Moi aussi de retour parfois en un moi-même (où coule un ru glacé tout scintillant de brèmes - extrême et oublié), je m'ouvre au vieux décor. Esprit piqué de guêpes !
Écoute dans l'enfant le bois tendre et moisi où rouissaient des cèpes, où vieillissait l'étang.
Que de fois moi aussi dans les roseaux sans âge je me suis comparé au cri silencieux de la poule sauvage tombée dans le marais.
Ii Prince en exil ! Rêvant aux choses périssables...
Ont-elles donc péri ?
J'en cherche du pied nu l'empreinte sur les sables - je ne suis pas guéri.
Dans ce désert volcanique, rongé par le sel et gorgé d'acide, le déchaînement de couleurs et de matières donne parfois l'impression étrange d'être sur une autre planète. La dépression du Danakil est le lieu le plus chaud du monde et le plus bas d'Afrique, sous le niveau de la mer.
Cette région d'Éthiopie est aussi à la charnière de la guerre latente avec l'Érythrée. Une prise d'otages en 2007 et l'explosion meurtrière d'une mine en 2009 ont achevé de brosser de cet « enfer du Danakil » le portrait d'une zone extrême.
Il y a peu d'endroits plus hostiles à la vie sur terre et pourtant un peuple y subsiste : les Afars qui se sont adaptés à un monde de la rareté. Ils dépendent en grande partie d'un commerce millénaire : celui du sel, l'or blanc du désert, extrait manuellement de la croûte terrestre et transporté sur des centaines de kilomètres par des caravanes de dromadaires.
Au fil des pages, nous suivons la route des caravanes du sel, à la découverte des traditions millénaires des Afars et de leur culture singulière.
Témoin de la révolution apportée par la fée Électricité dans la vie quotidienne, l'oeuvre de Proust tient du catalogue illustré. Il chante les applications pratiques de l'énergie nouvelle, de l'humble bouilloire domestique aux « effets d'éclairage » de la scène théâtrale.
Non sans réflexions nostalgiques sur la lumière naturelle, l'âge d'or de la bougie ou de la lampe à huile, l'auteur de la Recherche applaudit au Progrès et, se piquant d'un esprit scientifique, ne rougit pas d'être comparé à Einstein, leurs « recherches » sur la « représentation du temps » offrant des similitudes.
Le Narrateur se compare parfois à un électricien ès mots, de l'électricité suscitée par le choc des lettres, Lors, l'écrivain situe les électriciens dans « la Chevalerie véritable » et les juge cultivés alors que les gens du monde « sont eux les véritables illettrés ».
Le vingtième siècle est le siècle de la révolution lente et silencieuse des femmes en Iran. À travers les bouleversements de la société, les Iraniennes se manifestent implicitement dans l'espace public en tentant de prendre leur destin en main.
À partir du XIXe siècle, elles avaient affronté le pouvoir pour obtenir un minimum de droits. Aujourd'hui, les femmes font face à des défis plus profonds, enracinés dans la longue histoire du pays. C'est d'abord sur leur corps que s'inscrit cette bataille de revendications. Le corps féminin restant contrôlé dans l'espace public et privé est devenu un enjeu important pour les politiques qui imposent, interdisent et édictent des règles et des normes. Dans l'espace privé, l'État contrôle le corps par les législations sur le mariage, le divorce, la contraception et l'avortement ; et dans l'espace public par l'imposition des codes vestimentaires, le voile et sa présence ou absence sur la scène politique.
En bien ou en mal, le corps des femmes interpelle le politique ; c'est sur ce corps que les enjeux du progrès d'un pays reposent. Comment les femmes réagissent-elles au contrôle social et comment le vivent-elles ? Soumis ou revendicatif, le corps des femmes est présent, se fait entendre, résiste ou accepte.
À partir des batailles autour et sur le corps féminin, ce livre fournit des éléments pour cerner la coexistence d'un féminisme d'État, régissant les rapports entre sexes dans la vie privée et dans l'espace public avant la Révolution en 1979, et par ailleurs d'une continuité engagée, envers et malgré tout, du mouvement des femmes.
