ainsi le mashup, emprunté au punk et au hip-hop, est introduit ici comme modalité d'écriture et la critique interventionniste érigée en méthode. Ce dispositif permet de convoquer d'autres sources pour dialoguer avec l'imaginaire cinématographique. Le portrait du boxeur se détache alors de celui des films, et Rocky se révèle enfin pour ce qu'il est : un baromètre des frustrations sociales, des hantises raciales et des peurs viriles de son temps.