Cerf
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Heidegger - pensee de l'etre et origine de la subjectivite
Maxence Caron
- Cerf
- Nuit Surveillee
- 1 Mars 2005
- 9782204077323
Ce livre est à l'heure actuelle et tout simplement le seul ouvrage d'ensemble sur la pensée de Heidegger.
Si beaucoup tentent aujourd'hui, avec plus ou moins de bonheur, d'utiliser en sens unique l'incontournable lexique heideggerien et, même en s'en voulant les contradicteurs, présupposent ainsi en cette oeuvre puissante une unité fondamentale, la possibilité de cette unité demeure paradoxalement la paralysante zone d'ombre interdisant encore l'accès au plus grand monument de la pensée contemporaine. Tout se passe comme si la longévité de Heidegger avait suffi à le rendre classique.
Face à une pensée qui est devenue, consciemment ou non, une constante référence pour chacun, il était donc urgent de donner enfin à un auteur classique une monographie classique le concernant. Les études sur Heidegger sont fournies mais dispersées, épaisses mais éparses. Confronté à l'éclatement des recherches concernant une couvre elle-même tout à la fois monothématique et singulièrement éparse, cet ouvrage met en évidence et en couvre la cohérence qui maintient en un tout les multiples affluents du fleuve heideggerien.
Constamment tourné vers ce que l'histoire de la pensée a légué de plus essentiel, Heidegger ne cesse néanmoins d'appeler le lecteur à ce que cette immense tradition pane encore de décisif pour notre avenir.
C'est pourquoi un ouvrage qui entend restituer la cohérence de cette pensée retrace par la même occasion la totalité du chemin emprunté par la philosophie depuis son commencement, et séjourne au coeur de chacune des étapes de cette somptueuse histoire. Des présocratiques à Platon, d'Aristote à Descartes, de Kant à Nietzsche et Husserl en passant par Fichte et Hegel, cette étude regarde s'organiser l'imperturbable méditation de Heidegger d'abord dans sa confrontation avec les grandes époques de la pensée occidentale, puis dans sa teneur propre.
La parole heideggerienne est réputée difficile.
Une monographie qui entend être lisible ne peut se contenter de paraphraser la langue de l'auteur qu'elle choisit. C'est la raison pour laquelle Maxence Caron choisit - comme pour conjurer Babel et en accord avec l'esprit qui anime les oeuvres de Heidegger-de laisser la parole poétique accompagner la pensée. On croisera ainsi sur le chemin de l'explication des figures telles que celles de Mallarmé ou de Rimbaud : on lira également Supervielle, Rilke, Hugo, saint Jean de la Croix, Michaux, Claudel, Novalis, Valéry, saint John Perse, Péguy, Char, et bien entendu Hôlderlin dont la pensée heideggerienne a peut-être voulu ne devenir que la conscience.
En suivant le chemin de Heidegger, nous accédons à la dernière grande pensée de l'histoire et avançons pas à pas au côté de celui qui a éperdument voulu retrouver la " magnificence du Simple.
