La peste, ce fléau majeur de l'histoire des hommes est pour beaucoup une maladie historique, dépassée, dont l'énigme de la propagation semble résolue. Il n'en est rien. Dans la lutte séculaire que l'homme mène contre la peste, la connaissance précise des modes de sa dispersion forment un élément-clé. Ainsi l'identification des puces responsables de l'épidémisation constitue-t-elle un enjeu de première importance.
Ce livre invite ses lecteurs - étudiants, enseignants, amateurs ou autres - à revisiter tout l'art du XVIIe siècle, fait de contrastes et même de contradictions. C'est en montrant l'envers du Siècle d'or espagnol que Velazquez le glorifie ; Bernin caricature le cardinal Borghèse pour lequel il a pourtant sculpté des chefs-d'oeuvre ; la gravure diffuse tout autant qu'elle concurrence le grand genre de la peinture ; les artistes de Mexico métissent formes européennes et habitus visuels autochtones pour produire une créolisation des images...
C'est à la complexité d'une période artistique à nulle autre pareille que ce livre prétend introduire. Il synthétise les connaissances actuelles, ouvre des perspectives et souhaite pousser le lecteur à ses propres réflexions sur le siècle. De plus, les commentaires d'une cinquantaine d'oeuvres d'art, de Caravage à Wren, permettent de stimuler le regard sur les créations de ce XVIIe siècle européen, d'en éprouver comme d'en partager l'émerveillement.
Avec le soutien de la Région Bretagne.
Longtemps considérée en Europe comme la forme naturelle de gouvernement, la royauté a su évoluer dans la durée, comme le montrent les études réunies dans ce livre. Le roi n'exerçait un pouvoir légitime qu'après des rites de passage. Le sacre tirait sa force de ses racines bibliques (soulignant l'élection divine) et d'une conception eschatologique appelant le roi à conduire son peuple vers un royaume qui n'est pas de ce monde. Il a été longtemps une cérémonie mystique, dans le choeur clos d'une cathédrale, avant d'être médiatisé et de se prêter à la mise en scène fastueuse et festive. Si l'élection du roi n'a jamais totalement disparu, la succession héréditaire s'est imposée, et la reine a été associée très tôt aux rites de l'onction et du couronnement. L'idée selon laquelle le roi tenait de ses sujets l'autorité qu'il avait sur eux, et non plus de Dieu, a été le grand retournement de la Révolution. Les monarchies constitutionnelles du XIXe siècle ont ainsi adopté des rites de substitution : serment devant les chambres représentatives, discours du trône. L'ouvrage fait ainsi l'histoire d'une monarchie sans cesse réinventée.
Avec le soutien de l'Université de Lorraine et du laboratoire CRULH.
Premier ouvrage abordant les violences faites aux femmes dans le 9e art, À coups de cases et de bulles est à même de montrer la façon dont la bande dessinée franco-belge, les comics mais aussi les mangas traitent les agressions et les crimes de sang. La bande dessinée qui ne cesse d'ouvrir de nouveaux chantiers et de revisiter des domaines déjà balisés, soit en les renouvelant, soit en les inscrivant dans une tradition, continue d'investir l'imaginaire des sociétés contemporaines.
Des fêtes estivales aux dessins animés japonais, des séries de fantasy aux manifestations de l'extrême-droite étatsunienne, le Moyen Âge est partout, sans cesse réinventé, transformé, mobilisé pour des usages variés. Il s'agit ici d'étudier cette présence du Moyen Âge dans notre imaginaire que l'on nomme le médiévalisme, en mobilisant de nouvelles méthodes d'analyse et en explorant de nouveaux terrains. Quels sont les rapports entre ces Moyen Âge fantasmés et le Moyen Âge historique étudié par les médiévistes ? Comment les spécialistes de la période médiévale doivent-ils se positionner face à des réinventions contemporaines ? Telles sont les deux principales questions de cet ouvrage collectif tentant un état des lieux de la recherche médiévaliste ainsi qu'une réflexion globale, à la fois méthodologique et heuristique, sur ses défis, ses limites et ses enjeux.
