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Eterotopia
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Pouvoir et répression, eurocommunisme, crise du modèle léniniste, fonction de la classe ouvrière, agencements collectifs révolutionnaires et critique de la notion du sujet révolutionnaire, nomadisme du désir et circulation internationale des luttes, révolution machinique et révolution moléculaire, schizophrénie et schizo-analyse, critique de la psychanalyse et théorie de la pulsion de mort, valeurs d'usage et valeurs de désir, micro-fascisme quotidien, nouveau militantisme et libération, processus révolutionnaire et auto-organisation du désir, dépassement de la figure de l'intellectuel. Il apparaît donc nécessaire de retracer les agencements matériels, subjectifs, sociaux capables de créer les conditions par lesquelles le désir, concept central dans toute l'oeuvre de Félix Guattari, ne cesse de communiquer et de réinventer le champ social. Dans ces deux entretiens, réalisés, pour le premier (inédit en France) en 1977, et pour le deuxième en 1992, Félix Guattari aborde les problèmes essentiels de la construction d'une pratique et d'un discours révolutionnaires ici et maintenant, en se confrontant à la contradiction et à la richesse des processus de transformation en cours.
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Dans les anciennes puissances coloniales et impériales du Nord global, les gouvernants comme les gouvernés ont durablement autant que massivement la mémoire qui flanche dès lors qu'il s'agit de faire face à l'héritage de la colonisation et aux bilans de celle-ci, notamment dans sa partie la plus violente. Le cinéma est le parfait témoin de cette condition mémorielle : un fil colonial et impérial le parcourt depuis ses origines (Les actualités Lumière et Pathé), dès les années 1930, le film colonial y prospère comme un genre à part entière - tout en faisant l'objet d'un déni massif, en demeurant privé de son nom, vendu au public populaire en contrebande comme film d'aventures exotiques, drame militaire, film d'action, tragédie romantique... Cet essai s'attache à montrer que le film colonial existe comme genre spécifique, doté de ses caractéristiques propres, ses invariants, ses stéréotypes, ses ritournelles, aussi bien dans les cinématographies ouest-européennes que dans le monde enchanté d'Hollywood. C'est un cinéma totalement émancipé des faits et réalités de la colonisation réelle, constamment appliqué à la transfigurer au point d'en faire un monde de enchanté, un monde à rêver - une pure fantasmagorie. Cette métamorphose du monde colonial apparaît particulièrement litigieuse lorsque sont en question les violences coloniales, les massacres coloniaux - ici, l'usine à rêves qu'est censé être le cinéma se transforme en fabrique du mensonge historique. Les crimes de la colonisation reviennent méconnaissables vers le public populaire friand de ces films peuplés d'espèces sauvages et de paysages exotiques, théâtre d'aventures torrides : la civilisation blanche poursuit son inexorable marche en avant, le fusil à répétition à la main. Le film colonial, c'est le terrain d'aventure de l'imaginaire de l'homme blanc allégé du souvenir des méfait et des crimes de la colonisation.
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Que sont les philosophies queer ? Comment
conceptualisent-elles la sexualité ? Combien de sexes reconnaissent-elles chez
les êtres humains ? Quel rapport entretiennent-elles avec la philosophie
politique ? Et quel rapport avec la « théorie du genre » ? Chaque question
génère d'autres questions, selon une progression fractale. Le volume procède par
problèmes, indique des pistes de recherche, émet des hypothèses de généalogie.
Son but n'est pas de résoudre l'énigme de la relation entre sexualité et pouvoir
par une argumentation linéaire, mais d'explorer la pluralité de ses dimensions.
Il n'entend pas non plus clore le débat, polémique. Il entend plutôt présenter
un côté particulièrement dérangeant de la philosophie critique et expliquer
pourquoi celle-ci ne cesse de soulever des conflits au sein des mouvements
sociaux, des universités et de l'opinion publique des sociétés actuelles.