Malgré des retours et des renoncements, les Iraniennes aujourd'hui ont plus que jamais conscience de leurs droits dans une société jeune à l'écoute des changements du monde. La société iranienne saura-t-elle accepter et embrasser l'égalité entre les sexes ? Cette cause est déjà ancrée dans la société.
Trois textes, trois pamphlets pour s'opposer à toute réhabilitation du stalinien Aragon.
Aragon n'a-t-il pas mis tout son génie de poète et d'écrivain, tout son génie de polémiste à célébrer les exploits du parti de Thorez, à chanter la terreur entretenue par les tueurs du Guépéou, à se réjouir du châtiment exemplaire infligés aux traîtres démasqués lors les procès de Moscou ?
Ce rappel historique sur la période de l'histoire où le nommé Aragon indiquait à l'intelligentsia la tâche à suivre demeure nécessaire. On a parlé du siècle d'Aragon. À juste titre, car ce siècle fut celui de tous les mensonges, en politique comme en littérature Pour les dénoncer, cet ouvrage propose trois essais écrits en des périodes difféntes qui mettent en évidence la continuité dans l'imposture.
Le Lundi existentiel et le dimanche de l'Histoire est considéré comme le testament philosophique de Benjamin Fondane, d'abord parce que c'est le dernier texte qu'il a écrit et qu'il a envoyé à Gallimard la veille de son arrestation et de sa déportation, ensuite parce qu'il trace une ligne de démarcation très nette entre la philosophie existentialiste de Heidegger et Sartre, et la philosophie existentielle, le courant dans lequel il se situe après Kierkegaard et Chestov. Selon Fondane, ce dernier seul laisse une possibilité de liberté à l'être humain en engageant, en son nom, un procès contre la raison.
Cet essai est suivi par l'ensemble des textes philosophiques qu'il a publié dans la grande revue marseillaise Les Cahiers du Sud, entre particulier dans sa chronique : « La philosophie vivante ». On retrouve là les grands thèmes de la philosophie existentielle, plusieurs débats autour de Kierkegaard et ses coups de coeur pour les penseurs alors les plus novateurs comme Lupasco, Lévy-Bruhl, Jankélévitch et Bachelard.
Haute Albanie. L'Odyssée d'une voyageuse anglaise dans les Balkans est d'abord un récit de voyage. Edith Durham prend soin de noter toutes ses étapes et les difficultés rencontrées dans un pays inhospitalier où la piste enneigée ou poussiéreuse est la seule voie de communication que des chevaux ou des marcheurs peuvent emprunter.
Chaque rencontre est l'occasion d'une description minutieuse de l'habitat, des vêtements, de la nourriture des habitants. Dotée d'une solide formation, elle dessine et fait des croquis pour illustrer ses propos. À l'écoute des récits que lui font les montagnards, elle donne à comprendre la nature du Kanun, ce code coutumier qui régit toute la société albanaise. Elle pourfend les stéréotypes qui faisaient - et font encore trop souvent - des Albanais des « sauvages » sans foi, ni loi. Elle démonte sans a priori, les lois des mariages entre tribus, de la vendetta ou du statut particulier des vierges jurées.
Reçue par les dirigeants de l'époque, comme le roi Nikola du Monténégro, les émissaires du sultan ou les ambassadeurs des grandes puissances, elle rend compte des intrigues, des luttes d'influence qui se jouent sur le terrain, sans aucun égard pour les populations. Edith Durham est non seulement un précieux témoin du jeu politique de l'époque mais elle prend résolument partie pour ceux qui servent de pions dans l'histoire tragique de ce vingtième siècle commençant.
Rimbaud le voyou fut du vivant de Benjamin Fondane et demeure après sa mort son livre le plus lu.
Dans cet essai polémique, il dénonce les tentatives de récupération du poète des Illuminations tant par les surréalistes que par des écrivains catholiques. Pour lui, si Rimbaud atteint au mythe, c'est paradoxalement parce que son oeuvre paraît trancher de tout son éclat le noeud gordien qui lie la création artistique à la vie. Conjointement à sa lecture du philosophe Léon Chestov, Fondane clans son essai en sonde_ la portée éminemment existentielle.