Continuité de l'Empire romain centré sur Constantinople, l'État byzantin a constitué l'une des puissances médiévales. Ce fut particulièrement le cas durant la période du VIIe siècle au début du XIIe siècle, pendant laquelle il a déployé une intense activité diplomatique auprès de ses nombreux voisins. Fort de son idéologie, il s'est voulu et pensé comme un authentique Empire du Milieu, tout en s'armant d'un réalisme constant à l'épreuve de ce monde étranger qu'il qualifiait de barbare - en bon dépositaire de la culture gréco-romaine. Sa diplomatie, en lien avec une géopolitique souvent complexe, fut incessante sur les marges, et au-delà, du territoire impérial. Étendant son spectre géographique de l'Atlantique à la Chine, et de la Scandinavie à la Nubie, cette diplomatie a même pu être considérée comme essentielle à la survie de l'Empire. Elle est ici présentée dans sa logique d'ensemble, entre principes théoriques et pragmatisme sur le terrain, dans une étude qui fait la part belle à ses acteurs, à ses outils prestigieux (or, dons, titres auliques), tout comme aux lieux emblématiques de son expression, du Palais impérial aux espaces de la guerre.
Avec le soutien du Centre de recherches en histoire internationale et atlantique.
Le roi en son duché. En faisant référence, par analogie, à la célèbre formule du XIIIe siècle selon laquelle le roi de France est empereur de son royaume, cette étude veut identifier les éléments de la présence royale en Bretagne durant la seconde partie de ce que l'historiographie appelle l'âge d'or capétien. Alors que le processus de construction de l'Etat royal est patiemment mis en oeuvre par les souverains capétiens, le cas de la Bretagne constitue un formidable laboratoire où il est possible d'apprécier l'intégration du duché et de son aristocratie au sein du royaume de France. Les mécanismes identifiés par l'historiographie récente, tant dans les domaines judiciaire et juridictionnel, fiscal et monétaire, que militaire, y trouvent une traduction territoriale, notamment par le biais de l'approche cartographique, fondée sur l'analyse de sources souvent inédites.
Cette démarche passe par l'analyse du jeu des acteurs : les nobles et les ecclésiastiques, bretons et non-bretons, le duc de Bretagne, le roi de France et ses officiers, dont l'activité dans le duché est remarquable. Sur le plan territorial, la pesée de cette intégration permet d'établir une tripartition du duché, éloignée des regards traditionnels qui opposent haute et basse Bretagne, entre un nord dont la proximité avec le pouvoir royal est importante ; une partie orientale qui profite de sa proximité avec d'autres principautés du royaume pour nouer des liens étroits, en particulier avec d'importants lignages angevins et poitevins ; et enfin, un sud, coeur du domaine ducal et plus éloigné du pouvoir royal.
La peur est indissociable de notre manière d'expérimenter le monde, et elle détermine notre manière de voir. Processus à la fois cognitif et opérateur de choix décisionnels soumis aux normes sociales en vigueur, la peur n'est pourtant ni sémantiquement définie ni linguistiquement formée. Elle a besoin d'un complément qui l'ancre dans l'expérience : peur des dieux ou de Dieu, du pouvoir, de l'autre, de la guerre, de la mort, etc.
L'ouvrage étudie les manières de nommer la peur, de la verbaliser, de la comprendre, de l'interpréter ; les manières de la somatiser, de la rêver, de la mettre en gestes, de la visualiser dans l'art et de la matérialiser dans des objets. A travers l'étude de la peur, de ses mécanismes mais aussi de ses usages sociaux et politiques, c'est toute une histoire des émotions qui est ici esquissée au sein des mondes de langue grecque, de l'Antiquité au XIXe siècle. C'est aussi une histoire des sociétés concernées car, à travers la peur, se joue leur rapport au divin, aux autorités, aux ennemis, aux proches, aux étrangers et aux compatriotes, à soi-même enfin.
Avec le soutien de la Fondation A.G. Leventis, du laboratoire Anthropologie et Histoire des Mondes Antiques (AnHiMA, UMR 8210 CNRS/EPHE/EHESS, université Paris 1 Panthéon Sorbonne/université Paris Cité), de l'équipe CRISES et du LabEx ARCHIMEDE (université Paul-Valéry Montpellier 3).