L'ouvrage répond à la fois aux intérêts des débutant-e-s et des spécialistes du
domaine. Le récit est divisé en trois chapitres accessibles, qui peuvent être
lus indépendamment. Le premier chapitre, « Théorie critique et philosophie
politique », soutient que les théories queer sont ancrées dans la tradition,
philosophico-politique, critique, qui se définit de manière différenciée par
rapport à deux autres traditions philosophico-politiques, à savoir le réalisme
et le normativisme. Dans le deuxième chapitre, « Exercices de critique queer :
comment "fonctionne" la sexualité », on présente une critique de
l'hétérosexisme, ainsi que du binarisme inhérent au système
sexe-genre-orientation sexuelle qui est aujourd'hui adopté pour définir les
identités sexuelles, en adoptant le point de vue des subjectivités trans,
non-binaires et intersexes. Le troisième chapitre, « Éléments de théorie queer
», esquisse une histoire du débat queer, dont de multiples généalogies sont
proposées, allant des mouvements féministes et de libération sexuelle des années
1960 et 1970 à l'Ecole de Francfort dans les années 1930, en passant par les
luttes anticoloniales des années 1950 et 1960. Au sein de cette histoire, trois
paradigmes différents sont mis en évidence : le freudo-marxisme, le
constructionnisme radical et les théories antisociales et des affects. -
Ce livre étudie les luttes de groupes de Noirs qui se battent pour leur dignité. Il examine le rôle déterminant que jouent ces femmes et ces hommes noirs qui soignent les combattants, les blessés mais aussi les morts. Dans certaines situations, cette prise en charge de vies précaires et des corps sans vie peut produire des effets pervers : l'affolement, le chaos, voire l'extermination. Dans d'autres circonstances, cependant, ces comportements peuvent sauver des vies, procurer des bases pour une réorganisation de l'existence noire et contenir, par conséquent, des fragments du monde à venir pour lequel se battent ces subalternes. L'un des principaux facteurs de réorganisation sociopolitique qui ressort de ces actes de soin est la prise en charge de vies humaines indépendamment de toute allusion au droit moderne et à l'appartenance sociopolitique, comme si prendre en charge la vie impliquait nécessairement la destruction de l'idée même de la communauté politique au sens euro-occidental du terme. Cette ouvrage propose de lier cet appel à la destruction de la communauté politique fondée sur le droit moderne, à la demande en faveur de la destruction du monde blanc qui, entant qu'un infrapolitique des luttes noires, a marqué le long tournant introduit par des noirs dans la pensée critique et radicale au début du siècle dernier. L'ouvrage se construit autour de ce projet en rassemblant sous le vocable de « tradition afrocritique » un certain nombre de travaux d'auteurs d'Afrique et de ses diasporas qui, depuis un siècle, se sont intéressés aux rapports entre modernité, violence raciale et dignité noire.
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Femmes, corps et révolution
Aleksandra Kollontaj, Rosa Luxemburg, Clars Zetkin
- Eterotopia
- Rhizome
- 8 Février 2024
- 9791093250649
Quatre femmes de nationalités différentes, de langues différentes, traversent les années tumultueuses de la révolution bolchevique. Elles s'appellent : Rosa Luxemburg, Clara Zetkin, Alexandra Kollontaï et Asja Lacis. Elles sont des militantes, des artistes, des activistes et chacune d'elles apportera une contribution spécifique et originale à la révolution. Elles sont des femmes et leur regard est plus libre, intéressé à mettre l'accent sur la dimension de la vie, des passions, de la créativité et du féminisme des premiers temps. Rosa Luxemburg, fondatrice de la Ligue de Spartacus questionnera les structures de pouvoir envisagés par les Soviets, elle luttera dans l'Allemagne épuisée de l'après-guerre pour affirmer le regard puissant et compatissant de ceux qui partagent la condition de l'oppression. Clara Zetkin fera de la bataille pour les droits
des femmes un élément d'affirmation spécifique de la condition féminine qui ne peut pas être réduite à la seule lutte de classe. Aleksandra Kollontaï, dans le grand bouleversement de la révolution bolchevique, indiquera dans la liberté sexuelle et dans le dépassement des rôles une critique non seulement de la société bourgeoise mais aussi du patriarcat. Le théâtre pour enfants d'Asja Lacis se réalisera dans les moments les plus difficiles du chemin [cheminement?] révolutionnaire, la même Lacis finira en Sibérie. Elle ne niera jamais son adhésion à la révolution, elle renforcera plutôt son engagement en tant qu'artiste, ayant travaillé avec Bertold Brecht, poursuivant la recherche pédagogique d'un théâtre destiné aux enfants les plus démunis. À ces femmes et à beaucoup d'autres, souvent passées sous silence, nous devons la force de pouvoir encore affronter et combattre dans un monde qui n'a pas été capable d'effacer ses nombreux préjugés par rapport aux subjectivités féminines. Les textes ici rassemblés ne sont que partiellement connus, certains pas publiés depuis un certain temps, comme dans le cas de Clara Zetkin, d'autres encore inedits en France comme pour Asja Lacis. Ce livre s'articule autour du thème du regard féminin et de la différente façon d'agir des femmes. Ce volume est le premier d'une trilogie qui se propose de s'interroger sur les moments de transition les plus marquants du féminisme et du militantisme féminin aux XXe et XXIe siècles. -
Femmes, races et décolonisation
Gloria evangelina Anzaldua, Paula Gunn allen, Audre Lorde
- Eterotopia
- Rhizome
- 22 Septembre 2022
- 9791093250557
Cet ouvrage met en relation les géo-bio-mytho-graphies de trois figures féminines dissidentes qui ont affecté le panorama des états-Unis pendant les années 1970 et 1990 : les écrivaines-professeures-féministes-militantes lesbiennes Audre Lorde, Gloria Anzaldùa et Paula Gunn Allen. Issues respectivement de la tradition afro-américaine, chicana et amérindienne, elles ont joué un rôle essentiel dans l'histoire et le développement des féminismes transnationaux et de la culture queer. La lecture et l'analyse des trois essais traduits dans ce volume permettent de dégager les caractéristiques de la communauté trans-ethnique des Third world women writers.
