Dans l'Irak rural d'aujourd'hui, alors que des combats sévissent, la narratrice a, en cachette, une relation amoureuse avec Mohammed. Celui-ci meurt sous les obus, elle est enceinte. Destin inéluctable : elle sera tuée par Amir, le frère aîné, dépositaire de l'autorité masculine depuis le décès du père. Un crime pour laver l'honneur de la famille, laquelle approuve en pleurs et en silence : la belle-soeur, épouse soumise ; le jeune Hassan qui aimerait fuir le pays ; la mère qui a bâti pour ses filles la même prison que pour elle ; Ali, tolérant mais lâche ; et la petite soeur, Layla, celle pour qui on tue, afin que cela serve d'exemple.
Résonnent en contrepoint la présence tutélaire de Gilgamesh et la poésie du Tigre, fleuve qui porte en lui la mémoire du pays et la perdition des hommes.
Une jeune femme fuit l'Argentine et sa dictature. C'est la France qui va l'accueillir, où, réfugiée politique, elle goûte peu à peu au bonheur avec Arnaud dans le Sud. Mais est-ce le fil de sa vie qu'elle poursuit là ? Pourquoi Malena ne parle-t-elle jamais de son passé ? Quels tourments a-t-elle traversés ? Arnaud tente de percer le mystère de celle qu'il aime. De l'emprise politique à celle de l'intime, il n'y a parfois qu'un pas.Dans ce texte d'une grande force romanesque balayé par le souffle de l'océan Atlantique, Anne-Christine Tinel compose avec brio le portrait d'une femme qui se libère, une héroïne en devenir pour qui l'exil est un chemin vers elle-même, de l'ombre à la lumière.
Algérie, années 1990. Elles ont été des milliers à être enlevées, violées, parfois assassinées, les filles de la décennie noire. Ces très jeunes filles, à qui l on a demandé de pardonner, se sont tues et ont ravalé leur honte. Tandis que résonne le cri de l une d entre elles, la narratrice raconte sa culpabilité d avoir choisi l exil et trouvé le bonheur. Deux voix de femmes en écho qui prennent la parole haut et fort, en mémoire de toutes les autres. L écriture pour vaincre les silences. Un roman contre l oubli.
Un jeune homme s'adresse tour à tour à son avocat et à un psychiatre venus lui rendre visite en prison. Avec une ironie mordante, le narrateur prend à parti ses interlocuteurs. Les charges qui pèsent sur lui sont sérieuses, mais il affirme ne rien regretter. Se dévoilent les raisons qui l'ont poussé au crime : un père qui l'a toujours humilié ; une société gouvernée par les apparences ; la domination des plus forts sans partage ;
La pauvreté, la saleté, le mépris des animaux et de l'environnement. Les seuls élans d'affection que le jeune homme a connus ont été ceux de Bella, le chiot qu'il a recueilli. Mais dans ce pays, on tue les chiens « pour que la rage ne se propage pas dans le peuple ». Pourtant la rage est déjà là. Alors quand Bella a été tuée, il a fallu la venger.
En 1940, à Machado, un village reculé des Pyrénées, traversé par la frontière espagnole et les ombres des clandestins, un imprudent conçoit en secret une machine. Une machine impossible, prodigieuse (à condition qu'elle soit vraie) : une machine à aimer. Un concours de circonstances la fait passer de main en main et sa présence bouleverse ceux qui se retrouvent en sa possession. Des mystères se nouent, des alliances se rompent, la jalousie gronde. La vie du village dysfonctionne, jusqu'au drame : une jeune femme est retrouvée morte. Que s'est-il passé ? La machine a-t-elle à voir avec cet événement macabre ? Qu'est-elle finalement, un artefact dangereux ou une simple boîte qui a éveillé la superstition des habitants ? Que révèle-telle de la nature humaine, dans le huis clos du village ?
Xavière Gauthier réhabilite la mémoire des « Pétroleuses », à travers la vie hors du commun de cinq d'entre elles : Nathalie Lemel, pendant la Commune, prend la tête de l'organisation de l'Union des femmes pour la Défense de Paris et les soins aux blessés. Paule Minck, libre-penseuse et socialiste, combat pour une éducation identique des garçons et des filles, pour la séparation de l'Église et de l'État, et pour l'entrée des femmes dans la vie politique. Elisabeth Dmitrieff, russe proche de Marx lui-même, allie féminisme et socialisme dans sa lutte politique. André Léo, romancière, dénonce dans ses fictions des codes sociaux injustes emprisonnant la femme. Et Louise Michel, la vierge rouge, rendue célèbre par sa hardiesse dans les combats lors de la Commune de Paris.
