Le vingtième siècle est le siècle de la révolution lente et silencieuse des femmes en Iran. À travers les bouleversements de la société, les Iraniennes se manifestent implicitement dans l'espace public en tentant de prendre leur destin en main.
À partir du XIXe siècle, elles avaient affronté le pouvoir pour obtenir un minimum de droits. Aujourd'hui, les femmes font face à des défis plus profonds, enracinés dans la longue histoire du pays. C'est d'abord sur leur corps que s'inscrit cette bataille de revendications. Le corps féminin restant contrôlé dans l'espace public et privé est devenu un enjeu important pour les politiques qui imposent, interdisent et édictent des règles et des normes. Dans l'espace privé, l'État contrôle le corps par les législations sur le mariage, le divorce, la contraception et l'avortement ; et dans l'espace public par l'imposition des codes vestimentaires, le voile et sa présence ou absence sur la scène politique.
En bien ou en mal, le corps des femmes interpelle le politique ; c'est sur ce corps que les enjeux du progrès d'un pays reposent. Comment les femmes réagissent-elles au contrôle social et comment le vivent-elles ? Soumis ou revendicatif, le corps des femmes est présent, se fait entendre, résiste ou accepte.
À partir des batailles autour et sur le corps féminin, ce livre fournit des éléments pour cerner la coexistence d'un féminisme d'État, régissant les rapports entre sexes dans la vie privée et dans l'espace public avant la Révolution en 1979, et par ailleurs d'une continuité engagée, envers et malgré tout, du mouvement des femmes.
Malgré des retours et des renoncements, les Iraniennes aujourd'hui ont plus que jamais conscience de leurs droits dans une société jeune à l'écoute des changements du monde. La société iranienne saura-t-elle accepter et embrasser l'égalité entre les sexes ? Cette cause est déjà ancrée dans la société.
Trois textes, trois pamphlets pour s'opposer à toute réhabilitation du stalinien Aragon.
Aragon n'a-t-il pas mis tout son génie de poète et d'écrivain, tout son génie de polémiste à célébrer les exploits du parti de Thorez, à chanter la terreur entretenue par les tueurs du Guépéou, à se réjouir du châtiment exemplaire infligés aux traîtres démasqués lors les procès de Moscou ?
Ce rappel historique sur la période de l'histoire où le nommé Aragon indiquait à l'intelligentsia la tâche à suivre demeure nécessaire. On a parlé du siècle d'Aragon. À juste titre, car ce siècle fut celui de tous les mensonges, en politique comme en littérature Pour les dénoncer, cet ouvrage propose trois essais écrits en des périodes difféntes qui mettent en évidence la continuité dans l'imposture.
Le Lundi existentiel et le dimanche de l'Histoire est considéré comme le testament philosophique de Benjamin Fondane, d'abord parce que c'est le dernier texte qu'il a écrit et qu'il a envoyé à Gallimard la veille de son arrestation et de sa déportation, ensuite parce qu'il trace une ligne de démarcation très nette entre la philosophie existentialiste de Heidegger et Sartre, et la philosophie existentielle, le courant dans lequel il se situe après Kierkegaard et Chestov. Selon Fondane, ce dernier seul laisse une possibilité de liberté à l'être humain en engageant, en son nom, un procès contre la raison.
Cet essai est suivi par l'ensemble des textes philosophiques qu'il a publié dans la grande revue marseillaise Les Cahiers du Sud, entre particulier dans sa chronique : « La philosophie vivante ». On retrouve là les grands thèmes de la philosophie existentielle, plusieurs débats autour de Kierkegaard et ses coups de coeur pour les penseurs alors les plus novateurs comme Lupasco, Lévy-Bruhl, Jankélévitch et Bachelard.
Les textes réunis ici témoignent de la persistance révolutionnaire de Félix Pyat. Dès 1848, à l'Assemblée nationale, il prend position clairement contre la présidence de la République. Il défendra le même point de vue en 1888 à la Chambre des députés. De manière constante et résolue, il lutta contre toute expression d'un quelconque pouvoir personnel, qu'il soit héréditaire (de droit divin), constitutionnel (type Monarchie de juillet), élu (suffrage universel) ou issu d'un coup d'État (dictature bonapartiste). Selon lui, en République, le peuple, qui seul est souverain, ne doit pas délèguer son pouvoir à un président qui ne ferait qu'en abuser.