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Villes radicales ; du droit à la ville à la démocratie radicale
Collectif
- Eterotopia
- A Present
- 24 Avril 2019
- 9791093250328
En rapprochant les idées de Démocratie Radicale et de Villes Rebelles, ce livre a pour objet d'introduire et d'élaborer le concept de « Villes Radicales ». Dans le cadre de l'ordre néolibéral, les villes sont des lieux de répression, d'injustice et d'exploitation. Par exemple, les « villes numériques » sont souvent des laboratoires d'ordre policier et de contrôle, de discrimination raciale et de violence étatique. Au même temps, l'urbain envisage un espace où se déroulent des luttes politiques et des pratiques émancipatrices. Depuis la mouvance traditionnelle anarchiste jusqu'aux mouvements sociaux du vingtième siècle, le domaine urbain peut être considéré comme un champ d'interventions que par sa nature est capable de réaliser de réseaux autonomes. Il n'est donc guère surprenant qu'aujourd'hui des citoyens, des activistes et des politiciens soient entrain de reformuler un intérêt pour le gouvernement urbaine et locale. A travers l'Europe et même au-delà, nous pouvons observer de nouvelles formes de gouvernement au niveau local et général des villes, qui expérimentent des pratiques et des institutions démocratiques.
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Femmes, corps et révolution ; Rosa Luxemburg, Clara Zetkin, Aleksandra Kollontaj, Lacis
Collectif
- Eterotopia
- Rhizome
- 10 Novembre 2020
- 9791093250427
Quatre femmes de nationalités différentes, de langues différentes, traversent les années tumultueuses de la révolution bolchevique. Elles s'appellent : Rosa Luxemburg, Clara Zetkin, Alexandra Kollontaï et Asja Lacis. Elles sont des militantes, des artistes, des activistes et chacune d'elles apportera une contribution spécifique et originale à la révolution. Elles sont des femmes et leur regard est plus libre, intéressé à mettre l'accent sur la dimension de la vie, des passions, de la créativité et du féminisme des premiers temps. Rosa Luxemburg, fondatrice de la Ligue de Spartacus questionnera les structures de pouvoir envisagés par les Soviets, elle luttera dans l'Allemagne épuisée de l'après-guerre pour affirmer le regard puissant et compatissant de ceux qui partagent la condition de l'oppression. Clara Zetkin fera de la bataille pour les droits des femmes un élément d'affirmation spécifique de la condition féminine qui ne peut pas être réduite à la seule lutte de classe.
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Interroger l'actualité avec Michel Foucault ; Téhéran 1978 / Paris 2015
Alain Brossat, Alain Naze
- Eterotopia
- Rhizome
- 1 Mars 2018
- 9791093250236
Michel Foucault inaugure avec ses « reportages d'idées » sur le soulèvement iranien contre le Shah (1978- 1979) une approche du présent et un mode d'écriture situés au point de rencontre de la philosophie et du journalisme.
Il s'y interroge sur ce qui, dans cet événement, fait époque, en tant qu'il signale la fin de l'ère des révolutions et se trouve placé sous le signe énigmatique du soulèvement d'un peuple tout entier contre un pouvoir despotique.
Au coeur de sa réflexion s'identifie une réflexion sur la spiritualité politique qui anime les masses iraniennes - ce mélange inextricable d'inspiration religieuse et d'aspiration à la dignité, l'égalité, la liberté.