La thèse du " voyou " met en tension le " tempérament métaphysique " de Rimbaud, sa soif d'absolu, sa " gourmandise ", et la valeur programmatique de la " Lettre du Voyant ", qui revient selon Fondane à tricher en s'emparant " de l'Inconnu par un coup de force ".
Nous étions cinq est un roman sur l'enfance, tout en humour et en poésie, rédigé par Karel Pola.ek pendant l'Occupation nazie en 1943. Cette plongée tendre et drôle dans l'atmosphère de son enfance peut aussi se comprendre comme un moyen de fuir la réalité quotidienne de la Seconde Guerre mondiale.
Non sans rappeler La Guerre des boutons de Louis Pergaud, Nous étions cinq relate les (més)aventures d'une bande de copains à Rychnov nad Kn..nou, bourg du nord-est de la Bohème, au début du XXe siècle, notamment leurs vaines gesticulations pour se faire embaucher dans un cirque itinérant, ou encore leur tentative, douloureuse, d'apprivoiser un essaim de guêpes.
L'écriture de Polacek use alternativement d'un langage familier et d'un langage soutenu (notamment pour les descriptions), suscitant un contraste entre la réalité de la vie dans une petite ville de province et sa perception par des enfants d'une dizaine d'années. Les dialogues, toujours drôles, en exprimant la vision enfantine des réalités du monde des adultes donne à l'auteur le moyen de faire une peinture au vitriole de la société tchèque.
Publié après sa mort en 1949, Nous étions cinq est un classique de la littérature tchèque. En 1995, ce roman a fait l'objet d'une adaptation cinématographique.
Les textes réunis ici témoignent de la persistance révolutionnaire de Félix Pyat. Dès 1848, à l'Assemblée nationale, il prend position clairement contre la présidence de la République. Il défendra le même point de vue en 1888 à la Chambre des députés. De manière constante et résolue, il lutta contre toute expression d'un quelconque pouvoir personnel, qu'il soit héréditaire (de droit divin), constitutionnel (type Monarchie de juillet), élu (suffrage universel) ou issu d'un coup d'État (dictature bonapartiste). Selon lui, en République, le peuple, qui seul est souverain, ne doit pas délèguer son pouvoir à un président qui ne ferait qu'en abuser.
Karl Marx rendit hommage à Pyat pour avoir dénoncé «avec férocité le manque de courage dont fait montre la classe littéraire». C'était en 1858. Pyat toujours d'actualité !
Faut-il attendre le règne omeyyade pour voir surgir la monarchie en terre d'islam comme le veut la représentation courante ? À en croire l'auteur du livre, LÉmir et le Messager, la monarchie est née, du moins dans ses fondations, à l'époque du Prophète Muhammad lui-même, c'est-à-dire du temps ''sacré'' de la révélation et grâce au sacré lui-même. Le Coran parle bien des Ahl Albayt, les gens de la maison, autrement dit les maîtres des lieux dont la prééminence prend racine à ce moment-là.
C'est le sujet de ce livre qui s'interroge sur la complexité de la personnalité du Prophète à travers ses deux corps : le corps prophétique et le corps politique, celui du Messager et celui de l'Émir..
Le livre est courageux mais il est surtout érudit, perspicace et intelligent dans sa façon d'interroger les sources musulmanes classiques en les serrant de plus près pour leur extirper les non-dits.
Terre incandescente et inhospitalière, Djibouti est le point de rencontre de trois rifts formant des paysages désertiques « de roc, de sable et de sel ». Dénué de ressources naturelles autres que la mer, le soleil, le vent et la chaleur, ce minuscule État de l'Afrique de l'Est est pourtant un acteur essentiel de la région. Stratégiquement situé, Djibouti est la porte de la Corne de l'Afrique, et le port du géant éthiopien enclavé. Havre de stabilité entre l'Érythrée totalitaire et la Somalie décomposée, il est l'oeil du cyclone, et accueille la plus importante base militaire française à l'étranger.