« Rome n'est plus dans Rome, elle est toute où je suis », peut-on lire dans une tragédie de Corneille. Inversant le proverbe qui dit que tous les chemins mènent à Rome, ce livre révèle combien les voies partant de Rome conduisent vers d'insoupçonnables ailleurs. Du XVIe au XVIIIe siècle, entre Renaissance et Lumières, de multiples villes et territoires se sont en effet réapproprié le mythe de Rome, dépositaire d'un idéal politique antique tout à la fois impérial et républicain, et capitale d'une religion à vocation universelle. Ces réappropriations sont un véritable objet d'histoire politique et culturelle, car elles ne fonctionnent jamais par simple mimétisme mais par distorsions, transferts et distinctions vis-à-vis des réalités romaines. Du Moscou des Romanov à la Virginie de Jefferson, en passant entre autres par le Saint-Empire toujours romain-germanique, l'Espagne de Philippe II, la France de Louis XIV et celle de la Révolution, les 11 chapitres de ce livre sont autant de voyages conduisant de Rome au reste de l'Europe et du monde. Ouvrant la voie à une « histoire mondiale de Rome » qui reste à écrire, ils s'offrent aussi comme modèles d'interprétation des liens qui se tissent entre les villes, dans la rugosité de leurs édifices comme dans la plasticité de leurs imaginaires.
Ce livre vise à guider le lecteur sur des chemins de traverse de l'art du XVe siècle européen. Il est le résultat de plusieurs années d'enseignement aux étudiants des cursus d'histoire de l'art des universités et, à ce titre, il est d'abord conçu pour proposer des perspectives nouvelles et synthétiques sur ce moment clé de l'histoire artistique du continent. Car l'art du XVe siècle européen est bien le produit d'un basculement, tel que l'Occident en connut finalement assez peu et par bien des aspects admirable, entre l'héritage millénaire du Moyen Âge et l'avènement des Temps Modernes.
C'est ce récit historique que le présent ouvrage prétend remettre sur l'établi en portant un regard renouvelé sur toute la diversité de ses territoires comme les oeuvres, les hommes, les formes ou les savoir-faire qui les parcourent. C'est en se rapprochant au plus près du travail réel des acteurs, en replaçant celui-ci au sein des géographies vécues ainsi qu'en prenant en considération les contraintes matérielles ou les enjeux dévotionnels pesant sur lui, que l'on pourra proposer un panorama plus complet - car plus incarné - de l'art du dernier siècle du Moyen Âge qui est aussi le premier siècle de la Modernité.
Pour accompagner le lecteur dans ces chemins de traverse, une série de commentaires d'oeuvres diverses et variées succèdent au texte et contribuent à fournir les clés nécessaires à la compréhension de l'une des périodes les plus fascinantes de notre histoire artistique.
Des dernières lueurs du règne de Louis XIV, qui s'éteint à Versailles en 1715, à la disparition de Catherine II de Russie en 1796 à Saint-Pétersbourg, ce livre aborde la création artistique en Europe au siècle des Lumières. Entre les deux dates s'écoule un siècle marqué par de profonds bouleversements dans la production artistique et, plus encore, dans la façon dont l'art s'inscrit dans la société. Source de délectation, l'oeuvre d'art fait aussi l'objet de débats et de critiques, à une époque qui voit l'essor d'une réflexion sur l'art et ses finalités. L'effervescence créatrice qui caractérise la période s'exprime dans tous les domaines, la peinture, l'architecture, la sculpture et les arts décoratifs. Ce livre se propose de parcourir le XVIIIe siècle - ses grands artistes, les oeuvres majeures et les principaux courants - dans un cheminement chronologique attentif aux données sociales, politiques et culturelles.
Que peut nous dire le corps du souverain ? Comment permet-il d'identifier la forme et la nature du pouvoir politique ? Comment manifeste-t-il la prééminence et l'autorité du monarque ?
Ce volume étudie et compare pour la première fois, dans une perspective d'histoire culturelle et politique, les corps des rois hellénistiques et des empereurs romains en confrontant des sources diverses : textes, inscriptions, sculptures, peintures et monnaies. Il réunit des spécialistes européens de différentes disciplines - histoire, anthropologie, histoire de l'art, philologie - qui analysent la construction du corps des souverains antiques à travers sa codification et ses mises en scène, par rapport aux traditions et aux normes grecques, hellénistiques et romaines.
