Fondé à Bruxelles en 2013 par Pierre Leguillon, le Musée des Erreurs est une exposition itinérante qui s'installe dans les salles des musées comme un cirque itinérant qui vient en ville et qui repart. Le reste du temps, la collection est stockée dans l'atelier de l'artiste, principalement dans les placards de sa cuisine. La plupart des objets sont fabriqués en série et leur valeur matérielle est négligeable : cartes postales, pochettes de disques, affiches grandes et petites, pièces de tissu, céramiques, art populaire, dessins d'enfants et autres objets divers.
L'ouvrage rassemble également des objets jugés trop petits, trop fragiles ou trop insignifiants pour avoir été exposés, ainsi que des photographies de scènes de rue quotidiennes qui éclairent les différentes facettes de la collection. Qu'ils soient signés ou anonymes, ces objets défient toute prétention d'autorité à une époque où la culture visuelle est partagée sur les médias sociaux et sur le web, sans distinction de valeur matérielle ou esthétique, souvent sans légendes et, trop souvent, avec des attributions erronées. Pour Leguillon, le tri et le remaniement constants des objets nous aident à revisiter les interprétations conventionnelles et à subvertir, avec une bonne dose d'humour, le genre de « prêt-à-porter » culturel que tant de musées nous servent aujourd'hui. Des essais de Patricia Falguières et Morad Montazami situent le Musée des Erreurs dans la tradition des musées d'art et du phénomène d'appropriation culturelle, tandis que Carrie Pilto rédige des légendes en style libre en commentaires des objets présentés.
Pierre Leguillon (né en 1969 à Nogent-sur-Marne, vit et travaille à Paris) est un artiste, curateur et auteur connu pour avoir transformé le diaporama en une forme performative poétique, subtile et teintée d'humour. Ses « Diaporamas » - composés de clichés pris par l'artiste - proposent par le biais de connexions d'images inattendues de nouveaux systèmes de classifications. Leguillon réalise également des assemblages ainsi que des dioramas énigmatiques explorant le travail et la vie d'artistes tels que Marcel Duchamp, Diane Arbus, Ad Reinhardt, George Ohr et Jean Dubuffet. Son travail a été montré dans des institutions tels que le Moderna Museet (Malmo, Sweden, 2010), Musée du Louvre (Paris, 2009) et Artists Space (New York, 2009). Il a édité Sommaire entre 1991 et 1996, et ses textes ont parus dans Purple, Artpress et Le Journal des Arts.
Première édition anglaise d'un ouvrage colossal dédié au cinéma de Pasolini, publié pour la première fois dans les années 1980 en Italie : 2000 images extraites des films du réalisateur italien, organisées selon les catégories « corps » et « lieux », accompagnées d'analyses et d'une compilation de textes de Pasolini. Placé sous le signe de l'appropriation, ce livre pasolinien dans le fond et la forme est un outil de recherche indispensable. Avec le texte italien original.
Le soulèvement de la jeunesse, aujourd'hui simplement appelé « les années 60 », a été alimenté par l'un des plus grands booms de l'histoire de l'édition. L'Underground Press Syndicate (UPS) a commencé comme une confédération de cinq journaux en 1966, et en quelques années, il a fédéré plus de 500 titres à travers le monde, touchant des millions de lecteurs. Ils se sont « répandus comme de la mauvaise herbe », a déclaré Tom Forcade, directeur de l'UPS, marchand de mauvaises herbes et futur fondateur de High Times. La métaphore était appropriée : l'UPS a impulsé le mouvement de légalisation, et l'herbe est devenue son totem.
L'herbe était si répandue qu'elle est devenue un prétexte utile pour les agences gouvernementales pour sévir contre l'UPS. La weed est devenue l'emblème des groupes d'activistes, et a ajouté une touche de style aux titres de l'UPS. Elle a envahi les pages de l'UPS, les trous dans le texte étant remplis d'illustrations ponctuelles inspirées par la marijuana.
Heads Together rassemble ces dessins, mettant en lumière des noms moins connus dans le canon de l'art du stoner, et beaucoup de ceux qui n'étaient pas des noms du tout, car aucune signature n'était attachée. Il compile également des guides de culture de l'herbe de l'époque, qui étaient traités comme de la contrebande par la CIA. Les papiers à rouler psychédéliques à vocation militante sont également présentés.