Depuis la palestine, où Naïma est née, jusqu'aux alentours de Genève où Lila grandit, quatre générations de femmes, chacune au caractère bien trempé, prennent la parole pour se raconter, entre mariages arrangés et velléité d'émancipation. Pourtant l'Histoire se répète. Confrontées aux guerres et à la violence des hommes, elles trouvent en elles la même vitalité immense qui les aide à passer entre les drames, conservant intacts leur humour obstiné, leur désir de liberté et leur aspiration à la vie.
Un couvent perdu dans la montagne libanaise, au bord d'une vallée bleue. La beauté brumeuse de l'automne. Le passage feutré des religieuses dans les couloirs. Le groupe compact des séminaristes sous les voûtes du réfectoire. Et ce huisclos chuchoté entre deux femmes : l'énigmatique Hortense Zemina, charmante sociologue d'un "certain âge" et son perroquet, Onyx, éclaboussant l'air de petites plumes duveteuses ; et Claire, sa jeune et fougueuse assistante, recrutée sur petites annonces.
Ensemble elles tentent d'élucider le mystère de la répétition du suicide au sein d'une même famille, objet de cette thèse de sociologie obsédante sur laquelle elles travaillent et autour de laquelle elles se rapprochent et s'opposent. Car Claire ne veut pas en démordre - « Quelqu'un est en danger ».
Faysal, Palestinien trentenaire, reçoit un mystérieux faire-part de décès. Mais qui est donc cette tante Rita ? Intrigué, il abandonne son amant et sa vie en Europe pour retourner à Jabalayn, son village natal. Dans le palais déserté de son enfance, il erre. Le passé resurgit, fastueux et lourd de secrets. Alors que plane la menace d'une annexion imminente, qu'une famille et un pays sont au crépuscule, l'esprit de Faysal bascule.
Karim Kattan nous donne à lire un premier roman troublant, à la fois tendre et violent, qui explore les contradictions de l'engagement politique et de la mémoire. A l'ombre des amandiers en fleurs, se dévoile une Palestine devenue lieu de l'imaginaire, intime et insoumise.
Dans une contrée imaginaire, voici l'histoire du Don, vieil apiculteur qui menait une vie d'ascète auprès de ses abeilles, loin de ses souvenirs et des hommes.
Un matin, il découvre les corps inanimés de ses « filles » dans leur ruche de montagne :
C'est que la marche du monde vient de le rattraper, mettant le sien en péril. Pour le protéger, il lui faudra renouer avec ses semblables et se mettre en quête de réponse, de son village jusqu'à la capitale, et même jusqu'au Japon.
Michelle Perrot rend hommage à trois figures féminines du XVIIIe et XIXe siècle. Trois femmes de lettres qui ont marqué leur époque en s'engageant contre la violence de l'ordre établi. Trois vies soumises à la brutalité de l'opinion publique et de la sphère privée.
Olympe De Gouges (1748-1793), auteur de la « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne », rabaissée, méprisée puis guillotinée à la sortie de la Révolution qu'elle avait tant souhaitée. Flora Tristan (1803-1844), harcelée à mort par son mari, voyageuse infatigable (Pérou, Angleterre, tour de France), qui avait pour ambition d'unifier le monde ouvrier. George Sand (1804-1876), « l'égérie de la révolution de 1848 » selon ses adversaires, amie de Balzac, Dumas, Flaubert et pourtant dédaignée, par misogynie et jalousie, par une grande partie de la société.
Dans ses portraits enrichis des textes des trois auteurs, Michelle Perrot réhabilite la mémoire et l'héritage de personnalités longtemps oubliées et qui ont tant contribué à la cause des femmes.
Le narrateur ressuscite une vie dissoute dans le temps à travers seize textes, seize expériences emblématiques de son existence. Il puise dans l'intimité de ses pensées, ses souvenirs et ses émotions. Tout en nuance, il en varie les tons, se montrant tour à tour drôle, amusé, pathétique ou mélancolique, au gré des espoirs et des désillusions de sa vie d'homme.
L'amour dans toutes ses acceptions (l'amour maternel, mais aussi la soif d'érotisme et la recherche de l'âme soeur, l'amour passion), le voyage, réel ou imaginaire à Paris, à Tunis et jusqu'à Samarkand, l'éclosion de la beauté et de l'art mais aussi l'angoisse existentielle, la peur des ravages de la vieillesse, la mort, la compassion pour l'autre, autant de thèmes qui s'enchevêtrent dans ce magnifique recueil.