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La religion, qui a irrigué la culture occidentale pendant deux mille ans, perd son influence sur tous les plans. La chrétienté ne se retire pas seule, mais avec elle ses fruits sécularisés, qui constituaient une architecture signifiante. Quel est le destin de notre représentation du monde à l'orée de cet effacement ? Certains désignent le relativisme, voire le nihilisme, qui s'instaurent dans l'oubli des référents fondateurs. Ce livre veut montrer que le nihilisme n'est qu'une brève transition, que le relativisme reflète une apparence. L'époque présente atteste plutôt la réinstauration de modes d'être et de pensée comparables à ceux qui précédèrent l'Occident chrétien et à ceux qui se déploient partout hors l'Occident chrétien : des sagesses et des paganismes, déjà à l'oeuvre sous la texture déchirée de nos anciennes convictions, transcendantes ou immanentes. Ces sagesses se nourrissent de renoncement, lequel forme aujourd'hui l'essentielle disposition de notre esprit. Renoncement à la quête de la vérité, renoncement au progrès, à la royauté de l'homme, à la liberté personnelle. Les conséquences en sont, par un lent processus, le remplacement du vrai par le bien, des dogmes par des mythes, du temps fléché par un retour au temps circulaire, du monothéisme par le paganisme ou le panthéisme, de l'humanisme de liberté par un humanisme de protection, de la démocratie par le consensus, de la ferveur par le lâcher prise... C'est une métamorphose radicale, et ce renoncement est un retournement, non seulement de nos pensées, mais aussi de nos modes d'être et de nos institutions. Après une histoire de deux mille ans, sous de multiples signes réapparaît l'appel à une résignation sereine dont les hommes sans Dieu n'ont jamais cessé de rêver. -- Religion, which has nourished western culture for two thousand years, is now losing its influence in every respect. Christianity is making its retreat, but not alone; with it vanish its secularized constructions, a considerable edifice. What will our representation of the world become in the wake of this disappearance? Some say that relativism, even nihilism, have already invaded the space left by our forgotten founding references. This book shows that nihilism is brief and transitional; and relativism merely a reflection of appearances. Today's world resembles more a restoration of ways of being and thinking, comparable to those that preceded the Christian West and still thrive outside its boundaries: various forms of wisdom and paganism, transcendent or immanent, are already at work beneath the torn fabric of our former convictions. These forms of wisdom feed on renunciation, which today makes up the essential disposition of our minds. Renunciation of the quest for truth, renunciation of progress, of the kingdom of man and of personal freedom. The consequences of that renunciation are the gradual replacement of the true by the agreeable, of dogmas by myths, of horizontal time by a return to the cycle, of monotheism by paganism or pantheism, of free humanism by a protective humanism, of democracy by consensus, of fervour by abandon... The metamorphosis is radical, and this renunciation is a reversal not only of our thoughts but also of our way of living and our institutions. After two thousand years of history, the call for serene resignation, of which Godless men have always dreamed, is being heard in many forms.
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« Je suis parce que tu me regardes. » Croire, c'est voir. La vision humaine est retenue par des formes, des figures et des images. Mais elle y saisit l'essence d'une présence. Par-delà le sensible, par-delà le visible, dans l'obscurité d'un insondable mystère, l'oeil de l'esprit se tourne vers Dieu dont il rencontre le regard paternel, vigilant. Cette source de vie lui est d'abord révélée par l'image peinte d'un visage au regard omnivoyant : remarquable démonstration du pouvoir de la peinture dans la découverte de la vérité de la foi ! Unique, le regard divin concilie les opposés ; absolu, il abolit les limites de la perception humaine ; éternel, il désigne l'au-delà de la coïncidence des contraires. Par l'Unité de la Trinité, la filiation de l'homme avec Dieu consacre l'indéfectible lien de l'amour aimant et de l'amour aimé en l'ultime ravissement de l'esprit dans le Verbe divin. La voix s'accorde à l'image et le « parler » au « voir » : leur étonnante articulation ne peut qu'éclairer notre intelligence du langage et de la peinture dans leur rapport avec la croyance.
Écrit en 1453 par l'auteur de « La Docte Ignorance » (1440), « Le Tableau ou la vision de Dieu » nous communique mieux que tout autre texte la pensée incandescente d'un philosophe capable de renouveler notre regard. De nous rendre la grâce de l'étonnement.
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Le nouvel âge des pères
Chantal Delsol, Martin Steffens
- Cerf
- Nuit Surveillee
- 19 Mars 2015
- 9782204104029
C'est la culture chrétienne, née de l'Évangile, qui a reconnu la femme. C'est le monde occidental, né du christianisme, qui en a retardé l'épanouissement. S'emparant de cette contradiction, Chantal Delsol et Martin Steffens entrent en dialogue. Lisant l'histoire, ils interrogent l'avènement de l'égalité des sexes, la persistance du machisme, l'apparition du féminisme. Scrutant le présent, ils questionnent l'asservissement répété des femmes et les défis que leur libération adresse aux hommes : en face des femmes émancipées, il faut des hommes consistants. Qu'en est-il de la réinterprétation contemporaine des rôles et des fonctions de chaque genre au regard d'une philo- sophie de la personne ? L'abolition justifiée du patriarcat peut-elle se légitimer du rejet de la paternité ? N'est-il pas temps au contraire que débute un nouvel âge des pères ? Écrit à quatre mains, ce livre explore de manière décisive la crise actuelle de l'identité et de la différence. Philosophe, membre de l'Institut, Chantal Delsol poursuit une oeuvre majeure à la croisée de la philosophie et du politique. Elle est l'auteur de nombreux ouvrages dont, aux Éditions du Cerf, L'âge du renoncement (2011) et Les pierres d'angle (2014). Professeur de philosophie, Martin Steffens enseigne en classes préparatoires littéraires. Il a notamment écrit : Petit traité de la joie. Consentir à la vie (2011), Vivre ensemble la fin du monde (2012), La vie en bleue (2014).