Karl Marx rendit hommage à Pyat pour avoir dénoncé «avec férocité le manque de courage dont fait montre la classe littéraire». C'était en 1858. Pyat toujours d'actualité !
Faut-il attendre le règne omeyyade pour voir surgir la monarchie en terre d'islam comme le veut la représentation courante ? À en croire l'auteur du livre, LÉmir et le Messager, la monarchie est née, du moins dans ses fondations, à l'époque du Prophète Muhammad lui-même, c'est-à-dire du temps ''sacré'' de la révélation et grâce au sacré lui-même. Le Coran parle bien des Ahl Albayt, les gens de la maison, autrement dit les maîtres des lieux dont la prééminence prend racine à ce moment-là.
C'est le sujet de ce livre qui s'interroge sur la complexité de la personnalité du Prophète à travers ses deux corps : le corps prophétique et le corps politique, celui du Messager et celui de l'Émir..
Le livre est courageux mais il est surtout érudit, perspicace et intelligent dans sa façon d'interroger les sources musulmanes classiques en les serrant de plus près pour leur extirper les non-dits.
Pour Rachel Bespaloff, la pensée de Léon Chestov fut une pensée d'éveil et le commencement d'une vocation philosophique. Mais, contrairement à Benjamin Fondane, elle ne demeura pas disciple du penseur russe. Entrée en désaccord avec le maître, elle lui conserva néanmoins une forme de fidélité.
Cette correspondance inédite de Rachel Bespaloff avec Fondane (1898-1944) et Chestov (1866-1938) couvre une période qui s'étend de 1930 à 1939. Elle éclaire leurs oeuvres respectives et apporte des éléments décisifs sur la réception des oeuvres de Heidegger et de Kierkegaard dans le milieu de la philosophie existentielle d'avant-guerre. Elle donne aussi à entendre la voix intime de Rachel Bespaloff, ses espoirs, ses attentes, et son inflexible passion pour la vérité.
Une annexe contient des documents inédits pour la compréhension des discussions philosophiques qui unissent et parfois séparent les deux disciples de Léon Chestov.
Édition établie, introduite et annotée par Olivier Salazar-Ferrer, maître de conférences en littérature et philosophie à l'université de Glasgow.
La revue Front noir (1963-1968) fut créée par Louis Janover, avec un groupe d'amis, après qu'il a quitté le groupe surréaliste. Cette revue fait entendre une note différente de celle des autres avant-gardes de ce temps (lettrisme, situationnisme) en cherchant à concilier les prises de position politiques radicales et une expression poétique et artistique sans concession.
- Le positionnement politique est celui du socialisme de conseils, théorisé en France par Maximilien Rubel, qui s'appuie sur la pensée de Marx pour critiquer tous les marxismes.
- L'expression poétique entend répondre aux exigences qui furent celles des surréalistes aux débuts de leur mouvement (indépendance, spontanéité).
L'ouvrage comprend :
- une étude de Maxime Morel présentant l'histoire et les orientations de la revue.
- un choix de textes de la revue et des brochures qui ont suivi. Sont reprises aussi les illustrations de Gaétan Langlais et Le Maréchal.
- une postface de Louis Janover, qui fut au coeur de cette expérience.
Andric est âgé de 28 ans lorsqu'il est nommé à l'ambassade du royaume des S. C. S. auprès du Vatican. Cette nomination qui intervient en 1920 va lui permettre de vivre de l'intérieur, en temoin " privilégié ", l'atmosphère insurrectionnelle et le chaos qui règnent en Italie, puis la montée inexorable et violente de la réaction. Ce dont il rend parfaitement compte dans La Révolution fasciste qui paraît à Zagreb dès 1923. Deux séjours ultérieurs en Italie le conforteront dans son appréhension (dans les deux sens du terme, perception et crainte) du fascisme, et ses affectations à des postes plus ou moins éloignés de la péninsule italienne ne l'empêcheront pas de suivre pas à pas l'extension, l'expansion de la dictature mussolinienne et à nouveau de les présenter au public dans six textes (dont certains signés du pseudonyme " Res ") qui paraîtront entre décembre 1923 et mai 1926, le dernier délaissant l'Italie du Duce pour la Bulgarie qui, alors, paraît s'engager lentement mais sûrement sur une voie qui non officiellement proclamée fasciste y ressemble à maints égards.