Alors que la légalisation de la marijuana progresse rapidement aux États-Unis et ailleurs, son statut autrefois sulfureux prend un relief étrange. Les profiteurs du marché de l'herbe d'aujourd'hui ne reflètent pas ceux qui se sont battus pour la légalisation, ni les populations noires et latinos qui ont été stratégiquement criminalisées pour l'herbe bien avant que les hippies ne soient pris pour cible, et bien après.
La production graphique rassemblée dans ce livre témoigne d'une époque où le pot était fumé avec optimisme, comme quelque chose de potentiellement bon pour la société et les gens, capable d'activer une transformation profonde face à des forces corrompues et puissantes.
Les mémoires de Susi Wyss, jet-setteuse, call-girl et muse des années 1960-1970 : 800 pages illustrées de 1 000 photographies dans lesquelles la sulfureuse Wyss revient sur quarante années marquées par le profane adage « sexe, drogue et rock'n'roll ». Le lecteur croisera une galerie colorée de mondains et d'artistes comme Helmut Newton, Kenneth Anger, Iggy Pop, Dennis Hopper, Brion Gysin...
Christian Lutz propose une approche photographique saisissante des mouvements et phénomènes populistes de droite et identitaires à travers toute l'Europe, à l'heure de la crise financière et des réfugiés, du Brexit, de la pandémie de coronavirus et des bouleversements économiques et sociaux qui l'accompagnent.
« Je vis dans un pays (la Suisse) où l'extrême droite représente le premier parti politique du gouvernement. La puissance des partis de la droite populiste touche toute l'Europe : UKIP au Royaume-Uni, FPO en Autriche, AFD en Allemagne, Rassemblement National en France, VOX en Espagne ou encore l'UDC en Suisse...
Je traverse des territoires européens sur les traces de ces partis du "bon sens" qui promettent une vie meilleure. J'avance par touches suggestives, par métaphore.
Le populisme est une fée maléfique, elle charme avec des paroles annonciatrices d'un bonheur futur. Elle arrive à nous faire oublier que ses filets sont toxiques, qu'ils produisent la ségrégation, l'exclusion, le désespoir. Ses arguments nous renvoient à nos frontières physiques et symboliques ; ils préparent le terrain de la guerre sociale, des phobies, des asphyxies de la pensée et du lien humain. Ils manipulent nos esprits et nos instincts.
Les partis qui diffusent cette idéologie sont des oiseaux familiers, qui soudain attaquent. Ils s'inscrivent dans le paysage ; ils se logent dans les friches industrielles, dans les villes calmes et bourgeoises, dans le regard des individus. Ils sont là, dans chaque inattention de nos valeurs morales, dans chaque brèche que la peur entaille.
A terme, cette histoire sera le conte d'une Europe en prise avec elle-même et la redéfinition de ses valeurs.
Les photographies de ce livre ont été produites entre 2013 et 2020, lors de voyages en Suisse, en France, au Royaume-Uni, en Hongrie, Au Danemark, en Pologne, en Espagne, en Italie, en Allemagne, en Autriche et aux Pays-Bas. » Christian Lutz Le projet Citizens a été récompensé par le prix ISEM 2020.
Le premier chapitre de la spectaculaire série de projets de Taiyo Onorato et Nico Krebs intitulée FUTURE interroge la manière dont l'évolution de notre représentation de l'avenir au cours des dernières décennies affecte notre perception du présent et conditionne nos réactions aux changements en cours.
Recréées par Taiyo Onorato et Nico Krebs pour la plupart à partir de documents d'archives, les images de ce livre illustrent le fait que toute vision ou représentation de l'avenir est nécessairement un collage d'images tirées du passé.
En utilisant une combinaison de photographies analogiques grand format et de diverses technologies laser à commande numérique, les artistes ont créé un monde visuel qui emprunte à la science-fiction et adopte une approche associative d'un monde émotionnel oscillant entre l'optimisme de l'enfance des artistes et le dystopisme de l'époque actuelle.