Ce qui le fascine dans ces événements, c'est la puissance mobilisatrice de la religion (l'Islam dans sa version chiite, ici) non pas au service de l'obscurantisme et de l'asservissement, mais de la lutte pour l'émancipation - comment, avant l'établissement de la théocratie de Khomeiny, la foi religieuse comme le terreau commun de la « volonté de tous » d'un peuple en lutte pour son émancipation.
Ces reportages, dans la mesure même où il ont suscité à l'époque de leur publication des discussions acharnées et sont encore aujourd'hui susceptibles d'être discutés, dessinent une ligne de force qui conduit à toutes les discussions en litige dans le présent, à propos des relations entre politique et religion, du rôle de l'Islam dans les sociétés modernes, des luttes des peuples contre la violence du pouvoir.
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Ordo sexualis ; pour une critique de la morale sexuelle
Alain Brossat, Alain Naze
- Eterotopia
- Rhizome
- 8 Octobre 2019
- 9791093250366
Jusqu'à quel point est-il possible de placer de façon prioritaire dans les champs du droit et de la loi des enjeux concernant la vie sexuelle, les rapports entre les sexes, les questions de genre ? C'est l'enjeu central de la discussion ouverte par cet essai.
Le « mariage pour tous », les débats autour de la majorité sexuelle, la campagne contre le harcèlement sexuel, les scandales de pédophilie dans l'Eglise catholique - autant de thèmes actuels de discussion qui, aussi divers soient-ils, se trouvent placés, d'une façon toujours plus impérieuse et exclusive, dans le champ de l'instance juridique, appelée à trancher. Et ce, que ce soit sous la forme de l'établissement de nouveaux droits ou bien sous celle de la codification de nouveaux délits et de leur sanction.
L'extension proclamée de la sphère des droits devient ici indissociable d'une accentuation de la répression frappant les inconduites sexuelles. L'accent est désormais placé avant tout sur les protections et les garanties immunitaires que les sujets individuels se voient accorder, sous ce nouveau régime de la politique et de la morale sexuelles. Ce nouveau pli contraste vivement avec d'autres topographies dans lesquelles la sexualité se trouvait étroitement associée à l'émancipation individuelle et collective, domaine d'exposition et d'expansion, associée aussi à la euête du bonheur, à l'expérimentation, inscrite dans l'horizon des plaisirs.
A l'évidence, notre époque est celle d'une accélération en matière de changements des normes régissant la vie sexuelle et les relations entre les sexes, la codification des questions de genres. Cette évolution rapide se place ellemême spontanément sous le signe du progrès. Les choses sont-elles cependant aussi simples ? Ce sont précisément les évidences nouvelles dont sont tissés ces processus qu'examine dans une perspective critique et ouverte cet essai.
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Carla Lonzi achève Crachons sur Hegel durant l'été 1970 et signe avec ce livre une rupture intellectuelle, artistique, politique et existentielle, qui s'accompagne d'un tournant décisif dans sa vie personnelle.
Carla Lonzi considère que l'oppression des femmes et le dualisme homme-femme sont constitutifs de la culture occidentale. La dialectique maître-esclave de Hegel, et à sa suite le marxisme, ne font que mettre en sourdine l'oppression encore plus radicale qui réside dans le rapport homme-femmes et qui « se cache dans les ténèbres des origines ». C'est la culture patriarcale qui est dialectique. Carla Lonzi oppose à cette vision un mouvement de sortie décisif, qui exige de passer de l'autocritique à l'imagination, de la domination culturelle à la déculturation active.
Si la survie est une valeur, alors la femme doit se reconnaître comme immanence, là où l'homme est transcendance et abstraction et néglige la vie. Ce qui existe est le présent, non le but.
Le mouvement féministe des années 1970 trouve avec Carla Lonzi et son groupe Rivolta Femminile des femmes capables de renverser le sens des choses, et ce même à l'intérieur d'un mouvement historique de transformation des moeurs qui ne parvenait pas à briser le tabou ancestral de l'asservissement des femmes ; le sujet imprévu - relatif, aurait ajouté Simone de Beauvoir.
Rendre la femme à elle-même est le parcours que Carla Lonzi dessine avec ce livre.