Lorsqu'un chantier gigantesque s'installe avec fracas près du campement de la fière tribu des Oulad Mahmoud, le silence du désert et le fil de la tradition s'en trouvent rompus. La belle Rayhana, la nièce du Chef, attire l'attention d'un ingénieur brillant. Autour du feu, il chante et loue les qualités de la jeune fille avec talent, et finit par venir la retrouver en secret la nuit sous la tente. Prise entre menaces et sentiments, Rayhana cède. Alors qu'elle pense devenir bientôt sa femme, elle découvre un matin avec stupéfaction, comme le reste du campement, que les ouvriers et les monstres d'acier ont abandonné le chantier. Nulle trace de l'ingénieur.
Rayhana est enceinte. Pour éviter le déshonneur, sa mère l'oblige à abandonner son enfant, puis la marie contre son gré au bon Memed, qui l'aime sincèrement. Mais Rayhana n'a de cesse de retrouver son enfant, et elle s'échappe de sa tribu pour rejoindre la ville d'Atar, puis de Nouakchott où elle découvre un univers urbain qui la bouscule dans ses certitudes.
Dans sa fuite, pour se venger, elle emporte avec elle le tambour sacré des siens, scellant ainsi son destin à la rage des hommes.
Vous verrez dans ces pages que j'ai des choses à vous reprocher. Mais ce que j'ai lu de vous sonne en moi comme un appel à fouiller la mémoire, à lire l'Histoire à travers elle aussi pour aller de l'avant". S. B. Hannah Arendt occupe une place particulière dans la pensée du XXe siècle. Elle en a vécu les tragédies, a tenté d'en expliquer les causes et les manifestations. Cette expérience l'a conduite à s'intéresser à la genèse du sionisme et de la création de l'Etat d'Israël et à poser un regard visionnaire sur le destin de ce nationalisme particulier.
Dans un aller-retour entre les guerres du vieux monde et les défis actuels, Sophie Bessis dialogue avec la philosophe, la conteste parfois, l'admire toujours. Cette lettre se veut un propos libre, personnel et politique, et une interrogation sur notre devenir collectif. Et le texte de 4e du roman "Le silence des horizons" de Beyrouk C'est l'histoire d'une course éperdue contre des passions impossibles.
Un jeune homme tourmenté s'enfuit et rejoint un ami parti accompagner quelques touristes dans le Sahara. Parcourant l'immensité brûlante et les anciennes cités des sables, le héros tente de se délester des images qui le poursuivent : un premier amour déçu, le rictus affreux d'une femme qui l'a trop aimé, un père honni par la société - mais était-il vraiment coupable ? Seule la tendre attention des enfants, lorsque le soir venu il s'improvise conteur, console son errance.
Tour à tour enquête policière, émouvante introspection, conte contemporain, ce roman nous emporte aux confins du désert, dans un décor majestueux. Portée par l'écriture singulière et poétique de Beyrouk, grand écrivain mauritanien, c'est aussi une ode à la beauté de la nature et à l'écoute des autres.
LE LIVRE Dans la bonne ville de Santa Clara, celle qui produit le meilleur rhum du pays, personne n'est au courant de la Révolution que le dictateur Alvaro Benitez a menée il y a une vingtaine d'années. Les habitants vivent et cultivent comme autrefois, au gré des sérénades d'Ibrahim Santos, musicien météorologue. Alors forcément, l'intrusion des troupes armées révolutionnaires, et plus encore l'arrivée d'un jeune ingénieur agronome brillantissime, vont bousculer un peu les habitudes... Sur le mode du conte, avec une pincée de réalisme magique latino-américain, un roman drôle et satirique sur nos avancées techniques, et une parodie des dictatures.
Sophie Bessis a choisi de raconter cinq femmes qui font partie de l'histoire tunisienne : Elissa Didon, antique fondatrice de Carthage, défiant les rois et les flots ; Sayida Manoubia, née au xiiie siècle, sainte rebelle à toute autorité, se répandant en miracles ; Aziza Othmana, princesse du xviie siècle, proche des démunis, trop généreuse pour être ordinaire ; Habiba Menchari, moderniste, à l'origine d'un débat houleux en 1929 quand elle réclame l'abolition du port du voile ; Habiba Msika, chanteuse transgressive de la « belle époque » du Tunis des années 20 et actrice sulfureuse. Ces femmes sont toutes exceptionnelles, d'une beauté renversante. Elles s'imposent à l'ordre masculin en transgressant l'une ou l'autre frontière désignée à leur sexe. Chacune, à sa façon, a marqué sa période et laissé sa trace dans les mémoires et les imaginaires.
Trois nouvelles, des bribes de vies :
Huis-clos à Gaza. Au son du ressac de la mer au pied de leur chambre d'hôtel, le narrateur et son amoureux font renaître la langue maternelle - celle que l'on tait dans l'exil.