Cette ancienne colonie française dispose surtout d'atouts touristiques spectaculaires où le minéral domine et le vivant est en sursis : de la banquise de sel du lac Assal aux cheminées de calcaire ocre aux formes surréalistes du lac Abbé, en passant par la mystérieuse forêt du Day et les mangroves de l'île de Moucha, cet ouvrage est une invitation au voyage sur cette terre volcanique inondée « de lumières et d'espaces », qu'avaient décrites en leur temps Monfreid, Kessel et Rimbaud.
Pour Rachel Bespaloff, la pensée de Léon Chestov fut une pensée d'éveil et le commencement d'une vocation philosophique. Mais, contrairement à Benjamin Fondane, elle ne demeura pas disciple du penseur russe. Entrée en désaccord avec le maître, elle lui conserva néanmoins une forme de fidélité.
Cette correspondance inédite de Rachel Bespaloff avec Fondane (1898-1944) et Chestov (1866-1938) couvre une période qui s'étend de 1930 à 1939. Elle éclaire leurs oeuvres respectives et apporte des éléments décisifs sur la réception des oeuvres de Heidegger et de Kierkegaard dans le milieu de la philosophie existentielle d'avant-guerre. Elle donne aussi à entendre la voix intime de Rachel Bespaloff, ses espoirs, ses attentes, et son inflexible passion pour la vérité.
Une annexe contient des documents inédits pour la compréhension des discussions philosophiques qui unissent et parfois séparent les deux disciples de Léon Chestov.
Édition établie, introduite et annotée par Olivier Salazar-Ferrer, maître de conférences en littérature et philosophie à l'université de Glasgow.
La revue Front noir (1963-1968) fut créée par Louis Janover, avec un groupe d'amis, après qu'il a quitté le groupe surréaliste. Cette revue fait entendre une note différente de celle des autres avant-gardes de ce temps (lettrisme, situationnisme) en cherchant à concilier les prises de position politiques radicales et une expression poétique et artistique sans concession.
- Le positionnement politique est celui du socialisme de conseils, théorisé en France par Maximilien Rubel, qui s'appuie sur la pensée de Marx pour critiquer tous les marxismes.
- L'expression poétique entend répondre aux exigences qui furent celles des surréalistes aux débuts de leur mouvement (indépendance, spontanéité).
L'ouvrage comprend :
- une étude de Maxime Morel présentant l'histoire et les orientations de la revue.
- un choix de textes de la revue et des brochures qui ont suivi. Sont reprises aussi les illustrations de Gaétan Langlais et Le Maréchal.
- une postface de Louis Janover, qui fut au coeur de cette expérience.
Au départ, dans les années 1930, L'Exode est un poème dramatique à plusieurs voix qui évoque la déportation et l'exil des juifs à Babylone sous Nabuchodonosor au VIIe siècle av. J.-C. Pendant l'Occupation, Fondane a repris son poème pour y insérer le récit d'un autre exode, qu'il a vécu, celui des Parisiens fuyant la capitale devant l'avancée allemande en juin 1940. Du coup, l'histoire des juifs relue et réactualisée prenait une dimension universelle. Enfin, il a fait précéder son poème de ce grand texte prophétique qu'est la « Préface en prose »:
C'est à vous que je parle, hommes des antipodes, je parle d'homme à homme, avec le peu en moi qui demeure de l'homme, avec le peu de voix qui me reste au gosier, mon sang est sur les routes, puisse-t-il, puisse-t-il ne pas crier vengeance! L'hallali est donné, les bêtes sont traquées, laissez-moi vous parler avec ces mêmes mots que nous eûmes en partage - il reste peu d'intelligibles! Un jour viendra, c'est sûr, de la soif apaisée, nous serons au-delà du souvenir, la mort aura parachevé les travaux de la haine, je serai un bouquet d'orties sous vos pieds, - alors, eh bien, sachez que j'avais un visage comme vous. Une bouche qui priait, comme vous.