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Que peuvent bien avoir à se dire un anti-philosophe juif orthodoxe et un philosophe catholique ? L'essentiel. Rémi Soulié, dans ce livre dense et audacieux, engage un dialogue en vérité avec Benny Lévy. Au terme d'une exposition, puis d'une discussion serrée des principales thèses de ce dernier (les origines chrétiennes de la modernité, le paulinisme, le nihilisme contemporain, l'universel, le sionisme), il le rejoint dans le combat contre l' « Empire du Rien » toujours régnant et envisage, avec Pierre Boutang et Emmanuel Lévinas, les conditions des véritables retrouvailles métaphysiques et théologiques entre Israël - comme peuple et comme État - et la France charnelle chère à Péguy.
« Pour moi, l'urgence était de "disputer" à la fois filialement et "fraternellement" avec ce maître, ligne à ligne, en espérant le retrouver sur les hauteurs - tout en sachant qu'il existe au moins deux voies pour faire l'ascension du Sinaï ou du mont Carmel (du Ventoux aussi, de la Sainte-Victoire, du Puy de Wolf, du Fuji-Yama, « del puèg que ard », de l'Olympe... Au sommet, le lieu de l'étude et/ou la contemplation). »
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Triduum philosophique ; le passeur de Gehsémani, la métamorphose de la finitude, les noces de l'agneau
Emmanuel Falque
- Cerf
- Nuit Surveillee
- 10 Avril 2015
- 9782204104050
Voici, réunies en un seul volume, trois oeuvres fondamentales de la philosophie contemporaine. Voici la lecture continue qu'Emmanuel Falque mène des trois jours de la Passion du Christ. Voici, récapitulée, l'expérience de Dieu qui est celle de l'homme. Qu'en est-il de l'épreuve de l'angoisse, de la souffrance, de la mort à laquelle conduit le vendredi saint ? Qu'en est-il de l'épreuve de la naissance et de la résurrection à laquelle ouvre le dimanche pascal ? Qu'en est-il de l'épreuve du corps et de l'éros, de l'animalité et du chaos intérieur à laquelle appelle le jeudi saint ? C'est bien Le Passeur de Gethsémani qui, en opérant la Métamorphose de la finitude, institue Les Noces de l'Agneau. Ce triduum philosophique interroge l'humain pour dire et définir les conditions de son assomption par le divin. Une oeuvre capitale dont le rayonnement international ne fait que grandir. Philosophe marquant d'aujourd'hui, Emmanuel Falque est professeur, directeur de recherche et Doyen de la Faculté de philosophie de l'Institut catholique de Paris.
