L'oeuvre d'Ibn Khaldoun, dont sa désormais célèbre Al Muqaddima, introduction à l'Histoire universelle, ne fut connue en Occident qu'au milieu du xxe siècle. On découvrit alors un prodigieux savant, dont les travaux, réalisés au xive siècle, faisaient de lui un précurseur de génie de plusieurs disciplines scientifiques.
Au cours d'une vie tumultueuse, Ibn Khaldoun parcourut les royaumes berbères du Maghreb et séjourna en Andalousie. Acteur clé de son temps, il y fut tour à tour ministre, professeur, juge, diplomate et savant.
À l'occasion du 600e anniversaire de la mort de ce génie maghrébin, Smaïl Goumeziane publiait ce petit essai où il analysait, sous un angle inédit, et sur fonds d'histoire du Maghreb, les apports essentiels d'Ibn Khaldoun aux sciences humaines.
Ce travail, approfondissant les causes du déclin du Maghreb depuis la chute de Grenade, remonte jusqu'au xviiie siècle et renoue les fils de la pensée khaldounienne et ceux du siècle des Lumières.
C'est cet essai brillant sur une figure illustre de la Méditerranée que nous republions aujourd'hui.
Qu'en est-il de la femme dans le Coran, l'a-t-il à ce point grandie pour qu'on en fasse autant la louange, ou bien l'a-t-il déconsidérée, et jusqu'à quel point ?
Au-delà du rapport du Coran à la femme présent tout au long du livre, au-delà de la représentation islamique d'un corps féminin diabolisé et du statut quasi servile de la femme, le livre aborde des questions taboues, se rapportant à l'institution des « mères des croyants ». Il en dévoile les non-dits en décryptant le texte sacré selon une démarche nourrie par les sources les plus autorisées.
Comme le souligne l'introduction « le thème profond de ce livre est la contestation féminine à la naissance de l'islam et la façon dont les textes religieux, Coran et Sunna, l'ont étouffée et ligotée, en un mot enchaînée ».
Mohammed Ennaji « n'a pas froid aux yeux » dans son approche du sacré, l'expression est de Régis Debray dans sa préface à un autre titre du même auteur. Elle se vérifie à nouveau dans Le Corps enchaîné.
la tourmente n'a pas épargné anezrou, village perdu de kabylie.
la guerre civile, en obligeant chacun à choisir son camp, fait tomber les masques. el hadj le seigneur de guerre, hocine le fonctionnaire de mairie, fatima l'institutrice, son cousin sofiane ne savent pas encore qu'ils vivent les derniers instants d'une époque révolue oú tous pouvaient s'arranger avec la tradition, ses contraintes et ses archaïsmes. les tribulations tragi-comiques de personnages dépassés par les événements brossent le tableau sans concession d'une société algérienne au bord du gouffre.
Mes pages sont autant de récipients que je tends pour tenter de recueillir quelques perles enfouies dans mes pluies imaginaires.
Quand je pense y réussir, je m'empresse de donner l'accolade au vent et d'envoyer de bons baisers aux étoiles. Avoir toujours de quoi attraper en plein vol, pour les transcrire, les sensations et les pensées fulgurantes qui traversent l'âme durant des instants furtifs et prestement volatiles. C'est, peut-être, un modeste remède pour désengorger un tant soit peu l'inconscient et pousser sporadiquement des petits oufs.
Le plaisir que je me fais à moi-même en écrivant est mon seul baromètre, ma seule boussole. D'autres que moi, me dis-je, éprouveront peut-être, certes à des degrés moindres, le plaisir qui est le mien ; quant à ceux qui me laisseront choir, je ne peux rien pour eux, mon vin n'étant pas le leur et mon ivresse non plus.
nouveau porte-parole des " déshérités ", l'islamisme politique ne s'attaque pas à la propriété et au pouvoir économique qui en découle, mais à la souveraineté et au pouvoir politique qui la représente.
quand il devient armé, il exerce une violence meurtrière indifférenciée, visant à démontrer que le pouvoir n'est nulle part souverain. le fondamentaliste islamiste ne revendique pas la propriété de territoires, mais une redistribution monétaire sans frontières. dès lors, il entre en conflit avec les souverains en place, en pays d'islam en premier lieu, particulièrement dans les pays pétroliers, en second lieu avec les titulaires de la souveraineté dans le monde, donc avec le centre principal, les etats-unis.
cette dynamique qui anime les islamistes ne relève pas uniquement d'une nostalgie millénariste, d'un désir d'en revenir à l'empire musulman au temps de sa splendeur. ahmed henni montre qu'elle s'inscrit localement dans le fonctionnement rentier des sociétés pétrolières oú la richesse est liée au statut des individus. et qu'elle s'inscrit historiquement dans la mutation mondialisée du capitalisme d'industrie en capitalisme de rente, financière notamment, oú les idéologies valorisant les statuts pourvoyeurs de revenus prennent la place des idéologies valorisant le travail de production.
L' « Esprit Bektachi » règne dans le monde turc depuis les temps de l'Empire ottoman. Le derviche Bektachi est un homme de religion, une sorte de moine musulman. Généralement « pauvre devant Dieu », il pourrait être un mendiant, un saint mystique vénéré des foules ou un fou socialement irrécupérable. Celui dont on a ici rassemblé les propos est un dénonciateur de la bigoterie, du formalisme rituel, de l'hypocrisie sociale et du fanatisme idéologique.
