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Creaphis
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En 1968, un barrage est construit dans le resserrement d'une vallée, noyant 700 hectares. De nombreux habitants doivent quitter leur terre. Antoine Picard a enquêté auprès des habitants et des spécialistes de la vallée du Salagou. Son récit documentaire fragmentaire où toutes ces paroles et empreintes visuelles cohabitent dessine la complexité du territoire et de son histoire.
Le ruisseau serpente au milieu de la ruffe, une roche sédimentaire rouge, au coeur d'un territoire très sec. La viticulture domine. Dans les années 1950, les pouvoirs publics préconisent d'arracher les vignes et de planter des vergers. Ils anticipent la nécessité de créer un réservoir d'eau pour l'irrigation des fruitiers prometteurs.
En 1968, le barrage est construit et le site est mis en eau. De nombreux habitants quittent leur terre mais la montée des eaux n'atteindra finalement jamais le niveau prévu. Le village a été évacué pour rien. Dans les années qui suivent, les maisons sont pillées, tombent en ruine. Des grillages protecteurs assurent la sécurité du site. D'anciens habitants luttent. Ils veulent que leur village revive. Ils restent mobilisés durant cinquante ans. En 2019, trois nouvelles familles s'installent. Le hameau, proche du barrage, aurait lui aussi dû être inondé. Il n'a pas eu la même chance : il est rasé, à l'aube, un matin de 1986.
Pendant trois années, Antoine Picard a enquêté auprès des spécialistes (géologue, botaniste, biologiste, pêcheur, plongeur, agriculteur...) et des habitants (nouveaux arrivants et autochtones) de la vallée du Salagou. Il a développé un récit documentaire fragmentaire où toutes ces paroles et empreintes visuelles cohabitent pour dessiner la complexité du territoire et de son histoire. Il s'est inspiré de faits réels et situés, pour atteindre une dimension universelle qui résonne en chacun de nous, faisant référence à nos histoires familiales, à leur enfouissement dans nos mémoires, et paradoxalement à leur présence toujours saillante. Le paysage devient la métaphore des transformations intérieures, des secrets et des transmissions inconscientes. -
Demandez le programme ! : Une histoire du cinéma (1894-1930) par les programmes des lieux de project
Laurent Mannoni
- Creaphis
- Foto Creaphis
- 4 Janvier 2024
- 9782354282011
Comment le cinéma muet était-il vu, en son temps ? Avec cet ouvrage, l'étude de l'expérience des spectateurs s'enrichit d'une analyse détaillée des programmes de cinéma, dans leur contenu et dans leur matérialité. Des feuilles imprimées les plus modestes aux merveilleux livrets du Gaumont-Palace, ces documents témoignent de la culture matérielle de l'époque (1894-1930).
Comment le cinéma muet était-il vu, en son temps ?
Avec cet ouvrage, l'étude de l'expérience des spectateurs s'enrichit d'une analyse détaillée des programmes de cinéma, dans leur contenu et dans leur matérialité. Des feuilles imprimées les plus modestes aux merveilleux livrets en couleurs du Gaumont-Palace, de l'affichette foraine à la brochure de style Art déco, ces documents témoignent de la culture matérielle de l'époque (1894-1930).
Au croisement des arts visuels et des techniques publicitaires, ils reflètent l'extraordinaire variété du cinéma des premiers temps, tenu pour un spectacle vivant, une " attraction ". Les projections, avec leurs accompagnements musicaux, prenaient place en ville ou au dehors des centres urbains. Outre les salles des quartiers populaires ou bourgeois, les programmes évoquent d'autres intérieurs : baraque foraine, café-concert, music-hall, salle de théâtre. Ces sources d'une exceptionnelle qualité, jusqu'ici peu étudiées, font apparaître en creux le public de l'époque du muet, ses sensations et ses émotions, individuelles et collectives.
SOMMAIRE
Rencontre entre Jean-Jacques Meusy et Laurent Véray
Retour aux sources
Laurent Mannoni
Essai de typologie des programmes de cinéma, 1896-1930
laurent guido - Du music-hall au cinéma, le programme comme modèle spectaculaire
Jean-Marc Leveratto, Fabrice Montebello, Pierre Stotzky
Le café et la mise en forme du loisir cinématographique dans la France de la Belle Époque
Francesca Bozzano
Pierre Sarrus et les tournées du Ciné-Phono-Scène dans le Sud-Ouest de la France durant les années 1910-1920
Martin Barnier
Les sons du cinéma muet à travers les programmes. Des séances de forains jusqu'aux salles spécialisées
Laurent le Forestier
Marchés et modes de consommation des films en France : considérations méthodologiques
Laurent Véray
Montrer des films en 1915-1918. Études de deux séries de programmes caractéristiques du spectacle cinématographique de la période
Emmanuelle Champomier
Les programmes des salles de cinéma dans la presse française des origines à la fin des années 1920
François de la Bretèque
Loin de Paris : les programmes dans la presse quotidienne régionale et les hebdomadaires locaux de l'Hérault entre 1908 et 1920
Annie Fee
L'évolution artistique du cinéma à travers les programmes et les cartons d'invitation des années 1920
Carole Aurouet
La " revue-programme " du Studio 28 : une archive de salle et un manifeste surréaliste pyrogène
Maurice Gianati
Un ciné-club d'avant-garde dans les années 1930 : les Amis de l'Art cinématographique de Liège -
Le cimetière juif de Thessalonique
Martin Barzilai
- Creaphis
- Foto Creaphis
- 19 Octobre 2023
- 9782354282035
En 1942, les Allemands exproprient le cimetière juif de Thessalonique, alors le plus important d'Europe. Les pierres tombales seront utilisées comme matériel de construction dans la ville, par les Allemands puis par les Grecs. Le photographe Martin Barzilai est parti à la recherche de ces fragments de tombes disséminés en menant l'enquête autour de cette mémoire fantôme.