A la lecture de ces textes, le lecteur est frappé par la finesse et la justesse de l'analyse proposée par Ivo Andric. Quoique contemporains de la montée du fascisme, ces écrits semblent aujourd'hui nettement postérieurs, comme rédigés par un historien qui aurait bénéficié d'un net recul dans le temps pour se pencher sur l'avènement de ce monstre que fut le fascisme.
Complètent le présent recueil deux textes légèrement antérieurs puisque datés de 1921 et 1922 Le Dernier Roman de F.F. Marinetti et Un livre de guerre de Gabriele d'Annunzio. Ils sont en quelque sorte le contrepoint des écrits plus politiques présentés ici et illustrent l'autre domaine d'activité du Ivo Andric trentenaire : la critique littéraire qu'il mène en parallèle avec ses propres essais de création.
Ces neuf textes d'Ivo Andric sont inédits en français.
La propagande totalitaire a marqué substantiellement l'histoire du XXe siècle.
Artan Fuga analyse en détails l'histoire, les démarches idéologiques, les modes de manipulation, l'infrastructure, les principaux axes terminologiques, le langage, la symbolique, les acteurs de la propagande totalitaire en Albanie.
L'Albanie présente un cas bien particulier parce qu'il s'agit d'une propagande totalitaire menée dans le cadre d'une société majoritairement de confession islamique, principalement rurale, d'un État totalitaire qui après 1960 s'est retiré du camp soviétique.
Sans être soviétique, le totalitarisme en Albanie est allé jusqu'aux limites les plus poussées de l'utopie idéologique stalinienne.
La propagande totalitaire en Albanie a essayé de mettre en convergence le dogme stalinien de l'État socialiste et certaines traditions manipulées de la culture autochtone albanaise. Cela par un mécanisme très élaboré et diabolique à la fois d'affirmation et de censure du patrimoine culturel national.
Ce recueil de l'essayiste et sociologue Albert Memmi, auteur du Portrait du colonisé (ouvrage publié en 1957 avec une préface de Jean-Paul Sartre) rassemble une quarantaine de textes courts, de diverses sources (articles parus dans la presse, en revue, communications lors de congrès, entretiens, textes inédits...).
Sa finalité est double : rendre à nouveau disponibles à qui s'intéresse à cette oeuvre des textes difficiles d'accès. Il s'avère donc être un complément indispensable aux différents ouvrages, puisqu'il couvre les différentes problématiques abordées par Memmi durant sa vie intellectuelle : colonisation/décolonisation, judaïsme et judéité, identité culturelle, dépendance, racisme, laïcité. D'autre part, cet ensemble démontre à quel point cette pensée n'a rien perdu de sa pertinence, ni de son actualité. Un entretien entre Hervé Sanson et Albert Memmi en préambule permet de tracer des parallèles entre les textes et ce que pense Memmi aujourd'hui.
Les débats partisans autour de la « crise migratoire » tendent à masquer l'accroissement, la modification et la diversification des phé- nomènes de traite des êtres humains au Moyen-Orient, en Afrique et en Europe. Ceux-ci sont pourtant révélateurs de changements sociétaux profonds. Mettant en lumière les fonctionnements et mécanismes actuels de la migration irrégulière, les constats de terrain relatifs à la massification de l'exploitation sexuelle ou à l'utilisation croissante d'enfants pour commettre des délits en Europe, illustrent combien le développement de rapports d'exploitation est le signe d'une modification de l'ordre social. Ils interrogent sur les conséquences sociales de la sécurisation des frontières et de ses effets sur l'essor du crime organisé.
C'est grâce à un important travail de terrain de plus de 5 ans en Afrique, au Moyen Orient, dans les Balkans et en Europe occidentale que ce livre rend compte de ces situations d'exploitation contemporaines. Les nombreux témoignages recueillis à Calais, en Grèce, au Niger, au Mali, au Liban, sur la route des Balkans, donnent un éclairage inédit aux migrations contemporaines et à leurs enjeux sociétaux.
