Un homme perdu dans la foule, un flâneur en pleine nuit, un artiste déchu : pour Walter Benjamin, la poésie de Baudelaire est celle de l'homme déboussolé par le capitalisme marchand. Une lecture philosophique et novatrice de l'auteur des «Fleurs du mal» par l'un des grands penseurs de notre temps.
1934. Réfugié en France, travaillant sous l'architecture de fer de la Bibliothèque nationale, l'écrivain et penseur allemand Walter Benjamin reprend son ancien projet de consacrer un ouvrage aux passages parisiens. Il l'avait conçu quelques années plus tôt comme une féérie dialectique proche, par l'inspiration, des déambulations surréalistes de Breton et surtout d'Aragon. Mais l'Europe tourne à l'abîme. Désormais, ce sera un livre constituant non seulement une histoire sociale de Paris au xixe siècle, comme l'annonçait l'institut de recherche sociale d'Adorno et Horkheimer, mais encore un essai d'interprétation globale du xxe siècle et de son équivoque modernité.
À partir des passages de la capitale française, Benjamin déchiffre les figures équivoques d'un rêve qui meurt sous ses yeux sur fond de verre et d'acier. Il décrypte des concepts tels que la ville, la construction, la communication, le transport. Des catégories telles que la distraction, la mode, l'oisiveté, l'intérieur, le miroir, l'ennui. Des événements tels que l'inauguration, l'exposition, la manifestation, l'incendie. Des figures telles que le passant, le joueur, le collectionneur.
Revenant au commencement des phénomènes et des techniques de masse, mesurant leur portée philosophique et politique, brossant un extraordinaire hommage critique à une cité capitale, à son architecture, à ses artistes et à ses écrivains, c'est une fragile aspiration utopique et une promesse oubliée de liberté qu'exhume Walter Benjamin. Car ce sont d'ores et déjà celles d'un monde révolu, prêt à plonger dans l'horreur.
Une contribution essentielle au patrimoine universel de la littérature.
Dans L'Homme du ressentiment (1923), Scheler examine ici, selon la pure méthode de description phénoménologique, un phénomène psychique entrevu par Nietzsche, le ressentiment. À l'origine, le ressentiment est toujours l'expression de quelque sentiment d'impuissance, né de l'échec du sujet à assumer selon les formes de sa personnalité telle ou telle valeur morale. C'est Nietzsche qui a donné à cette notion un droit de cité dans le sens technique dans le domaine de la philosophie. Max Scheler tente dans ce volume la description d'une totalité d'expériences et d'actions vécues en étudiant l'homme de ressentiment et insère sa doctrine dans le cadre d'une philosophie des valeurs. Scheler se dresse contre la conception nietzschéenne du christianisme qui est expliqué au travers de cette notion dans La Généalogie de la morale.
Dans le contexte actuel de remontée du ressentiment, la pensée de Scheler analysant cette notion retrouve une actualité particulière. La réédition de ce classique est d'autant plus justifiée.
« Ma conviction relativement à l'histoire de l'art : au commencement était le regard, et non le verbe... » Otto Pächt.
Qu'est-ce qu'une oeuvre d'art ? Comment l'approcher, la comprendre, l'interpréter ? Quelle différence entre oeuvre d'art et « chose d'art » ? Qu'en est-il des méthodes historique, génétique, iconographique, formaliste, sociologique ? Faut-il les exclure, les combiner ? Que faut-il penser de Riegl, Dvorák, Sedlmayr, Gombrich et, en général, des fondateurs de l'esthétique du XX? siècle ?