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Amour du monde ; christianisme et politque chez Hannah Arendt
Albanel V
- Cerf
- Nuit Surveillee
- 16 Avril 2010
- 9782204090049
Hannah Arendt est un auteur à la mode, largement commentée en France aujourd'hui. Ses analyses sur le totalitarisme, sur la modernité ou sur la banalité du mal l'ont rendue célèbre. Ses rapports controversés au judaïsme et au sionisme sont également bien connus. Mais sait-on qu'elle fit sa thèse sur saint Augustin ? Sait-on qu'elle dressa un portrait étonnant du pape Jean XXIII, qui figure dans un recueil intitulé Vies politiques , aux côtés de Rosa Luxemburg et de Bertolt Brecht ? Sait-on qu'elle dénonça le silence du pape Pie XII durant la guerre, face au racisme et à l'antisémitisme ? Sait-on enfin que, sans envisager de se convertir, son intérêt pour le christianisme ne s'est jamais démenti ? Certes, Arendt a suivi très jeune, en parallèle à ses études de philosophie, les cours de théologie de Rudolf Bultmann et de Romano Guardini. Sa formation est donc solide. Ses analyses du christianisme surprennent pourtant, par leur acuité, leur finesse, leur audace et leur actualité. En s'appuyant sur l'enseignement de Jésus de Nazareth -; qu'elle compare d'ailleurs à Socrate -; elle procède à une vive critique des tendances antipolitiques du christianisme, tout en faisant l'éloge de ses miracles politiques : le pouvoir de pardonner qu'elle rattache directement à Jésus, le pouvoir de commencer du neuf et la natalité qu'elle relie à saint Augustin. Mais le plus étonnant est encore ailleurs : c'est son concept d' amour du monde qui permet de dévoiler toute la complexité de son rapport au christianisme, livrant un éclairage nouveau sur l'ensemble de son oeeuvre. Du souci pour la politique, qui s'impose en 1933, à l'amour du monde, choisi librement en 1955, la pensée d'Arendt ne cesse de s'élargir, dans un dialogue serré avec le christianisme. -- Hannah Arendt is esteemed in France today and her work is widely commented. Her analyses on totalitarianism, modernity or the banality of evil have made her famous. Her controversial relation with Judaism and Zionism are also well-known. But how many people know that the subject of her thesis was Saint Augustine? Or that she sketched an astonishing portrait of Pope John XXIII in Men in dark Times, a collection of writings which also features Rosa Luxemburg and Bertolt Brecht? Is it generally known that she denounced Pope Pius XII's silence in the face of racism and anti-Semitism during the war? Lastly, how many are aware of her unflagging interest in Christianity, despite the fact that she did not consider conversion? Of course when she was very young, Arendt had followed Rudolf Bultmann's theology course at the same time as her philosophy studies, so she had a sound background. Her analyses of Christianity are surprising in their sharpness, finesse, boldness and modernity. Drawing on the teaching of Jesus of Nazareth - whom she compares to Socrates - she criticizes the anti-political tendencies of Christianity, while praising its political 'miracles': the power to forgive, which she attributes directly to Jesus; the power to begin anew and 'natality', which she attributes to Saint Augustine. But the most astonishing thing lies elsewhere: it is her concept of 'love of the world' which reveals all the complexity of her rapport with Christianity and casts a new light on all her writings. From the inevitable political concerns of 1933, to a love of the world freely chosen in 1955, Arendt's thinking was constantly expanding in close dialogue with Christianity.
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La vocation prophétique de la philosophie
Anne Dufourmantelle
- Cerf
- Nuit Surveillee
- 20 Janvier 1998
- 9782204057134
Pourquoi faut-il que nous nous interrogions sans relâche ? Qu'un seul veille et le monde est sans repos, libre à nouveau de toute réponse, comme si ni l'histoire ni la mémoire n'avaient tracé les signes, multiples et réitérés au long des siècles, de nos balbutiements devant l'énigme de l'être. D'aussi loin que les textes nous parviennent, la philosophie s'est érigée contre la superstition, la croyance vaine, l'opinion. Elle a fait oeuvre de discernement en direction de la question de l'être, du monde, du sujet. Pourquoi alors défendre l'idée d'une vocation prophétique de la philosophie ? Parce qu'il y aurait à "répondre de", avant même que la réflexion philosophique puisse, comme telle, être légitime. La vocation serait l'espace de toute réponse possible. Et la philosophie, dès lors, s'inscrirait à partir de ce lieu où la réponse est toujours différée, parce qu'elle est cette ouverture radicale sur l'absolument autre qui empêche le discours de se clore sur lui-même. Quels penseurs ont anticipé notre présente détresse ? À moins que la détresse ne soit elle-même qu'un état transitoire dont il ne faudrait pas s'affliger puisque nos démocraties sont, à tout prendre, les moins barbares des sociétés de droit. Les penseurs prophétiques frayent un chemin de veille, non pour perpétuer une trace, un enseignement, mais pour risquer plus loin la question de l'humanité de l'homme.