En octobre 1951, un jeune instituteur de vingt-quatre ans, Marceau Gast, arrive au Sahara chez les Touareg Kel Ahaggar, dans le Sud algérien. Pendant trois ans, il sera instituteur nomade, changeant de groupement à chaque rentrée scolaire. Au gré des saisons et des parcours, Marceau Gast photographie les différentes facettes de la vie nomade oscillant entre les ressources rares des monts escarpés de l'Ahaggar et l'abondance des pâturages salés, à six cents kilomètres plus au sud, dans les plaines de la Tamesna. Pour ses hôtes, habiter le désert rime avec nomadisme. Mais, en ce milieu du XXe siècle, la gestion coloniale du vaste territoire des Kel Ahaggar relève de deux administrations distinctes - l'Algérie et le Soudan français - et porte en germe la menace qui s'abattra sur la salutaire mobilité nomade entre montagne et plaine. Les photographies de Marceau Gast témoignent d'un mode de vie qui en quelques décennies s'est profondément transformé. L'instituteur devenu ethnologue en 1960 poursuivra les questionnements nés au cours de son premier séjour. Il constituera un important corpus photographique pour illustrer ses recherches sur l'alimentation en milieu aride et les stratégies mises en oeuvre pour échapper à la famine.
Depuis le 22 février 2020, le mouvement populaire algérien (hirak), entame sa seconde année de manifestations pacifiques. Après avoir obtenu la fin du règne d'Abdelaziz Bouteflika, et après l'élection d'un nouveau Président, il exige désormais la fin du système rentier et l'avènement d'un système démocratique. Cette exigence n'est pas nouvelle. Elle trouve ses origines dans les événements d'octobre 1988 et les réformes démocratiques qui s'en suivirent. Cependant, celles-ci furent violemment interrompues. La tragédie des années 1990 étouffa la transition vers un système démocratique, mit fin au projet islamiste de transition vers un système théocratique, et assura la résurrection du système rentier. Héritant de ce système, Bouteflika l'étendit à sa guise, grâce à une embellie pétrolière exceptionnelle. Jusqu'à ce 22 février 2019 qui vit des millions d'Algériennes et d'Algériens descendre dans la rue pour reprendre, pacifiquement et durablement, le flambeau de la lutte : après avoir libéré le pays, il s'agissait désormais de libérer les Algériennes et les Algériens. Tout au long de cet essai, l'auteur analyse, en profondeur, ce cheminement transitionnel, long, chaotique, violent et toujours incertain qu'a suivi l'Algérie depuis 30 ans.
Sa fréquentation des milieux les plus pauvres de la Russie de son temps a conduit Léon Tolstoï à s'interroger sur les racines profondes de l'inégalité sociale et de l'esclavage moderne, et à mettre en pratique dans sa propre existence cette simplicité de vie, par laquelle le renoncement au superflu, outre qu'il est libérateur, est restitu- tion de ce que l'on a volé à d'autres.
Sa critique sociale a bouleversé le monde russe et bien au-delà. Alors qu'elle était considérée comme dépassée par nombre de marxistes, elle réapparaît aujourd'hui portée par une pensée active de l'émancipation : refus ra- dical de la condition ouvrière ; image d'une communauté agraire, alors vivante aux yeux de tous. Et Marx, dans une lettre de mars 1881, ne disait-il pas de la commune rurale qu'elle pouvait être « le point d'appui de la régé- nération sociale en Russie ». Notre temps est-il si loin d'une telle convergence ?.
Les trois essais de Tolstoï réunis dans ce livre, L'Esclavage moderne, Où est l'issue ?, La Racine du mal, traitent de cette émancipation plus actuelle que jamais. Une préface de Louis Janover s'efforce de mettre cette idée en ré- sonance avec d'autres voix comme celle de Rosa Luxemburg qui porte jusqu'à nous la révolte de Tolstoï. Sont publiés en annexe une lettre de Tolstoï à Romain Rolland et l'article de Rosa Rosa Luxemburg : « Tolstoï, pen- seur social » (1908).
Quelle est la situation des Balkans occidentaux aujourd'hui ? Statut du Kosovo, avenir de la Bosnie-Herzégovine, intégration européenne... Quinze ans après la dislocation de la Yougoslavie, les Balkans font moins la une de l'actualité mais ils demeurent pourtant un enjeu de taille pour l'Europe en construction.