Ce livre fut à l'origine un cours professé à l'université de Vienne pour donner aux étudiants et aux futurs historiens de l'art une méthode d'investigation qui tirerait parti des différentes théories en présence. Rien d'abstrait : Otto Pächt analyse de très près un ensemble d'oeuvres célèbres : enluminures, mosaïques, tableaux de Dürer ou de Rembrandt, la Judith de Donatello, la chapelle Pazzi de Brunelleschi... Chemin faisant, il soumet des auteurs célèbres, Von Schlosser, Wind, Gombrich, au crible de la critique. Il plaide pour une appréhension génétique des écoles et des oeuvres, emprunte avec modération à la psychologie de la forme et préconise un usage circonspect de l'iconographie.
Le capitalisme avancé peut-il se transformer lui-même ? Ses structures suffisent-elles pour amortir de façon permanente la crise économique ? Sinon, la crise économique conduit-elle à une crise sociale puis politique ? Sinon, où la crise économique est-elle déplacée ? Et dans ce cas, garde-t-elle la forme d'une crise de système, ou devons-nous compter avec différentes tendances à la crise qui vont dans le même sens ?
Les années 1885-1886, dans la correspondance de Nietzsche, seraient-elles des années de transition? L'affaire Lou von Salomé, cette cruelle illusion, semble surmontée. Franz Liszt meurt à Bayreuth, le temps paraît venu d'une réévaluation de Wagner. Une page se tourne. Nietzsche semble avoir trouvé un rythme vital qui lui convient, alternant les séjours l'été dans l'Engadine et les hivers sur la Riviera. Mais la maladie demeure toujours présente, les crises se succèdent, et les yeux, notamment, le torturent, faisant de chaque ligne écrite sur la plus modeste des cartes postales une épreuve surmontée. Nietzsche souffre surtout d'une irrémédiable solitude, une solitude d'après la mort de Dieu, une solitude destructrice et les brouillons de certaines lettres font déjà deviner les craquements ultérieurs. Dans sa quête émouvante d'une communauté d'esprits libres il cherche toujours des amis, des disciples, des héritiers, mais que de déceptions! Aussi n'a-t-il qu'un nombre limité de correspondants, ce qui donne à ces échanges une intensité dramatique rare. Et pourtant, malgré la misère de sa vie quotidienne, malgré les déceptions, Nietzsche poursuit son oeuvre, avec le livre IV de Ainsi parlait Zarathoustra, Par-delà bien et mal, des rééditions. On suit ses démêlés avec les éditeurs, ses efforts pour publier, à compte d'auteur, alors même qu'il devient peu à peu une célébrité, un penseur qui commence à être reconnu en Europe. La «transvaluation de toutes les valeurs» se poursuit dans l'ombre.
NOUVEAUTÉ Lettres / Sciences humaines ????????????????
Présentation de l'ouvrage Ce volume réunit deux ultimes essais d'Ernst Cassirer, parus initialement en 1945 (année de la mort de leur auteur). Consacrés à Rousseau, Kant et Goethe, trois figures essentielles du Siècle des Lumières, et aux relations entre leurs pensées, ces textes sont d'une précision et d'une subtilité insurpassables. Mais, en filigrane, l'auteur de la Philosophie des Formes symboliques revient aussi sur lui-même et sur l'effort de pensée de toute une vie.
" C'est en allemand - souligne Jean Lacoste dans sa préface - qu'il rédige ces deux monographies ... comme si [...] il avait voulu arracher aux ruines et préserver des menaces de la barbarie nazie ce qu'il y avait de plus précieux, de plus humain, de plus "européen" dans la culture allemande. " Cet ouvrage est la réédition en poche d'un livre publié en 1991 dans la collection " L'Extrême contemporain ", dirigée par Michel Deguy.
Présentation des auteurs Ernst Cassirer (1874-1945) fut l'un des philosophes majeurs du XXe siècle. Né en Silésie à Breslau (aujourd'hui territoire polonais), il fut titulaire de la chaire de philosophie de l'université de Hambourg, puis recteur de cette même université en 1929. Il fuit la montée du nazisme en 1933 et part enseigner à Oxford (1933-1935), en Suède (1935-1941), à Yale (1941-1944) et enfin à Columbia (1944-1945). Son oeuvre, rattachée au néo-kantisme et à l'École de Marbourg, explore les relations entre les sciences dures et les sciences de l'esprit, la nature du symbole et l'histoire de la philosophie.