Luxueuse monographie rétrospective du peintre et dessinateur suisse : 250 oeuvres sur papier (dessins à l'encre, au crayon, au stylo et aquarelles) couvrant plus de trois décénnies d'exploration du potentiel graphique de la ligne.
Publié à l'occasion de l'exposition éponyme au Kunstmuseum de Lucerne en 2022.
Une vie, entre art et cinéma : l'autobiographie visuelle d'une figure pivotale du cinéma en Suisse et en Europe en quelque 300 images tirées de l'incroyable collection de photos de films de Matthias Brunner, des classiques hollywoodiens aux films d'auteur, et de reproductions d'oeuvres d'art contemporain, qui nous fait entrer dans l'intimité de Fassbinder, Waters, Warhol et bien d'autres.
Les biographies peuvent être aussi variées que les vies humaines. Magnificent Obsessions Saved My Life est cependant un cas à part, un genre très particulier d'(auto)biographie qui retrace les étapes et les tournants de la vie d'un artiste d'après-guerre issu d'une famille dysfonctionnelle, avec pour toile de fond les expériences de libération sexuelle de sa génération 68 et son expérience trop personnelle de deux pandémies mortelles : le SIDA et le Covid-19. Mais ces éléments biographiques et historiques de la vie de l'artiste sont mis en avant dans un dialogue permanent avec les classiques hollywoodiens, les films d'auteur et l'art contemporain. Car une oeuvre d'art cinématographique ou visuel n'est rien si elle ne vous parle pas de votre propre vie : le cinéma et l'art parlent toujours de ce qui a été et de ce qui aurait pu être, de ce que nous sommes et de ce que nous voudrions être. Magnificent Obsessions aborde ces questions existentielles par le biais de textes et d'images, notamment des sélections de l'impressionnante collection de photos de films de Brunner et des reproductions de ses oeuvres d'art préférées. Il examine comment le monde a changé, en particulier les voyages, les hôtels et les expositions, depuis le milieu du XXe siècle, quels vêtements et coiffures les gens portaient alors et portent aujourd'hui.
Comme dans les films, les gens sont au centre des des écrits de Brunner, parfois d'une franchise mordante et pourtant affectueux, presque tendres. Lorsqu'il perd l'amour de sa vie, le marchand d'art suisse Thomas Ammann, emporté par le sida, il écrit sur leur bonheur commun pour ne pas être rongé par le chagrin. Il se souvient de la glamour Elisabeth Bossard (Thema Selection), son amante de longue date, et raconte des anecdotes d'un flirt à Venise avec Edmund White, l'écrivain américain qui devint son ami. Il raconte sa relation d'amour-haine avec le cinéaste suisse Daniel Schmid, avec des aperçus intimes des cinéastes allemands défunts Reiner Werner Fassbinder et Werner Schroeter, de leurs oeuvres et de toute la scène qui les entourait.
La vie de Brunner est marquée par deux constantes : un désir d'évasion artistique et une volonté généreuse et inlassable de partager ses obsessions avec les autres. C'est Brunner qui a très tôt fait venir en Suisse les films de ses amis John Waters et Andy Warhol, en contournant la censure. Sans cela, ces films n'auraient pas été vus - ou seulement beaucoup plus tard, avec l'avènement de l'Internet. Brunner connaissait les côtés lumineux et sombres de l'usine à rêves, mais il était toujours prêt à succomber une fois de plus à son Imitation of Life, comme Douglas Sirk a intitulé l'un de ses grands mélodrames.
Wheels revient sur la carrière d'Olivier Mosset à travers le prisme de sa fascination pour les motos et les engins motorisés et de leur influence sur sa pratique artistique. Ce catalogue singulier comprend un entretien mené par Elisabeth Wetterwal avec Olivier Mosset et l'artiste américain Vincent Szarek, un essai de l'historien de l'art Philip Ursprung, ainsi qu'une chronologie descriptive de tous les véhicules possédés par Mosset au cours de sa vie !