À la suite de la Reconquista, Isabelle la Catholique expulse les juifs d'Espagne en 1492. Ils sont accueillis dans l'Empire ottoman, en particulier dans les Balkans et à Salonique. Ils représentent, au xviie siècle, la moitié de la population et, jusque dans les années 1920, sont majoritaires face aux communautés grecque et turque. Dans ce contexte, les juifs de Salonique conservent leur langue : le judéo-espagnol ou ladino.
Le cimetière juif de Thessalonique est alors le plus important d'Europe. On estime qu'il contenait environ 300 000 tombes. Une grande partie des inscriptions en caractères hébraïques sur ces stèles ont un sens en ladino et non en hébreu, ce qui les rend difficilement déchiffrables de nos jours.
En 1942, alors qu'ils tiennent la ville depuis un an, les Allemands exproprient le cimetière en échange de la libération de 6 000 travailleurs prisonniers juifs, contraints aux travaux forcés. Les pierres tombales seront utilisées comme matériel de construction, par les Allemands puis par les Grecs, notamment pour l'enceinte de la nouvelle gare ferroviaire et dans un grand nombre d'autres chantiers. Aujourd'hui, on les retrouve à travers toute la ville et au-delà.
À cet effacement culturel, s'ajoute la destruction physique de la communauté. En effet, c'est à partir de février 1943, que furent appliquées les lois de Nuremberg imposant le port de l'étoile jaune et les restrictions de circulation. Les déportations eurent lieu entre mars et août 1943. Environ 54 000 juifs de Thessalonique furent exterminés, soit 96% de la population juive de la ville. Seule la communauté polonaise connut un taux d'extermination plus important. La plupart des juifs saloniciens furent gazés dans le camp d'Auschwitz Birkenau.
Le photographe Martin Barzilai s'est rendu à plusieurs reprises à Thessalonique depuis 2018, à la recherche de ces fragments de tombes disséminés dans la ville, de ce qui a été rendu invisible, ces traces qui ont résisté au temps. De cette enquête il en a aussi tiré un journal et des entretiens avec des personnes concernées par cette mémoire fantôme.
Deux historiennes interviennent en contrepoint pour éclairer cette histoire : Kate?ina Kralova et Annette Becker.
Quelles sont les traces de ce passé dans la ville et dans les mémoires ? Comment se manifeste cette présence fantomatique qui articule, dans un même lieu, présence et disparition ? Comment est-elle perçue par les habitants ? -
Oilean Arann : une ile faite main
Beatrix Von Conta, Olivier Gaudin
- Creaphis
- Foto Creaphis
- 28 Novembre 2022
- 9782354281939
Si L'Homme d'Aran (1934) de Robert J. Flaherty a rendu mondialement célèbre la puissance d'évocation de ces paysages, Aran prête autant à l'étude scientifique et à la rêverie poétique qu'à la méditation philosophique : ses surfaces témoignent d'une domestication du monde, d'un man's land précaire, à jamais provisoire.
L'archipel d'Aran, dans la baie de Galway en Irlande, est un bout du monde occidental surexposé aux éléments. L'érosion a restreint la formation naturelle d'un sol fertile sur ces îles calcaires : leurs habitants ont dû créer de minces parcelles cultivables, délimitées par des milliers de murets de pierre sèche assemblés par gravité. Par un harassant effort collectif, à la seule force de l'énergie musculaire, humaine et animale, et avec très peu d'outils. Ce plateau de maillage de pierres est bordé par de hautes falaises. Le pourtour est ponctué d'énigmatiques « forts » d'architecture préchrétienne.
La photographe Beatrix von Conta a fait le voyage d'Aran en 2019. Elle y a poursuivi son travail au long cours sur des « paysages contradictoires », scrutant la permanence des traces du passé, relevant les signes de résistance et de ruptures inscrits dans les surfaces matérielles. Attentive aux transformations des lieux dans la durée historique, la série se confronte à la mémoire diffuse et involontaire du travail humain, omniprésente, sur cette « île faite main ». Ce livre poursuit le « questionnement sans jugement » de la photographe dans un rapport complexe à une réalité où se mêlent herbe, pierre, air et eau. Le paysage est aussi pour elle une fiction que l'image photographique rend possible. Une réalité nouvelle, offerte par le cadrage et le point de vue.
Ces pierres assemblées dans un apparent déséquilibre, auto-bloquées sans liant ni joints, sont autant des obstacles visuels que des voies de franchissement du pas et du regard. Qu'est-ce qui émeut tant dans ses photographies, et de quelle beauté s'agit-il ? Que révèlent ces paysages fabriqués de main d'homme, témoins d'une histoire ancestrale qui interroge notre relation complexe à la terre ?
En parallèle du parcours visuel, le philosophe Olivier Gaudin interroge la lente formation du territoire d'Aran, de sa géologie à ses architectures et à ses paysages. La pierre calcaire sombre se retrouve dans toutes les constructions anciennes, sans exception - habitations, églises, tours de guet, phares. Les formes des paysages sont issues d'une très longue hybridation des activités humaines avec les processus spontanés appelés aujourd'hui « naturels », mais que l'on associait tout aussi volontiers, par le passé, aux intentions de puissances autrement sauvages.
Les éditions Créaphis poursuivent avec ce livre une réflexion sur les caractères des paysages et leurs potentialités de résistance face aux menaces qui les environnent. Ce livre est un « vrai faux » guide de voyage nécessaire autant aux futurs arpenteurs qu'à ceux déjà amoureux de l'île, grâce à ces regards d'auteurs à hauteur d'oeil et pas à pas. -
Jardin de l'ombre / An almost nothing
François Sagnes, Philippe Bonnin
- Creaphis
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- 11 Janvier 2024
- 9782354281991
" Réflexion sur le monde et sur la vie pour laquelle ni les pensées sur la ruine issues du XVIIIe siècle, ni celles d'une mélancolie issue du romantisme, ni les fascinations aujourd'hui en vogue pour les espaces délaissés, les friches industrielles, les végétalisations d'adventices, ni les notions de résilience ne paraissent aptes à nous donner des outils d'analyse pertinents, et me semblent pour le moins inopérantes s'agissant de cette base sous-marine. Alors quoi ?