« L'histoire se fait avec des documents écrits, sans doute. Quand il y en a. Mais elle peut se faire, elle doit se faire, sans documents écrits s'il n'en existe point. Avec tout ce que l'ingéniosité de l'historien peut lui permettre d'utiliser pour fabriquer son miel, à défaut des fleurs usuelles. Donc avec des mots. Des signes. Des paysages et des tuiles. Des formes de champs et de mauvaises herbes ». Le programme tracé par Lucien Febvre en 1949 a été suivi par les historiens, sociologues, économistes et archéologues rassemblés en cet ouvrage afin de mettre en évidence les traces des savoirs ruraux. De grands mouvements s'esquissent dans cette vaste histoire des connaissances campanaires : du sensible au quantifiable, de la productivité à l'écologie, du quotidien au savant. C'est une autre histoire de la ruralité qui émerge, riche de rationalités pratiques.
Quels types de sociétés et d'organisations du territoire ont-ils précédé l'État en Europe de l'Antiquité au XXe siècle ? Cet ouvrage s'efforce de répondre à cette question en s'appuyant sur des exemples précis et en utilisant des comparaisons extérieures à l'Europe. De petites unités territoriales, en général gérées par groupes de parenté (tribus et clans) ou des associations de voisinage, dans lesquelles des hommes libres, propriétaires et guerriers représentaient la majorité de la population, semblent avoir constitué un type fréquent. Des différences sociales plus ou moins importantes existaient entre ces derniers, mais des formes de démocratie primitive se rencontraient aussi, et la vengeance par le sang était un droit souvent reconnu aux membres de ces groupes. L'acquisition du monopole de la violence dite "légitime" par les États fut un aspect important de la transformation de ces sociétés, qui se traduisit aussi par des transformations dans les territoires. Mais des éléments de ces formes anciennes d'organisation de la société et du territoire subsistèrent parfois longtemps dans des États déjà organisés. Cet essai met aussi en perspective certains points de vue récents sur la classification des sociétés et leur évolution, et contribue au débat actuel sur les fondements de l'identité européenne.
Cet ouvrage interroge les formes que revêtent les mémoires, le rapport du politique au passé, le rapport de la société avec les experts et les chercheurs. Évoquer la question de la reconstruction d'une société après un épisode traumatique permet de retracer les filiations qui se font ou se défont au prisme de la mémoire et de l'histoire d'un pays.
Entre 1871 et 1914, la marine militaire française doit s'adapter aux mutations technologiques qui transforment la guerre sur mer alors que le régime parlementaire de la Troisième République s'affirme. Si l'inexpérience des parlementaires en matière navale limite d'abord leur contrôle sur les affaires de la Marine, les compétences grandissantes des élus et l'organisation progressive de leur travail imposent une influence croissante du Parlement sur la marine de guerre. Les parlementaires qui s'intéressent à la Marine sont d'autant plus nombreux que les débats autour des théories la Jeune Ecole attirent l'attention de l'opinion publique. Faut-il une flotte de cuirassés ou de petites unités rapides ? De plus, l'évolution des navires nécessite l'aménagement des ports et la réorganisation des personnels de la Marine. Ces changements mobilisent des intérêts financiers, humains et matériels et doivent permettre à la France de maintenir une flotte influente. A travers l'étude des travaux parlementaires, cet ouvrage tente d'identifier les influences contradictoires s'exerçant sur la politique navale du pays. La défense des intérêts locaux et particuliers est le fait de véritables groupes de pression. De cette façon, ce travail met en avant l'ensemble des influences démocratiques s'exerçant sur la Marine entre 1871 et 1914.
Publié avec le soutien de l'université Bretagne sud.
Pendant près de vingt-deux ans (1543-1565), Jean de Bretagne, duc d'Etampes, est à la tête de la Bretagne en tant que gouverneur de la province. Héritier des comtes de Penthièvre, eux-mêmes issus des ducs de Bretagne, il devient un fidèle serviteur des Valois à qui il doit tous ses honneurs. Des sources renouvelées, tant épistolaires qu'administratives, permettent désormais de mieux cerner les contours du métier de gouverneur, dans une province en voie d'intégration au royaume de France, soit entre le règne de François Ier et les premières guerres de Religion.