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Le temps et l'espace de la (dé)-colonisation ; dialogue entre Frantz Fanon et Henri Lefebvre
Stefan Kipfer
- Eterotopia
- Rhizome
- 12 Mars 2019
- 9791093250311
Depuis des années, les théories urbaines marxistes et les courants anticoloniaux ont démontré le rôle central de l´aménagement du territoire et des politiques coloniales dans le développement du capitalisme. Le défi de Stefan Kipfer est de montrer comment ces deux dynamiques s´articulent et s´incarnent dans les stratégies étatiques «contre-révolutionnaires» et les processus d´urbanisation globale, fracturée, hétérogène et avec des temporalités plurielles. Ce livre, composé de textes modifiés et actualisés datant de la période entre 2004 et 2018, propose un dialogue entre les critiques de Henri Lefebvre et celles de Frantz Fanon. Ce dialogue veut contribuer à l´analyse des aspects néocoloniaux des processus d´urbanisation, qu´il s´agisse des espaces métropolitains (Paris) ou bien des réseaux et des infrastructures qui lient d´autres espaces urbanisés dans le monde (Les Antilles françaises et les périphéries canadiennes). L´auteur s´interroge aussi comment les interventions urbaines post
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Rituels et violences dans la performance
Olivier Lussac
- Eterotopia
- Parcours
- 11 Février 2020
- 9791093250373
Partant du postulat que la performance, en tant qu'art d'action, est une forme décomplexée et individuelle du rituel qui, autrefois, avait cours de manière collective dans toutes les sociétés, l'auteur tente d'évaluer la portée de cette création qui est apparue dans les années 70 et qui, aujourd'hui, recouvre de nombreux aspects. Convoquant en même temps les paroles d'artistes et des écrits théoriques sur le domaine, son propos se décline en trois chapitres. Le premier met en lumière une possible définition de la performance, en regard du rituel (dans ses définitions anthropologiques, artistiques et esthétiques). Cet aspect conduit l'auteur à estimer que la performance est peut-être une nouvelle activité rituelle non fixée, fondamentalement plastique. Le second s'applique ensuite à l'analyse du contexte des années 70, avec, comme apogée, une étude sur les actions de Carolee Schneemann, en regard de l'érotisme et de l'objectivation, de l'essentialisme féministe et de l'écoféminisme. Le troisième, davantage contemporain, décline enfin les activités artistiques d'une des plus grandes artistes actuelles, Regina José Galindo, et ses possibles influences, afin d'évaluer les fondements d'une création engagée, et dont les thèmes principaux sont la violence, l'abjection, l'obscénité, et portant à l'acmé les questions du viol et du féminicide... La performance n'est donc pas, comme on a souvent tendance à le faire croire, un jeu artistique conforme et gratuit, mais plutôt une résistance aux traumatismes sociétaux et un « au-delà de l'esthétisable ».
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Ce livre est une traversée analytique et critique, généralement sérieuse, parfois ironique, des mutations en cours en matière de police des moeurs et de morale sexuelle. Ces évolutions sont si rapides, si fiévreuses, qu'elles mettent à rude épreuve nos conduites, nos pratiques discursives et nos sensibilités. Si bien que même les plus ouverts à la nouveauté et aux mises à jour y perdent parfois leur latin et se trouvent en retard d'un changement de décor dans le champ des normes. Une nouvelle police des moeurs se dessine, un nouvel âge de la morale sexuelle - mais de quoi au juste cette nouvelle époque est-elle faite ? De droits nouveaux, bien sûr, des luttes contre les discriminations, la stigmatisation, les violences dont souffrent les femmes et les minorités sexuelles ; de protections nouvelles accordées à ceux et celles que leurs orientations ou ce qu'ils-elles définissent comme leur identité sexuelle distinguent de la majorité.
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L'Europe des flux ; migrations, travail et crise de l'Union Européenne
Sandro Mezzadra, Oisin Gilmore
- Eterotopia
- A Present
- 3 Novembre 2017
- 9791093250182
La crise de l'UE est devenue une matière brûlante et extrêmement politisée, qui est en train de donner lieu à un faux débat entre les « souverainistes » et les « européistes ». Il existe pourtant une question qui n'est pas classable entre ces deux positions contraires, mais complémentaires : le phénomène migratoire. A partir de la soidisant « crise des réfugiés », du Brexit et de la remise en cause de « Schengen », le livre essaie de répondre aux questions suivantes : comment la régression de la libre circulation des personnes rétroagit-elle sur les institutions de l'UE et sur le projet d'intégration ? Qu'en est-il de l'euro, basé entre autre sur la mobilité des travailleurs ? Quels concepts peuvent être mobilisés pour comprendre les formes de domination des migrants ? A-t-on affaire à de nouvelles typologies d'exclusion qui modèlent les rapports de production aussi bien que la sphère politico-idéologique ?