Au fond, la photographie comme récolte ni fabrique d'images ne m'importe pas vraiment. Ce qui active ma pratique de la photographie, c'est juste de pouvoir poser des questionnements sur notre vue des choses par un certain cheminement dans l'espace, une certaine qualité de la lumière, une pierre, une herbe, une strie.
Images de réflexion. "
F. S.
Jardin de l'ombre est une suite de quatre-vingt-seize photographies sur l'espace du dessus de la toiture de la base sous-marine de Bordeaux. Les prises de vues en ont été réalisées de mai 2008 à juin 2009, à la chambre sur trépied. L'ensemble de cette série est composé en cinq parties, I à V, selon des choix déterminés d'axes de vue diversifiés, de la perspective des travées à la frontalité aux murs, ainsi que selon des distances du regard qui dictent les cadrages. Les tirages originaux, réalisés en argentique par l'auteur, ont pour dimensions selon les sous-séries : I et II : 16 x 22 cm ; III : 23,7 x 33 cm ; IV : 24 x 20 cm et V : 20 x 24 cm. Le livre reproduit cinquante-deux photographies de l'ensemble. -
Les coupes ; portrait d'une exploitation agricole familiale
Marie-Hélène Lafon, Muriel Martin, Philippe Bazin
- Creaphis
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- 14 Décembre 2017
- 9782354281281
Le mot « coupes » revêt toutes sortes de sens dans plusieurs domaines du monde industriel et de la vie quotidienne ; la coiffure, la couture, mais aussi le cinéma, l'architecture, la photographie... à la campagne, il évoque aussi bien l'essartage que les moissons, le bois comme le foin ou les céréales. Ainsi, la ferme du lieu-dit « Les Coupes de Pouligny » (Montigny-sur-Canne, dans la Nièvre), trouve facilement son origine. Coupe est enfin le nom d'une constellation : c'est de cette constellation paysanne et agricole d'aujourd'hui qu'il est question dans cet ouvrage, celle de la famille Martin.
L'ouvrage documente la vie quotidienne de cette famille d'agriculteurs français en 2015, partagés entre monde moderne conditionné par la technologie et tradition de longue durée. Les machines sont partout, mais on « soigne » et on tue encore les animaux selon des gestes appris et acquis de longue date. Cette transmission se poursuit même si elle est menacée de disparition. Les gestes et le corps des humains sont en harmonie avec le corps des bêtes. Ces mouvements s'inscrivent dans un espace et un temps de travail et de vie. Ils sont d'une grande beauté dont témoignent les photographies.
Le livre, conçu à l'initiative du photographe Philippe Bazin (avec la complicité de la philosophe Christiane Vollaire), est le résultat d'une approche à la fois photographique, ethnologique et littéraire d'un lieu unique, une exploitation agricole familiale (élevage et cultures) en Bourgogne. Il relève à la fois d'une enquête dont le dispositif laisse la place à la prise de parole et d'un travail photographique documentaire.
A la suite de la présentation des images sur place, Muriel Martin, fille aînée de la famille, a écrit de manière spontanée un texte. Il s'agit de son premier écrit publié, qui se situe entre témoignage et engagement et contient une indéniable dimension sociologique et littéraire. C'est l'expression d'une voix qui vient du terrain, de ceux qui, habituellement, ne prennent pas la parole.
L'autre texte, en ouverture du livre, est un inédit de la romancière Marie-Hélène Lafon qui, ayant séjourné dans ce lieu, propose une « entrée » dans ce corps de ferme.
L'ouvrage installe un lien sensible entre paroles et images, sans rien perdre de la rigueur éthique et esthétique des travaux de Philippe Bazin. Il constitue une monographie exemplaire de ce micro monde de la vie rurale, qui fait écho à d'autres portraits d'exploitation agricole comme la ferme du Garet de Raymond Depardon.
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Au rendez-vous des robins : vie d'un bistrot de campagne
Emilie Hautier, Pascal Dibie
- Creaphis
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- 8 Décembre 2022
- 9782354281885
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Le milieu de nulle part
Philippe Bazin, Christiane Vollaire
- Creaphis
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- 25 Octobre 2012
- 9782354280666
Le Milieu de nulle part est issu du travail commun fait, durant l'été 2008, par la philosophe Christiane Vollaire et le photographe Philippe Bazin dans dix-huit centres d'hébergement ou de rétention de réfugiés essentiellement tchétchènes en Pologne.
Ce travail articule les exigences esthétiques et politiques de la photographie documentaire (la série Antichambres) aux exigences réflexives et relationnelles de la philosophie de terrain.
Un livre pour affronter la violence et la question du droit Le texte est nourri des entretiens menés avec des demandeurs d'asile de tous âges et de toutes conditions. Ils disent quels dangers, quelles violences, quelle impossibilité de vivre sur leur territoire d'origine, les a poussés à la fuite, hors d'un pays devenu un Etat de non-droit, livré à des puissances maffieuses plus violentes encore que les systèmes féodaux qui les ont précédées : rackets, enlèvements, trafics d'organes ou d'êtres humains en sont le lot quotidien.
Mais ils disent aussi, sur le pays d' " accueil ", tout ce qui transforme le séjour en une véritable course d'obstacles, un nouveau parcours du combattant. Ce parcours n'est pas seulement hérissé de barbelés physiques, mais d'obstacles symboliques, dressés par des textes juridiques absurdes, iniques, en mutation permanente, impossibles à comprendre et à maîtriser.
Un livre pour entendre des réfugiés qui pensent leur devenir politique Ce livre ne veut en aucun cas offrir les réfugiés à la représentation victimaire dont ils sont trop souvent l'objet, au traitement humanitaire auquel on réduit trop souvent les exigences du droit. Pas plus qu'il ne veut réduire leur parole à celle d'un " témoignage " brut destiné à devenir pour d'autres un matériau de réflexion. Les personnes interrogées, quel que soit leur milieu d'origine, sont d'abord des sujets qui pensent leur propre histoire, la réfléchissent, et réfléchissent à travers elle une histoire qui est au-delà de la leur, et dans laquelle ils ont pleinement conscience de s'inscrire : celle du droit, celle d'un devenir politique.