Olivier Mosset achète sa première moto à Paris à la fin des années 1960, une Harley Davidson trouvée dans un surplus de l'armée américaine. Le jeune peintre contribuera aux débuts d'une sous-culture encore totalement inconnue en Europe à l'époque : celle du club de motards. Son atelier rue de Lappe occupe alors une double fonction : espace d'ouverture aux expériences picturales radicales, il fait également office de garage pour le premier club de motards marxisants, dont les membres avaient sympathisé avec les étudiants révoltés de mai 68.
Les voitures et les motos ont été une force motrice dans la vie et l'oeuvre d'Olivier Mosset : une attitude et un style de vie, un moyen de transport et, plus tard, à partir du milieu des années 1990, un instrument de ready-made.
Un voyage photographique à travers la Turquie contemporaine, témoignant de l'attachement mémoriel au fondateur de la République, Mustafa Kemal Atatürk, en plus de 600 pages.
Everybody's Atatürk propose un voyage visuel à travers la vie quotidienne de la Turquie contemporaine. Pour ce projet au long cours, Mine Dal, photographe né à Istanbul à présent basé en Suisse, a beaucoup voyagé en Turquie, à la recherche de traces de la présence protéiforme de Mustafa Kemal Atatürk (1881-1938), le fondateur de la République de Turquie. Le résultat est un portrait à multiples facettes de la société turque, car la figure symbolique d'Atatürk imprègne pratiquement tous les domaines de la vie sociale et publique actuelle du pays : chez le tailleur, le boucher ou l'épicier, dans les restaurants et les écoles, chez le coiffeur et dans le magasin de chaussures, Atatürk est omniprésent, où que l'on regarde, et toujours largement vénéré, plus de quatre-vingts ans après sa mort. Les photographies de Mine Dal montrent non seulement l'« Atatürk de tout le monde », mais aussi la vie quotidienne dans les grandes villes ainsi que dans les villages anatoliens et les régions côtières et montagneuses. Cette vaste compilation minutieuse de matériaux documentaires reflète également l'allégeance du peuple turc à une Turquie censée rester ouverte d'esprit et cosmopolite.
Première monographie d'envergure consacrée à une figure importante de l'art brut, l'inventeur de machines volantes Gustav Mesmer. Cette publication revient sur son parcours et son oeuvre à travers des essais en français de Lucienne Peiry, Juliane Stiegele et Franz Xaver Ott, ainsi que 400 illustrations en couleur (reproductions des oeuvres sur papier et des manuscrits, photographies des machines, sculptures et instruments).
Gustav Mesmer (1903-1994), surnommé l'« Icare de Lautertal », est né en 1903 dans le village d'Altshausen, en Haute-Souabe (Allemagne). Il quitte l'école très tôt pour travailler dans des exploitations agricoles. Il entre ensuite dans un monastère bénédictin. Il passe six ans à l'abbaye de Beuron, avant d'être renvoyé après être tombé malade. De retour à Altshausen, sa ville natale, il fait irruption dans une église et proclame que la religion est une fraude. Diagnostiqué schizophrène, il est interné à l'hôpital psychiatrique de Bad Schussenried où il s'occupe en suivant des ateliers de vannerie et de reliure.
En 1932, il découvre dans la bibliothèque de l'hôpital un article sur l'invention d'un vélo volant. Cette obsession le suit alors toute sa vie. Il décide de construire des bicyclettes volantes à propulsion humaine, censées pouvoir voler. Son répertoire d'inventions comprendra également d'autres engins volants, des machines parlantes et des instruments de musique. Outre d'innombrables croquis, dessins et schémas, il écrira de la poésie et de la prose.
Son oeuvre est un monde inépuisable, maintenant accessible au public. Gustav Mesmer est décédé en 1994. Il est désormais considéré comme une figure exceptionnelle de l'art brut.
Une vaste rétrospective des performances baroques de Monster Chetwynd sur plus de dix ans.
The Green Room & Science Lab, The Panther Ejaculates, Uptight Upright, Upside Down, JABBA, I'M BACK! ou Cocaine and Caviar : Monster Chetwynd donne à ses performances des titres facétieux et souvent décalés. Ses performances, pour lesquels les costumes et accessoires colorés sont réalisés à la main, et les castings composés de ses amis, de ses proches et d'elle-même, intègrent des éléments de théâtre folklorique et de spectacle de rue, ainsi que de nombreuses références scientifiques, littéraires et culturelles pop.