Jean Lacoste, traducteur et préfacier de cet ouvrage, est un essayiste germaniste français, docteur en études germaniques et agrégé de philosophie. Il est également l'auteur d'essais sur Walter Benjamin (2005) et sur Goethe (2007).
Points forts - oeuvre brève, pédagogique, portant sur trois auteurs qui sont incontournables pour les étudiants en littérature et philosophie.
-Présence du siècle des Lumières dans toutes les disciplines des sciences humaines.
- Seule traduction française disponible de ces deux essais-testaments, qui synthétisent la pensée de Cassirer.
Public concerné Philosophes, historiens, littéraires, étudiants en littérature et philosophie Dans la même collection ???????????????????????????????????????????????????
Le tome IV de la correspondance de Nietzsche couvre les années 1880-1884 : cinq années seulement, mais riches en crises et en métamorphoses. Désormais libre de toute attache universitaire, Nietzsche va connaître les plus douloureuses déceptions dans les rapports avec autrui, et les plus souveraines créations, avec Aurore , Le Gai Savoir et la figure nouvelle de Zarathoustra. À l'arrière-plan : lancinante, une douleur indéfinie, un mal-être physique et psychique permanent qui ne connaît que de rares rémissions (lors du « saint Janvier » de janvier 1882) ; des relations de plus en plus difficiles avec sa mère et sa soeur Elisabeth, et la quête souvent déçue d'un « lieu » propice à l'écriture, à Venise - auprès du compositeur Heinrich Köselitz, « Peter Gast », dont il admire et défend la musique -, à Gênes, dans l'anonymat d'un grand port, à Nice, ville un peu trop française, et, en Engadine, « présent inattendu », qu'il découvre alors, séjour fécond de ses étés. Dans cette errance un peu contrainte, entre Suisse et Italie, Nietzsche formule ses pensées les plus secrètes : son affinité avec Spinoza, le défi de l'éternel retour, l'annonce du surhomme, la critique du « dernier homme ». Mais à qui confier ces perspectives nouvelles ? Vers quelle petite élite se tourner ? C'est le vieux rêve de Nietzsche. En mai 1882 a lieu la fatale rencontre avec Lou von Salomé à Rome, et se forme le projet naïf d'une « Trinité » avec le froid Paul Rée. Cet épisode bien documenté sera un échec désastreux, qui va conduire Nietzsche à rompre avec sa famille et ses amis wagnériens et le condamner à une solitude de plus en plus irrémédiable. Si les lettres qui témoignent de cet épisode pathétique révèlent les premiers craquements de sa personnalité, elles sont aussi d'une densité, d'une élégance d'écriture et d'une intensité humaine et intellectuelle qui en font sans conteste une des plus bouleversantes correspondances de langue allemande.Textes établis par Giorgio Colli et Mazzino MontinariTraduction et notes sous la responsabilité de Jean Lacoste
" je veux montrer comment baudelaire est enchâssé rigoureusement dans le xixe siècle ", écrit walter benjamin à gershom scholem.
Dans cette lecture très novatrice, qui se situe aussi bien à l'écart de la critique littéraire que d'une analyse sociologique, il ne s'agit pas de décrypter dans les thèmes baudelairiens les bouleversements économiques et sociaux mais, par un effet de miroir, d'éclairer les uns par les autres. le développement d'une société industrielle de masse, l'avènement d'un prolétariat, l'expérience de la foule dans la grande ville, celle du choc, la marchandise, la " perte d'auréole " du poète : autant de situations exemplaires à partir desquelles baudelaire - le premier à avoir appréhendé la force productive de l'homme réifié -, ici rapproché de blanqui et de nietzsche, invente, selon benjamin, un héroïsme moderne.