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Critique de la sécurité ; accumulation capitaliste et pacification sociale
Christos Boukalas, Mark Neocleous, Claude Serfati
- Eterotopia
- A Present
- 30 Septembre 2017
- 9791093250205
L'état d'urgence suite aux attentats du 13 novembre 2015 a consolidé les modalités de la gestion sécuritaire des populations propre aux sociétés libérales. Cet ouvrage se propose de s'extraire de la temporalité de l'urgence et de la stricte réaction à telle ou telle opération sécuritaire en interrogeant en profondeur le rôle de la sécurité dans la production et perpétuation de la normalité capitaliste. C'est ainsi que les auteurs soumettent à la critique la catégorie de « sécurité », en faisant ressortir les rapports de pouvoir et les formes de domination qu'elle naturalise et légitime. Marc Neocleous cerne l'imbrication des différents moments et sphères de la sécurité - paix/guerre, armée/police, intérieur/extérieur etc. - dans la construction de nos sociétés à travers la notion de « pacification ». Christos Boukalas analyse l'émergence des appareils anti-terroristes anglo-saxons en rapport avec la double restructuration de l'État et des économies capitalistes, en montant comme l'anti-terrorisme relève d'une forme d'étatisme autoritaire qui se déploie au sein même de l'État libéral. Claude Serfati revient enfin sur l'évolution des paradigmes de la défense dans le monde postguerre froide et l'évolution des architectures sécuritaires au sein de la globalisation néolibérale. De ces contributions ressort l'idée que la sécurité ne peut être étudiée de manière fractionnée mais doit au contraire être appréhendée du point de vue de l'unité des appareils et processus sécuritaires dans leur contribution à la (re)production des capitalistes.
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La vie mise au travail ; nouvelles formes du capitalisme cognitif
Andrea Fumagalli
- Eterotopia
- 28 Mars 2015
- 9791093250069
Avec le passage de la théorie économique classique (Smith, Ricardo, Marx) à la théorie néoclassique (Stuart Mill, Jevons, Nassau Senior, puis Walras), les spécificités historiques du capitalisme disparaissent en laissant le champ ouvert au triomphe de l'éthique du travail. Un dispositif idéologique de contrôle et de transmission de la pensée dominante commence ainsi à se déployer. Celui-ci n'a d'équivalent dans aucune autre discipline scientifique, (:) que se soit dans les sciences exactes ou dans les sciences humaines. Ce dispositif s'actualise essentiellement par deux voies : la voie méthodologique et celle du mérite.
Qu'est ce que le capitalisme cognitif ?
Ce livre examine le courant qui présente le « capitalisme cognitif » comme une nouvelle forme historique de capita- lisme, succédant au capitalisme marchand et au capitalisme industriel. Yann Moulier Boutang et Jeremy Rifkin (qui parle de troisième révolution industrielle) ont synthétisé cette position de la manière la plus claire : « La thèse défen- due ici sera celle d'une nouvelle «grande transformation» de l'économie et donc de l'économie politique (...) Certes, ce n'est pas une rupture dans le mode de production car nous sommes toujours dans le capitalisme, mais les composantes de ce dernier sont aussi renouvelées que celles du capitalisme industriel ont pu l'être par rapport au capitalisme marchand (en particulier dans le statut du travail dépendant qui passe du second servage et esclavage au salariat libre). Pour désigner la métamorphose en cours nous recourrons à la notion de capitalisme cognitif comme troisième espèce de capitalisme. » L'auteur: Andrea Fumagalli est Professeur de Economie Politique auprès du Département de Science E´conomique de l'Université de Pavie. Il fait partie du Managing Committe projet Européen COST (pour l'Italie): ISCH COST Action IS1202 Dynamics of Virtual Workde l'Association Bin-Italia (Basic Income Network), de l'Executive Committee du BIEN (Basic Income Earth Network), du réseau Independent de recherche « Effimera » et du Network « San Precario », Milan (Italie). Ses recherches concernent la précarité du travail et les transformations du capitalisme de la modernité.
Le public: Essai à caractère divulgatif, aussi pour un public intéressé aux changements socio-économiques.
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La biorégion urbaine ; petit traité sur le territoire bien commun
Alberto Magnaghi
- Eterotopia
- Rhizome
- 23 Avril 2014
- 9791093250007
L'urbanisation du monde est elle irréversible? Pourquoi faudrait-il l'arrêter, l' « air de la ville » rend libre, n'est-ce pas ?
Effectivement, il fut un temps où il permettait de s'affranchir du fief, puis quand aller chercher un salaire à l'usine libérait de la fatigue des champs. Mais aujourd'hui, la ville, cette terre promise, n'est plus qu'un mirage.