Cette approche résiste à toute tentative d'archivage et d'essentialisation. « Mes performances sont des moments live passionnants difficiles à documenter », concède Chetwynd. Cet ouvrage tente précisément de capturer ces événements sous une forme adéquate et de rendre compte de l'énergie et des interconnexions du moment. Avec une profusion de photographies, de documents et de sources, ce livre retrace graphiquement les années créatives de Monster Chetwynd de 2007 à 2018. Chaque série est délimitée par des fanzines illustrés, conçus spécifiquement par l'artiste pour chaque production, listant les sources d'inspiration et les participants.
Monster Chetwynd (ex Spartacus Chetwynd, ex Marvin Gaye Chetwynd, née Alalia Chetwynd en 1973) vit et travaille à Londres. Elle est connue pour ses performances surréalistes et baroques convoquant de multiples figures et images de l'histoire de l'art et de la Pop culture avec un grand sens de l'humour.
Elle s'inscrit dans une tradition du grotesque en s'appropriant des éléments des fresques de Giotto, des personnages des tableaux de Hieronymus Bosch ou encore les Anthropometries d'Yves Klein, associés à un groupe de heavy metal, à un clip de Michael Jackson, à Hulk ou à Conan le barbare, au sein d'un même monde consistant.
Spartacus Chetwynd, diplômée du Royal College of Art, est également peintre, et a produit une série de petits tableaux intitulée Bat Opera (2004 - 2005), empruntant des éléments à la Pop culture mais aussi à une tradition plus romantique.
Cet ouvrage regroupe une collection de photographies d'enfance de personnalités des arts, de la littérature, du sport, de la politique et du crime. Un « Qui est-ce ? » du XXe siècle en devenir.
Michele Sibiloni photographie la récolte des grillons de brousse en Ouganda, entre traditions locales et interrogations sur un avenir global.
Les nsenènes sont un met délicat et une source de revenus importante en Ouganda. Techniquement des grillons de brousse mais généralement appelés « sauterelles », les nsenènes migrent en masse deux fois par an, juste après les deux saisons des pluies. D'énormes essaims remplissent le ciel peu avant le lever du soleil. Ainsi, nuit après nuit pendant la saison du grillon, de nombreux Ougandais restent debout jusqu'à l'aube pour attraper les créatures. L'omniprésence des insectes verdâtres lustrés dans la brume nocturne et la fumée des feux de joie plonge tout le pays dans une atmosphère d'un autre monde, dont l'étrangeté est accentuée par l'équipement impliqué, en particulier les outils et les pièges fabriqués avec fantaisie. Des vagues d'activité frénétique alternent avec de longues périodes d'attente et de tuerie.
L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture souligne l'importance à grande échelle du rôle que pourrait jouer les insectes comestibles, riches en protéines, pour réduire la faim dans le monde et améliorer la sécurité alimentaire. Cependant, la déforestation a décimé les populations d'insectes migrateurs ces dernières années et certaines espèces de grillons sont aujourd'hui en danger critique. Pour ne rien arranger, les pluies en Afrique sont de moins en moins prévisibles du fait du changement climatique, et la récolte du grillon dépend entièrement du moment choisi.
Le photographe italien Michele Sibiloni a capturé la récolte de grillons en Ouganda, une activité à cheval sur la frontière très fine entre passé et avenir, tradition et modernisation, dans son langage visuel très atmosphérique. Ses portraits et ses séquences cinématographiques simples sont éloquents, concernant non seulement la façon dont les Ougandais se perçoivent, mais aussi les perspectives d'avenir de notre planète dans son ensemble.
Un portrait du couple d'architectes designers suisses qui dévoile leur univers intime et leur rapport à l'art.
Trix et Robert Haussmann, travaillant et vivant ensemble depuis les années 1960, sont célèbres en Suisse et à l'international pour leurs réalisations exubérantes dans les domaines du design et de l'architecture d'intérieur. Les Haussmann ont entretenu des liens étroits avec l'avant-garde de leur temps, ont suivi les différentes tendances et courants artistiques et ont participé activement aux scènes locales de Zurich ou de Berne.