Vivre au Soudan, à Kobé, Shanghai et Bombay. Émilie, la grand-mère du narrateur, tente de se construire loin de sa terre natale.
À Londres, Asma, Shéhérazade des temps modernes, libre et fantasque, guide le narrateur dans la ville et mène à sa guise le jeu amoureux.
Autour de la Palestine d'aujourd'hui et de son souvenir se construisent des personnages sur le fil, suspendus à leur exil physique, qui est aussi langagier. L'absence de terre fait naître un imaginaire à la fois dense et lacunaire, nourri de légendes vacillantes et parcouru par une modernité affirmée, porteuse d'espoir, de renouvellement, d'amour.
Une baignoire dans le désert est l'histoire d'Adel, un enfant qui rencontre son premier ami, Darwin, un scarabée géant, au moment où ses parents lui annoncent leur divorce et où la guerre éclate dans le pays. Le temps que sa mère rende visite à sa grandmère, Adel est seul, dans la tourmente des combats qui agitent jusqu'à son village. Sa mère ne peut plus rentrer.
Apparaît alors Tardigrade, son second ami. Le trio demeure dans l'appartement aussi longtemps que possible. Puis c'est la fuite, et l'enlèvement d'Adel qui se retrouve face à un cheikh soupçonneux. Adel devra faire ses preuves et démontrer qu'il devient un garçon responsable.
Réflexion sur le passage de l'enfance à l'âge adulte, ce roman d'apprentissage intéressera un public large, de 7 à 77 ans.
J'ai besoin d'invoquer votre visage, le fantôme de votre présence pour instaurer entre nous un tant soit peu d'intimité épistolaire. [... ] me mettre dans vos pas, revisiter les moments de votre vie étroitement noués à votre oeuvre. L'une et l'autre inscrivent en profondeur leurs effets de résonance en moi. En native de la même terre, Martine Mathieu-Job interroge avec une affectueuse complicité le lien d'Albert Camus à l'Algérie en s'intéressant surtout à deux périodes clés : son enfance, qui a nourri un rêve utopique brisé par l'histoire coloniale, et les années trente qui ont forgé son éducation esthétique et politique.
Sous le signe d'une M ? éditerranée lumineuse et tragique, le dialogue avec le philosophe-artiste aide plus que jamais à penser les questions toujours brûlantes du rapport à l'altérité, à la justice, à la haine et à la solidarité.
Un petit appartement à Paris. Une femme n'en peut plus de ses tocs - ses tics obsessionnels compulsifs. Elle fixe la fenêtre de son salon, attirée vers le vide. Puis elle réagit, va vers son téléphone et compose un numéro : Allô, docteur Rossi ? Une discussion s'engage dans la nuit avec ce psychiatre dont elle a seulement entendu la voix à la radio. Il saisit sa détresse, lui maintient la tête hors de l'eau.
Mais elle est libanaise, et lui s'avère être israélien. Or son pays interdit tout contact avec un citoyen israélien. Peuvent-ils même se parler ? Les guerres, les murs virtuels et réels peuvent-ils séparer deux êtres qui se rencontrent ? De ce huis-clos impossible surgit une bulle d'humanité et de douceur.
Tunisie, janvier. 2009. Au nord de Bizerte, un village immobile où des pêcheurs vivent et meurent sur place.
Dans une maison, au bord de la plage, deux hommes et une femme se trouvent réunis par hasard :
Rached, jeune fonctionnaire cupide et désinvolte, Naceur, ingénieur dont la vie, un jour, bascula et Michkat, avocate en quête de repères. Trois destinées singulières, soudées par un même désir, celui d'un avenir qui se fait attendre. La vie patine, une brume épaisse dérobe l'horizon, rien n'advient. En arrière-plan, le village, pris en tenaille entre la mer qui se refuse et une montagne nue. Village où, à l'image du pays, rien ne bouge.
Immobilisme social, culte de l'argent, affairisme vorace : ce roman offre le tableau saisissant d'une Tunisie prérévolutionnaire où le dénuement des uns, le luxe effréné des autres et l'atrophie programmée des valeurs citoyennes, ont privé les êtres d'une dimension essentielle : le bonheur du pays partagé.
Je suis seul, dit le narrateur, caché de tous, alors que sa ville située aux portes du désert est tombée aux mains de terroristes. Au fil de son soliloque haletant, se déroule la mécanique inexorable des évènements qui l'ont mené à se retrancher, presque à étouffer, dans cette chambre étroite et sombre. L'histoire de sa vie, de la pauvreté nomade aux succès mondains, porte en son coeur le germe de la perte. Seule Nezha, son ex-bien aimée, qu'il avait abandonnée pour la fille du maire, aurait le pouvoir de le sauver. Mais le veut-elle ?