Un livre pour articuler philosophie et photographie Aux trois moments du texte (passé, présent, futur) répondent trois moments photographiques : celui des chambres où sont regroupées les familles, réservant à chacune ce minimum d'intimité que traduit, dans la précarité des lieux, tel choix décoratif, telle disposition des couleurs ; celui des salles communes, où l'intimité n'est plus préservée que par la verticalité des couvertures tendues ; celui enfin des lieux de rétention, univers totalement standardisé de la géométrie carcérale.
L'esthétique radicale de la photographie documentaire vient donc ici scander en contrepoint la dynamique du texte. Ceux à qui la parole est donnée dans le texte n'apparaissent à aucun moment dans les images, qui ne présentent que les lieux. Et là où le texte opère une remontée du passé vers le futur, les images opèrent en résonance une descente des espaces encore relativement libres à ceux de l'incarcération.
Mais le texte et les images sont animés d'une force identique, communiquée au photographe comme à la philosophe par ceux qu'ils ont rencontrés, et dont ils se sont nourris pour élaborer ce travail en commun : l'exigence documentaire, comme l'exigence philosophique, dans leur volonté de dire et de montrer, affirment, aussi loin des mensonges d'une prétendue " neutralité ", que des naïvetés d'un apitoiement émotionnel, la puissance vivifiante de la colère.
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Cadets coulisses
Frédéric Helleux, Sylvain Demange
- Creaphis
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- 5 Octobre 2017
- 9782354281250
Dans cette suite en noir et blanc, Sylvain Demange explore les coulisses du plus grand cirque amateur de France, le Cadets' Circus, créé en 1927 à Étréchy (Essonne). Derrière le rideau, le photographe a choisi l'envers du décor pour saisir l'intimité et le quotidien des entraînements et des répétitions jusqu'à la tension qui précède le spectacle. Les images donnent à voir, de la salle au chapiteau, la volonté au sein de cette « école de la vie » de partager, d'apprendre et de transmettre. Le livre documente par un point de vue d'auteur une pratique amateur largement partagée dans la société.
Dès que le mot « cirque » est prononcé les images affluent. Trapèze et funambule, clowns et dompteurs, magiciens et phénomènes... Souvenirs teintés de mélancolie où se mêlent larmes et fous rires, admiration et ébahissements, illusions et doutes.
La force de l'amateur tient à sa disponibilité, à son bénévolat, à son aptitude à inventer le quotidien. La planète amateur - à l'abri des regards et encore peu explorée - est habitée par des détenteurs de savoirs et de créations de toutes sortes. Leurs productions et les passions qui les animent prennent souvent à contrepied le terme péjoratif d'amateurisme. Production technique, sociale et culturelle, les faits amateurs sont toujours construits d'un savant mélange d'expérience et d'expertise. Entre sport, art et loisir, une école de cirque amateur est un terrain privilégié d'observation.
S'agissant du Cadets' Circus, l'émotion que procurent les moments du spectacle où le tour de force, l'illusion et la magie sont souverains est à la mesure de l'exigence, de la persévérance et de la volonté d'une communauté qui n'a d'autre ambition que de partager en toute convivialité le goût de la piste et des étoiles.
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Surtsey ; la forme d'une île
Vanessa Doutreleau, Hervé Jézéquel
- Creaphis
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- 27 Février 2020
- 9782354281595
Surtsey est une île volcanique créée par des éruptions qui ont eu lieu de 1963 à 1967, située à environ 32 km au sud de la côte islandaise. Cet événement géo-volcanique révèle la personnalité géo-morphologique de l'Islande, située au milieu de l'Atlantique nord entre Europe et Amérique sur une sorte de charnière dorsale des plaques tectoniques. Plus de 100 volcans et des failles d'éruption sont actifs dans cette zone ce qui provoque des phénomènes bien connus comme les sources thermales et les geysers (mot issu de la langue islandaise).
Protégée dès sa naissance par un consensus international et par le gouvernement, Surtsey fournit au monde un laboratoire naturel remarquable. Libre de toute présence humaine, Surtsey est un lieu unique qui permet une observation continue : la colonisation d'une nouvelle terre par la vie végétale et animale. Elle est classée au Patrimoine mondial de l'Unesco en 2008. Elle est interdite à l'homme depuis 1964, à l'exception des quelques expéditions annuelles conduites par les géologues, ornithologues, botanistes ou entomologistes :
Les scientifiques ont vu l'arrivée de graines transportées par les courants marins puis par des oiseaux nicheurs, l'apparition de moisissures, de bactéries et de champignons. A suivi, en 1965, une première plante vasculaire, bientôt rejointe par d'autres. Dix espèces se sont établies pendant la première décennie. En 2004, on en dénombrait 60, avec 75 bryophytes, 71 lichens et 24 champignons. On a répertorié à ce jour 89 espèces d'oiseaux à Surtsey, dont 57 se reproduisent aussi ailleurs en Islande. Les 141 ha de l'île servent également d'habitat à 335 espèces d'invertébrés.
Depuis sa naissance, l'île Surtsey ne cesse de rétrécir, rongée par l'océan et les vents violents qui balaient ces régions de l'Atlantique nord. Sa superficie est passée de 2,65 km2 à 1,41 km2. Sa hauteur maximale est de 173 mètres d'altitude.
Le livre est une enquête passionnante sur cette histoire en train de se faire. Nous suivons pas à pas l'anthropologue et le photographe. Les auteurs questionnent la forme d'une île et sa capacité à produire un imaginaire en relation avec un légendaire historique et littéraire en partie « localiste » (le légendaire des « sagas islandaises » et un imaginaire scientifique et environnemental universel au coeur d'une actualité de la planète).