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L'oeuvre de Paul Ricoeur se révèle comme l'un des passages obligés pour la lecture de l'Écriture aujourd'hui. Cependant, plusieurs textes clés du penseur français dans ce domaine demeuraient inaccessibles au public francophone, parce que publiés en anglais. La présente anthologie vise à combler cette lacune et à offrir pour la première fois la traduction de treize articles de Ricoeur en herméneutique biblique. Ils ont tous bénéficié de la relecture de l'auteur et certains d'entre eux fournissent un complément très utile au troisième volume des " Lectures - Aux frontières de la philosophie ", comme au chapitre consacré aux méditations bibliques dans " La Critique et la Conviction ". On y trouvera notamment l'importante contribution de Ricoeur sur les paraboles évangéliques et la spécificité du langage religieux, ainsi que quelques articles proposant une application aux narrations bibliques des recherches menées dans la trilogie " Temps et récit ".
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Ce livre ne parle pas de religion. Son but n'est pas de plaider la cause d'une quelconque confession, avec ses dogmes et ses préceptes, mais d'examiner la question de savoir s'il existe un être suprême, suffisamment distinct du monde pour qu'on puisse l'appeler " Dieu ". Il s'agit donc d'une recherche purement philosophique, appuyée sur les seules ressources de l'expérience et de la logique. Pour avancer dans cette voie, l'auteur commence par réfuter les objections les plus couramment opposées à cette entreprise (freudisme, matérialisme, kantisme), avant de développer deux types d'arguments tendant à prouver qu'il existe un Dieu : les premiers partent du constat que l'univers physique ne se suffit pas à lui-même, qu'il ne saurait donc exister sans avoir une cause transcendante ; les seconds, qui se fondent sur l'analyse des idées et des aspirations humaines, arrivent à la conclusion anti-voltairienne que " si Dieu n'existait pas, nous ne pourrions pas l'inventer ". Ces deux types d'arguments, qui furent d'abord élaborés par les philosophes de l'Antiquité et les théologiens du Moyen Age, font ici l'objet d'une reformulation rigoureuse, nourrie par les travaux des philosophes anglo-saxons contemporains. L'ambition de cet ouvrage, au-delà des preuves qu'il soumet à la discussion, est d'accréditer à nouveau l'idée que l'existence de Dieu n'est pas seulement l'objet d'une foi incommunicable, mais la conclusion au moins probable de raisonnements accessibles à tous. -- This book is not about religion. Its aim is not to defend the colours of any religious confession, with its dogma and its precepts, but to examine the question of the existence of a supreme being, sufficiently separate from the world that we can call it 'God'. Which means this is a purely philosophical reflection, based only on the resources of experience and logic. To get the ball rolling, the author begins by refuting the most frequent objections to this proposition (Freudian, Kantian, materialism), before going on to develop two types of argument that tend to prove that a God indeed exists: the first is based on the observation that the physical universe is not a cause unto itself, that it couldn't exist without a transcendent cause; the second, based on the analysis of human ideas and aspirations, arrive at the anti-Voltairian conclusion that 'if God didn't exist, we wouldn't be capable of inventing him'. These two angles of argument, which were elaborated by the philosophers of Antiquity and the theologians of the Middle Ages, have been rigorously reformulated here, and enriched by the work of contemporary English and American philosophers. The ambition of this book, beyond the evidence it offers for discussion, is to accredit once again the idea that God's existence is not just the object of an incommunicable faith, but at least a probable conclusion of reasoning that we all find accessible.