En documentant leurs nombreux échanges et conversations avec des artistes et personnalités du monde de l'art, ce livre témoigne de leur intérêt de longue date pour les arts visuels et de leur implication active, enthousiaste et ludique dans la scène artistique suisse. Une conversation avec l'auteur et commissaire suisse Dieter Schwarz révèle lève le voile sur les rapports qu'entretient le couple avec l'art, qu'ils ont collectionné de manière intuitive et sans réelle stratégie tout au long de leur vie. Les nombreux documents photographiques de leurs propres intérieurs, qui couvrent presque cinq décennies et plusieurs maisons, sont exemplaires à la fois de la manière particulière dont Trix et Robert Haussmann accueillent les oeuvres d'art dans leur vie quotidienne, à côté de leurs meubles - y compris les leurs - et de leurs divers objets d'art, ainsi que de leur utilisation très personnelle et ludique des miroirs.
Les photographies de la scène techno émergente en Suisse au début des années 1990.
120 bpm est le tempo moyen d'un morceau de club. 120 bpm, le livre, présente des séquences photographiques de haute densité et d'avant-garde sur les années de l'ascension fulgurante de la techno en Suisse, qui est devenue l'un des derniers grands mouvements de jeunesse du pays, laissant une empreinte massive sur la vie nocturne, les clubs et l'innovation permanente de la musique électronique de danse jusqu'à aujourd'hui.
Le photographe suisse Philipp Mueller a couvert l'aube de la scène techno suisse au début des années 1990 dans ses clichés bruts des premières parades de rue de Zurich, des raves underground et des fêtes - que ce soit dans les coulisses des clubs ou dans l'intimité de lieux privés - pour divers magazines. Ses photographies sont entrelacées ici avec des coupures de presse fac-similées de magazines de raves et de fanzines, ainsi qu'avec des récits de première main de certains des ravers qui ont fait la scène naissante.
Les films naturistes du réalisateur suisse Werner Kunz (1926-2018), précurseur de la libération sexuelle au cinéma.
À partir du milieu des années 1950, les films naturistes de Werner Kunz ont attiré l'attention de tous ceux qui souhaitaient voir des gens ordinaires dans le plus simple appareil sur grand écran. Les films révolutionnaires de cet autodidacte suisse mettaient en scène des nudistes (surtout des femmes) dans leurs lieux de vie habituels, s'adonnant à des sports d'été et à des jeux sur terre et dans l'eau. Ces productions représentaient le nec plus ultra de la nudité cinématographique (légale) à cette époque prude. Interdits par la censure dans certains pays car considérés comme le summum de l'indécence, les films de Kunz étaient diffusés ailleurs comme des documentaires instructifs sur un mode de vie alternatif. Naturellement, l'attrait visuel de tous ces corps nus n'a pas été altéré par le cadre documentaire, si bien qu'au fil du temps, le travail de Kunz a repoussé les limites de ce qui était autorisé par la censure. Pendant toute une décennie, ces films, que Kunz a écrits, produits, réalisés et commercialisés lui-même, ont eu un monopole virtuel sur la nudité cinématographique. Des projections spéciales de ses oeuvres ont été organisées pêle-mêle dans des salles polyvalentes, grandes et petites, dans les villes suisses et même dans les petits villages. Mais dès le début des années 1960, ses films sont régulièrement projetés dans les salles de cinéma, et finissent par faire fureur à l'étranger. Quel autre film suisse peut se vanter d'avoir été projeté pendant trois mois et demi dans un cinéma new-yorkais ?
Dans cette première exploration approfondie du pionnier oublié du cinéma suisse Werner Kunz, Matthias Uhlmann, spécialiste du cinéma zurichois (et auteur d'une thèse sur les films de Kunz), retrace la production, la promotion et la réception de l'oeuvre du cinéaste. Cette monographie, qui a fait l'objet de recherches extensives, présente des résumés et de nombreuses images de ses deux douzaines de films naturistes (dont quatre longs métrages), ainsi qu'une grande variété de matériel visuel provenant des archives privées du réalisateur. Dans des entretiens réalisés par l'auteur, le pionnier de la libération sexuelle dans le cinéma international, le « parrain de tout ça », raconte sa propre histoire.