Le livre Surtsey, la forme d'une île joue donc sur ces deux tableaux (avec le double sens du terme « création ») et mêle autant les récits de l'île, réels et imaginaires, que les regards scientifiques et esthétiques d'un lieu interdit aux humains. Le livre invite ainsi à une rêverie sur les lieux inhabités où l'évolution d'une terre en formation peut se lire à la fois sur le terrain (en court séjour) et en laboratoire pour l'examen, la description et l'analyse des données collectées.
Au-delà de la dimension profondément poétique de l'île, il s'agit ainsi pour les auteurs de cerner la dimension humaine et sensible d'un lieu sanctuarisé, érigé en laboratoire de la création. L'histoire humaine de ce lieu n'a jamais été écrite ni même pensée, puisqu'il s'agit d'un lieu inhabité. Pourtant, une ethnographie de l'inhabité est possible du fait tant des usages scientifiques que profanes, que des représentations portées sur l'île par les Islandais, et notamment de ceux vivant sur l'île voisine d'Heimaey.
Plus encore, Surtsey interroge la notion d'appropriation d'une terre, aussi éphémère soit-elle, tant d'un point de vue physique que symbolique, et de sa mise en patrimoine. C'est aussi et surtout une relation au lieu dont il est question ici ; de l'île, objet de désir, de convoitises, de surprises, avec les hommes et femmes qui l'ont approchée, de près ou de loin, y compris les auteurs de ce livre.
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Hier, on est sorties faire des photos
Hortense Soichet
- Creaphis
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- 22 Septembre 2022
- 9782354281922
Un quartier populaire revisité par un regard sur soi Le livre traduit en images les résultats d'une résidence d'artiste et la grande jubilation à réaliser une création collective, haute en couleurs. Hortense Soichet - qui commence à être bien connue par nos livres car c'est son cinquième livre principal et elle a participé à deux ouvrages collectifs - a séjourné pendant deux ans en résidence à Ivry-sur-Seine, dans une maison de quartier du secteur Ivry-Port fréquentée à 90 % par des femmes, essentiellement des mères de famille ou des femmes vivant seules. Elles ont été nombreuses à exprimer leur souhait de photographier à l'extérieur (d'où le titre).
Quoi photographier ?
Ivry-Port ? Certes mais finalement c'est un « ailleurs », un ailleurs construit ensemble en excluant les autres personnes du cadre, en centrant le regard sur le groupe constitué comme une petite communauté agissant dans une cosmogonie portative.
Pour une esthétique du « bégaiement photographique » Cette esthétique du bégaiement, selon le mot d'Hortense Soichet, a permis de créer un fil rouge, de faire série, de donner du corps à l'ensemble. Il rend tangible la force d'un regard collectif porté sur un sujet commun qui s'est imposé de lui-même : des femmes photographes déambulant librement dans un quartier populaire d'une ville de banlieue parisienne.
Il n'y a pas au départ de « grand sujet », de « grandes causes » à défendre, mais plutôt l'envie de s'inscrire dans le quotidien d'un lieu de vie et de rendre possible une rencontre qui fait naître un autre imaginaire des lieux au sein duquel chacune trouve sa place.
Une autre image de la photographie Dans son texte d'ouverture à ce livre, l'historien et théoricien de la photographie Michel Poivert interroge la réalité contemporaine du medium sous le titre : « Pour une autre image de la photographie ». Il souligne l'évolution de son statut au tournant de l'an 2000 et invite à distinguer photographie et image pour comprendre ce qui se joue de nos jours. Depuis plus d'une génération la révolution numérique a « libéré la photographie de sa valeur d'usage - produire des images - pour désormais fonder ses valeurs sur tout un ensemble d'activités, de réflexions, de mode de production et de création - en un mot d'expérimentations ».
C'est donc, selon lui, plus pour faire - plutôt que prendre - de la photographie - plutôt que des photographies - que s'est exercée dans ce projet une sorte d'écosophie sociale. À rebours de la notion d'auteur, devenue le tremplin vers le statut artistique du photographe, il s'est agi dans ce projet de « déconsacrer » l'attribution des photographies à un seul regard.
Poivert souligne dans le travail entrepris par Hortense Soichet la continuité d'une ligne politique qui reste à l'oeuvre dans la photographie contemporaine. Elle est ici pratiquée sur un mode radical de co-création.
Avec peu de moyens techniques l'expérience relatée dans ce livre montre que, oui, c'est possible de faire de la photographie ensemble, professionnelle et amatrices réunies dans un même lieu. Tout tient dans un projet plus pragmatique que programmatique, plutôt « co-inventif » que protocolaire. Ce ne sont finalement pas seulement les images elles-mêmes mais le chemin qu'elles empruntent pour se réaliser et ce qui se passe entre elles qui est ici montré et qui donne à cet ouvrage sa valeur universelle. Rien d'autre que ce qui a été réellement expérimenté. Photographie écosophique ? Peu importe le nom donné à ce qui a été pensé en actes -
L'hermaphrodite de Nadar
Magali Le mens, Jean-Luc Nancy
- Creaphis
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- 25 Juin 2009
- 9782354280253
Au milieu du XIXe siècle, la médecine cherche non seulement à comprendre mais à décrire avec la plus grande précision les spécificités anatomiques, physiologiques et pathologiques du corps humain.
La photographie devient alors une alliée précieuse de la médecine et le regard médical se trouve profondément changé. Les résultats en tant qu'images sont très différents des dessins médicaux car la spécificité des techniques et de l'esthétique photographiques permettent de montrer un réel jusqu'alors "immontrable". Cet ouvrage présente un ensemble de neuf photographies d'un hermaphrodite, dont la plupart inédites, réalisées en 1860 par Nadar.
Le texte documenté de Magali Le Mens, historienne de l'art, est au croisement de plusieurs disciplines: histoire de l'art et des sensibilités, philosophie, photographie, médecine. En contrepoint, le texte du philosophe Jean-Luc Nancy, L'un des sexes, développe une pensée sur le genre en tant qu'objet philosophique.