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Phénomenologie de l'intotalisable
Philippe Grosos
- Cerf
- Nuit Surveillee
- 10 Janvier 2013
- 9782204097840
Face à une logique de système qui entend ressaisir le sens de ce qui est en le totalisant, l'existant fait l'épreuve délicate d'une réalité qui toujours lui échappe, qui n'est jamais ce qu'il attend qu'elle soit, qui ne cesse de contredire toute espérance de maîtrise. Or, penser cette réalité signifie précisément renoncer à l'exigence philosophique de système, selon laquelle nous pourrions clôturer la signification des êtres, des choses comme des événements. Mais il ne s'agit nullement de renoncer à la philosophie, et cela ne nous voue pas davantage à l'absurdité ou au tragique supposé du monde. D'une tout autre façon, il nous faut accéder à un type de rationalité dont la vocation n'est pas de totaliser le sens, mais de décrire ce qui est comme ce avec quoi l'on ne peut jamais en avoir fini. Telle est la vocation originaire de la phénoménologie, qui n'est pas de transformer en thème chaque phénomène qu'elle aborde, mais à l'inverse de le décrire dans la façon qu'il a de nous apparaître. -- Confronted with a systemic logic that aims to grasp the meaning of what exists by totalising it, the existing must face the delicate challenge of a reality that forever eludes it, is never what it assumes it to be, and incessantly thwarts all attempts to master it. Yet, thinking this reality involves abandoning the philosophical demand for system, which might enable us to define the meaning of beings and things, as well as events. But in no way does this mean renouncing philosophy; neither does it doom us to absurdity or to our world's supposed tragedy. In quite another way, we must access a form of rationality whose vocation is not to totalise meaning, but describe that which is as something we can never stop defining. Such is the original vocation of phenomenology, which is not to transform every phenomenon we encounter into a theme, but, on the contrary, to describe it as it appears to us.
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La médiation chrétienne en question ; les jeux de Léviathan
Bernard Bourdin
- Cerf
- Nuit Surveillee
- 4 Juin 2009
- 9782204088251
Le problème théologico-politique est depuis ces dernières années abondamment traité à la faveur des oeuvres de Carl Schmitt et, plus largement, des débats relatifs à la place des religions dans l'espace public et politique. De là une inflation de l'expression " Théologie politique " sans jamais rigoureusement préciser à quelle théologie et à quelle tradition religieuse renvoie cette expression. Ce manque de précision vaut à l'intérieur même du christianisme. S'il existe un phénomène théologico-politique chrétien, celui-ci n'en est pas moins polysémique en raison de ses périodisations historiques et de la pluralité de ses traditions ecclésiales. Cet ouvrage entend articuler l'originalité du théologico-politique chrétien dans sa globalité à ses différentes composantes, tout en dégageant des concepts spécifiquement chrétiens. Au nombre de ceux-ci, celui de médiation occupe une place centrale, à commencer par ceux de médiation du Christ et de l'Église. Mais l'ouvrage vise aussi à démontrer que la médiation chrétienne, dans ses conséquences théologico-politiques, a eu une signification décisive dans la genèse de la modernité séculière avec l'avènement de l'État et de l'État libéral. On ne saurait donc faire l'économie d'une interprétation théologico-politique de la constitution autonome/séculière des sociétés européennes et occidentales comme l'attestent les philosophies politiques de l'Âge classique. -- The theologico-political problematic has been abundantly treated over the past few years thanks to the works of Carl Schmitt and, more widely, debates about the role of religions in public life and politics. So we have become familiar with the expression 'Political theology' without having a precise definition of the theology and the religious tradition it refers to. This lack of precision is also present within Christianity. If a Christian theologico-political phenomenon indeed exists, it is polysemous in nature because of historical periodization and the plurality of ecclesial traditions. This work explores the originality of Christian the theologico-political problematic in its ensemble as well as its different components, while identifying those concepts that are specifically Christian. Among them, that of mediation is central; beginning with the mediation of Christ and the Church. But this book also aims to show that the theologico-political consequences of Christian mediation have been decisive in the genesis of modern secularity, with the advent of the State and the Liberal State. So a theologico-political interpretation of the autonomous/secular constitution of Western and European societies is indispensible, as the political philosophies of the Classic Age show.
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Comment penser la Promesse faite par Dieu à Abraham qu'il deviendrait une " grande nation ", source de " bénédictions pour toutes les familles de la terre " (Gn 12,2), au coeur d'une histoire où seule compte la lutte pour la puissance et la reconnaissance ? L'Exil durable d'Israël signifie, pour beaucoup, une épreuve de patience et un retrait de l'histoire jusqu'au retour à Sion qui attestera la pérennité de la Promesse. Pourtant l'histoire promise à Israël ne doit-elle pas se penser autrement ? Comme une veille sur l'impératif de sainteté qui juge les conquêtes de l'histoire profane, dans une lecture interrompue du Livre. Mais la sainteté doit-elle alors se passer de gloire et risquer, à chaque instant, la passion ? Et comment espérer une rédemption vouée à réparer la chaîne des générations en ses maillons brisés par une histoire sans sainteté ? Une eschatologie pensée comme intrusion de l'éternité dans l'histoire, dès maintenant, suffit-elle à la transfiguration du devenir et à la venue du visage humain ?