Andric est âgé de 28 ans lorsqu'il est nommé à l'ambassade du royaume des S. C. S. auprès du Vatican. Cette nomination qui intervient en 1920 va lui permettre de vivre de l'intérieur, en temoin " privilégié ", l'atmosphère insurrectionnelle et le chaos qui règnent en Italie, puis la montée inexorable et violente de la réaction. Ce dont il rend parfaitement compte dans La Révolution fasciste qui paraît à Zagreb dès 1923. Deux séjours ultérieurs en Italie le conforteront dans son appréhension (dans les deux sens du terme, perception et crainte) du fascisme, et ses affectations à des postes plus ou moins éloignés de la péninsule italienne ne l'empêcheront pas de suivre pas à pas l'extension, l'expansion de la dictature mussolinienne et à nouveau de les présenter au public dans six textes (dont certains signés du pseudonyme " Res ") qui paraîtront entre décembre 1923 et mai 1926, le dernier délaissant l'Italie du Duce pour la Bulgarie qui, alors, paraît s'engager lentement mais sûrement sur une voie qui non officiellement proclamée fasciste y ressemble à maints égards.
A la lecture de ces textes, le lecteur est frappé par la finesse et la justesse de l'analyse proposée par Ivo Andric. Quoique contemporains de la montée du fascisme, ces écrits semblent aujourd'hui nettement postérieurs, comme rédigés par un historien qui aurait bénéficié d'un net recul dans le temps pour se pencher sur l'avènement de ce monstre que fut le fascisme.
Complètent le présent recueil deux textes légèrement antérieurs puisque datés de 1921 et 1922 Le Dernier Roman de F.F. Marinetti et Un livre de guerre de Gabriele d'Annunzio. Ils sont en quelque sorte le contrepoint des écrits plus politiques présentés ici et illustrent l'autre domaine d'activité du Ivo Andric trentenaire : la critique littéraire qu'il mène en parallèle avec ses propres essais de création.
Ces neuf textes d'Ivo Andric sont inédits en français.
Au retour de son périple au Maroc effectué en 1832 avec la mission française dirigée par le comte de Mornay, Delacroix a fait une escale de quelques heures à Alger, le temps de se promener à la Marine puis dans la Casbah, et de rendre visite au foyer de Sid Abdallah. Le moment passé dans cette maison lui a inspiré un immense chef d'oeuvre : Les Dames d'Alger dans leur appartement.
Une toile qui reçut un accueil mitigé au Salon de 1834. Une toile qui n'a pas fini de livrer ses secrets.
Maurice Arama effectue une véritable autopsie de cette oeuvre en s'appuyant sur les Carnets et sur les croquis préparatoires. Il s'attache aussi à retrouver l'état d'esprit du peintre, plongé dans l'amertume par le spectacle des destructions effectuées par l'autorité française.
Une toile qui connut une remarquable postérité, avec des réinterprétations par de nombreux peintres, jusqu'à Picasso.
La propagande totalitaire a marqué substantiellement l'histoire du XXe siècle.
Artan Fuga analyse en détails l'histoire, les démarches idéologiques, les modes de manipulation, l'infrastructure, les principaux axes terminologiques, le langage, la symbolique, les acteurs de la propagande totalitaire en Albanie.
L'Albanie présente un cas bien particulier parce qu'il s'agit d'une propagande totalitaire menée dans le cadre d'une société majoritairement de confession islamique, principalement rurale, d'un État totalitaire qui après 1960 s'est retiré du camp soviétique.
Sans être soviétique, le totalitarisme en Albanie est allé jusqu'aux limites les plus poussées de l'utopie idéologique stalinienne.
La propagande totalitaire en Albanie a essayé de mettre en convergence le dogme stalinien de l'État socialiste et certaines traditions manipulées de la culture autochtone albanaise. Cela par un mécanisme très élaboré et diabolique à la fois d'affirmation et de censure du patrimoine culturel national.
Ce recueil de l'essayiste et sociologue Albert Memmi, auteur du Portrait du colonisé (ouvrage publié en 1957 avec une préface de Jean-Paul Sartre) rassemble une quarantaine de textes courts, de diverses sources (articles parus dans la presse, en revue, communications lors de congrès, entretiens, textes inédits...).