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Ce livre rassemble 58 photographies inédites provenant d'un fonds découvert en 1980 dans une benne à gravats. Il s'agit de vues extérieures datées de 1943 du Marais, quartier emblématique de Paris. Paris en son cour géographique et dans un moment particulier de son histoire. La photographie est ici « inventée » au sens archéologique du terme, c'est-à-dire mise au jour par une découverte d'un fonds en grande partie inédit et inconnu.
Patrice Roy, architecte, plasticien et collectionneur, enquête sur ces tirages : ils proviennent d'une commande officielle passée dès 1941 par la Ville de Paris et la préfecture de la Seine, sous contrôle de l'occupant allemand, à des photographes professionnels, Cayeux et Nobécourt. Frontalité, grand angle, perspectives redressées par bascule et décentrement du plan film, tirage sur papier mince glacé et soigneusement annoté au verso, leurs éléments constitutifs révèlent un style documentaire opératoire et fonctionnel.
La France est à ce moment-là sous le régime de Vichy et le projet urbain est envisagé de manière radicale et autoritaire comme une opération résolument moderne, sanitaire et comme remède à l'insalubrité. Cette campagne photographique fixe l'image de ces rues parisiennes, inscrites dans des îlots déclarés insalubres et promises à la démolition, en vue d'accréditer la thèse de l'insalubrité. Il s'agit de construire l'image du quartier systématiquement pour justifier une opération de « curetage » et assainir le quartier comme pour mieux l'assassiner. La plupart des ces lieux ont disparu sous la pioche des aménageurs. En préface du livre, Isabelle Backouche, historienne spécialiste de l'histoire de Paris, donne un éclairage précis sur cet épisode de la transformation urbaine de la capitale.
Le « Vieux Paris » est ici visité comme un inventaire avant décès, avant disparition. Ces immeubles retrouvés, ces coins de rue et ces morceaux de quartier sont comme les vestiges d'un autre monde en apparence figé mais dont les traces et les stigmates multiples offrent à qui veut les lire un renseignement très précieux sur les manières d'y habiter et d'y travailler. Les détails de leurs intérieurs, les visages et les postures de leurs occupants sont autant d'indices d'un Paris industrieux et actif dans des demeures en partie non entretenues, dans un monde de briques et de pierres, de plâtre et d'ardoise, de bois et de fer. Cet ensemble d'images constitue un document d'ensemble d'une très grande cohérence.
Il en résulte une forme tout à fait étonnante empreinte d'une esthétique involontaire qui fait de cette série des portraits d'immeubles (selon l'expression de Patrice Roy) dont la lecture se fait à plusieurs niveaux d'approche. Il invite le lecteur à regarder attentivement les images à travers ses gloses : décrire, observer, imaginer, dénicher à la loupe des fantômes. Il propose également une histoire de chaque lieu photographié par un index précis.
Ces photographies constituent une approche architecturale, historique et anthropologique du quartier parisien du Marais.
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Par nos fenêtres : vues d'Ivry-sur-Seine
Ianna Andréadis, Danièle Méaux
- Creaphis
- Foto Creaphis
- 9 Décembre 2021
- 9782354281755
D'avril 2020 à avril 2021, dans la période si particulière des confinements successifs, l'artiste Ianna Andreadis a invité les habitants d'Ivry à participer depuis chez eux à un projet de photographie partagée. La règle du jeu a été donnée d'emblée : prendre une vue de la ville depuis leur fenêtre, en incluant le cadre de celle-ci, frontale et axiale, sans déformation exagérée des perspectives. Le résultat produit un panorama spectaculaire et très varié de la ville, où chacun exerce un regard entre l'intime du chez-soi et son extérieur familier, du plus proche au plus lointain. Recouvrant tous les quartiers, les points de vue alternent entre motifs architecturaux emblématiques de la banlieue parisienne et paysages d'une apparente banalité. Identification d'une ville avec son coeur et ses marges, ses horizons et ses vues sur cours, places, rues et cités, ses matériaux de béton, brique et ses végétaux...
Ces vues expriment l'emprise du temps : le temps qui passe (ou qui ne passe pas) - heures, jours, saisons, le jour et la nuit ; le temps qu'il fait - neige, pluie et soleil sous d'extraordinaires ciels d'Ile-de-France. L'ensemble compose un tableau collectif de la ville d'Ivry et forme le catalogue sensible des manières d'y habiter.
Le texte d'Ianna Andréadis dévoile une partie du processus de cette « fabrication urbaine plurielle » qui peut s'adapter à d'autres villes comme elle l'a déjà fait pour Athènes (Fenêtres d'Athènes, éditions Agra, 2016).
Danièle Méaux poursuit ici une réflexion féconde sur ce qu'elle nomme les « géo-photographies » et s'interroge sur le sens de la photographie collaborative.
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Only in Paris
Francine Deroudille, François Le diascorn
- Creaphis
- Foto Creaphis
- 27 Novembre 2014
- 9782354280925
François Le Diascorn rassemble dans ce livre des photographies réalisées à Paris entre 1974 et 2014. Il s'agit de « son » Paris, parcouru et saisi pendant quarante ans. On retrouve son style particulier, héritier du courant humaniste auquel il a participé dans les années 1970-1980, fondé sur une exigence du cadre et du jeu entre ombres et lumières.
Et surtout décalé : le ton est souvent insolite, voire humoristique, toujours chimérique. Le livre est aussi décalé dans sa chronologie, on passe d'une décennie à l'autre sans s'en apercevoir : l'atmosphère ne change pas. Le Paris de Le Diascorn est emblématique : les lieux et monuments parisiens incontournables ne lui échappent pas. Mais son pari est finalement inattendu.
Il prend aussi Paris sur le vif la nuit, c'est une autre ville qui s'offre à nous, un Paris amoureux, un Paris polar, un Paris mystérieux, un Paris somnambule.