Conflits permanents, revendications territoriales, poudrière nationaliste, « mosaïque ethnique »... Les Balkans seraient-il condamnés à d'endémiques violences ? Serait-il impossible de comprendre cette région « si compliquée » ? Carrefour de langues, de peuples, de religions, mais aussi théâtre de l'affrontement des « grandes puissances », les Balkans ont connu une évolution historique singulière qui permet de comprendre les enjeux du présent.
Qu'en reste-t-il des Printemps arabes de 2011 ? Un e´chec ge´ne´ral des re´volutions arabes et le relatif succe`s d'un seul pays, la Tunisie. Pourquoi la Tunisie ? Pour re´pondre a` cette interrogation, apre`s avoir remis en perspective historique la question d'une « exception autoritaire arabe », une comparaison s'imposedes trajectoires des insurrections tunisienne et arabes .
Dans les Printemps arabes, le temps insurrectionnel tunisien occupe une place a` part : il les pre´ce´da tous et servit aux autres peuples de moteur et de mode`le. Il fut particulie`rement complexe dans son de´roulement et son issue, la chute du pre´sident Ben Ali, re´sulta d'une exceptionnelle, voire ale´atoire, combinatoire de facteurs qui est ici reconstitue´e. Aux portes d'une Libye chaotique et au terme de quatre anne´es de combats et de´bats souvent durs, la Tunisie est entre´e dans une phase post-re´volutionnaire et be´ne´ficie depuis et jusqu'ici d'un re´gime de´mocratique d'une « solide fragilite´ ».
S'agissant des autres pays du front des Printemps arabes, voire de l'ensemble du monde arabe, qui peut se´rieusement dire, au regard d'un retour dans ces re´gions du se´culaire « Grand Jeu » international, que les apparents e´checs et impasses actuelles sont imputables a` un de´ficit de´mocratique des peuples arabes, qui peut assurer que, la` ou` elles semblent en panne actuellement, la page des re´volutions lance´es en 2011 est de´finitivement tourne´e ? Les « temps insurrectionnels » tunisien et arabes sont a` coup su^ r porteurs pour aujourd'hui de re´flexions et d'enseignements particulie`rement forts.
Pour quelles raisons les principaux acteurs de la répression (douane, justice, police) sont-ils toujours dans l'incapacité de définir les types d'organisation criminelle en France ? Pourquoi utilisent-ils toujours l'expression de « grand banditisme » pour évoquer des groupes criminels qui relèvent in fine de la criminalité organisée ?
Le témoignage d'acteurs du Milieu, ayant notamment participé au trafic d'héroïne, la dite French Connection (1935-1985), et l'étude de nombreux dossiers judiciaires donnent enfin des clés pour mieux comprendre l'évolution de la criminalité organisée en France. Pour la première fois, la mise en perspective d'épisodes inédits de l'histoire du Milieu français, liés principalement aux Mafias italo-américaines, met au jour la mutation des traditionnels groupes criminels sur la base d'un nouveau concept d'analyse : l'économie trafiquante. Sous l'angle de l'économie industrielle, l'étude des entreprises criminelles made in France met en relief l'existence de stratégies notamment liées à la recherche et au traitement de l'information. Un document inédit.
Ce livre est la biographie de Baya Allaouchiche (Alger, 1920 - Marseille, 2007).
Scolarisée grâce à la persévérance de son père, Baya mène très tôt une vie indépendante, refusant un mariage forcé, se liant d'amitié avec des Européens.
Seule femme indigène membre du PC algérien, Baya milite d'abord pour le droit des femmes algériennes, puis pour l'Indépendance. Secrétaire de l'Union des femmes d'Algérie, elle représente son pays lors des nombreuses conférences internationales des femmes communistes (elle est, notamment, la première Algérienne à se rendre en Chine en 1949). À l'issue d'une de ces réunions, en 1956 à Genève, les autorités françaises lui interdisent de retourner à Alger. Elle s'établit à Marseille, qu'elle ne quittera plus.
Elle n'en abandonne pas moins la lutte pour l'Agérie indépendante, servant de relais au FLN et de soutien aux militants français engagés aux côtés des combattants algériens (elle organisa les campagnes de soutien à Iveton et Maillot qu'elle connut personnellement).