Ouvrage photographique retraçant le voyage en automobile des deux artistes depuis la Suisse jusqu'à la Mongolie, à travers les territoires mystiques de l'Est.
En avril 2013, les photographes et proches collaborateurs Nico Krebs et Taiyo Onorato sont partis de Suisse avec leur Toyota Land Cruiser de 1987, direction l'est et leur ultime destination, la capitale de Mongolie, Oulan-Bator. Parcourant les paysages d'Eurasie et d'Asie centrale, Nico Krebs et Taiyo Onorato ont photographié de nombreux territoires inconnus, pris en tension entre des traditions millénaires, l'héritage soviétique et la dissémination anarchique du modèle capitaliste. Une confusion identitaire que les deux artistes parviennent à rendre palpable à travers leurs photographies. Continental Drift est le deuxième ouvrage publié par Taiyo Onorato et Nico Krebs aux éditions Patrick Frey, après The Great Unreal, compte-rendu d'un voyage au coeur des États-Unis.
Première monographie consacrée à un artiste méconnu, le peintre et dessinateur allemand Josef Maria Schröder (1874-1972). Actif de l'entre-deux guerres au milieu des années 1960, Schröder a développé une technique de dessin au stylo bille avec laquelle il produisit de lumineuses compositions abstraites et des portraits inspirés du surréalisme et du constructivisme. Elles sont présentées ici pour la première fois.
Durant deux ans, Laurence Rasti a photographié les réfugiés homosexuels iraniens qui transitent par la ville de Denizli en Turquie, dans l'attente de rejoindre un pays d'accueil où vivre librement leur sexualité. La série photographique qui en résulte explore les notions fragiles d'identité et de genre, dans un contexte de précarité malgré tout teinté d'espoir et de légèreté.
« Le 24 septembre 2007, à l'Université de Columbia, l'ancien président iranien Mahmoud Ahmadinejad dit «En Iran, nous n'avons pas d'homosexuels comme dans votre pays».
Alors qu'aujourd'hui certains pays occidentaux acceptent les mariages gays et lesbiens, en Iran, l'homosexualité reste toujours passible de peine de mort. Cette sanction interdit aux homosexuels de vivre pleinement leur sexualité. Leurs seules options sont de choisir la transsexualité, pratique tolérée par la loi mais considérée comme pathologique, ou la fuite.
A Denizli, une petite ville de Turquie, des centaines de réfugiés homosexuels iraniens transitent. Ils mettent leur vie en pause dans l'attente de rejoindre, un jour, un pays d'accueil où ils pourront librement vivre leur sexualité. Dans ce contexte d'incertitude où l'anonymat est la meilleure protection, ce travail questionne les notions fragiles d'identité et de genre.
Mes intentions étaient avant tout de ne pas victimiser mes sujets. Il est vrai que la situation politique est dramatique et que leur passé est chargé de souvenirs difficiles. Malgré cela, j'ai essayé de me focaliser sur leur situation actuelle et l'espoir qu'elle évoque. Elle est une promesse vers la libre expérience de leur orientation sexuelle et de leurs amours, au-delà du genre. Les images sont construites avec des éléments simples, légers, parfois même festifs, le tout pour créer un paradoxe avec la gravité du sujet et la précarité de leur situation. Entre images de visages cachés ou découverts, ma série témoigne de la difficulté qu'éprouvent ces personnes à réinvestir l'espace identitaire dont ils ont été privés. » Laurence Rasti
Au coeur de New York, un loup-garou prophète du jugement dernier et un messager de l'apocalypse se retrouvent mêlés à un affrontement entre le peuple, le gouvernement et Dieu. Le dessinateur Mark Thomas Gibson interroge, dans ce livre imposant de plus de 300 pages grand format, dessiné à la main jusqu'au colophon, la disparition des utopies aux États-Unis au travers d'un récit à l'esthétique minimaliste qui réunit les langages visuels de la peinture et de la bande dessinée, qui mêle aussi l'exaltation et le désespoir, à la manière d'un Raymond Petitbon.