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Le thème de l'histoire se présente comme un défi : penseur du face-à-face dont l'impératif retentit dans l'immémorial, Lévinas peut-il susciter une réflexion sur l'histoire et nourrir un engagement dans l'histoire ? Pour répondre à ce défi, diverses questions s'entrecroisent dans ce recueil, aux confins de la philosophie, de la théologie, de l'histoire, des sciences humaines, sociales et politiques.
Quelles histoires sont aux sources de la pensée de Lévinas ? Quelle pensée nous livre le philosophe aux prises avec l'histoire, celle de la Shoah, celle de la guerre et de la paix, celle de la genèse de l'Etat ou de la justice sociale ? Un événement peut-il faire date au point de rendre caduques les pensées antérieures et d'enseigner une éthique inouïe ? Comment comprendre, malgré leur violence, la nécessité des médiations institutionnelles de l'éthique ? Comment l'éthique peut-elle investir le politique, l'économie ou les sciences biomédicales ? Comment appréhender le " décalage horaire " entre l'histoire et l'histoire " sainte " et cependant " laïque " -, pourtant appelées à se croiser ? La sainteté a-t-elle sa place dans une société pluraliste caractérisée par un libéralisme politique ? Comment apprécier les positions de Lévinas à l'égard du sionisme, des droits de l'homme ou de la République française ? La responsabilité doit-elle se substituer à l'espérance dans l'histoire.
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Né en 1892 à Berlin et mort en 1940 à la frontière franco-espagnole (Port-Bou), Walter Benjamin a toujours erré " aux confins des doctrines qui se combattent, dans les lisières entre histoire, sociologie, esthétique et théologie " (H. Bianciotti). Ami de Scholem et de Brecht, accueilli par G. Bataille et P. Missac à Paris, dont il voulait écrire l'histoire comme " capitale du XIXe siècle ", qualifié de " rabbin marxiste " et de " matérialiste messianique " à cause de son approche nouvelle de l'expérience historique, il reste encore à découvrir. Essais sur son oeuvre et traductions de ses écrits se multiplient. Mais il manquait une biographie qui retraçât l'histoire de cette vie mouvementée et introduisît à l'évolution de sa pensée, depuis ses études sur la tragédie et le théâtre baroque jusqu'aux questions touchant " l'oeuvre d'art à l'ère de sa reproductibilité technique ", " la photographie ", la littérature, l'architecture des villes (les " passages " de Paris), et surtout le langage, la mystique et la philosophie de l'histoire.
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Les textes de ce recueil, paru pour la première fois en Allemagne en 1956, traitent de sujets variés mais ont en commun de proposer une lecture théologique du monde.
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La publication en mars 1909 du recueil d'articles Vekhi -Jalons - fit l'effet d'une bombe en Russie.
Vekhi devint immédiatement un best-seller. L'initiative du recueil revenait à l'historien de la littérature Mikhail Guershenzon qui, à dessein, n'avait montré à aucun des auteurs les articles des six autres contributeurs avant la publication. La presse progressiste se déchaîna contre les sept signataires. Bien que Pavel Milioukov, le chef du parti constitutionnel démocrate, eût donné une série de conférences dans lesquelles il se démarquait des thèses de Vekhi, Lénine se frottait les mains : enfin les libéraux russes, ces " renégats ", avaient jeté le masque et révélé au grand jour leur nature profondément réactionnaire.
L'opinion était choquée par le propos de l'ouvrage, mais surtout par les noms figurant sous les articles iconoclastes. En effet, les auteurs de Vekhi avaient été des personnalités en vue de l'intelligentsia radicale dont le procès était fait tout au long des pages de ce brûlot. En 1918, les mêmes auteurs dénonceront vigoureusement le bolchevisme dans un recueil intitulé De profundis, qui paraîtra en 1921.
Ils seront expulsés par Lénine en 1922 ou partiront en exil. Jamais encore traduits en français, les articles de Jalons exposent, sous les plumes russes les plus prestigieuses, cette thèse éclatante : la révolution a été l'enfant de l'intelligentsia et, en même temps, son miroir implacable.