Après la guerre, proche du PCF-ML (elle est la compagne de son fondateur, Jacques Jurquet), elle participe activement à mai 1968, puis oeuvre à la destruction des bidonvilles et à la défense des immigrés marseillais contre le Front National. Lors de la guerre civile algérienne des années 1990, elle organise des structures d'accueil à Marseille pour les orphelins.
L'histoire de Baya est un témoignage exemplaire pour toutes les femmes qui se battent pour la liberté, ici et là-bas.
« Pourquoi êtes-vous resté en Algérie à la proclamation de son indépendance ?
- Mais madame, réfléchissez à l'inverse. Pourquoi partir ? » « Européenne » du monde arabe, Hélène Bracco entreprend de rendre compte d'une partie occultée de l'Histoire - l'autre face - en s'appuyant principalement sur des témoignages.
« Pour comprendre, j'ai interrogé des gens, acteurs de l'Histoire, qui se sont souvenus pour moi. En entrant dans leur mémoire, j'ai pris pied dans mon histoire. » Quête de soi ? Certes, mais surtout, pour le lecteur, travail d'historienne, car le chemin rigoureux qu'Hélène Bracco nous livre témoigne de la complexité des liens qui unissent toujours la France et l'Algérie.
Pourquoi ces Européens, certes peu nombeux, sont-ils restés en Algérie, alors que tout les poussait à partir ? C'est à cette question que tente de répondre cette enquête.
Ce livre est la ré-édition, revue et augmentée de nouveaux témoignages, de l'édition parue en 1999 chez Paris-Méditerranée (2 000 exemplaires vendus).
L'ouvrage que nous rééditons a paru en 1864 sous le titre Souvenirs d'Orient. La Bulgarie orientale. Il était alors courant de désigner sous le nom de Bulgarie les territoires situés entre le Danube au nord et la Stara Planina (le Balkan) au sud, en y incluant la Dobroudja toute entière.
Cet ouvrage, dans son édition d'aujourd'hui, reprend, en supprimant les répétions, la série d'articles que Camille Allard écrivit sur la Dobroudja (nord-est de la Roumanie et sud-ouest de la Bulgarie actuelles) au cours des voyages qu'il y fit en 1854 et 1855 avec l'armée de Crimée. À l'époque, en effet, le commandement militaire attendait un débarquement russe à cet endroit. C'est donc en tant que médecin militaire que Camille Allard accompagne les hommes du Génie chargés de construire une route entre Constanta et Rasova.
Le livre, en plus des conditions de vie de l'armée de Crimée, présente les paysages, les populations et les structures économiques de la région au milieu du xixe siècle et, chose rare pour l'époque mais compréhensible dans le contexte, l'auteur y décrit sans préjugé, parfois même avec bienveillance, la culture et la politique ottomanes.
En plus d'être écrit d'une plume alerte, ces voyages sont une mine d'informations pour l'histoire des Balkans orientaux aux xixe siècle.
C'est dans cet ancien Parc des expositions de Belgrade que furent internés, entre décembre 1941 et mai 1942, 42,5% des Juifs de Serbie, pour la plupart des femmes, des enfants et des vieillards. Leur exécution dans un camion à gaz a été l'un des tout premiers chapitres de la destruction des Juifs d'Europe. Or, jusqu'à aujourd'hui, malgré les commémorations officielles, Staro Sajmiste n'a jamais été reconnu en tant que lieu de la Shoah. L'infirmerie du camp est une boîte de nuit. La morgue, un restaurant... Deux questions sous-tendent l'ouvrage : comment la Shoah a-t-elle été mise en oeuvre en Serbie ? Pourquoi son histoire est-elle quasiment effacée de la mémoire collective ? À travers l'étude d'un lieu, 70 ans d'histoire sont également passés en revue : du Royaume de Yougoslavie des années 1930 à la Serbie nationaliste des années 1990, en passant par l'occupation allemande et la Yougoslavie de Tito. Staro sajmiste, un camp de concentration en Serbie apporte ainsi aux lecteurs francophones un éclairage inédit sur la Serbie actuelle.
Ce livre est un outil pour qui s'intéresse à la Shoah dans les Balkans, de la prise de décision à la mise en oeuvre de ce processus jusqu'à sa commémoration en passant par sa longue occultation. Il rassemble les principales études consacrées à l'ancien Parc des expositions de Belgrade en un seul ouvrage publié en français. À ce jour, aucun livre de ce type sur ce sujet n'existe, que ce soit en français ou dans une autre langue.