Au quotidien, le gouverneur de Bretagne doit assurer une grande diversité de missions : défense armée d'une imposante frontière maritime en contact permanent avec l'Espagne et les Flandres des Habsbourgs ou l'Angleterre des Tudors ; gestion des deniers royaux ; bon respect de la justice du souverain, etc. Avec l'émergence des troubles religieux, c'est aussi à la paix entre les confessions qu'il faut désormais veiller.
Surtout, à la lecture des sources, il est frappant de constater que le gouverneur de Bretagne apparaît très souvent aussi bien comme un relais que comme un intercesseur entre sa province et le roi de France. Trait d'union entre le centre et la périphérie, entre la cour et la province, cet acteur politique de premier ordre a longtemps été mal compris et mal jugé par l'historiographie. L'analyse renouvelée de ses réseaux, de son influence et de son large pouvoir provincial permet de réévaluer le rôle tout à fait particulier de ce type de serviteur du roi dans la France de la Renaissance.
Dès janvier 1957, après la crise de Suez, Macmillan donne toute priorité à la refondation de la relation spéciale anglo-américaine. A l'inverse, en juin 1958, de Gaulle revient au pouvoir avec l'ambition de pratiquer une politique étrangère fondée sur l'indépendance vis-à-vis des Etats-Unis. La volonté gaullienne de faire émerger une autonomie européenne entre ainsi en opposition avec la politique britannique, visant à maximiser son influence au sein de l'Alliance atlantique. Le heurt entre ces deux orientations, d'abord latent, débouche sur un schisme politico-stratégique entre Paris et Londres que de Gaulle choisit de proclamer publiquement le 14 janvier 1963 : il exprime alors son refus de l'entrée de la Grande-Bretagne dans la Communauté européenne et de l'offre anglo-américaine de partenariat nucléaire.
Quel rôle la relation franco-britannique a-t-elle joué à une époque cruciale pour la constitution de l'architecture de sécurité euro-atlantique, dans un monde dominé par la guerre froide ? En croisant les perspectives européenne, transatlantique et Est-Ouest, cette étude permet de mieux comprendre certaines tendances, inscrites dans la longue durée, de la politique étrangère de la France et de la Grande-Bretagne, ces deux pays représentant depuis lors des positions extrêmes dans le débat opposant atlantistes et partisans de l'Europe européenne.
Cette enquête apparaît aujourd'hui d'autant plus nécessaire dans un monde bouleversé par le Brexit, les incertitudes américaines et le retour de la guerre en Europe.
Quoi de commun entre l'école maternelle et la gendarmerie, entre les principes éducatifs et les pratiques répressives ? Ces domaines bien distincts généralement étudiés de manière séparée, participent d'une même histoire : celle du resserrement, progressif et parfois contesté, des liens entre l'État et la société. A ce mouvement de longue durée qui a fait l'objet de recherches renouvelées, on a voulu lui donner une forme pédagogique capable d'intéresser les lecteurs au-delà du seul cercle des spécialistes. Composé d'articles synthétiques, complétés d'une mise en perspective historiographique, ce volume présente et commente selon une méthodologie rigoureuse des documents inédits et souvent méconnus, de natures très variées (textes, photographies, plans, etc.), qui permettent d'éclairer d'un jour nouveau l'histoire de l'État et de la société française aux XIXe et XXe siècles. Utile aux étudiants à tous les niveaux, ainsi qu'à leurs enseignants, ce livre s'adresse à tous ceux qui sont curieux d'une autre manière d'écrire et de comprendre l'histoire des Français et des Françaises.
Le fabuleux destin de Mme de Maintenon n'a pas échappé à ses contemporains pas plus qu'à ses biographes. Par sa réussite sociale inouïe, par le projet éducatif de Saint-Cyr, par les nombreux textes conservés (correspondance, théâtre pédagogique, entretiens, instructions, carnets secrets...), Mme de Maintenon se révèle une personnalité d'exception et une femme d'influence dont le sillage historique a durablement marqué l'imaginaire français et continue de fasciner.