Dans la tradition populaire, l'« Esprit Bektachi » est transmis au travers d'historiettes, de blagues et de diverses plaisanteries : que l'on appelle en turc fikra, hikaye ou dedikler. Ces historiettes reflètent fidèlement la liberté de l'individu face aux contraintes sociales et religieuses, l'indépendance de l'Esprit par rapport à la lettre et de l'universalisme mystique face à l'exclusivisme confessionnel.
Les armes du Bektachi sont pacifiques mais redoutablement efficaces : la moquerie qui fait mouche, le refus d'obtempérer, l'individualisme du libre penseur, ou plutôt d'un penseur libre, la transgression religieuse pratiquée avec constance et application comme un art de vivre. Le Bektachi turc n'est pas pour autant une réplique orientale des « anti-calotins » de chez nous. Non seulement il est déiste mais c'est un mystique, un soufi dit-on en Islam, tenant de la « religion du Coeur » qui transcende rites et institutions religieuses extérieures et, partant, en dispense le vrai chercheur de Vérité qui trouve Dieu en lui-même.
Préface et postface de Michel Balivet, professeur à l'Université de Provence où il enseigne l'histoire seldjoukide et ottomane, ainsi que l'histoire des croisades et celle des relations entre Byzance et le monde musulman.
Les Cahiers du Courrier des Balkans explorent l'actualité balkanique à partir des articles publiés en ligne par les réseaux du Courrier des Balkans depuis une quinzaine d'années. Chaque cahier est thématique. Le n°2 est consacrés à l'islam dans les Balkans.
Les Balkans sont-ils devenus, depuis vingt ans, la « porte d'entrée » en Europe du radicalisme islamique ? À l'inverse, la région, où musulmans, chrétiens et juifs ont vécu en paix durant des siècles, n'est-elle pas le terreau dans lequel pourrait s'ancrer un islam « différent », un islam « tolérant », bref un « islam européen » ? Dès qu'il est question de l'islam, religion pourtant pratiquée par près d'un cinquième de l'humanité, les perceptions occidentales s'affolent, les clichés, les stéréotypes et les parti-pris définitifs ne sont jamais loin.
En vérité, l'islam a toujours été diversité. Il y a l'islam des doctes, les ulemas, l'islam des grands mystiques, derviches gyrovagues ou cheikhs très respectés, et les mille visages de l'islam « populaire », qui se teinte souvent de syncrétisme, quand les musulmans vivent aux côtés de juifs et de chrétiens. L'islam des Balkans n'échappe pas à la règle, il a toujours été impliqué dans tous les débats traversant l'umma, la communauté des fidèles. Cet islam a été directement interpelé par les chocs de l'histoire, mis au défi de la modernité dès les réformes de l'Empire ottoman, les tanzimats des années 1840...
Le présent cahier se compose de deux parties. Un long article écrit à l'été 2013 tente de synthétiser les évolutions actuelles de l'islam dans les Balkans. Il est suivi par une sélection d'articles publiés depuis dix ans par le Courrier des Balkans : de la Bosnie-Herzégovine à la Grèce, ils reflètent les débats qui agitent les sociétés balkaniques. Quelle place pour l'islam dans la Bosnie-Herzégovine d'après-guerre ? Comment s'articulent l'affirmation religieuse et la revendication bosniaque dans le Sandjak de Novi Pazar ? Pourquoi l'Albanie, à peine sortie du stalinisme, est-elle devenue le terrain de prédilection de tous les prosélytismes ? Quelles interactions entre la religion musulmane et la construction de l'identité albanaise ? Les points de vue divergent, parfois tranchés et provocateurs.
À travers les témoignages de quinze Juifs roumains rescapés de la Shoah, vivant encore en Roumanie ou réfugiés en Israel, les auteurs écrivent l'histoire de la communauté juive de Roumanie depuis les périls fascistes de l'entre-deux-guerre jusqu'à la dictature dite communiste.
Par-delà le succession des régimes, affleure, au travers de ces récits de vie édifiants, la permanence d'un antisémitisme virulent en Roumanie (et ce, jusqu'à aujourd'hui où le Maréchal Antonescu est l'objet d'une réhabilitation problématique). Surtout, ce livre pointe une incongruïté : l'abscence de documents et de travaux publiés sur la Shoah en Roumanie - à l'exception notable des recherches de Carol Iancu. En effet, alors que nous disposons de nombreux témoignages des Juifs d'autres pays d'Europe, la parole des Juifs de Roumanie est toujours inaudible. La version de l'histoire officielle, défendue par les communistes et les autorités actuelles, soutien en effet que la Roumanie a toujours protégé les Juifs, que le massacre des 300 000 Juifs de Roumanie était le fait unique des Nazis.
Les témoignages publiés dans ce livre battent en brèche cette vision nationaliste : Antonescu, qui se définissait lui-même comme le Pétain roumain, n'a jamais voulu que les Allemands s'immiscent dans les affaires juives roumaines, et s'il n'a pas ordonné l'extermination des Juifs vivants sur le sol roumain, il les a déportés massivement en Transnistrie, où ils périrent dans des camps.