Sa finalité est double : rendre à nouveau disponibles à qui s'intéresse à cette oeuvre des textes difficiles d'accès. Il s'avère donc être un complément indispensable aux différents ouvrages, puisqu'il couvre les différentes problématiques abordées par Memmi durant sa vie intellectuelle : colonisation/décolonisation, judaïsme et judéité, identité culturelle, dépendance, racisme, laïcité. D'autre part, cet ensemble démontre à quel point cette pensée n'a rien perdu de sa pertinence, ni de son actualité. Un entretien entre Hervé Sanson et Albert Memmi en préambule permet de tracer des parallèles entre les textes et ce que pense Memmi aujourd'hui.
À travers la métaphore d'un train de luxe qui ne circule plus (c'est le célèbre Orient Express), l'auteur nous fait découvrir les fantasmes de ceux qui, à l'Est, ne pensent qu'aux « merveilles » de l'Ouest, de l'Occident, de la démocratie accomplie... Oh, l'Occident, cet Eldorado tant rêvé !
Avec tendresse et humour, Matéi Visniec nous propose une galerie de personnages qui ne pensent qu'à partir, goûter à l'abondance occidentale, profiter de la société de consommation, sentir enfin (au moins une fois dans leur vie) l'extase de la liberté et de la réussite... Ainsi ce vieillard aveugle ayant connu tous les camps d'internement à l'Est et qui nous entraîne dans un inventaire post-communiste où se mêlent la nostalgie de l'Orient Express, l'affairisme et le proxénétisme d'une base militaire américaine, l'envie de pisser sur toutes les frontières qui l'ont empêché de vivre, l'importance idéologique des emballages occidentaux dans la chute du Mur et la notion révolutionnaire de « peuple fluide » imaginée par un doctorant chaque fois recalé...
Occident Express est d'abord un voyage initiatique dans les Balkans (si loin, si méconnus et si malaimés), mais aussi la radiographie lucide du capitalisme sauvage qui a remplacé à l'Est l'utopie communiste. Cette pièce est enfin une reflexion sur le difficile rapprochement entre les deux Europes séparées par un demi-siècle d'histoire mouvementée.
L'oeuvre d'Ibn Khaldoun, dont sa désormais célèbre Al Muqaddima, introduction à l'Histoire universelle, ne fut connue en Occident qu'au milieu du xxe siècle. On découvrit alors un prodigieux savant, dont les travaux, réalisés au xive siècle, faisaient de lui un précurseur de génie de plusieurs disciplines scientifiques.
Au cours d'une vie tumultueuse, Ibn Khaldoun parcourut les royaumes berbères du Maghreb et séjourna en Andalousie. Acteur clé de son temps, il y fut tour à tour ministre, professeur, juge, diplomate et savant.
À l'occasion du 600e anniversaire de la mort de ce génie maghrébin, Smaïl Goumeziane publiait ce petit essai où il analysait, sous un angle inédit, et sur fonds d'histoire du Maghreb, les apports essentiels d'Ibn Khaldoun aux sciences humaines.
Ce travail, approfondissant les causes du déclin du Maghreb depuis la chute de Grenade, remonte jusqu'au xviiie siècle et renoue les fils de la pensée khaldounienne et ceux du siècle des Lumières.
C'est cet essai brillant sur une figure illustre de la Méditerranée que nous republions aujourd'hui.
Un plaidoyer pour la liberté de l'esprit.
Initié par les communistes pour constituer un front intellectuel antifasciste, le Congrès international des écrivains, qui s'est tenu à Paris en juin 1935, est resté comme un événement majeur de l'histoire culturelle du XXe siècle.
En marge de ce congrès, Fondane s'inquiète au sujet de l'autonomie que doivent conserver l'art et la poésie face à une idéologie dominante. Une idéologie qui se présente comme révolutionnaire, qui est en fait contrerévolutionnaire, précise Janover.
En confrontant la position de Fondane à celles d'autres participants au Congrès (Breton, Crevel), Louis Janover montre combien elle était la plus pertinente au regard de la situation politique d'alors. Combien elle demeure éclairante dans le monde de la pensée unique qui a fait suite à l'effondrement des régimes communistes.