Sans espérer percer le secret qu'elle a patiemment construit autour d'elle, cet ouvrage tente, en revalorisant en Mme de Maintenon la femme politique comme la femme de lettres, d'en circonscrire les limites. Il s'inscrit ainsi dans le mouvement actuel pour faire sortir les femmes de l'ombre (et parfois de l'invisibilité) où l'histoire les a souvent tenues.
Cet essai porte sur la Gaule conquise par César. Son objectif est de mettre l'accent sur l'évolution du pays, depuis La Tène finale (vers 150 av. J.-C.) jusqu'au moment où s'achève son intégration effective dans l'Empire romain (vers 70 apr. J.-C.). L'auteur insiste donc sur les permanences avant d'aborder les étapes de la transition.
Une première partie thématique étudie la Gaule sous ses différents aspects : le pays et ses habitants, la ruralité, le phénomène urbain et, enfin, les croyances. Une seconde partie, davantage historique, se concentre sur les étapes de l'intégration dans l'Empire. Cet ensemble est précédé d'un important prologue dont le titre est à lui seul une réponse ferme aux vaines polémiques de ces dernières années : "Que la Gaule n'est pas la France." Il n'existe pas, à l'heure actuelle, d'approche similaire, cherchant à rompre avec le découpage chronologique classique entre protohistoire et histoire. On a mobilisé pour ce faire les sources archéologiques les plus récentes, issues bien souvent des fouilles préventives, en essayant de les croiser avec l'analyse des documents historiques traditionnels (épigraphie, textes grecs et latins). L'auteur propose sans aucun doute une vision renouvelée de l'histoire de la Gaule.
Dans les mondes antiques comme pour d'autres périodes historiques, les liens du fait religieux avec le social et les conduites de vie constituent un thème privilégié de l'histoire culturelle. La religion a une fonction d'intégration et de socialisation en tant que cadre éthique et normatif déterminant l'action des individus et des communautés. Elle offre un cadre propice à la transmission de valeurs, de référents et de comportements constitutifs de la dynamique du souvenir culturel.
Une perspective sur le long terme a été adoptée ici sur le rôle de la mémoire, dans un cadre élargi au monde gréco-romain. Cette dimension revêt une importance particulière, puisqu'elle engage à réfléchir à d'éventuelles évolutions ou transferts des pratiques. Il s'agit donc de scruter les efforts de mémoire dont nos sources témoignent dans la sphère des pratiques religieuses, en lien avec la construction des identités.
Quels sont les mécanismes qui ont conduit le rejeton d'une famille de financiers « moyens » du Languedoc à devenir, en 1726, le principal ministre du jeune Louis XV ? Les causes à l'origine de cette réussite sont de plusieurs ordres. D'abord, le mouvement d'ensemble de tout un lignage qui plonge ses racines dans la marchandise du Lodévois depuis au moins le XVIe siècle. Puis, le passage à la finance - le maniement des deniers du roi - qui s'effectue avec le grand-père du cardinal dans les premières années du XVIIe et surtout son oncle Pierre-Moïse, trésorier de France au bureau des finances de Montpellier. Ce dernier favorise la montée à Paris du jeune André-Hercule qui embrasse dès lors la carrière ecclésiastique. Les moteurs de l'ascension sont ensuite individuels et reposent sur le jeu des clientèles, avec en particulier le cardinal de Bonsy puis le cardinal de Noailles qui obtient de Louis XIV l'évêché de Fréjus (1698) pour son protégé. Tirant profit de ses appuis à la cour et de son ferme soutien en faveur de la bulle Unigenitus, mais sans complaisance vis-à-vis des jésuites, Fleury est désigné par Louis XIV mourant précepteur du futur Louis XV. Sa proximité avec le petit roi le positionne dès lors en personnalité majeure. Les décès de Dubois puis de Philippe d'Orléans le laissent seul face au duc de Bourbon (1723). Trois ans seulement vont suffire à M. de Fréjus pour éliminer ce rival. Cette maestria curiale vient clore une ascension complexe, mélange de collectif et de structurel, d'individuel et de conjoncturel : historique, en somme.