Le plus grand exode de l'histoire de l'humanité est à l'oeuvre : d'une part vers l'hyper-espace télématique, assujetti à la domination des réseaux globaux et, d'autre part vers les mega-cities ou méga-régions de dizaines de millions d'habitants du Sud et de l'Est du monde.
En 2050, sur 9 milliards d'habitants 6,4 seront des urbains selon l'ONU. Mais les protagonistes de ce méga-exode n'arrivent plus « en ville », ils arrivent dans des urbanisations démesurées et sans fin.. Ces produits exponentiels des processus de déterritorialisation ont déjà gagné les banlieues de la ville-usine occidentale et ils se traduisent par la rupture des relations culturelles et environnementales avec les lieux et avec la terre, la perte des liens sociaux, la dissolution de l'espace public, des conditions d'habitat dé-contextualisées et homogènes, et la croissance de nouvelles pauvretés.
Dans la civilisation des machines, ce "royaume" du post-urbain, et du post-rural s'est construit par la rupture des relations de co-évolution entre les établissements humains, la nature et le travail, qui caractérisaient, avec leurs bienfaits et leurs méfaits, les civilisations précédentes. La voie de la déterritorialisation sans retour a été ouverte par l'enclosure des commons, la privatisation et la marchandisation progressives des biens communs naturels (la terre, d'abord, puis l'eau, l'air, les sources d'énergie naturelle, les forêts, les rivières, les lacs, les mers, etc) et des biens communs territoriaux (les villes et les infrastructures historiques, les systèmes agro-forestiers, les paysages, les ouvrages hydrauliques, l'assainissement, les ports, les installations de production énergétique). Cette déterritorialisation a transformé les habitants en consommateurs individuels, en clients d'un marché, et les lieux en sites voués à des fonctions qui servent la logique des réseaux globaux. L'urbanisation de la planète qui engendre ce processus est catastrophique. Elle conduit à la fin de la ville par la mutation anthropologique qu'elle produit. Plus encore, elle est éco-catastrophique par ses effets sur le climat, sur la consommation de sol fertile, sur les écosystèmes, liés à son ampleur, sa vitesse et ses formes.
Si cette urbanisation n'est pas la terre promise, inous pouvons l faut alors aller à la recherche des formes due contre-exode. Les lieux périphériques et marginaux font preuve d'une résistance accrue à leur extinction crépuscule et à leur enfrichement. Des nouveaux agriculteurs favorisent leur repeuplement, alliés à des citoyens soucieux de construire une nouvelle civilisation urbaine et rurale. Le contre-exode est à la fois matériel et culturel.
Il est un « retour au territoire en tant que bien commun », pour ré-animer des lieux, retrouver la mesure des villes et des établissements humains. Cela demande de faire grandir la « conscience des lieux », pour reconstruire des relations de synergies entre les établissements humains et l'environnement; pour promouvoir de nouvelles façons conviviales et sobres d'habiter et de produire, ; pour valoriser une citoyenneté active, des réseaux civiques et des formes d'auto-gestion des biens communs capables de fabriquer une richesse durable en chaque lieu du monde.
L'outil conceptuel et opérationnel que nous proposons pour initier ce «retour au territoire» est la biorégion urbaine. C'est un moyen de redessiner, à contre courant, les relations entre les établissements humains et l'environnement , en choisissant et en mettant en oeuvre, comme dans la construction d'une maison, les « éléments constructifs » du projet de territoire. Ces matériaux de construction sont, à l'échelle du territoire:
- les cultures et les savoirs locaux contextuels et experts, capables de réactiver l'ars aedificandi;
- les équilibres hydrogéomorphologiques et la qualité des réseaux écologiques, conditions préalables à l'établissement humain;
- les centralités urbaines polycentriques et leurs espaces publics (villes de villages, réseaux de villes) dont la reconstruction implique l'abandon du modèle opposant centre et périphérie lèeééet la reconstruction de centralités urbaines polycentriques et de leurs espaces publics (villes de villages, réseaux de villes;
Des systèmes économiques locaux dont le développement tient compte de l'augmentation de la valeur des biens patrimoniaux ;
- les ressources énergétiques locales dont la valorisation intégrée soutient l'autoreproduction de la biorégion - les espaces agro-forestiers à vocation multi fonctionnelle pour la requalification des relations ville-campagne et la réduction de l'empreinte écologique;
- le développement de systèmes économiques locaux tenant compte de l'augmentation de la valeur des biens patrimoniauxla valorisation intégrée des ressources énergétiques locales pour l'auto-reproduction de la biorégionla vocation multifonctionnelle des espaces agro-forestiers pour la requalification des relations ville-campagne et la réduction de l'empreinte écologiqueles institutions de démocratie participative et les formes de gestion sociale des biens communs territoriaux pour un autogouvernement de la biorégion.