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Montalembert et ses contemporains
Jean-noël Dumont
- Cerf
- Nuit Surveillee
- 23 Février 2012
- 9782204096614
Que peut encore enseigner à nos contemporains un homme du XIXe siècle ? Orateur admiré, romantique, audacieux, Charles de Montalembert (1810-1870) fut de tous les combats qui ont façonné son époque. Observant, non sans colère, l'affaiblissement de la présence catholique dans le débat public, il a été de ceux dont la voix porta. Commémorer le bicentenaire de la naissance de Montalembert est l'occasion de saisir toute l'actualité de ses luttes. En évoquant certaines de ses rencontres et de ses amitiés, le colloque de La Roche-en-Brenil, sur les lieux où Montalembert vécut, a permis de retrouver la dimension universelle des questions posées par cet homme libre, tout en se tournant vers des grandes figures de ce siècle où naquirent bien des grands principes qui régissent encore la société contemporaine. -- What can a man of the 19th century still teach us today? A much admired orator, romantic and audacious, Charles de Montalembert (1810-1870) was involved in all the struggles that shaped his times. Angered by the weakening of Catholicism in public debate, he was one of those who made his voice heard. The bicentenary of Montalembert's birth is an ideal opportunity to reflect on the pertinence of those struggles today. By evoking some of his meetings and friendships, the conference at La Roche-en-Brenil, where Montalembert lived, has made us aware of the universal dimension of the questions posed by this free man, while turning towards the great figures of a century that produced many major principles that still govern contemporary society.
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À l'époque de la globalisation financière, de l'économie-reine et de leur joug, tout est considéré désormais sous l'angle de la rentabilité. Tout tourne autour de l'argent et du mystérieux pouvoir de possession qu'il suggère. Fascinés par l'argent, nous ignorons presque tout de la monnaie. Nous nous contentons d'y voir une marchandise, négligeant ainsi sa vraie nature, refusant même de la questionner.
Et si la monnaie était d'abord et avant tout une institution ? Et si, oeuvre de l'homme, elle l'obligeait à se rapporter à quelque chose qui échappe de façon secrète à sa volonté de contrôle ? Et si l'énigme qui fonde la monnaie était, en raison même de sa négation, la cause profonde des crises qui à intervalles toujours plus réduits bouleversent nos sociétés ?
Dans un parcours passionnant qui traverse les disciplines et les époques, Massimo Amato orchestre un débat inédit où Aristote se révèle être le maître caché des plus grands économistes contemporains, où le code justinien ressort comme un précurseur de la cybernétique des marchés et où la critique franciscaine de l'usure découvre toute son influence sur les fondateurs du libéralisme.
Un voyage qui remonte jusqu'aux origines du capitalisme planétaire, non pour résoudre définitivement cette énigme, mais pour chercher à la penser, promouvant ainsi une pratique plus digne du principe de l'économie.
Un ouvrage époustouflant et un livre-manifeste, à la croisée d'Umberto Eco et de Jeremy Rifkin.
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L'inconcevable ; introduction ontologique à la philosophie de la religion
Franck Simon L
- Cerf
- Nuit Surveillee
- 29 Novembre 2007
- 9782204084222
" L'Inconcevable " - littéralement " L'Inattingible ", paru en 1939 en France, à la veille de la guerre - peut être considéré comme le point d'orgue d'une entreprise philosophique ambitieuse et inlassable qui, à partir d'une critique des insuffisances de la philosophie moderne, trop préoccupée par les seuls pouvoirs du sujet humain, s'est vouée à en faire bouger les lignes en dévoilant la présence en ce même sujet de l'exigence ontologique, discernable dans les profondeurs multiformes du réel qui s'offre à lui tout comme dans l'appel irrécusable du surréel (du religieux), seul capable de combler l'homme, même si cet appel et l'ouverture qu'il induit échappent aux prises du concept. Un tel parcours reprend l'intention de la " philosophie première ", en puisant aux sources du platonisme revisité par Nicolas de Cues, dans un dialogue tendu, mais loyal, avec la philosophie allemande héritée de Kant. Projet dérangeant, voire provocant : gage de sa radicalité problématique et sans concession.