Le principal objectif est de diffuser les recherches récentes sur la Shoah dans les Balkans. À ce titre, cet ouvrage pourra être un support pédagogique intéressant pour les enseignants de même qu'une référence essentielle dans les bibliothèques. Toutefois, Staro sajmiste, un camp de concentration en Serbie s'adresse aussi bien à un public large intéressé par la problématique de la Shoah et de sa mémoire dans les Balkans, qu'à un public plus spécialisé de chercheurs et d'historiens.
Cette dictature d'Asie centrale est l'un des pays les plus fermés du monde - l'un des pires, avec la Corée du Nord, en terme de liberté de la presse. Il est donc particulièrement méconnu. Les rares informations qui s'en échappent donnent lieu dans les médias occidentaux à des portraits souvent caricaturaux qui ne retiennent que le culte de la personnalité du Turkmenbachi et les formidables réserves de gaz dont il dispose.
Pour la première fois, ce livre présente ce pays complexe, entre tradition et modernité, dans tous ses aspects : sa géographie et son histoire, sa politique et son économie, sa population et sa culture.
Des mouvements d'opposition au blocage des sites internet, du zemzem, ce lézard du désert, aux öwlats, les tribus sacrées, du contenu des programmes télévisés à la cérémonie de mariage, des violences conjugales à l'internement psychiatrique forcé, du travail des enfants à la rentrée universitaire 2009, du grand jeu des gazoducs au développement surveillé du tourisme, du système agricole aux prénoms des enfants, de la fusillade de septembre 2008 au trafic de drogue, des superstitions quotidiennes à l'alphabet, du théâtre au nomadisme en passant par la cuisine, un lac artificiel géant au milieu du désert ou la réécriture de l'histoire officielle, ce livre offre une présentation complète, claire et synthétique de la société turkmène contemporaine, avec de nombreuses informations récentes et inédites, et plus de 280 photographies couleur.
Pendant ce long printemps arabe qui a commencé en Tunisie en décembre, les manifestants de Damas ou de Sanaa après ceux de Tunis et du Caire crient : « les peuples veulent le chute des régimes » dictatoriaux, exigent la liberté d'expression, la démocratie, la fin de la corruption.
Va-t-on, dans chacun des pays arabes, vers la construction d'une démocratie ou le renouvellement de régimes oligarchiques, voire le maintien dans le sang de dictatures ? Alors que la démocratie se construit en Tunisie et en Égypte, à Bahrein, le « monument de la perle » est abattu, on tire sur la foule et la protestation est baillonnée; silence complice des USA. La guerre fait toujours rage dans la Lybie du colonel Kadhafi. Les chars sont dans les rues des villes syriennes. La rue gronde au Maroc.
Révolte sociale, soulèvement d'une génération ? D'ou viennent ces manifestants qui se battent autant que possible sans voilence à travers le monde arabe ? Que sont ces mouvements sociaux ? Qui sont ces jeunes, ces femmes, ces forces politiques, islamistes, libérales, de gauche, qui écrivent l'histoire ?
L'auteur, grâce à une connaissance forgée par de nombreuses années d'expérience sur le terrain, propose aux lecteurs français, pour qui cette région semble, à tort, bien connue, de multiples clés pour se familiariser avec les enjeux du Maghreb et du Moyen-Orient. Il aborde les soulèvements populaires récents de manière thématique, afin de saisir toutes les facettes du prisme révolutionnaire arabe : néo-colonialisme, islamisme, démocratie, extrême-gauche, matières premières, droits des femmes... sans oubliés les enjeux que représentent ces changements radicaux pour une Europe pusillanime, ni les conséquences de l'avènement de démocraties arabes pour Israël ou l'Iran.
Cheminant sans cesse entre enjeux locaux et globaux, l'auteur garde toujours en perspective le droit des peuples de la région à disposer d'eux-mêmes, réaffirmant avec force notre devoir de solidarité envers des hommes et des femmes géographiquement très proches, qui nous ont donné, et continueront à nous donner les mois à venir, des leçons d'humanité.
Un ouvrage précieux, pour ne plus dire, comme Sarkozy & consort à propos de tyran Ben Ali : « nous ne savions pas ! »