Le projet de biorégion fait référence à des expériences en cours dans des régions d'Europe où l'urbanisation a déjà atteint un seuil critique. Elles nous indiquent des voies à suivre pour contenir le grand exode vers la mégacity, en opposant la vision d'une planète fourmillant de biorégions en réseau, et pour une « mondialisation par le bas » fondée en chaque lieu sur la gestion collective du territoire, ce bien commun.
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Un abécédaire sensible des bibliothèques
Muriel Amar, Joëlle Le Marec
- Eterotopia
- Recherches
- 22 Mai 2025
- 9791093250762
Il existe en France 16 000 points lectures et bibliothèques publiques, 1 500 bibliothèques universitaires. Selon les données les plus récentes, en 2016, près de 90 % des français déclarent en avoir fréquenté. En outre la composition des publics est entièrement comparable à la structure de la population française du point de vue des catégories socio-professionnelle. Elle est en cela l'équipement culturel le plus démocratique. Elle aussi pourtant presque invisible dans la réflexion collective contemporaine, tant elle est à la fois présente et discrète. Elle incarne une conception politique originale : celle du soin, de la proximité, de la maintenance, de l'ajustement constant à ce qui change. à quoi tient le caractère exceptionnellement accueillant, démocratique, et pacifique de la bibliothèque ? Dans cet ouvrage nous voulons rendre visibles et audibles les présences et les voix discrètes d'une communauté professionnelle occupée jour après jour à entretenir la bibliothèque comme lieu extraordinairement habitable.
Le fait que la bibliothèque ne ressemble pas à un milieu écologique « naturel » (par exemple une forêt), et qu'elle soit souvent réduite à un équipement, un instrument dont disposeraient des acteurs politiques, empêche d'en voir l'essentiel. Elle est un milieu unique. Elle maintient les conditions vécues, concrètes, d'un projet collectif : un lien vivant entre savoirs, égalité, attention, souci de soi et d'autrui. L'institution parfois réputée conservatrice occupe du simple fait de tenir à ce qui est important, une place aux avant-gardes d'une écologie générale et des perspectives ouvertes par les épistémologies du soin, de la protection et de l'attention.
Cet ouvrage propose non pas un texte lissé, mais les éléments d'un dialogue, autour de termes, de questions importantes, d'aspects jugés essentiels par les bibliothécaires qui maintiennent l'institution. -
La politique de la provocation : la révolte contre les échecs démocratiques
Rahel Süss
- Eterotopia
- A Present
- 23 Septembre 2021
- 9791093250472
Comment pouvons-nous étendre notre imagination au-delà des limites de la démocratie libérale ? Alors que nous tenons d'ordinaire pour acquis que le libéralisme est une force de progrès, le présent ouvrage révèle comment ce récit ignore délibérément la complicité des institutions libérales dans les injustices sociales et raciales.
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Contre la loi travail et son monde ; argent, précarité et mouvements sociaux
Davide Gallo Lassere
- Eterotopia
- A Present
- 17 Novembre 2016
- 9791093250168
Après une année marquée par les tueries de janvier et de novembre et par l'imposition de l'Etat d'urgence, la mobilisation contre la Loi Travail du printemps 2016, avec ses blocages de lycées et d'universités, ses cortèges de manifestants, ses Nuits debout et ses grèves syndicales, change le climat politique.
Cet ouvrage parcourt les moments topiques qui ont scandé la mobilisation, en montrant comme le « long mars français » puise ses racines dans une histoire récente qui le précède et qui le dépasse. Les événements du printemps 2016 doivent ainsi être situés dans une perspective transnationale qui va de 1968 jusqu'aux luttes globales de 2011, en passant par le déclenchement de la crise en 2007-08. Cette approche permet à l'auteur d'élaborer une vision d'ensemble de la crise en cours et des protestations qui l'ont accompagnée en mettant en lumière l'articulation entre le plan national français et celui de la gouvernance européenne.
Les réformes néolibérales opérées par les gouvernements socialistes entrent en effet en forte résonance avec les normes en vigueur dans les différents contextes nationaux, même si les formes d'opposition et de résistance mises en place reflètent les spécificités françaises. Attentif à la composition subjective de la contestation, l'essai avance enfin une proposition passible d'alimenter le débat politique dans les mois à venir : la socialisation du revenu.