Mark Thomas Gibson (né en 1980 à Miami, vit et travaille à New Haven) est un dessinateur et un peintre. Il est également professeur à la Yale School of Art.
« C'est peut-être parce que je ne suis pas un très bon dessinateur, le collage semble être une approche plus naturelle pour esquisser et développer des idées. Je fais du copier-coller et j'utilise ma photocopieuse comme un moyen rapide d'expérimenter et de développer des idées. Mon travail consiste à trouver, échantillonner, s'approprier des images et des sons, et à les transformer. L'image trouvée est généralement ce qui déclenche un processus de pensée - la formulation d'idées ou simplement la réaffirmation de pensées latentes. C'est un moyen de médiatiser instantanément une image et de prendre un peu de distance par rapport à elle. Les accidents sont aussi souvent révélateurs. Comme l'appareil photo ou tout logiciel de montage vidéo, la photocopieuse n'est qu'un outil parmi d'autres. » Christian Marclay Les centaines de photocopies en noir et blanc très contrastées compilées par Christian Marclay sont comme des griffonnages dans un carnet, les premières étapes d'expérimentation vers des oeuvres plus abouties, et offrent ainsi un aperçu du processus de création de l'artiste. Ce livre rassemble les sources qui ont alimenté la pratique de Marclay au cours des dernières années. Il a été conçu en étroite collaboration avec Laurent Benner, graphiste ayant travaillé avec Marclay sur plusieurs autres livres et pochettes de disques et partageant une sensibilité commune.
Une archive visuelle du mouvement : la collection de photographies de mouvements corporels, de gestes et d'expressions faciales rassemblées par la danseuse, enseignante et thérapeute Suzanne Perrottet, l'une des co-fondatrices de la danse expressive moderne, innovatrice dans le domaine de l'instruction de la danse et l'éducation du mouvement musical et rythmique, proche de Dada Zurich.
Suzanne Perrottet (1889-1983) a grandi à Genève, étudié la rhythmique avec Émile Jaques-Dalcroze et enseigné à Hellerau, où Mary Wigman a été une de ses élèves. En 1912, elle rencontre le danseur, chorégraphe et théoricien Rudolf von Laban, s'installa avec lui dans la colonie d'artistes de Monte Verità près d'Ascona et ensuite à Zurich où elle se produisait lors des soirées dada. L'été de 1913 marque un vrai tournant sur Monte Verità! Avec Laban, Wigman et d'autres, Perrottet découvre le pouvoir expressif des mouvements et gestes naturels, du son et des mots. C'était la naissance de la danse moderne.
Tout le monde devait pouvoir profiter de l'esprit du mouvement naturel, le but était de libérer le corps et l'esprit.
En 1920, Perrottet fonde une école à Zurich. Non contente d'y avoir enseigné à des danseurs, acteurs, enfants et adultes, y compris à des personnes présentant des handicaps physiques ou psychiques, elle se consacra à la recherche, intense et ininterrompue. Pour pallier au manque de littérature disponible dans ce nouveau domaine, elle commença à découper des images de mouvements, de gestes et d'expression physique dans des magazines. En 60 ans, elle a amassé une archive de plus de 10 000 images, qu'elle a classées par catégories. Suzanne Perrottet a continué de travailler jusqu'à ses 89 ans. Après sa mort, ses cartons à bananes remplies de coupures ont été oubliées. Redécouvertes à l'intérieur de ce livre, elles offrent un aperçu sur une collection unique - une archive visuelle du mouvement.
Une série de sculptures en bois réalisées par le pionnier du pop art japonais dans les années 1980, récemment redécouvertes.
Les sculptures en bois découpé de Tanaami rappellent des jouets d'enfants et rompent de manière inattendue avec le style habituel de l'artiste. Elles forment un monde obscur d'objets évoquant les figures gelées de ses premiers films qui relient l'esthétique de la publicité américaine avec des souvenirs fragmentés de la deuxième guerre mondiale. Aujourd'hui ces sculptures singulières rappellent des créatures de jeu vidéo, des maquettes d'architecture fantastique et le design post-moderne, tout en maintenant un rapport à l'artisanat traditionnel japonais.