C'est cette même vision qu'il a développée pour les Etats-Unis - autre endroit fétiche du photographe - et qui a fait l'objet de son premier livre : Only in America (Créaphis, 2010). C'est bien l'expression « Only in » qui résume ce que l'on ressent à la vue de ces photographies noir et blanc en argentique.
Francine Deroudille, fille de Robert Doisneau, intervient dans le livre en postface.
Elle dit de lui : « Il rapporte de ses périples des images intemporelles, sensibles et mystérieuses, teintées parfois d'un humour qu'il ne revendique pas mais qu'il ne refuse pas non plus à condition qu'il se soit posé là, sur le fil du par hasard. À Paris comme ailleurs il procède par accumulation, indifférent au processus de continuité du reportage mais animé par la jubilation de l'instant unique où l'image semble venir à lui. La forme est essentielle, celle offerte par la scène qu'il accueille dans son objectif, celle aussi de son cadre très précisément défini. La magie au risque de la géométrie. »
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Paris ; carnet périphérique
Olivier Pasquiers, François Chaslin
- Creaphis
- Foto Creaphis
- 26 Mai 2011
- 9782354280451
L'ouvrage propose une balade photographique depuis le boulevard périphérique de Paris qui entoure, dans un anneau de 34 kilomètres, le Paris historique et délimite le frontière entre Paris centre et banlieues.
Depuis 1860, Paris n'a pas changé de limites administratives. Après avoir annexé les communes limitrophes, après avoir transformé les « fortifs » en « périph », Paris et sa banlieue se sont figés. On est « dans » Paris ou « en » banlieue (c'est-à-dire autour, c'est-à-dire ailleurs ; sans beaucoup plus de précision). La limite, c'est le « périph », anneau de circulation qui sépare les Parisiens des autres . Etre en banlieue n'est pas être à Paris (même dans une banlieue « de luxe »).
Les photographies d'Olivier Pasquiers montrent des paysages urbains vides, tout autour de Paris ; les villes limitrophes, tantôt dedans, tantôt dehors. Des photographies de l'un et l'autre côté, jouant avec les architectures, les paysages . Les angles de vue, souvent audacieux, traduisent la dureté et le haut niveau de contraste de ces espaces souvent entaillés dans l'espace urbain. Mais en même temps le point de vue du photographe reste dans une relative neutralité et ne s'attarde pas à décrire précisément tel ou tel site.
L'impression de voyage reste forte et le les images semblent « dérouler », à partir d'une vision à moyenne distance, des éléments marquants d'un paysage frontière, une « entre-deux », beaucoup plus complexes et insolites qu'on ne l'imagine. Les propos développés par l'architecte et journaliste critique François Chaslin soulèvent de manière à la fois sensible et documentée la question de la relation de l'architecture et de l'urbanisme contemporains au paysage Ce livre s'inscrit dans l'actualité du débat sur le Grand Paris et est au coeur des préoccupations de la maison d'édition qui depuis plusieurs années s'intéresse aux rapports ville/banlieue, notamment dans la région parisienne
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Les photographies d'Alex Jordan, prises à Berlin au cours des quatre dernières décennies, avant et après la chute du Mur, traduisent le regard spécifique d'un graphiste de profession. Elles suggèrent l'identité visuelle d'objets ou de "petits faits" urbains, de comportements, de dispositions sociales et spatiales de Berlin.
Les textes présentent deux échos différents aux photographies, sans les décrire ni les commenter une à une. Chacun des deux auteurs allemands leur répond à distance, avec la profondeur de champ de sa propre pratique des arts plastiques.
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Ce livre présente un monde de l'entre-deux, en partie en voie de décomposition, en proie à la rouille, à l'érosion, aux herbes folles et à la ruine. Un monde voué à l'oubli. Les stigmates de cette disparition, de ces fermetures et de ce vaste délabrement génèrent d'étranges assemblages et une inquiétante scénographie de l'insolite. D'autant plus que ce monde n'est pas mort : la vie demeure partout avec la poussée d'une végétation exubérante.
Le parti pris photographique repose sur une vision à hauteur d'oeil, une unité focale, le choix de la couleur franche et une faible profondeur de champ qui enveloppe les objets dans le flou.
Le texte de Pierre Bergounioux, réflexion sur l'accélération de l'histoire (" ...une vie d'homme englobe plusieurs périodes, s'inscrit dans deux ou trois mondes ... "), conserve son autonomie par rapport aux images sans pour autant s'en départir.
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Depuis presque 40 ans, François Le Diascorn parcourt les Etats-Unis d'est en ouest avec son Nikon pour en rapporter des images en noir et blanc insolites et décalées.
Chaque fois qu'il découvrait une nouvelle excentricité de son pays, mon grand ami américain Josh Ewing, rarement étonné, le plus souvent amusé et quelquefois consterné, s'exclamait : " Only in America! " Ce qui voulait dire : " Il n'y a qu'en Amérique qu'on peut voir ça ! " Pour le meilleur et pour le pire. (...) ce pays de pionniers, de découvreurs, expérimente, explore, pousse les choses à l'extrême, dans une recherche effrénée et quelquefois naïve du bonheur ; ce rêve américain, cet " American Dream ", qui va des baskets au rock'n'roll, de la climatisation à la bombe atomique, des autoroutes de l'information (Internet, Facebook) aux autoroutes tout court, en deux mots le rêve du progrès, et même son inverse puisque tout est possible aux Etats-Unis. Un exemple : les Amish qui s'habillent en noir, se déplacent en carriole à cheval et ont arrêté tout changement au milieu du XIX¡ siècle.La société américaine toujours en marche (rarement en marche arrière malgré tout), toujours à la découverte d'une nouvelle frontière, valorise l'éclatement, l'exceptionnel et en définitive amalgame comme norme une certaine forme du déséquilibre. C'est ce qui, pour nous Européens, représente l'excès américain, un grain de folie qui, à la fois, découle et remet en question le monde moderne. Même dans ses formes les plus conservatrices, cette société intègre des éléments de fantastique, d'étrange, d'insolite.Ce livre contient des images réalisées sur une période de plus de trente-cinq ans. Ce sont des images faites en Amérique plutôt que des images d'Amérique, des images de mon Amérique à moi, une Amérique insolite qui est en même temps banale, complètement folle et plus que raisonnable. " Only in America!!"
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Le monde aurait donc si vite basculé qu'on devrait oublier ce qu'il était pour soi-même ? Le poste de radio Telefunken était massif : un meuble. Bois verni, toile plastifiée, oeil vert des stations grandes ondes entre les boutons larges, et sur le dessus, le pick-up. Nous avions à la maison trois disques : La Symphonie héroïque de Berlioz, des variétés (Georges Guétary je crois) et un comique (Fernand Raynaud, mais je n'en suis plus sûr).
Le poste servait aux informations, et le "Français, Françaises" de De Gaulle dans ces années de guerre d'Algérie et de Petit-Clamart, avant qu'arrive la télévision, ceux de ma génération n'échappent pas à s'en souvenir. (...) Banalités tout cela, au regard du bruit général. On ne sait même plus dater comment il est arrivé. Musiques dans les supermarchés, musique dans les voitures, musique sur les répondeurs téléphone - ou une fin de la musique ? J'ai dû me construire comme auditeur, ça a été difficile, parce que ce n'était pas une expérience enracinée dans l'enfance, et du coup cela s'est fait directement par d'autres biais que ce qu'on nomme jazz.
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Ensembles
Hortense Soichet, Jean-Michel Léger, Michel Poivert
- Creaphis
- Foto Creaphis
- 14 Mars 2014
- 9782354280833
Dans la continuité d'un travail sur les intérieurs habités entamé depuis plusieurs années, Hortense Soichet a photographié des logements sociaux dans quatre villes en province et en région parisienne : Beauvais, Carcassonne, Colomiers et Montreuil. S'il n'existe pas de lien a priori entre ces différents sites, la cohérence du travail (entre approche anthropologique et création) tient à la façon de photographier ces lieux selon un même protocole, voire un même rituel. Hortense Soichet affirme son style documentaire personnel dans la lignée des grands photographes qui, d'Eugène Atget à August Sander et Walker Evans, ont changé notre regard sur les modes de vie de nos proches contemporains. L'ouvrage envisagé réunira une partie de cet ensemble de photographies réalisées sur ces sites au cours des deux dernières années. Il apportera une contribution à la connaissance des manières d'habiter au XXIe siècle, principalement dans les périphéries urbaines.
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N'Djamena, capitale du Tchad est montrée ici sous une forme plurielle et subjective. Ce livre témoigne, plus qu'il ne documente, de situations en s'attachant moins aux traces historiques qu'à un état des lieux contemporain. Ce n'est pas une monographie de cette ville anciennement nommée Fort-Lamy mais plutôt une expérience littéraire et photographique issue de résidences d'artistes produites par l'Institut français du Tchad.
La diversité des points de vue constitue une mosaïque de la ville en 2014 que le texte de l'écrivain tchadien Nimrod éclaire avec force. Le livre propose plusieurs entrées : parcours dans les quartiers, images de la vie quotidienne, gestes et savoir-faire, vision insolite de milieux sociaux contrastés, lieux habités, portraits d'habitants et regard décalé sur les institutions. La richesse et la légitimité de ce livre reposent sur l'engagement des auteurs, tchadiens et européens, pour tenter de saisir un peu N'Djaména.
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Les années 1970 sont celles des transformations urbaines de Paris. Les programmes d'infrastructure et les grands travaux d'aménagement de la région parisienne sont partout engagés, au centre et autour, tant par la construction du boulevard périphérique que de l'extension du réseau ferré (métro et RER). Toute la ville est en chantier.
Belleville est un territoire parisien bien identifié, l'un de ces quartiers au capital historique fort, marqué par les luttes sociales et ouvrières. Village annexé à Paris en 1860, composé en grande partie d'anciens faubourgs industrieux et quasi ruraux, Belleville offre une configuration urbaine particulière faite de maisons individuelles, d'habitat ouvrier et d'immeubles de rapport dans un parcellaire parsemé d'anciennes villégiatures. Le classement en îlots insalubres d'une grande partie de son territoire justifie des opérations de démolition et de rénovation intervenues dans les années 1970, souvent de manière assez radicale et violente.
Les photographies de François-Xavier Bouchart, réalisées dans ce quartier entre 1968 et 1975 témoignent de cette métamorphose. Elles illustrent la vie du quartier à travers les commerces, les cafés, les rues et passages et les terrains vagues, royaume des enfants. Ces photos, très connues des amoureux de Belleville, font souvent l'objet d'expositions in situ.
Françoise Morier, qui a beaucoup enquêté sur la mémoire de Belleville, a travaillé avec François-Xavier Bouchart au Parc de la Villette. Son texte accompagne cette série d'images en la replaçant dans son époque et son espace, en faisant la part du mythe et des réalités.
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SOS ; save our souls
Vincent Giovannoni, Caroline Pottier, Bertrand Belin
- Creaphis
- Foto Creaphis
- 28 Octobre 2013
- 9782354280819
S.O.S. : Save Our Souls !
Ce code international de détresse est utilisé ici comme titre pour qualifier cette série de photographies sur le groupe professionnel des marins-pêcheurs, petits patrons, artisans ou employés, de la côte atlantique nord au large des Sables d'Olonne. Ses photos montrent, dans une démarche esthétique et ethnographique, les gestes et les savoir-faire d'un métier aujourd'hui menacé. Le parti pris n'est pas celui d'un reportage classique mais d'une enquête de longue durée - plus de trois ans. De fait, Caroline Pottier a pu embarquer avec les pêcheurs et partager leur quotidien. En plus du travail en mer, elle s'est intéressée à leur univers domestique et a réalisé des portraits chez eux. Elle a également photographié l'environnement portuaire.